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Le Salar de Huasco
(Parc national Salar del Huasco, Province d'Iquique, Région de Tarapaca, Chili)
Heure locale

 

Vendredi 1er mars 2019

 

Comme à mon habitude, je me lève tôt pour travailler sur mon ordinateur. Soudain, à 5h53 précises, la terre tremble durant une vingtaine de secondes. Je me demande ce qui va se passer ensuite, mais, l'affaire s'arrêtera là. Il s'agissait en fait d'un séisme léger de magnitude 3,2 situé dans le sud de l'Alaska à 36 km de profondeur, dont nous avons ressenti les secousses jusqu'ici. Le Chili se trouvant sur la ceinture de feu du Pacifique, il subit régulièrement des tremblements de terre. Cette ceinture consiste en un alignement de volcans le long de l'océan, sur près de 40000 km. Cet alignement de volcans coniques coïncide avec un ensemble de limites de plaques tectoniques et de failles. Et le jeu de ces plaques tectoniques d'être à l'origine de 80% des séismes. Le Chili se situe quant à lui dans une zone fortement sismique et volcanique à cause de la poussée de la plaque tectonique de Nazca sous la plaque sud-américaine (qui supporte le continent).

Nous partons ce matin pour le Salar de Huasco, un sanctuaire naturel chilien qui se situe au niveau de la Bolivie, à environ 4000 mètres d'altitude. Cette grande zone humide figure sur la liste des zones humides définie lors de la convention de Ramsar. C'est en France qu'apparaitra l'idée de créer une telle convention, lors d'une conférence internationale qui se tenait alors aux Saintes-Maries-de-la-Mer en 1962. Depuis l'adoption de cette convention le 2 février 1971 à Ramsar (Iran), d'où son nom, de l'eau est passé sous les ponts et ce sont désormais 168 pays (sur 192) qui ont ratifié la fameuse convention (contre 18 en 1971). Les pays signataires (dont fait partie le Chili) s'engagent à inscrire des sites sur la liste Ramsar et à promouvoir leur conservation, à préserver les zones humides inscrites ou non sur cette liste et à coopérer avec les autres pays pour préserver ou restaurer les zones humides transfrontalières.


 

Nous nous apprêtons à rouler pendant 2h30 avant d'atteindre notre destination et nous traverserons plusieurs types de routes et plusieurs types de paysages. Notre itinéraire (voir infos pratiques) fut tantôt praticable (route bitumée et piste en bon état), tantôt exécrable (déviations pour travaux sur l'A65, avec des pistes caillouteuses, et des sections de pistes ensablées avec de grosses pierres dangereuses pour la caisse de notre véhicule à d'autres endroits). Au Chili, les panneaux indicateurs sont rares et comptez davantage sur les locaux (ouvriers, automobilistes) pour vous aider. Ne comptez pas non plus sur votre GPS TomTom qui ne connait rien (ou presque) de ce pays. N'investissez pas dans l'achat de la carte du Chili car elle n'a pas été réactualisée.

Nous traverserons d'abord des paysages lunaires, arides et sans aucune végétation, avant d'atteindre des zones dunaires (ci-dessous), puis des paysages plus hospitaliers (deuxième photo).


 

Notre approche du Salar de Huasco se fait par une piste en lacets qui descend progressivement vers le grand dépôt salin. Un mirador unique permet de se procurer quelques informations sur l'endroit. Mieux vaut bien s'en imprégner car il n'y en aura pas d'autre. Notre regard est vite concentré sur un troupeau de moutons et de guanacos. Plus loin, une zone humide abrite de nombreux flamants roses andins. Proche parent du flamant de James, le flamant des Andes (en photo ci-dessous) se concentre sur la partie chilienne de la cordillère des Andes, sur l'Altiplano de Bolivie et le nord-ouest de l'Argentine, près des lagunes salées proche de la frontière avec le Chili.


 

Le chemin patrimonial du Salar del Huasco a le mérite d'exister et d'être divisé en trois secteurs. D'une longueur de 79 kilomètres, cet itinéraire, qui comprend 34 arrêts, débute au mirador dont je vous ai parlé et se termine dans le secteur de Collacagua au nord du bassin. En ce qui nous concerne, nous ne prendrons pas le temps de découvrir les vestiges archéologiques du site et préférerons nous concentrer sur la vie animale du dépôt salin. C'est dommage car il existe autour du Salar de nombreux sites archéologiques (ateliers, campements anciens...) qui gagnent à être connus. Le Salar del Huasco a ceci d'original qu'il est coincé entre deux chaines de montagnes (sierras) du nord au sud, qui s'élèvent à 4500 mètres d'altitude. Quant au bassin et au dépôt salin lui-même, il a pour principal affluent la rivière Collacagua qui s'étire sur 40 km jusqu'au Salar del Huasco. L'eau se fait ici plutôt rare car les pluies sont rarissimes et ont principalement lieu entre décembre et mars. Quant à la température, elle fluctue de façon importante entre le jour et la nuit, donnant une moyenne annuelle de 5°C seulement dans cet endroit souvent venteux, très ensoleillé et propice à une forte évaporation de l'eau. Je comprends mieux pourquoi je suis rentré rouge comme un coq, car ayant oublié de mettre de l'ambre solaire, la réverbération a fait son œuvre.


 

La flore et la faune forment l'essentiel des ressources de ce coin de paradis. La végétation d'origine poussant dans les collines fournit aux herbivores, rongeurs et autres carnivores les moyens de survie nécessaires tandis que les lagunes salines, elles, et les ilots de verdure des zones humides offrent aux oiseaux, aux amphibiens et aux poissons un habitat naturel idéal. Ces zones humides constituent de précieux écosystèmes indispensables à la survie d'espèces animales habituées de l'endroit ou migratoires, ainsi qu'à l'espèce humaine qui s'est de longue date installée dans ces zones pourtant inhospitalières. Aujourd'hui encore, des petites familles originaires du peuple Aymara perpétuent les traditions en élevant par exemple le guanaco qu'il prend plaisir à déguiser à l'occasion (comme ci-dessous). Depuis plusieurs millénaires, l'homme cohabite en effet avec ce milieu naturel par ailleurs extrêmement fragile, qu'il considère comme sacré. Et le bassin du Salar del Huasco d'être ainsi à l'origine de la survie des peuples andins locaux. Le dépôt salin est quant à lui rattaché au parc national Salar del Huasco qui possède une superficie de 111000 hectares. Cerné par des sommets dépassant parfois 5000 mètres, le Salar occupe la partie la plus basse de ce bassin fermé, sur une surface de 1500 km2. Et ce lieu reposant de servir de point d'accueil pour les oiseaux migrateurs et de lieu de nidification. Mais également de refuge pour de nombreux mammifères dont le puma, le renard andin, le lama et le mouton....


 

Nous ne nous attarderons pas sur place après avoir admiré les nombreux guanacos qui paissent librement dans le Salar car notre chemin de retour promet d'être long et scabreux. Cet animal vit ici en groupe en plaine ou le long des routes de montagne. Affolé à l'approche de notre véhicule, deux petits se mirent à détaler sur la route, et l'un d'entre eux passa même sous les roues de notre voiture qui roulait heureusement lentement. L'imprudent s'est relevé quelques secondes plus tard, un peu étourdi mais sain et sauf.

INFOS PRATIQUES :

  • Suivre heure par heure la survenue de séismes dans le monde : http://www.volcanodiscovery.com
  • Itinéraire pour le Salar de Huasco, au départ de Pica : emprunter la A665 en direction de Pozo-Almonte, puis la ruta 5 pendant quelques kilomètres avant de contourner Pozo-Almonte par la A 615 (sortie à droite pour Mamina) puis prendre la A65, sur environ 30 km, jusqu'à un embranchement, prendre alors sur la droite en direction d'Ujina (A65), rouler sur environ 60 km, puis tourner à gauche pour Salar de Huasco (un grand panneau indique l'embranchement) et emprunter la A675 (une piste en bon état sur 11 km). Pour repartir du Salar, éviter d'emprunter comme nous l'avons fait la A97b (piste en très mauvais état) sur 9 km à moins de disposer d'un 4X4. Revenez plutôt sur vos pas. L'autre alternative, pour rentrer sur Pica, consiste à prendre la A685 (une piste en plus ou moins bon état et davantage faite pour les 4X4) sur 50 km au même croisement où l'on tourne pour se rendre au Salar de Huasco. C'est ce que nous avons fait mais certaines portions de routes sont très caillouteuses ou ensablées (ci-dessous). Roulez lentement.

  • Rutas Patrimoniales (http://www.rutas.bienes.cl) traite (en langue espagnole) du chemin patrimonial N°37 qui va du Salar del Huasco à Collacagua (Andes de l'Altiplano)








 



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