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Promenade à Santiago du Chili
(3) (Province de Santiago, Chili)
Heure locale

 

Dimanche 15 janvier 2012

 

Un lieu chargé d'histoire où les amoureux chiliens se rendent volontiers bras dessus bras dessous et où les toilettes publiques sont payantes? Vous donnez votre langue au chat? Allez, je vous aide un peu en vous citant la Colline Santa Lucia. Cette colline est située dans le centre de Santiago du Chili , limitée au sud par l'avenue Alameda del Libertador Bernado O'Higgins. A cet endroit se trouve une station portant le nom de Santa Lucia. Culminant à 630 mètres au-dessus du niveau de la mer, la colline Santa Lucia a une hauteur de 70 mètres pour une superficie totale de 65300 m3 et représente la cheminée d'un volcan. La conquête espagnole du Chili se déroule de 1536 à 1598 avec la guerre d'Arauco qui donnera du fil à retordre aux envahisseurs puisqu'ils manqueront d'être défaits par les Amérindiens Mapuches ( Peuples de la Terre, et communautés aborigènes de la zone centre-sud du Chili et de l'Argentine, connus aussi sous le nom d'Araucans). En 1540, Pedro de Valdivia, conquistador espagnol, monte une expédition au Chili en passant par le désert d'Atacama et le 12 février 1541, il fonde Santiago du Chili aux pieds de la colline Santa Lucia ( alors appelée Huélen, en Mapudungun, langue amérindienne). En langage Mapuche, Huélen signifie « douleur, mélancolie ou tristesse ». Le nom actuel de la colline provient du jour où Pedro de Valdivia en prit possession, un certain 13 décembre, jour de la Sainte Lucie. Cette colline sera tout de suite repérée comme pouvant servir de point stratégique afin de surveiller les populations autochtones puisqu'elle dominait la vallée du fleuve Mapocho.

 

Lors de la Reconquista (entre 1814 et 1817),le Général Casimiro Marco del Pont (dernier Gouverneur espagnol de la Capitainerie générale du Chili)y fera construire , en 1820, deux batteries de défense: La Marco et la Castillo Hidalgo.

Au XIX ème siècle, la colline Santa Lucia connaitra de grandes transformations, dues aux divers plans urbains alors mis en œuvre. Ainsi, pour célébrer le centième anniversaire de l'indépendance, en 1910, on y traça de nombreux chemins comme cette côte des Filles ( première photo) , places et fontaines (deuxième photo ci-dessous), ainsi qu'une plateforme édifiée en haut de la colline et l'on reboisa les lieux. Benjamin Vicuna Mackenna dirigea les travaux et fit un parc de cette colline. Historien, écrivain et homme politique, Benjamin Vicuna Mackenna fut intendant de Santiago et joua à ce titre un rôle important dans l'histoire du pays.

 

Récemment encore, la colline Santa Lucia reçut encore une série d'améliorations. On y remplaça le système d'éclairage public et on y rénova les restaurants. L était de tradition, autrefois, de tirer au canon du sommet de cette colline pour annoncer la mi-journée. Mais ce tir quotidien fut suspendu à cause de la pollution et des nuisances sonores qu'il créait. La colline fut enfin déclarée monument national le 16 décembre 1983.

Plus que jamais, cet endroit est propice à la promenade. Je pénètre dans ce parc par un large portail en fer forgé (ci-dessous) puis me dirige ensuite vers la colline en empruntant un large escalier qui conduit à la fontaine de Neptune. Juste à côté de cette fontaine se trouve un petit office de tourisme. J'emprunte la côte des Filles, un petit chemin qui va me conduire à la porte fortifiée (deuxième photo) ouvrant sur la Plaza Caupolican. Là se trouvait autrefois un fort et les Espagnols combattirent avec acharnement les Amérindiens Mapuches à cet endroit. Caupolican était un chef Mapuche qui luttera très jeune contre les occupants espagnols afin de préserver la liberté de son territoire. D'apparence grave et sévère, Caupolican était né avec un œil aveugle mais cela n'altérera pas sa vision globale de la situation.

 

On compte plusieurs lieux incontournables sur cette colline Santa Lucia: La Fontaine Patio Circular, l'ancienne route du chemin de fer, la vue panoramique en direction des alentours , offerte depuis le Mirador (photo ci-dessous) au pied du quel coule une cascade et qui domine la Place Pedro de Valdivia sur laquelle se trouve une statue du conquistador (deuxième photo).

 

En été, les fleurs rivalisent d'attraits pour séduire le promeneur (photos). Le récent tremblement de terre a occasionné certains éboulements à l'intérieur du parc et il est conseillé de respecter le balisage placé ici et là. Le petit jardin de Darwin (photo ci-dessous) permet de se poser quelques instants au pied d'un gros rocher qui fut certainement le témoin de bien des batailles. A quelques mètres de là, une petite chapelle s'accroche à la colline et paraît flotter dans le vide.

 

Je quitte bientôt ce lieu en pensant aux souffrances qu'endurèrent à cet endroit des milliers d'hommes lors de la conquête espagnole, pour me diriger vers le Parque Forestal (première photo). Ce parc est le jardin le plus traditionnel de la ville de Santiago du Chili. Situé entre le centre historique et le quartier de Lastarria, il est bordé par la rivière Mapocho et conduit au superbe Musée des Beaux-Arts. Ses 172 000 m² de superficie permettent d'en faire un lieu culturel et récréatif de taille et le poumon vert de la cité. Le parc fut créé au début du XX ème siècle dans les jardins du Musée des Beaux-Arts. Les superbes platanes qui s'y trouvent datent de cette époque et forment , depuis des générations, une promenade enchanteresse. Les années 1990 ont modifié quelque peu l'architecture environnante des lieux avec l'apparition de nouveaux bâtiments. A l'intérieur du Parque Forestal, se trouvent un certain nombre d'œuvres et de monuments: La Fontaine Allemande qui fut offerte à la ville par la communauté germanique du Chili pour célébrer le premier centenaire de l'indépendance du pays le 13 octobre 1912. Celle-ci fut restaurée à l'occasion des 150 ans de la présence germanique au Chili le 3 janvier 1997, puis à nouveau remise en état plus récemment, en hommage au bicentenaire de l'indépendance du Chili, en décembre 2011. Une stèle, en mémoire des écrivains de l'indépendance se dresse également dans le parc (deuxième photo). Son auteur est inconnu. Elle fut inaugurée le 4 mai 1873, et sera transférée dans le Parque Forestal le 13 février 1934. Je remarque beaucoup de graffitis sur de nombreux monuments et c'est dommage car cela gâche un peu la promenade.


J'arrive bientôt à la sortie du parc et me retrouve devant le spectaculaire Musée des Beaux-Arts. Face à ce musée , à l'intérieur du Parque Forestal, un monument de la communauté française au Chili s'élève fièrement (première photo). Une visite s'impose au Musée ne serait-ce que pour en admirer l'architecture (deuxième et troisième photos). Le Musée des Beaux-Arts rassemble plus de 5000 pièces, œuvres chiliennes et étrangères, du XVI ème siècle à nos jours. Il faut compter de deux heures à ...une demi-journée pour une visite plus ou moins complète des lieux. Par contre, la prise de photos est interdite à l'intérieur des différentes galeries. Je suis agréablement reçu par Paula Fiamma Terrazas, chargée des relations avec la presse. Celle-ci m'explique que ce musée fut fondé le 18 septembre 1880 ( c'est ainsi le plus vieux musée chilien) et fut d'abord appelé le Musée des Peintures. En 1901, le gouvernement décida de construire un nouveau bâtiment pour héberger le Musée des Beaux-Arts. L'inauguration de celui-ci date du 21 septembre 1910 en commémoration du premier centenaire de l'indépendance du Chili. On apprend qu'il fut conçu par l'architecte franco-chilien, Emile Jecquier. L'environnement forestier (Parque Forestal) fut quant à lui créé par un français formé à l'école du jardinage de Versailles, Jorge Enrique Dubois. On retrouve dans cette construction le style baroque et une forte présence d'art nouveau ( qui transparait notamment dans l'apparence des structures métalliques). L'entrée principale est majestueuse et l'agencement intérieur ainsi que la façade reprennent des aspects architecturaux du Petit Palais (Paris). Une coupole de verre couronne le hall central: Elle fut conçue en Belgique et apportée au Chili en 1907. On estime le poids total de cette armure de fer à 115 tonnes et le poids du seul verre à 2400 kgs. Un grand escalier (photo) conduit au deuxième étage. Là, au-dessus d'un balcon, deux anges supportent un bouclier (photo). L'ensemble offre une impressionnante vue d'ensemble même si le Musée des Beaux-Arts a gravement souffert du tremblement de terre de 2010.

 

Pour terminer en beauté cette visite au Musée, pourquoi ne pas vous rendre à l'exposition Roberto Matta ( jusqu'au 4 mars 2012). Roberto Matta naquit à Santiago le 11 novembre 1911 (11.11.11). Matta commence des études d'architecture à Santiago du Chili. Puis, en 1933, il abandonne sa carrière pour s'installer en France , travaille un temps dans l'atelier de Le Corbusier, avant de selier aux poètes Rafael Alberti et Federico Garia Lorca, lors d'un voyage effectué en Espagne. A la demande de Salvador Dali, il rencontre André Breton qui l'adopte aussitôt. « Tu es surréaliste » lui dit-il, un concept encore inconnu à l'époque .Et Matta deviendra peu à peu l'artiste que l'on connait aujourd'hui..

 

INFOS PRATIQUES:


  •  Colline de Santa Lucia, ouvert l'été de 9h00 à 20h00 et l'hiver de 9h00 à 19h00. Entrée libre. L'office de tourisme est ouvert au public du lundi au jeudi (de 9hoo à 13h30 et de 15h00 à 18h00) et le vendredi (de 9h00 à 13h30 et de 15h00 à 17h00).

  • Musée des Beaux-Arts de Santiago du Chili. Parque Forestal s/n, Casilla 3209. Ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h50. Entrée adulte: 600 pesos ( gratuit le dimanche). Site internet: http://www.dibam.cl/bellas_artes/pre_home.htm

  • Exposition des œuvres de Roberto Matta , le plus grand peintre chilien du surréalisme pictural et sans doute le plus connu dans le monde, au Musée des Beaux-Arts de Santiago jusqu'au 4 mars 2012 (affiche ci-dessus). Il y a cent ans , naissait Roberto Matta :http://www.matta-art.com/

     

 





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