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Valparaiso et ses vieux quartiers
(Province de Valparaiso, Chili)
Heure locale

Jeudi 14 juin 2012

 

Après quatorze heures quinze de temps de vol, notre avion s'approche à grands pas de sa destination finale, Santiago du Chili. La visibilité est limitée ce matin car ici, c'est l'hiver austral qui débute et le brouillard est parfois dense à proximité de la cordillère des andes que nous survolons actuellement et au-dessus de laquelle le soleil se lève lentement (photo). Plus grande chaine de montagnes du monde, celle-ci s'étend sur 7100 kilomètres et traverse sept pays dont le Chili. Ah, le Chili! Sa gastronomie, ses vins, ses grandes étendues. Il y a des noms comme cela qui font rêver, comme Valparaiso ou l'île de Pâques... L'île de Pâques se situant à 3000 kilomètres des côtes chiliennes, je n'aurai pas assez de temps pour m'y rendre cette fois mais j'ai choisi de faire une escapade à Valparaiso.


 

Celle que l'on surnomme « Vallée du Paradis » (Valparaiso) est un port et une ville. C'est le premier port du pays et la deuxième ville du Chili. J'emmène avec moi un ami de vingt ans, Guillaume (nous sommes rentrés ensemble à la compagnie) accompagné de Vanessa et Fabien,également navigants et en mal d'images nouvelles. Il nous faudra une heure trente pour atteindre notre destination, le plus dur étant de circuler (surtout au retour) dans Santiago du Chili dont la circulation est très souvent congestionnée par manque d'infrastructures adaptées et à cause d'un trop grand nombre de voitures. La « Ruta 68 » nous ouvre les bras peu après notre sortie de la capitale. Cette autoroute en fort bon état nous conduit directement à Valparaiso, et traverse entre temps de nombreux vignobles (dont la vallée de Casablanca).

Nous nous garons à proximité du port, sur l'avenue Brazil. Ici, pas de parcmètres mais des préposés au stationnement qui dépose un ticket sur le pare-brise du véhicule et calcule le montant à payer à notre retour. Un service personnalisé en fait, bien plus agréable que nos parcmètres impersonnels. Et en plus, ce système crée des emplois! Nous marchons à la découverte des quartiers populaires de la cité. Il y en a des nombreux, mais nous n'en visiterons que deux, le Cerro Florida (la montagne Florida) et le Cerro Concepcion (la Montagne Concepcion). En effet, Valparaiso, qui fut déclarée Patrimoine culturel de l'humanité par l'UNESCO en 2003, s'est développée autour d'un port (ci-dessous) et des montagnes qui entourent la vallée existante. Les premiers habitants de la baie furent les Indiens Changos. Puis, la ville fut fondée en 1544 par Pedro de Valdevia, donnant ainsi un port à Santiago situé à une centaine de kilomètres de là. Les « portenos »(c'est le nom donné aux habitants de Valparaiso) durent affronter les attaques des pirates anglais (entre 1559 et 1615) qui convoitaient les réserves d'or. On prit alors la décision de construire un fort (en 1594) au pied du Cerro Artilleria afin de protéger le port par les militaires. La deuxième moitié du XVIII ème siècle vit une forte augmentation de l'activité du port: Vin, cuir et fromages étaient envoyés au Pérou. D'autres bateaux y faisaient aussi escale et permirent, petit à petit, à la nouvelle ville de se développer. Bientôt, l'indépendance du Chili et la nouvelle liberté de commerce firent de Valparaiso le premier port du pays. Il faudra attendre la construction du canal de Panama pour que le port entame son déclin. En effet, celui-ci servait jusqu'alors d'escale obligée pour les navires se rendant de l'Atlantique au Pacifique en passant par le détroit de Magellan. En plus, le 16 août 1906, un important séisme mit à mal la cité, faisant 20 000 blessé et causant la mort de 3000 personnes.

Aujourd'hui, le port de Valparaiso est toujours actif mais dans une moindre mesure. Des marins proposent aux touristes de les balader dans le port. Non loin des quais, sur la Place Soto Mayor, se dresse toujours le bâtiment des forces navales (deuxième photo ci-dessous), l'Armada de Chile. Sa devise officielle qui est de vaincre ou de mourir cache des forces rassemblant 25 000 marins, dont 5200 commandos de marine, et 66 navires.La marine de guerre dispose également de quatre sous-marins modernes et de sept frégates. En temps de paix, la mission de la marine chilienne est de surveiller les eaux territoriales. A notre passage, quelques bateaux militaires font relâche dans le port.


 

La Place Soto Mayor est l'une des places les plus connues de Valparaiso. Elle part du port pour s'arrêter au pied du Cerro Cordillera. Elle porta d'abord le nom de Place de la Douane, puis de Place du Palais avant de prendre son nom actuel qui fut celui d'un grand ministre du XIX ème siècle, Don Rafael Sotomayor. Outre le bâtiment des forces armées chiliennes, cette place offre des édifices construits dans des styles architecturaux variés. C'est là que se tient le Conseil national de la culture et des arts ainsi que l'hôtel « Reina Victoria »(ci-dessous) Sur cette même place, s'élève le monument Arturo Prat (deuxième photo) en l 'honneur des héros de Iquique. La bataille navale de Iquique se tint le 21 mai 1879 et donna lieu à un combat entre la corvette chilienne Esmeralda et le navire péruvien Huascar. Le monument porte le nom d'Agustin Arturo Prat Chacon, ancien avocat chilien et aussi officier de marine, tué peu de temps après l'abordage du navire Huascar lors du combat naval d'Iquique. Il était le commandant de la corvette Esmeralda.


 

Nous empruntons maintenant la rue Condell et croisons, là encore, des façades d'immeubles très variées et de style différent (photo). La Tour horloge Turri s'élève au croisement de deux rues et est voisine de l'ascensor (funiculaire) Concepcion(ci-dessous) qui nous conduit à la promenade Gervasoni, au Cerro Concepcion. Une vue imprenable sur la ville et le port s'offre à nous, tandis que des colibris s'activent dans la végétation environnante. A deux pas, se trouve le Grand hôtel Gervasoni (deuxième photo). Cet édifice fut autrefois la demeure privée d'un entrepreneur croate. Nous traversons des petites ruelles, accompagnés de temps à autre par des chiens (ils sont nombreux à Valparaiso) en liberté. On aperçoit certaines maisons comme accrochées à la montagne, tandis que nous passons bientôt devant la Casa Crucero (troisième photo) aujourd'hui galerie d'art. J'ai l'impression que nous sommes les seuls touristes dans cette ville car nous ne croisons que des locaux (habitants, mais aussi des ouvriers qui rénovent des maisons). Le musée Balburizza, actuellement en rénovation offre une architecture superbe (quatrième photo).


 

Il ne faut pas craindre d'arpenter les ruelles pour découvrir les quartiers populaires et historiques de Valparaiso. Mais la promenade vaut le détour et est parfois récompensée par des musiciens de rue qui exécutent leur prestation dans la rue Condell, ou bien cette jongleuse que nous croiserons à un feu rouge, en train d'exercer son talent avec ses quilles devant des automobilistes attendant le passage au vert. De vieux tramways (ci-dessous) circulent toujours remplis de passagers et cohabitent avec les taxis collectifs auxquels nous faisons bientôt appel pour monter au Cerro Florida. En effet, le funiculaire Florida est à l'arrêt, et, à moins de gravir un grand escalier, il nous faut trouver une alternative. En quelques instants, nous arrivons devant la fondation Pablo Neruda. Le célèbre poète chilien dit un jour:J'ai construit la maison. Je l'ai d'abord fait d'air. Puis j'ai hissé le drapeau dans le ciel, la lumière et l'obscurité. L'histoire de la ville est sans aucun doute liée à la figure de Pablo Neruda. Il trouva sur la Montagne Florida la paix nécessaire pour écrire, face à l'océan Pacifique. Sa maison (deuxième photo) fut nommée « La Sebastiana » en hommage à son constructeur, Sébastien Collado, un espagnol qui avait bâti cette demeure pour s'y retirer une fois ses enfants mariés. Il mourut entre temps et Vial Sara, un ami de Pablo Neruda, découvrit l'endroit. Endroit que Pablo Neruda décidera de baptiser La Sébastiana, car, disait-il, Sébastien Collabo était un poète de la construction même s'il n'avait jamais rédigé un seul vers. Le 18 septembre 1961 (j'avais alors...12 jours!), le poète chilien invita ses amis pour l'inauguration de sa maison. Il y vivra de temps à autre et se consacrera à l'écriture jusqu'à obtenir le prix nobel de littérature en 1971. A sa mort, la demeure n'était plus occupée et la fondation Pablo Neruda (avec Téléfonica Espana ) entreprit de la rénover en restant fidèle à la couleur des murs et à la disposition d'origine des meubles, objets et tableaux que Pablo Neruda avait disposés. Il est aujourd'hui possible de visiter cette maison et de se replonger un instant dans la vie et les meilleurs moments du poète. Cette demeure ne ressemble en effet à aucune autre. Chaque chambre a été décorée avec une attention particulière. On peut admirer, au premier étage, un cheval en bois tout droit venu de Paris. Ainsi que cette collection de bouteilles colorées et toutes de formes différentes. Au deuxième étage, trône un bar derrière lequel Pablo Neruda préparait sans doute le « Coquetelon » (mélange de saveurs et d'alcool) pour ses amis. Le quatrième étage accueille ce qui fut peut être la pièce la plus importante pour le poète, sa chambre, avec son lit en laiton aux côtés duquel on peut apercevoir des lampes et une commode de marin. De sa fenêtre, il pouvait se pencher vers l'océan et embrasser cette vue imprenable sur la ville et le port.

Une annexe culturelle ,voisine de La Sébastiana, propose aux visiteurs expositions, conférences, c ours, concerts et ateliers de poésie. Pablo Neruda écrivit un jour cette lettre à son ami, Sara Vial: »Je suis lassé de Santiago, je veux trouver une maison à Valparaiso, pour y vivre et y écrire en paix. Mais sous certaines conditions. Celle-ci ne devra être ni trop haute ni trop basse, isolée mais pas trop, avec des voisins discrets que je ne puisse ni voir ni entendre. Une maison originale mais confortable,légère mais solide, ni trop grande ni trop petite et loin de tout. Mais à proximité des commerces tout de même. Et un pied à terre bon marché. Penses-tu que je pourrais trouver un tel endroit à Valparaiso? »


 

Avec Guillaume, Vanessa et Fabien, je redescend en direction de la Place des Poètes. Là, se trouvent trois statues: Celle de Gabriela Mistral, une autre du poète chilien Vicente Muidobro et bien sûr, celle de Pablo Neruda. Gabriela . Les rues des alentours (dont la rue Hector Calvo) recèle de nombreuses peintures murales représentant souvent Valparaiso et son port (ci-dessous). Valparaiso est le paradis du graffiti qui est devenu un art urbain. Les influences internationales ne sont pas étrangères à cet art (notamment des Etats-unis et de la France). Celles-ci expriment parfois des aspects de la culture américaine hip hop, parfois des expressions artistiques plus révolutionnaires , politiques et universitaires (comme Mai 68). Les scènes que nous apercevons dans la rue Hector Calvo sont plus naïves et représentent des paysages, ou des scènes de la vie quotidienne. Le Chili connait une tradition muraliste depuis plusieurs décennies, notamment sous l'influence des brigades communistes Ramona Parra (du nom d'une militante tuée lors de manifestations), crées en 1968. Pablo Neruda influença aussi clandestinement ces peintures murales qui représentaient (pour certaines d'entre elles) une force d'opposition conséquente face à la dictature du Général Pinochet. Le style graphique de Valparaiso, lui, est largement métissé. Et la forme des graffs rencontrés prend de la hauteur (pour être mieux vu). Ce graff est en principe interdit mais revêt désormais un attrait touristique. Il est souvent réalisé à plusieurs mains et à partir de pas grand chose. Les habitants eux-mêmes invitent les graffeurs à parer leurs façades ou leurs portes d'entrée de couleurs vives. Depuis le début des années soixante-dix, la ville possède un musée à ciel ouvert. Celui-ci accueille les œuvres de 17 peintres majeurs de l'époque, mais pour certains graffeurs, ces peintures sont en inadéquation avec l'époque et déconnectées du milieu de la rue. Qu'à cela ne tienne, nous sommes tous les quatre séduits par la beauté de ces peintures spontanées qui dévoilent sous nos yeux des morceaux de l'histoire sociale de la cité car elles représentent un mode d'expression populaire. C''est que le muralisme chilien a débuté dans les années trente, à l'initiative d'artistes mexicains, puis, les années soixante voient l'expansion du muralisme social (problèmes politiques et sociaux). De 1070 à 1073, on peint les acquis sociaux, jusqu'au coup d'état de 1973 qui met un terme au mouvement artistique. Les années 80 verront le retour des revendications sociales et de l'opposition au régime dans les peintures réalisées.


 

Une autre tradition de Valparaiso: Les funiculaires. On en compte plus d'une dizaine dans cette ville. Appelés « ascensores », ils représentent l'un des côtés pittoresques de Valparaiso, et ont depuis été déclarés monuments historiques par le Conseil des monuments nationaux du Chili. La ville s'étant construite sur un grand nombre de collines (cerros) qui encadrent une large baie, il était difficile de se déplacer des zones résidentielles (cerros) vers la ville basse ou inversement. Et les funiculaires constituent une réponse adaptée à ce relief particulier. Le premier de ces funiculaires est celui de Concepcion (que nous avons emprunté tout à l'heure). Il a été construit en 1883 et fonctionnait à l'époque à la vapeur. Sur quinze funiculaires aujourd'hui en service, cinq d'entre eux sont gérés par la municipalité, les autres, par des compagnies privées. Pour redescendre vers la Place Sotomayor, nous emprunterons le funiculaire El Peral qui fut inauguré en 1902 (photos ci-dessous) et restauré en 2005. Son dénivelé est de trente mètres pour une longueur de 52 mètres seulement. Il ne nous faudra que 45 secondes pour parcourir cette distance.


 

Nous rejoignons bientôt notre véhicule en passant par la Place Victoria (photo ci-dessous). Située dans le quartier El Almendral, cette place est aussi appelée Place de la Victoire, en souvenir de la victoire du Chili lors de la guerre avec la confédération péru-bolivienne. Jusqu'au XVII ème siècle, l'endroit était une plage où s'arrêtaient les navettes qui desservaient Santiago et Quillota. Puis, on y installa une arène pour des combats de taureaux. Début XIX ème, l'endroit devint la Place de Orrego (du nom de celui dont la maison se tenait sur le terrain de l'actuelle Cathédrale de Valparaiso (deuxième photo). Elle prit finalement son nom actuel au milieu du XIX ème siècle. Et on y installa l'électricité en 1904. Sa fontaine est superbe (troisième photo) et ses voitures pour enfants, attendrissantes (quatrième photo).

D'autres photos vous attendent sur l'onglet Médiathèque-->Album Amérique du sud.

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Site de la municipalité de Valparaiso: http://www.municipalidaddevalparaiso.cl/

  • Portail touristique: http://www.ciudaddevalparaiso.cl/inicio/index.php

  • Fondation Valparaiso: http://www.fundacionvalparaiso.org/

  • Fondation Pablo Neruda: http://www.fundacionneruda.org/

     

    Ouverte du mardi au dimanche, de 10h10 à 18h00 ( de mars à décembre), et de 10h30 à 18h50 (de janvier à février). Droit d'entrée pour la visite de La Sébastiana: 3500 pesos. Interdiction de prendre des photos à l'intérieur de la maison.

  • Funiculaires de Valparaiso: http://ascensoresvalparaiso.org/

  • Conseil National de la Culture et des Arts: http://www.cultura.gob.cl/

  • Musée Maritime National de Valparaiso: http://www.museonaval.cl/

    .Deux circuits découverte vous sont proposés: Le circuit des navigateurs: Visitez le Musée Maritime national de Valparaiso (Paseo 21 de Mayo, N°45, Cerro Artilleria) puis rendez vous au Service Hydrographique et océanographique de l'armée (Errazuriz N°254 Playa Ancha). Allez ensuite au Phare Punta Angeles (Subida Cementario N°300 Playa Ancha) puis terminez votre visite par l'Ecole navale « Arturo Prat » (Avenida Gonzalez de Hontaneda N°11 Playa Ancha).

    • Le circuit des Pionniers: Allez voir la Bateria « Esmeralda » (Avenida Altamirano sector Punta Duprat) puis poursuivez avec les Almacenes Fiscales (Avenida Antonio Varas N°348). Continuez avec le Monumento a la Marina Nacional (Plaza Sotomayor), le Monumento al Amirante Manuel Blanco Encalada (Blanco c./Bellavista), puis le Monumento al Almirante Lord Thomas Cochrane (Brazil c./Bellavista) et enfin le bâtiment de l'armée chilienne (Plaza Sotomayor).

  • Pour se rendre à Valparaiso, en voiture, depuis Santiago du Chili, emprunter la Ruta 68 ( deux péages à 1600 pesos chacun). Durée du trajet: 1h30.








 



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