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Musée de la Maison de Benjamin Constant
(Rio de Janeiro, Brésil)
Heure locale

Mercredi 5 septembre 2012

 

Lors de ma visite du quartier Santa Teresa (Rio de Janeiro), je me suis arrêté à la maison de Benjamin Constant, devenu désormais un musée national. Interloqué par ce nom français, je me demandais qui était ce Benjamin Constant. Car l'histoire n'est pas simple. On connait tous le Benjamin Constant de Rebecque, romancier, homme politique et intellectuel engagé français d'origine suisse, qui soutint le coup d'Etat du 18 Fructidor an V lors de la Révolution française. Le Benjamin Constant dont je vous parle se prénomme en réalité Benjamin Constant Botelho de Magalhaes.Il naquit à Niteroi en 1836 et mourra à Rio de Janeiro en 1891.Militaire brésilien, ce fut aussi un penseur politique. Positiviste très influencé par Auguste Comte, il fonda le mouvement positiviste du Brésil puis exprima plus tard ses idées républicaines. Ayant vécu une enfance difficile, Benjamin Constant fit une tentative de suicide à l'âge de douze ans. Engagé dans la guerre du Paraguay, il souffrira de solitude jusqu'à sa découverte d'Auguste Comte. Fondateur du Club militaire avec Deodoro da Fonseca en mai 1887, il contribuera , peu de temps avant sa mort, au renversement de l'empereur du Brésil et à l'instauration de la république brésilienne. On le considère aujourd'hui comme le fondateur de la République dans la constitution de 1891.


 

A ce stade, revenons sur l'histoire de ce pays. Arrivés au Brésil il y a quelques 60 000 ans, les humains vivaient d'abord dans des villages de 2500 à 5000 habitants, s'appuyant sur les ressources de la forêt. A la fin du XV ème siècle, tout le territoire était habité par des tribus semi-nomades (on connait plus de 200 ethnies) vivant de la chasse, de la pêche, de l'agriculture et de la cueillette. Vint ensuite l'époque coloniale, avec l'arrivée du navigateur portugais Pedro Alvares Cabral le 22 avril 1500. Les nouveaux découvreurs surnommèrent cette terre Brésil du nom du bois de brésil qui donne une teinture vermeil. Et les Indiens, eux aussi, furent d'abord surnommés Brésils. Les Français tentèrent également de s'implanter dans ce pays en 1554 autour de la baie de Guanabara (photo ci-dessous). Le Roi Jean II de Portugal confia bientôt de vastes domaines aux colons afin d'y cultiver la canne à sucre et le bois précieux en utilisant les Indiens désormais réduits à l'esclavage. Ces derniers préférant s'enfuir à l'intérieur des terres ou se suicider, les portugais recourent alors à des esclaves noirs venus de toute l'Afrique. La Hollande,elle, débarque au Brésil en 1630 et enlèvent aux Portugais les villes de Recife, Natal et Salvador. Et le pays vivra ainsi sous l'esclavage jusqu'à l'Empire (1822) au rythme des différentes conquêtes ou tentatives de prise de pouvoir. En 1808, le Roi Jean VI de Portugal doit fuir Lisbonne pour Rio de Janeiro, échappant ainsi aux troupes napoléoniennes qui envahissent son pays. C'est à ce moment-là que Rio devient la capitale de l'Empire colonial portugais et les contrats commerciaux permettent au Brésil de bénéficier de la protection de l'Angleterre. On fonde les premières manufactures, on crée la première université. Le soulèvement du 24 août 1820 provoque l'élection de Cortes constituants. Une régence gouverne alors le pays jusqu'au 4 juillet 1821, date à laquelle le Roi Jean prend ses fonctions de roi constitutionnel après avoir quitté le Brésil le 26 avril de la même année. Son fils, Jean VI, Pierre Ier, resté au Brésil comme Régent, refuse bientôt de se rendre au Portugal et proclame l'indépendance du pays le 7 septembre 1822 à Sao Paulo.


 

Cette indépendance ne sera reconnue par le Portugal qu'en 1825, après de violents affrontements politiques, mais sans conflit armé. La Monarchie s'appuie sur le peuple pour contrebalancer les riches propriétaires terriens et tente d'attirer des immigrants européens. Mais, en réalité, le vrai pouvoir est détenu par les Britanniques qui tiennent le pays, grâce à leur puissance commerciale et financière. Puis, au décès de Jean VI, Pierre 1er est poussé à abdiquer en faveur de son fils Pierre II âgé de 5 ans. Le pouvoir est alors confié à José Bonifacio de Andrada e Silva, le tuteur du jeune empereur. Dans les années 1850, le pays s'engage dans la lutte contre l'esclavage. On cultive le café et la Guerre de la Triple Alliance ( à laquelle participe Benjamin Constant) contre le Paraguay, de 1865 à 1870, est gagnée avec notamment le concours des importants régiments de noirs. Les esclaves noirs sont ainsi affranchis un an plus tard, en 1871. Pierre II développe alors l'enseignement public et construit un chemin de fer. Les maitres recherchent alors des esclaves blancs en attirant des immigrés européens grâce à des réseaux qui leur promettent des terres. Avant leur arrivée, ces immigrés doivent verser une fortune pour payer leur visa. Une dernière loi abolit l'esclavage en 1888. Les riches propriétaires font de la résistance et s'engagent dans un soulèvement destiné à renverser l'Empire. Ils créent un parti républicain et paient le Maréchal Da Fonseca pour organiser le coup d'état.L'Empire et Pierre II du Brésil sont renversés en 1889. La République est proclamée mais l'esclavage ne peut plus être réinstauré. Jusqu'en 1888, le Brésil aura importé plus de huit générations d'esclaves africains.


 

Après le coup d'état de 1889,, la République est copiée sur le modèle des Etats-Unis. Il s'agit d'un état fédéral avec une tradition de port d'armes pour les individus. On ajoute au drapeau brésilien de 1822, vert avec le losange jaune, la sphère céleste telle qu'elle était visible lors de la proclamation du nouveau régime ( comme sur cette peinture « A Patria » de Pedro Bruno en 1919). Cette peinture est fort de symboles : Le bébé représente le renouveau du pays, le tableau marron au fond à gauche, le Maréchal Déodoro qui proclama la République et fut aussi le premier Président républicain, le tableau au fond à droite représente Tiradentis, le leader de la rébellion contre le Roi du Portugal. Il est considéré comme un héros républicain. Quant au drapeau, il est réalisé par la femme de Benjamin Constant, Maria Joaquina. On y retrouve le vert (la forêt), le jaune (l'or) et le symbole impérial au milieu qui sera remplacé par la sphère céleste visible dans le ciel brésilien le 15 novembre 1889.


 

Le musée de la Maison de Benjamin Constant a commémoré en 2007 son 25ème anniversaire. Cette maison qu'occupa Benjamin Constant durant les dernières années de sa vie, à partir de 1890. Il sera aussi le premier ministre de la Guerre et le premier ministre de l'éducation publique de cette république naissante. L'éducation publique lui tenait beaucoup à cœur. Il s'agit de voir les nombreux ouvrages contenus dans la bibliothèque de son bureau (photo ci-dessous). En entrant dans cette maison le visiteur trouve sur sa droite le salon de la demeure (deuxième photo), autrefois destiné à accueillir les invités extérieurs et les amis de l'homme célèbre. Le mobilier, en parfait état, est resté tel qu'il était à cette époque. Le bureau , le hall d'entrée et le salon forment la partir publique de la maison, complétée par une grande salle à manger (troisième photo) pour laquelle on a prévu une autre entrée sur l'arrière de la bâtisse.


 

Benjamin Constant Botelho de Magalhaes était le fils de Leopoldo Henrique Botelho de Magalhaes et de Bernardina Joaquina da Silva Botelho. Combattant en faveur de l'indépendance en 1822, son père épouse Bernardina en 1835. Ayant quiité l'armée pour raison de santé, il enseigne , dans une petite école créée par lui, à la fois le latin et la grammaire portugaise. Il baptise son fils Benjamin en hommage de Benjamin Constant de Rebeque, homme politique et écrivain français. A la mort de son père, Benjamin Constant et sa famille partent pour Rio. Benjamin ment sur son âge afin d'intégrer l'école militaire. A l'âge de quinze ans à peine, il est nommé cadet de deuxième classe, ce qui lui permet d'assumer la charge de sa famille. Il se marie le 16 avril 1863 avec Maria Joaquina Bittencourt Costa, qui lui donnera 5 filles et trois fils. C'est à l'école militaire qu'il s'intéressera au positivisme d'Auguste Comte et qu'il développera les mathématiques, science parmi les sciences. En 1857, Benjamin Constant est promu à l'état major comme principal de l'école militaire. Trois ans plus tard, il reçoit son baccalauréat de sciences physiques et de mathématiques, puis s'inscrit l'année suivante à l'observatoire astronomique impérial. En 1862, professeur de mathématiques à l'institut impérial des petits aveugles, il met sur pied une méthode d'étude de l'algèbre élémentaire pour aveugles, méthode retranscrite en braille. Benjamin est aussi un homme de cœur. Le 25 août 1866, on lui demande de rejoindre le front de la guerre du Paraguay, où il sera ingénieur responsable des tranchées du front de bataille. Cette tranche de sa vie marquera beaucoup son existence. En 1869, il prend la tête de l'Institut Impérial. C'est un homme à la tête bien faite et à l'existence bien remplie qui quitte ce monde en 1891, peu de temps après son arrivée dans la maison que je visite aujourd'hui.Située au milieu d'un parc du quartier de Santa Teresa, cette demeure est une des maisons de charme de la ville de Rio de Janeiro. Le musée qui fut créé ici en 1982 a maintenu en l'état l'atmosphère de l'époque, avec les meubles et les objets d'antan. Le musée organise, outre des visites de cette maison, des concerts en plein air, des séminaires et des journées enfantines. Juste à côté de la maison de Benjamin Constant, se trouve la demeure(ci-dessous) de l'une des fille du grand homme. Cette maison abrite de nos jours les bureaux administratifs du musée.


 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Musée de la Maison de Benjamin Constant, Rua Monte Alegre,255 à Santa Teresa, Rio de Janeiro. Tel : (21) 3970 1168 et (21) 3970 1177. Ouvert du mercredi au vendredi de 10h00 à 17h00, les samedi et dimanche de 13h00 à 17h00. Le parc est accessible tous les jours de 8h00 à 17h00.

     

    Droit d'entrée : 2 reals. Entrée gratuite le dimanche.

    Site internet : http://www.museubenjaminconstant.blogspot.fr/

    mail : mcbc@museus.gov.br

     











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