Jeudi 25 septembre 2008

Déjà presque une semaine que je suis arrivé en Argentine. Les journées passent à une vitesse folle et je dois dire que je m'ennuie pas une seconde , tant il y a à faire et à voir.

Rappelez-vous. Hier soir , à mon retour du Parc Torres del Paine (Chili) , je me suis arrêté sur la route de El Calafate , plus exactement à l'intersection des deux routes ,celle pour El Calafate et l'autre en direction de Rios Gallegos : La Esperanza.

On m'avait signalé un endroit où dormir, un hôtel restaurant de routiers , hosteria La Esperanza. J'y trouvais aussitôt logis et couvert pour la nuit, bien que le lieu ne soit pas très propre , mais bon, je ne vais pas faire le difficile en pleine pampa. L'accueil y est simple, courtois et efficace ( en effet, je découvre que l'éclairage de la chambre ne fonctionne pas : Appelez-moi le directeur !) et on m'envoie aussitôt l'homme d'entretien. Pas de lampe de chevet (on m'en installe une dans les 10 minutes). Il est dommage que la salle de bains soit aussi vétuste mais l'eau chaude est au rendez-vous ( deux cafards aussi, mais cela me rappelle l'Afrique !). Pour le dîner, le menu est simple mais bon. La disponibilité de mes hôtes palliera à certains manques.

Après une bonne nuit, je me réveille vers 9h00 et découvre un vent très fort en mettant le nez dehors. La journée s'annonce belle mais qu'est-ce que ça souffle ! Il va me falloir être prudent sur la route car les rafales sont nombreuses en terrain découvert et peuvent déporter un véhicule. Parfois, un vent de sable traversera même temporairement certaines régions.

Les paysages somptueux me feront vite oublier ces inconvénients. Alors que le soleil tape déjà en cette matinée ( avec une température aux environ de 15°C) je remarque des petites tâches noires sur la route. Il s'agit de grillons qui essaient de migrer d'un côté à l' autre de la chaussée. Pensez-y si vous conduisez dans la région et tentez de les éviter !

Heureusement pour eux. La circulation n'est pas si dense et il n'est pas rare de conduire pendant une demi-heure sans croiser un véhicule.

Les endroits remarquables ne sont pas indiqués sur la route. C'est à vous de les remarquer. Un parking de temps à autre laissera deviner qu'il y a quelque chose à prendre en photo dans le coin. L'Argentine ( du moins cette partie du pays) n'est pas équipée pour le tourisme. Comptez donc surtout sur vous-même et votre oeil exercé.

Après 200 kilomètres parcourus , j'arrive bientôt à El Calafate. Un contrôle de police m'attend à l'entrée de la ville : Deux jeunes policiers me demandent les papiers du véhicule ainsi que mon permis de conduire et mon passeport. Aurais-je la même tête que les dangereux trafiquants de drogue dont on a montré les photos hier soir aux infos nationales ? Je suis désormais rôdé à ce genre de contrôles , plus ou moins courants semble t-il en Argentine.

El Calafate est située au bord des rives du Lago Argentino ( Lac Argentin) . La ville est à 319 kms de Rio Gallegos, Capitale de la province de Santa Cruz où nous nous trouvons. Les maisons typiques ont ici des toits rouges. Les routes qui la desservent sont goudronnées et de bonne qualité. El Calafate dispose d'un aéroport depuis l'an 2000 ce qui permet à des avions de capacité importante de se poser en provenance de Buenos Aires, Trelew, Rio Gallegos, Ushuaia ou Bariloche.

Au début du siècle dernier, sous la présidence de Nicolas Avellaneda, le gouvernement national souhaita délimiter la zone du Lac Argentin. Cette opération prévoyait le développement d'une zone défiscalisée , faisant cadeau aux propriétaires des terres jouxtant le lac. Ainsi apparurent les premières estancias dans cette région . En 1925, la population était essentiellement rurale et se consacrait à l'élevage de moutons ( laine).

Tous les trois lieues ( distance équivalent à ce que parcourait à l'époque et en une journée un boeuf tirant une charrette) existait un petit hôtel refuge . Ces logements étaient généralement situés près de lagunes, ruisseaux, ou autre endroit abrité du vent. Progressivement, ils devinrent des commerces ou des bars.

Les noms de El Bote, El Calafate ou El Centinla correspondent à des ruisseaux. Et servirent ensuite à nommer des hôtels refuges . El Calafate était un passage se trouvant dans une zone encaissée, dominée par un endroit montagneux. Le ruisseau en question débouchant de cette montagne courait dans une plaine de limon qui fut baptisée Bahia Redonda par Francisco Pascasio Moreno. Pourquoi El Calafate ? Parce qu'à cet endroit existait une plaine recouverte d'arbustes si grands qu'ils dominaient le passage à gué. On donna donc à ce lieu le nom de « Mata Grande » ( Grands arbres) ou « El Calafate ».

Vint ensuite un commerçant français du nom d'Armand Guilhou , qui avait érigé une petite ferme en torchis. Prenant bientôt sa retraite, cette ferme sera alors occupée par une famille espagnole, du nom de José Pantin. Cette famille installa une épicerie hôtel. Vinrent se greffer ensuite un tribunal , une agence des Postes et Télégraphes, et un commissariat de police. D'autres familles rejoignirent ce lieu qui allait devenir un village.

C'est en 1927 que le gouvernement national allait avaliser la création de villages situés dans les territoires de Rio Negro, Chubut et Santa Cruz. Dans cette dernière province furent créés deux nouveaux villages : Perito Moreno et El Calafate. En 1930, la Direction de l'Urbanisme ordonna le tracé d'un plan d'une zone urbaine dans la vallée du fameux ruisseau. La population protesta et proposa de réserver cette zone fertile à des terres exploitables pour l'agriculture arguant que celle-ci se trouvait en zone inondable. Mais les autorités maintinrent leur projet de construire la ville dans la vallée. Cette décision fut officialisée en 1940. Ainsi naquit El Calafate.

Museo Regional

El Calafate est le point de départ de nombreuses excursions à destination, entre autre , du Parque de los Glaciares . C'est désormais l'un des principaux sites touristiques de l'Argentine. L'avenida del Libertador General San Martin est l'avenue principale , bordée de commerces et agences de voyages.

Parmi les lieux d'intérêt, on trouve le Musée régional (Museo Regional) qui rassemble quelques collections de pierres, d'insectes et d'oiseaux empaillés.

Le Centro de Interpretacion Historica offre aux visiteurs de découvrir les grandes lignes de l'histoire de la région. Peu de photos à faire, le centre proposant essentiellement un exposé audiovisuel ( en espagnol).

La Laguna Nimez est une réserve municipale où font escale de nombreux oiseaux de Patagonie et des espèces migratrices. Un chemin balisé permet de parcourir ce site. Je n'ai franchement pas eu le courage de faire la balade tant le vent était fort et froid aujourd'hui. Sur la photo ci-dessous, vous reconnaître peut être des flamants roses. Le site , toujours en travaux , manque selon moi de charme.

Laguna Nimez

Enfin, la Bahia Redonda, baignée par les eaux du Lago Argentino tout proche offre un lieu supplémentaire de balade de préférence par temps plus chaud. Il est regrettable que l'endroit ne soit pas mieux entretenu par la municipalité (bouteilles et sacs en plastique traînant ici et là cassent le charme de cet endroit) car cette baie est superbe par ailleurs.

Vous l'avez compris, aujourd'hui est une journée de transition. Le rendez-vous majeur est pour demain avec la visite du Parque de los Glaciares.

Il est presque 19h00 et je ne vais pas tarder à dîner dans un petit restaurant du coin. De retour en Argentine et selon mes habitudes, je déguste en rédigeant cette chronique un verre de vin (rouge) argentin ,bien au chaud dans mon nouveau refuge , l'Hosteria Austral. Ce soir , il s'agit d' un Cabernet Sauvignon Malbec 2008 , Postales del Fin del Mundo ' Patagonia.

Bahia Redonda

A demain ! !