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Exposition "La vie quotidienne des Argentins dans les Années 1900-1930"
(Museo de la Ciudad, Buenos Aires, Argentine)
Heure locale

Mercredi 10 juin 2015

 

Alors que je me rendais dans le quartier d'Almagro, je découvris par hasard le musée de la ville, récemment inauguré à Buenos Aires et consacré aux appareils ménagers et aux usages domestiques du début du XX ème siècle. Ce lieu est surprenant par le bond en arrière que cette exposition me fait franchir alors que nous vivons à l'ère de la technologie. Pourtant, ces équipements aujourd'hui démodés firent les beaux jours des Argentins. Déjà, durant les années 1900 à 1930, on vantait les qualités de tel ou tel objet, ou des commodités d'alors.

Ma visite à ce musée va me permettre de découvrir que les Argentins de cette époque pouvaient se chauffer à l'électricité, écouter de la musique ou passer des appels téléphoniques. Des appareils, certes moins élaborés qu'aujourd'hui, rendaient possibles ces actions mais à quoi ressemblaient-ils ? De nombreux objets de cette époque pouvaient aussi surprendre par la simplicité de leur fonctionnement, la beauté de leur forme ou la qualité de réalisation industrielle. Les objets quotidiens qui sont présentés ici sont ceux d'une demeure portègne du début du XX ème siècle, classés par thèmes. On peut ainsi découvrir une vitrine montrant des appareils destinés à la préparation et à la conservation des aliments, comme cette sorbetière manuelle (ci-dessous) par exemple. On trouve aussi des ventilateurs, des chauffe-pieds, ou des chauffages d'appoint. Une autre vitrine présente tourne-disques et gramophones. Une autre, des sanitaires ou des éléments en relation avec la salle de bains. Je découvrirai même une chambre typique de l'époque, aménagée comme il se doit (deuxième photo)


 

Le téléphone fit son apparition à Buenos Aires durant les premières années du XX ème siècle, grâce à l'octroi d'autorisations qui furent accordées à des entreprises de raccordement téléphonique. En 1881, trois entreprises étrangères étaient déjà sur les rangs. Et le 4 août de cette même année, d'installer le premier téléphone à la résidence du ministre des relations extérieures, Bernardo Irigoyen, résidence située dans l'Avenue Florida. Le même jour, d'autres lignes de téléphone firent leur apparition dans les résidences de la République Julio A.Roca, et du Président de la municipalité, Marcelo Torcuato de Alvear, , dans celle du Général B.Victorica, alors ministre de la Guerre et de la Marine, ainsi que dans des institutions comme la Société rurale, le Club du Progrès ou le Jockey Club. Dès 1882, ces entreprises de téléphone commenceront à fusionner, avant de faire naitre, quatre ans plus tard, la compagnie de l'Union téléphonique du Rio de la Plata (U.T) qui compta au départ 6000 abonnés.

 

Tout comme pour le gaz, le premier usage de l'électricité à Buenos Aires se fit à travers l'éclairage public et privé. Les premières tentatives eurent lieu en 1853 avec l'illumination de la Place de Mai (Plaza de Mayo), puis du marché central (rues Peru et Florida) en parvenant à allumer simultanément quarante lampes. C'est en 1886 que sera accordée la première concession à Rufino Varcla, afin d'illuminer une partie d'un parc, le 3 février de cette même année. La distribution des lignes électriques ne sera malheureusement pas répartie de manière uniforme, car exécutée par plusieurs entreprises. En 1897, on parvient enfin à allumer jusqu'à 6000 ampoules et une première usine électrique est bâtie à l'embouchure du Rio de la Plata. L'énergie ainsi produite est ensuite redistribuée vers trois quartiers de Buenos Aires : la zone sud, Belgrano et Flores. En 1904, est mis au point le premier éclairage public urbain, à la fois alimenté par l'électricité et le gaz, grâce à une unité de production centrale reliée à vingt sous-stations et à 80 transformateurs répartis dans six endroits de la capitale. Les quartiers populaires de la vile verront quant à eux l'arrivée de la fée électricité en 1920. Les appartements portègnes sont, eux, peu à peu équipés pour accueillir cette nouvelle énergie. A cette époque, Buenos Aires compte seulement 8334 abonnés en 1904 pour une population de 908492 âmes (c'est à dire moins de 4% de la population). En 1911, 11,5 millions de Kw/heure (sur les 154,5 millions produits alors par CATE) seront destinés aux habitations. Et de nouvelles unités de production électrique de voir le jour entre 1912 et 1932 dans le quartier de Puerto Nuevo.

Bientôt, les premiers appareils ménagers fonctionnant à l'électricité feront leur apparition dans les familles aisées. Puis les foyers populaires connaitront à leur tour le bonheur ménager avec le ventilateur et le fer à repasser. En 1916, ce dernier pèse deux à trois kilos et consomme 500 watts/heure mais est devenu incontournable. Quant au ventilateur, son développement sera directement lié à l'utilisation du moteur à courant alternatif, celui de Nicolas Tesla (USA), qui est alors installé dans cet appareil dès 1891 par la firme Westinghouse. Il sera d'abord utilisé à Buenos Aires dans les locaux commerciaux, les confiseries et les bureaux, en 1890, avant d'équiper plus tard les habitations.

 

L'exposition de ce musée me permet également de découvrir l'arrivée de l'ascenseur à Buenos Aires. Celui-ci apparut lors de la construction d'habitations en hauteur. Les premiers ascenseurs fonctionnaient alors à la vapeur d'eau. Il s'agissait alors de monte-charges basiques. En 1853, la société Otis mit au point son propre procédé puis bâtit sa propre usine de fabrication d'ascenseurs. 1861 vit l'invention de l'ascenseur à vapeur, tandis que le premier ascenseur pour passagers, fut inventé par les Etats-Unis, à New-York en 1857. L'ascenseur hydraulique, fonctionnant à l'aide de la pression de l'eau, apparaitra en 1872, puis l'ascenseur électrique, en 1889. Ce moyen de locomotion fera son apparition à Buenos Aires en investissant les hôtels (comme l'Hôtel de la Paix, avec son ascenseur hydraulique installé dès 1879, ou l'Hôtel Plaza et son ascenseur électrique en 1909)

Je poursuis ma visite et découvre le gaz, utilisé ici pour l'éclairage public. C'est l'ingénieur anglais Santiago Bevans, alors directeur du département des ingénieurs hydrauliques de la province de Buenos Aires, sous le gouvernement de Bernardino Rivadavia, qui lança la première illumination de la Pyramide de Mai, du Cabildo, du siège de la police et de la Recova pour commémorer le treizième anniversaire de la révolution de mai, avec l'utilisation d'un petit gazomètre dans les rues Reconquista et Rivadavia. En 1853, une loi de la province de Buenos Aires autorisera la contraction d'un contrat de service de gaz avec les messieurs Jaunet. On construisit alors une usine sur l'actuelle Avenida del Libertador (entre San Martin et Ramos Mejia). Puis des lanternes furent installées Place de la Victoire. Une autre illumination eut lieu au mois de mai 1856, agrémentée de 500 mèches à gaz, au Cabildo, à la mairie, à la cathédrale et à la pyramide. Le théâtre argentin, et la cathédrale anglicane profiteront aussi de cet éclairage au gaz. Les habitants de la capitale argentine pourront observer la multiplication des entreprises gazières entre 1872 et 1889. Apparaitront ainsi la compagnie primitive du gaz de Buenos Aires, la compagnie des consommateurs du gaz et du charbon, le gaz argentin, la compagnie du gaz du Rio de la Plata...Le gaz était alors principalement obtenu à partir du charbon de pierre et le fluide récupéré était alors entreposé dans des réservoirs (gazomètres), avant d'être redistribué. A partir du début du XX ème siècle, ces compagnies proposeront de nouveaux services, comme la location de cuisinières à gaz. Cette location sera rendue possible dès 1903 grâce à la compagnie primitive du gaz. L'usager paiera entre 1 et 13,5 pesos par trimestre pour cette location de cuisinières, souvent d'origine anglaise. Ce service connaitra un certain succès puisqu'en 1910, la compagnie Nueva faisait état de 15000 usagers portègnes alimentés par 5000 cuisinières de ce type. D'autres services furent bientôt proposés comme celui de la compagnie du gaz du Rio de la Plata qui offrira en 1904 la possibilité de louer des appareils de chauffage au gaz. En 1926, à l'occasion d'une campagne de promotion du gaz, on dénombrera à Buenos Aires 33313 abonnés au gaz (puis 70 000 en 1930).

 

Buenos Aires se modernisait ainsi peu à peu, en installant également des systèmes d'eau courante et de tout à l’égout. De 1868 à 1969, l'eau courante, puisée dans le Rio de la Plata sera acheminée à la capitale grâce à un réseau d'eau courante en plein développement. Cette eau était d'abord filtrée, puis redistribuée une fois sous pression. Le président Sarmiento chargera bientôt l'ingénieur Bateman de développer de plus grands réservoirs d'eau. Puis, une usine de traitement de l'eau sera construite dans le quartier de Recoleta (actuelle musée des Beaux-arts). En 1864, sera inauguré le Palais de l'eau courante dans l'avenue Cordoba. Cet endroit était un réservoir d'eau d'où partaient quatre grandes canalisations de distribution d'eau. C'est en 1897 que la commission municipale de l'hygiène préconisera la construction d'égouts et l'utilisation du siphon pour évacuer les eaux usées. Les premières toilettes seront alors créées pour remplacer las anciennes latrines turques.

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « Lo Ultimo en Tecnologia 1900-1930 », au Musée de la ville (Museo de la Ciudad), Defensa 223, à Buenos Aires. Tél : 4331 9855. Cette exposition gratuite se tient jusqu'au 16 août 2015. Site internet : https://twitter.com/museociudadgcba

 

 








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