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Colombo et le quartier du Fort
(Colombo, Province de l'Ouest, Sri Lanka)
Heure locale

Mercredi 31 octobre 2018

 

Me voici prêt pour effectuer mes premiers pas dans Colombo, une ville de gratte-ciel, de rues perpétuellement embouteillées où circulent tant bien que mal tuk-tuk, voitures, motos et autobus, au milieu des coups de klaxon incessants. La capitale économique sri-lankaise n'a pourtant pas toujours connu une rythme de vie aussi trépidant puisque l'endroit connut une vocation commerciale dès le 7è siècle grâce à son port naturel. Et les marchands arabes de s'y presser alors pour ouvrir des comptoirs. Il faudra cependant attendre l'arrivée des Portugais pour que la ville connaisse un réel développement et la construction d'un fort au 16è siècle : c'est dans ce quartier du fort que je me promène aujourd'hui, un lieu qui ne laisse que de (trop) rares traces de l'ancienne forteresse. En 1656, les Portugais sont détrônés dans la région par les Hollandais qui prennent alors le contrôle de Colombo pendant près d'un siècle et demi, avant d'être à leur tour délogés par les Britanniques en 1796. Colombo deviendra ainsi la capitale de Ceylan (nom de l'île à cette époque) en 1815, puis son port principal, et la construction d'infrastructures ferroviaires et routières au cours des années 1860, de donner l'impulsion nécessaire au développement économique de la ville, un développement qui se poursuivra au 19è siècle. L'indépendance du pays n'épargnera pas sa capitale puisque Colombo sera dévastée par des attentats à la bombe lors de la guerre civile de 1983 à 2009 .


 

Le quartier du fort reste le « joyau » de la ville, d'après les guides touristiques. Je dirais plutôt, une forteresse dans une (ancienne) forteresse car, ce matin, le quartier est saturé par les forces de police et les militaires, qui ont barré certains accès. C'est sous une chaleur moite que je découvrirai cet endroit rassemblant tours modernes et bâtiments coloniaux, mais aussi trottoirs défoncés, et de nombreux gêneurs comme ces conducteurs de tuk-tuk qui ne conçoivent pas que vous préfériez visiter la ville en marchant et vous interpellent sans cesse. Il est vrai que je ne croiserai pas beaucoup d'étrangers sur mon parcours. Le développement économique de la ville aura raison des anciennes fortifications portugaises et hollandaises, lesquelles seront rasées par les Britanniques au 19è siècle. Du côté de l'architecture hollandaise, il reste toutefois des édifices coloniaux comme l'ancien hôpital hollandais (en photo ci-dessus), la maison hollandaise (qui abrite désormais le musée hollandais de Colombo), plusieurs églises et la résidence présidentielle, située en plein milieu du quartier du fort, et que je renoncerai à photographier compte tenu de l'imposante présence militaire à cet endroit. L'ancien hôpital hollandais est pour sa part considéré comme le plus ancien édifice de la ville. Sa construction daterait de 1681 et le bâtiment servira d'hôpital pour les soldats hollandais installés sur place, et pour les employés de la Compagnie des Indes Orientales. Si l'on doit la construction du bâtiment à l'architecte allemand Christoper Schweitzer, Alleman reste cependant le plus ancien chirurgien de l'établissement, tandis que Paul Hermann, lui, demeure le plus célèbre des chirurgiens, qui officia de 1672 à 1679, avant d'être plus tard considéré comme le père de la botanique sri-lankaise.

 

Sur la York Street, se dresse encore l'ancien grand magasin Cargills (ci-dessus), déserté depuis pour n'être désormais occupé que par quelques échoppes. C'st en 1844 que l'homme d'affaires britannique William Milne créera la compagnie Milne & Company, spécialisée dans la vente de marchandises. Notre homme sera rejoint six ans plus tard par David Sime Cargill, lequel restera bientôt seul à la tête de l'entreprise. Cette jolie construction fut autrefois la résidence de l'ancien commandant de l'armée hollandaise, le Capitaine Pieter Sluysken. Cargills acquerra l'ensemble en 1896 et l'érection de l'édifice tel qu'il apparaît actuellement débutera en 1902, pour s'achever quatre ans plus tard et embaucher jusqu'à 32 Européens et 600 employés simultanément en 1909. Pour la petite histoire, c'est à Cargills que le pays devra la création de sa première chaine de supermarchés, en 1983, dont le premier magasin sera d'ailleurs basé à Staple Street. Infatigable, Cargills investira dix ans plus tard dans les produits finis à base de viande, avant d'acquérir la franchise de restauration rapide KFC pour le Sri-Lanka en 1996. Puis de mettre sur pied une coopérative de vente directe des fruits et légumes des fermiers de la région dès 1999.

 

Bâtiment d'architecture britannique, le Grand Oriental Hôtel (en photo ci-dessus) ne fut d'abord qu'un simple édifice doté d'une véranda sur rue, qui abritait un gouverneur hollandais. Puis l'armée britannique y séjournera à partir de 1837, avant que l'endroit ne soit transformé en établissement hôtelier en 1873, pour un coût estimé de 2007 livres sterling de l'époque. Et le GOH (Grand Oriental Hôtel) d'ouvrir ses portes le 5 novembre 1875, avec ses 154 chambres de luxe. L'hôtel disposait alors de son propre jardin tropical , des ses illuminations nocturnes et d'un orchestre qui jouait deux fois par jour, sans parler des concerts supplémentaires donnés le mercredi et le dimanche. La restauration menée en 1920 permettra l'introduction de salles de bains dans les chambres, jusqu'à ce que les beaux jours de l'établissement s'estompent au début des années 1950, avec la dégradation de la situation politique du pays, l'apparition de violences en ville et la survenance de conflits sociaux dans l'hôtel. De nos jours, le GOH offre 80 chambres et deux suites qui portent les noms de José Rizal (nationaliste philippin) qui séjourna sur place en mai 1882 et Anton Chekhov (écrivain russe) qui passera cinq nuits sur place en 1890, séjour lors duquel il débutera l'écriture de sa nouvelle Gusev.

Juste à côté de l'hôtel, est niché un lieu de culte qui pourrait aisément passer inaperçu : l'église Saint Pierre. De style néo-classique gris-bleu, ce lieu est le seul refuge offrant un peu de calme à l'abri du tumulte de la ville. A cet endroit même s'élevèrent jadis, lors de l'occupation portugaise, un monastère dominicain et la chapelle de la Miséricorde.

 

Sur le front de mer, et à côté du port autonome de Colombo, se dresse le phare (en photo ci-dessus) bâti en 1952. Celui-ci sera interdit d'accès pour le public durant la guerre civile. L'édifice, qui est ceint par quatre sculptures de lions, est toujours fermé mais offre toutefois une terrasse donnant d'admirer un paysage superbe. On trouve même une piscine d'eau de mer au pied du phare, dont la construction remonte à la période coloniale. On doit la construction de l'ensemble à D.D.Peiris, qui mêla à la fois le style architectural colonial britannique et l'e style Ceylan du début du 20è siècle. Ce phare devint la propriété du ministère du commerce britannique en 1933 et demeurera le siège du service impérial des phares et balises jusqu'en 1976, service transféré ensuite à la marine sri-lankaise.

En suivant la Chaitya Road, on ne peut manquer le Sambodhi Chaitya (ci-dessous), un dagoba (monument saint dédié au bouddhisme indien) insolite et imposant campé sur quatre immenses supports. Je n'en ai pas la force mais il est possible de grimper à l'intérieur pour admirer une superbe vue du port et de ses installations. Ce dagoba moderne fut érigé en 1956 afin de commémorer le 2500è anniversaire de la mort de Bouddha. Les visiteurs sont immanquablement surpris par cette construction qui s'élève à vingt mètres au-dessus du sol. Les plus curieux y admireront des fresques colorées illustrant la vie de Bouddha et des événements importants ayant ponctué son existence. Au choix, pour gravir le dagoba, un ascenseur, ou un escalier de 260 marches. On est bien entendu tenu de se déchausser comme dans tous les lieux saints similaires.

 

Abrité dans un vieil entrepôt hollandais de marchandises, érigé en 1676 et restant l'unique bâtiment de ce type encore debout dans l'enceinte du port, le musée maritime nous invite à approfondir nos connaissances sur le Sri Lanka et son histoire, depuis l'Ancien monde jusqu'à nos jours, en passant par les occupations européennes successives. Je découvre ainsi Vijaya, fondateur de la race Sinhala d'après les légendes, au 5è siècle avant JC. Et sous le règne de ce prince, la province nord et centrale du pays de devenir un puissant royaume. Au 3è siècle avant JC, le bouddhisme arrive au Sri Laka avec Arahath Mahinda Thero, fils de l'empereur Asoka, durant le règne du roi Devanampiyatiss. Autre date marquante dans l'histoire du pays, l'arrivée du moine bouddhiste voyageur, Fa-Hsien, au 5è siècle après JC. Cet homme passera dix ans de sa vie à retranscrire des textes bouddhistes en Inde, en Afghanistan, dans la vallée du Gange et à Lanka. Grand voyageur du Moyen-Âge, en 1344, le musulman Ibn Batuta parcourut quant à lui le monde à une époque où le Sri Lanka était surnommé Serendib (qui signifie « heureuse découverte ») par les visiteurs arabes qui s'étaient installés pour certains d'entre eux au port de Colombo. L'exposition aborde ensuite l'arrivée des Portugais en 1505, lorsque la flotte de Don Lourenco de Almedia fut poussée par des vents contraires sur les côtes de Ceylan, jusqu'à s'échouer à Colombo le 15 novembre. Suivit l'arrivée des Hollandais en 1658, année de la prise de Colombo et systématisation de la loi hollandaise dans tous les domaines. Et les nouveaux occupants d'envahir le reste de l'île de façon progressive durant les années 1760. Enfin, est abordée l'arrivée des Britanniques en 1796, avec des méthodes plus radicales envers les habitants de l'île et la main mise entière sur le pays dès 1798 grâce à l'emprise des gouverneurs britanniques alors mis en place. La nouvelle puissance colonisatrice prendra ainsi possession du royaume de Kandi en 1815 et capturera son roi Sri Wickrama Rajasinghe. A l'intérieur du musée, une scène reconstitue un village de pêcheurs tandis que dans une autre salle, sont exposés divers objets touchant au monde maritime. Enfin, le musée retrace aussi l'histoire du port de Colombo, depuis la période ancienne (avant l'arrivée des Portugais) et jusqu'à nos jours. Une visite fort instructive !

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • L'ancien hôpital hollandais a été reconverti en lieu d’accueil pour plusieurs restaurants et boutiques huppées.
  • GOH (Grand Oriental Hôtel), 2 York Street, à Colombo : https://www.grandoriental.com/

  • Sambodhi Chaitya, Chaytia Road à Colombo. Ouvert tous les jours.

  • Musée maritime, 19, Church Street, à Colombo. Tél : +94 11 2421201. Site internet : http://www.slpa.lk/ Entrée gratuite. Prise de photos interdite. Livret sur l'histoire du musée et de la marine sri-lankaise : 50 roupies.











 



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