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L'orphelinat pour éléphants de Pinnawala
(Province de Sabaragamuwa, Sri Lanka)
Heure locale

 

Samedi 3 novembre 2018

 

C'est ce matin que je rencontre mon guide, Chaminda, qui va me piloter à travers le Sri Lanka. Pour débuter notre circuit, nous nous rendons à 2h30 de route de la capitale afin de visiter la Fondation Millénium à Kegalle, puis l'orphelinat pour éléphants de Pinnawala. Pour tuer le temps durant le trajet, je décide de travailler sur internet en utilisant ma clé USB sri-lankaise dont j'ai récemment fait l'acquisition. Aucune coupure ne sera à déplorer, confirmant ainsi le sérieux et la fiabilité de Dialog, l'opérateur national dont m'avait parlé Chaminda. Notre voyage par route s'avère instructif : je constate ainsi que j'ai bien fait de ne pas prendre le volant dans ce pays car j'observerai à plusieurs reprises des véhicules effectuant des dépassements inconsidérés alors qu'une autre voiture arrive en sens inverse. La route que nous parcourons est en bon état, et relie Colombo à Kandy, ancienne cité royale. Nous traversons tour à tour un village spécialisé dans la vente d'ananas (ci-dessous), et un autre dans celle des noix de cajou. La campagne s'annonce verdoyante et le commerce...florissant : je croiserai ainsi des étals vendant des jouets de plage, alors qu'il n'y a pas la mer à cet endroit. Ce n'est pas grave, tout ce qui est susceptible de se vendre est bon à prendre. Soudain, Chaminda attire mon attention sur un couple assis en bord de route, et en compagnie de porcs-épics tenus en laisse (deuxième photo). L'homme, qui souffre de cécité, s'affiche avec ses animaux comme curiosité touristique et vit de la charité du moment.


 

Nous nous dirigeons d'abord vers la Fondation Millénium, qui fut fondée en août 1999 afin de rendre hommage à Sam Samarasinghe, qui fut le premier à faire découvrir au public le bain des éléphants. La fondation est justement située sur les terres ayant appartenu à la famille du jeune homme. Cet endroit a pour objectif de dispenser aux visiteurs que nous sommes des connaissances sur les éléphants ainsi qu'une formation pédagogique aux volontaires venus parfois de l'étranger pour s'occuper des animaux. A peine arrivés, un guide nous rejoint afin de débuter la visite. J'apprendrai ainsi que les éléphants étaient jadis utilisés pour travailler dans l'exploitation forestière, mais pas seulement. On formait aussi certains de ces animaux au combat guerrier pour servir lors de combats militaires. On les déployait généralement au centre du champ de bataille afin de conduire une charge envers l'ennemi, ou au contraire, pour contrer le camp adverse. Les temps ancestraux sont révolus et l'éléphant s'est reclassé depuis dans le tourisme.

 

La vie de l'animal n'est pas plus rose pour autant : le howdah, siège en bois et en métal fixé sur le dos de l'éléphant est souvent source de tracas car il blesse l'animal et endommage sa colonne vertébrale. Les touristes qui réclament des promenades sur le dos de l'animal (jusqu'à six personnes transportées simultanément) ne se rendent pas compte des dégâts physiques que ce siège peut occasionner. C'est pourquoi la fondation n'autorise sur place que de courtes balades, pour une personne à la fois qui est assise directement sur le dos de l'animal.

Le guide nous explique aussi que la fondation n'est pas favorable à l'enchainement des animaux, sauf en cas de nécessité, comme par exemple lors des périodes de rut où l'éléphant devient plus irritable et parfois imprévisible pour son entourage. Il existe cependant, et depuis 2013, un nouveau type de bracelet extrêmement résistant qui remplace avantageusement les chaines. Celui-ci est bien sûr utilisé par la fondation.

Sous l'occupation européenne, le Sri Lanka exportera de nombreux éléphants vers des pays étrangers. De nos jours, on ne compte plus qu'environ 130 bêtes captives (pour 6000 éléphants sauvages recensés dans la jungle). C'est que la protection des animaux est passée par là et l'éléphant fait désormais partie des espèces préservées. Il est encore utilisé lors des fêtes sri-lankaises, à l'intérieur des temples et pour des raisons religieuses, mais on le pare à cette occasion de ses plus plus beaux atours.

Durant la visite, je jette de temps à autre un œil sur la rivière toute proche et regarde les mahouts brosser leurs éléphants allongés dans l'eau (ci-dessous). Le mahout est le gardien de l'éléphant, son cornac. Un panneau décrit la tenue du compagnon de l'animal, ainsi que les outils (perche équipée d'un crochet, bâton, chaines et couteau) qu'il utilise pour travailler, et même les points de compression à effectuer sur l'animal en cas de douleur ou de stress. Ce métier, qui ne s'apprend pas à l'école mais se transmet de père en fils permet au mahout de connaître avec le temps le caractère de l'animal dont il a la charge, et de communiquer avec lui à l'aide d'étranges mots codés. La fondation qui nous intéresse fait non seulement office de centre d'accueil et de formation de volontaires, mais aussi d'hôpital. Une unité mobile vétérinaire intervient ainsi dans tout le pays en cas de besoin pour venir en aider aux éléphants mal en point. Bien qu'imposants, ces animaux ont aussi leurs maux (blessures aux pattes, problèmes digestifs, parasites intestinaux, abcès et infections...) Et cet organisme de rappeler au passage qu'il cherche toujours des étudiants vétérinaires pour effectuer des missions bénévoles. Si le cœur vous en dit !

Chaminda et moi nous arrêtons pour observer les quelques éléphants qui prennent un plaisir non dissimulé à se faire toiletter par leurs soigneurs dans le lit peu profond de la rivière. La majorité de ces animaux mourront ici de vieillesse après avoir vécu dans des conditions décentes et auront droit, comme les humains, à leurs prières funéraires récitées par des moines lors de leur disparition. C'est dire si les Sri Lankais sont profondément attachés à leurs éléphants. A l'entrée du centre, un dépliant propose d'adopter un éléphant, par le biais de plusieurs types d'adhésion : l'adhésion de bronze (coût annuel de 7000 roupies) permet de couvrir les besoins de l'animal (nourriture, soins médicaux, salaire du mahout...) le temps d'une journée. L'adhésion d'argent (cotisation annuelle de 196000 roupies) couvre les besoins de l'éléphant pour un mois tandis que l'adhésion dorée, elle, s'adresse aux bourses bien remplies (environ 14000€ par an de cotisation) et couvre les besoins de l'animal pour toute une année. Ces différents adhésions vous donnent bien sûr droit à un accès gratuit au centre, à la photo de votre protégé et à un certificat d'adoption imprimé sur un papier produit à base de bouse d'éléphant, une spécialité locale. Tous les mois, vous êtes bien sûr tenu au courant de l'état de santé de votre progéniture par courriel.

Avant de quitter le centre, nous faisons un petit tour dans le parc du centre, là où sont installés les éléphants plus irritables. L'un d'entre eux a conservé ses superbes défenses (ci-dessous). Les pattes enchainées, il nous dévisage dès notre arrivée. A la sortie de la fondation, se trouve une boutique où vous pouvez acheter le papier confectionné à partir d'excrément d'éléphants. Juste à côté du centre, se trouve l'entreprise Maximus, une usine de fabrication de ce papier qui accueille volontiers les touristes.


 

De la Fondation Millennium, association caritative, nous partons maintenant en direction de l'orphelinat pour éléphants de Pinnawala, à dix minutes de là en voiture. A la vue des nombreux autocars stationnant près de l'établissement, nous passons dans un autre monde, celui du tourisme organisé et intensif. L'histoire de cet orphelinat commença en 1975 lorsque cinq éléphanteaux furent retrouvés, livrés à eux-mêmes dans la forêt, puis recueillis. En 1984, l'orphelinat assista à la naissance de son premier éléphanteau. 69 autres naissances suivront les années suivantes. Au total, le centre abrite 87 animaux dont 43 sont des éléphants mâles et/ou blessés. Comme me l'avait annoncé Chaminda, l'orphelinat offre surtout d'observer les éléphants dans différentes postures, et ne délivre que peu d'information. J'apprendrai tout de même que l'animal en question ingurgite quotidiennement jusqu'à 250 kg de nourriture et 255 litres d'eau. Maman éléphant (qui, sur la photo ci-dessous, s'apprête à se faire faire un enfant dans le dos) doit savoir que sa grossesse durera...22 mois, et qu'une durée de 4 à 5 ans s'écoulera jusqu'à la prochaine gestation. Par ailleurs, la trompe de l'éléphant possède plus de...40000 muscles. Incroyable. Par contre, l'animal possède une très mauvaise vue, même si sa durée de vie moyenne est de 70 ans.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Millennium Elephant Fondation, Randeniya, Hiriwadunna, à Kegalle. Tél : +94 76900 8388. Entrée : 1000 roupies (en liquide uniquement, pas de carte bancaire). Ouvert tous les jours. Site internet : http://millenniumelephantfoundation.com/
  • Pour adopter un éléphant, téléphoner à Jade au +94 76 900 8388. Ou se rendre sur le site de la fondation à la recherche des démarches à effectuer.

  • L'hôtel Elephant Bay (à Pinnawala, Kegalle-Rambukkana Road) accueille les visiteurs à deux pas de l'orphelinat. Idéalement situé près d'une grande rivière, cet établissement offre une vue imprenable sur la baignade des éléphants qui a lieu chaque jour entre 14h00 et 16h00. Tél : +94 35 2266731. Chambres proposées avec ou sans demi pension/pension complète. Bon accès internet. Site internet : https://www.hotel-elephant-bay-pinnawala-sri-lanka.en.ww.lk

  • Orphelinat pour éléphants, à Pinnawala. Tél:+94 35 226 4533. Entrée : 2500 roupies (payables en liquide, pas de carte bancaire). Activités : éléphants en troupeau de 8h30 à 10h00 et de midi à 14h00. Allaitement au biberon des éléphanteaux de 9h15 à 9h45, 13h15 à 13h45, 17h00 à 17h15. Offrande de fruits de 9h15 à 9h45, 12h15 à 13h45. Baignade des éléphants dans la rivière de 10h00 à midi, de 14h00 à 16h00.









 



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