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Les Sanctuaires troglodytiques du Temple d'Or
(Dambulla, Province Centrale, Sri Lanka)
Heure locale

 

Mercredi 7 novembre 2018

 

C'est à Dambulla, le parfait centre géographique du Sri Lanka, que se trouve le Rungis national, un immense hangar où fruits, légumes et autres denrées affluent jour et nuit et quotidiennement des quatre coins du pays pour y être vendus. Toutefois, Chaminda et moi préférons faire la part belle à l'aspect historique de la ville et nous rendons ce matin aux sanctuaires troglodytiques du temple d'Or, attraction inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1991. Ces grottes peintes doivent leur vocation religieuse au roi Valagamba qui y trouvera refuge après avoir été chassé d'Anuradhapura. Ce roi subira en effet une invasion venue de l'Inde du Sud, cinq mois seulement après son accession au trône et devra fuir devant l'envahisseur pour mieux reconquérir son trône quatorze années plus tard. Les grottes de Dambulla avaient l'avantage d'offrir au malheureux roi un abri discret et éloigné de tout. Et de transformer les grottes en question en sanctuaire, quatorze années plus tard, pour remercier les moines qui l'avaient alors bien accueilli. Plusieurs successeurs y apporteront des embellissements au fil des siècles, offrant ainsi des images de Bouddha dans diverses postures et mudras (attitude révélée par la position des mains et des pieds). Tout au long de cette visite, j'admirerai les fresques décorant parois et voûtes de ces célèbres grottes, autant d'oeuvres illustrant des thèmes religieux et séculiers et qui datent pour l'essentiel de l'époque kandyenne, et plus rarement du 2è siècle avant JC.

 

Pour mériter l'accès à ces grottes, il nous faudra grimper un escalier plusieurs centaines de mètres durant, mais la récompense sera à la hauteur de l'effort fourni avec le splendide point de vue sur la région environnante qui nous est offert au sommet (ci-dessus). J'ai les yeux ouverts sur les petits macaques qui nous entourent, et qui semblent à la recherche de nourriture ou tout simplement d'objets à dérober. Un flot constant de touristes se presse devant une petite échoppe qui garde précieusement nos chaussures pour que celles-ci ne disparaissent pas en cours de route. Il faut en effet se déchausser avant de pénétrer dans l'enceinte du temple d'Or (ci-dessous en photo), ce qui ne fait pas mon affaire mais c'est ainsi. L'endroit comporte cinq grottes alignées côte à côte et le début de leur exploitation remonte au 1er siècle avant notre ère. On trouve sur place quelques 150 bouddhas de tailles différentes et installés dans diverses postures.


 

La première grotte abrite le Devaraja Vihara (temple du roi des dieux), dédié à Vishnou, fondateur supposé des grottes. Relativement petite, celle-ci est occupée par un bouddha couché de 15 mètres de long taillé en une seule pièce dans le rocher de l'endroit. Le lieu est si exigu qu'il nous faudra faire la queue à l'entrée avant de pouvoir y pénétrer à notre tour, au fur et à mesure du départ des personnes déjà présentes à l'intérieur. Les fresques qui recouvrent les murs et qui représentent VIshnou sont assez abimées suite à l'encens brûlé des siècles durant par les pèlerins. Ananda, son fidèle disciple, se tient à ses pieds (photo ci-dessous). Celui-ci fut le premier serviteur de Bouddha et l'un de ses dix principaux disciples. Et d'être même décrit comme le cousin de Bouddha par les premiers textes bouddhiques. Une fois les photos prises, nous quittons cette grotte bien trop étroite.


 

La deuxième grotte est la plus vaste des cinq, avec ses cinquante mètres de long, ses 25 mètres de large et son plafond de trois à six mètres par endroits. Mais quelle pénombre ! On voit à peine où l'on met les pieds et la prise de clichés devient ardue. L'endroit n'est manifestement pas mis en valeur et c'est dommage. Chaminda m'indique pourtant le sens de la visite mais je suis déjà concentré sur les peintures se trouvant au plafond (ci-dessous). Nous nous trouvons ici au Maharaja Vihara (temple du grand roi), le plus étendu et le plus richement orné. C'est le roi Valagamba qui aurait créé cet endroit même si les pièces exposées dans cette salle datent principalement du 18è siècle, époque de la restauration et de la refonte complète de la décoration de cette grotte. Outre des bouddhas, on remarque la présence de deux statues représentant les rois Valagamba et Nissankamalla (deuxième photo). Ce deuxième souverain, fils du roi Jayagopa et de la reine Parvati règnera sur le Sri Lanka entre 1187 et 1196, et restera célèbre pour ses réalisations architecturales. Notre homme considérait par ailleurs que le pays ne pouvait être dirigé que par un bouddhiste. Convaincu qu'il pourrait faire baisser les crimes avec de l'argent, il distribuera des subsides à cette fin. Il entretiendra enfin des relations cordiales avec plusieurs pays mais envahira également les Etats des anciennes dynasties tamoules Pandyan et Chola (en Inde du Sud).

Dès l'entrée dans cette grotte, on aperçoit la principale statue du Bouddha, une représentation grandeur nature, debout, la main droite en position d'abhaya mudra (c'est à dire rassurante). On peut encore observer des écailles de feuilles d'or sous la peinture qui le recouvre. D'autres statues s'offrent au regard des visiteurs, comme celles de Maitreya et du dieu de la compassion aux mille bras, Avalokiteshvara, qui encadrent justement le Bouddha. De remarquables peintures tapissent aussi murs et plafonds, à commencer par une série de trois scènes décrivant les épreuves et les tentations subies par Bouddha la nuit où celui-ci atteignit l'Eveil à Bodhgaya : la Mara Paraja (défaite de Mara). Sur la première scène, une horde de démons attaque le Bouddha tandis que la seconde scène le montre résistant aux avance d'une foule des dames très séduisantes. La dernière peinture montre le Bouddha triomphant, en train de prêcher devant une assemblée de divinités richement vêtues. Dernière curiosité, une jarre qui recueille l'eau tombant en goutte à goutte, au milieu de la grotte depuis 22 siècles ! Le liquide est utilisé pour les offrandes lors des cérémonies sacrées.

 

La troisième grotte, appelée Maha Alut Vihara (Nouveau grand temple), fut construite par Kirti Sri Rajasinha, le dernier des grands rois kandyens, dont la statue se dresse face à la peinture de quatre de ses serviteurs. Un bouddha assis médite sous son « makara torana » (arche ornementale formée de deux créatures mythiques et constituée principalement d'un poisson, d'un lion et d'un éléphant) dans un coin de la grotte, et entouré de 50 autres bouddhas, alors que plus loin, un énorme bouddha (de neuf mètres de long) repose allongé. En levant les yeux, on aperçoit plusieurs peintures qui recouvrent le plafond. L'une d'entre elles montre le Bouddha à venir, Maitreya, en train de prêcher devant un groupe de dieux et d'ascètes, tandis que plus loin, une peinture inattendue datant du 19è siècle décrit un jardin avec ses petits éléphants, ses serpents et ses bouddhas.


 

Plus petite, la quatrième grotte, Pacchima Vihara (la grotte de l'Ouest) abrite plusieurs bouddhas finement sculptés en position assise le long des parois. Chaminda me fait remarquer que le dagoba situé au centre renferma, d'après la légende, les bijoux de la reine Somawathie, l'épouse du roi Valagamba. Ce couple donna lieu à une émouvante histoire : à l'approche des envahisseurs tamouls, la reine décida de partir à la rencontre de ces derniers pour faire diversion et permettre au roi Valagamba de prendre la fuite. Lorsque l'ennemi s'apercevra du subterfuge, la reine aura la tête tranchée. Cette grotte, qui fut aussi le site du premier temple, abrite cinq statues d'origine, à gauche de l'entrée. Quant aux fresques du plafond (ci-dessous), elles vécurent des fortunes diverses avec des restaurations plus ou moins réussies.

 

La dernière grotte, Devana Alut Vihara, ou Second nouveau temple, fut quant à elle construite après les quatre autres. Au lieu de sculpter le rocher, les concepteurs de ce lieu utilisèrent briques et plâtre afin de donner naissance au grand Bouddha couché et aux cinq autres statues plus petites qui l'entourent. Quant aux peintures, elle sont en piteux état et ne feront pas date dans l'histoire de l'art.

Incluse autrefois dans le prix du billet donnant accès au temple d'Or, le Musée du bouddhisme (ci-dessous) manque singulièrement de charme et tranche avec le côté authentique des sanctuaires précédents. Je renoncerai finalement à dépenser 200 roupies de plus pour visiter l'endroit.

Par contre, nous aurons plus de chance avec le musée d'art sri-lankais de Dambulla, unique en son genre dans le pays, qui expose des copies de peintures sur une période allant de la Préhistoire à l'époque coloniale. L'endroit, très instructif, dispense dans chaque salle une information riche sous la forme de panneaux, et de superbes reproductions de fresques et peintures murales plus ou moins connues de régions diverses. Sept salles retracent ainsi l'histoire de cette forme d'art sri-lankais, dans l'ordre chronologique, depuis les représentations troglodytiques des Vedda jusqu'à la période kandyenne si prolifique. Je découvrirai enfin sur place des fresques de Sigiriya et l'art mural de Polonnaruwa. Cette exposition s'achève sur des œuvres du début du 20è siècle.

INFOS PRATIQUES :

  • Sanctuaires troglodytiques du Temple d'Or (Rock Temple), sur l'autoroute Kandy-Jaffna, à Dambulla. Tél : 0662 283 605. Entrée : 1500 roupies. Aucune brochure d'information n'est disponible sur place et il est vivement conseillé de s'y rendre avec un guide. Les photos sont autorisées dans l'enceinte du temple et dans les grottes. Les grottes ferment 15 minutes en cours de matinée, afin de permettre le dépôt quotidien des offrandes. https://whc.unesco.org/fr/list/561
  • Attention aux macaques ! Ils peuvent dérober vos effets personnels et vous mordre si vous vous approchez de trop près.

  • Musée d'histoire du bouddhisme du Temple d'Or, dans le complexe des grottes, à Dambulla. Ouvert tous les jours. Entrée : 200 roupies.

  • Musée d'art sri-lankais, Main Road, à Dambulla. Ouvert tous les jours de 7h30 à 16h30. Entrée : 360 roupies. Prise de photos autorisée.








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