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Mihintale, Berceau du Bouddhisme
(Province du Centre Nord, Sri Lanka)
Heure locale

 

Lundi 12 novembre 2018

 

Mihintale est la ville sri-lankaise du bouddhisme par excellence, et le berceau de la médecine ayurvédique. Deux raisons suffisantes pour que Chaminda et moi nous nous y rendions ce matin.

C'est en effet ici qu'est né la religion bouddhiste sur l'île, d'après la tradition : c'est en effet à Mihintale, au lieu-dit « colline de Mahinda », que le prince missionnaire Mahinda fit la rencontre du roi Devanampiya Tissa et le convertit en 247 avant JC. Cette conversion ayant pour conséquence d'ouvrir le Lanka au bouddhisme qui deviendra plus tard religion d'Etat. Les chroniques racontent que le roi et sa suite étaient en train de pister un cerf sur les pentes d'une colline, lorsqu'un homme revêtu d'une robe de moine leur apparut. Il s'agissait de Mahinda, le fils (ou le frère) du grand empereur maurya Ashoka, envoyé pour porter au Lanka les enseignements du Bouddha. Le roi se montra attentif aux propos de Mahinda et sa conversion fut rapide. Les membres de sa cour se convertirent également. Et le bouddhisme de se répandre à partir de cette date chez les Cinghalais pour s'établir définitivement sur l'île au fil du temps, avant de curieusement s'éteindre quelques siècles plus tard en Inde, pourtant son lieu de naissance.


 

A condition d'avoir de bonnes jambes, Mihintale séduit les visiteurs avec ses sanctuaires, ses dagobas et ses grottes parsemés entre bois et collines (en photo ci-dessus). Ici, plus c'est haut et plus c'est sacré. Comme dans d'autres pays du monde, les sites haut perchés revêtent un caractère particulier et les fidèles gravissent des volées de marches, parfois même à genoux, voire en rampant. Ce ne sera pas notre cas lorsque nous emprunterons notre premier escalier de la journée (ci-dessous) avec ses marches heureusement peu raides et faciles d'accès. L'endroit est certes fort agréable puisque le parcours est bordé de frangipaniers. Nous partons ainsi en direction de la colline sacrée pour nous diriger bientôt sur notre droite et emprunter un haut escalier nettement plus raide, qui nous conduira jusqu'au Kantaka Chetiya (deuxième photo), le plus ancien dagoba de la ville. La construction du premier escalier date du règne de Bhathika Abhaya, bien avant celle de la route qui offre un raccourci jusqu'au premier niveau de la colline. A condition de prendre de profondes inspirations et un pas méditatif, cette promenade est plaisante mais prenez garde de ne pas vous mouiller les pieds en bas des escaliers, ceux-ci étant souvent inondés (marchez sur les petits murets qui les longent).


 

Le Kantaka Chetiya est l'un des premiers monuments religieux de l'île, érigé au 2è siècle avant JC, mais n'a été mis au jour qu'en 1934. L'édifice possède une base de 130 mètres de circonférence qui consiste en trois marches géantes de pierres taillées, une caractéristique des dagobas cinghalais qui signifie le triple joyau bouddhique (le Bouddha, ses enseignements et le sangha). Sur sa partie supérieure, le dôme ne s'élève plus qu'à douze mètres (au lieu de 30 mètres lors de sa construction). J'admire par contre les quatre sanctuaires (vahalkada) richement décorés, qui marquent les quatre points cardinaux : chaque point cardinal dispose ainsi de son animal, l'éléphant (ci-dessous) pour l'Est, le lion pour le nord, le cheval pour l'ouest et le buffle pour le sud. La façade orientale est encore celle qui est la mieux préservée, avec ses frises sculptées d'éléphants et de génies (deuxième photo), offrant sur chaque côté une haute colonne sculptée. L'état de la façade occidentale est plus détérioré, la faute sans doute aux moussons successives. Il me sera impossible d'apprécier ses sculptures (on parle pourtant de colonnes travaillées et ornées d'animaux et de plantes symboliques) au point que je me tournerai rapidement vers un énorme rocher sur lequel je découvrirai une inscription rupestre en brahmi, ancêtre de l'écriture pali, sur ce rocher habité par les moines vers le 3è siècle avant JC. Chaminda me conduit un peu plus loin afin d'apercevoir l'une de ces dizaines de grottes locales (troisième photo).


 

Nous redescendons par l'escalier de la façade sud du dagoba puis atteignons plusieurs vestiges monastiques au bout de quelques minutes, dont ceux de l'ancien réfectoire des moines, Dana Salawa. Le vaste espace rectangulaire de ce réfectoire renferme encore deux longues auges de pierre (« bateau à riz » et « bateau à gruau ») que l'on remplissait de nourriture pour les moines et les pèlerins. A une encablure de là, se dressait la maison des images dont l'entrée est matérialisée par deux grandes dalles de pierre sur lesquelles sont gravées en langue cinghalaise les règles du monastère, de l'heure du lever à la manière de se conduire envers les malades. Le troisième escalier, abrupt et étroit, mène quant à lui jusqu'à la plus haute terrasse. Il nous faudra alors retirer nos chaussures pour continuer notre ascension. En face de nous se dresse le petit Ambasthala dagoba (ou dagoba du manguier) qui matérialise l'emplacement où Mahinda surprit le roi Devanampiya Tissa en pleine chasse. Ce dagoba aurait été érigé sur l'emplacement exact où Mahinda se tenait ce jour-là et une statue du souverain marque aussi sa position. Sur notre gauche, un grand bouddha blanc (en photo ci-dessous) assis sur un rocher domine la situation. Sur la droite, un autre escalier mène au sommet de l'Aradhana Gala, le rocher de la convocation. C'est de ce rocher que Mahinda prêcha son premier sermon. Non loin de là, un énorme rocher est accessible par un petit sentier à travers bois. Celui-ci recouvre le Mihindu Guha (le lit de Mahinda), une dalle de pierre lisse qui servait de lieu de repos à Mahinda.


 

Un grand dagoba (ci-dessous) domine le paysage et nous impose à nouveau une ultime ascension. De cet endroit, on domine toute la région et une maison d'images abrite une grande statue de Bouddha à l'agonie (deuxième photo) que rois et moines sont venus saluer une dernière fois.

Je vous l'ai dit plus haut, Mihintale est aussi le berceau de la médecine antique : Chaminda me conduit aux ruines du Vejja Sala, un hôpital bâti au 3è siècle de notre ère, et quelques 400 ans avant la fondation du...premier hospice européen. On distingue encore les bains de pierre (ci-dessous) où l'on soignait les malades en les faisant allonger des heures durant dans ces baignoires en pierre agrémentées d'un bain d'huiles médicinales. Les fouilles ont permis d'excaver de nombreux ustensiles médicaux perfectionnés et l'on peut observer une pierre jadis utilisée pour broyer les herbes.

D'après la mythologie, c'est le dieu hindou Brahma qui aurait fait don de l'ayurveda (science de la vie) à l'humanité, en signe de compassion. L'ayurvéda utilise depuis des millénaires les herbes et les plantes sri-lankaises pour soigner. Et cette science de puiser ses origines dans les Veda, des textes indiens vieux de 5000 ans qui ont exercé une influence certaine sur les médecines chinoise et tibétaine. L'ayurvéda affirme que de notre style de vie dépend notre bien-être et que nos maux viennent d'un déséquilibre de notre alimentation, du stress et des toxines. Le corps se composerait ainsi de cinq éléments : l'air, le feu, l'eau, la terre et l'éther. Ces éléments étant combinés de diverses manières, chaque individu serait sujet à trois dosha (forces de vie): vatta (air et éther), pitta (feu et eau) et kapha (eau et terre), la maladie étant le résultat d'un déséquilibre entre ces dosha. Les soins ayurvédiques permettent donc de rendre leur équilibre aux trois dosha en utilisant le drainage des toxines, la remise en forme et l'apaisement spirituel, avec l'aide de massages aux huiles, de potions d'herbes médicinales et de régimes.

En redescendant de la colline sacrée, Chaminda et moi nous arrêtons devant un étal d'herbes médicinales (deuxième photo). Une pause est la bienvenue après ces ascensions qui m'ont épuisées. Et d'en profiter pour déguster une « beli », tisane ayant pour vertu de combattre les toxines et la gastroentérite. Mieux vaut prévenir que guérir !


 

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