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Badulla
(Province d'Uva, Sri Lanka)
Heure locale

 

Mardi 20 novembre 2018

 

Première journée de visite en compagnie de Soma, mon second guide, et départ à 8h00 de l'hôtel en direction de Badulla, soit 57 kilomètres séparant les deux villes. La ville est conséquente puisqu'elle est la capitale de la province d'Uva. Elle compte près de 50000 habitants et un certain nombre d'attractions, en ville ou autour de l'agglomération. Sur notre parcours, se trouvent la cascade de Dunhinda (ci-dessous), une chute d'eau de 64 mètres localisée à environ cinq kilomètres avant d'atteindre Badulla et qui émane de la rivière Badulu Oya. Cette cascade est l'une des plus belles du pays et doit son nom au dégagement de brume composé de fines gouttelettes d'eau au pied de la chute d'eau (Dun, en cinghalais, signifie brume ou brouillard). La forme de la chute fait aussi penser au voile d'une robe de mariée, d'où son surnom de cascade nuptiale.


 

Il est un pont unique en son genre, qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte, et qui se trouve à sept kilomètres de Badulla : le pont de bois de Bogoda (en photo ci-dessous). Nous mettrons deux bonnes heures pour atteindre ce lieu isolé, à présent desservi par une route récemment goudronnée. Ce pont, dont on dit qu'il serait le plus ancien pont en bois encore existant dans le monde, aurait été construit au 16è siècle mais le temple qui se dresse au bout du pont, remonterait quant à lui au...1er siècle avant JC. Les planches en bois qui forment le pont proviendraient d'un seul et même arbre. L'ouvrage mesure 2,4 mètres de haut et quinze mètres de long et le pont repose sur une structure constituée de piliers de onze mètres de haut. Plusieurs types de bois furent utilisés pour sa construction : l'arbre du jacquier et le kumbuck pour le gros œuvre, et les bois de milla et de Kaluwara pour les ornements.

Jeté au-dessus de la rivière Gallanda Oya, l'ouvrage relie la route qui mène de Badulla à Kandy, et invite par la même occasion le promeneur à s'arrêter au temple de Bogoda (deuxième photo). Un ancien chef prieur, Ven.Rahula, affirmait un jour que le pont fut d'abord formé de quelques troncs d'arbres jetés de part et d'autre des deux rives, qui servirent de support à un futur pont bâti durant la période kandyenne, avec un toit de tuiles d'époque, et des piliers de bois ornés de différents décors. Notre homme, qui a 44 ans, qui fréquente ce temple depuis l'âge de onze ans est très attaché au pont de Bogoda, qu'il a vu un jour s'incliner dangereusement sous la pression d'une crue de la rivière survenue en 1984. L'ouvrage, qui a depuis été renforcé, aurait été bâti par deux ébénistes, père et fils. Une légende court à ce sujet, qui prétend que le fils, à l'origine chargé de finaliser la construction du pont devait attendre sur place le retour de son père, seule personne à pouvoir valider le travail selon un rituel local. Mais ce fils aurait perdu patience et aurait quitté l'endroit, attirant sur lui la malédiction.

Le toit qui recouvre le pont aurait été conçu pour deux raisons : la première, pour abriter les passants des intempéries et la deuxième, pour protéger l'ouvrage de la nature environnante. Rappelons que l'endroit servira d'ambalama (abri pour pèlerins) plus tardivement, à une époque où se rendre d'un bout à l'autre de l'île prenait des semaines de marche. Le temple a de son côté plus de mille ans d'âge et date de l'ère Anuradhapura. Une inscription sur une pierre de l'endroit affirme que le temple aurait été cédé à un certain Brahmadatta par Tissa, un responsable de la province. C'est dans la grotte que le roi Valagamba, fuyant les envahisseurs indiens, aurait trouvé refuge pendant deux années et demie. Et c'est sous son règne que le temple aurait été érigé, en incluant la grotte et des statues déjà présentes. Et ce lieu de devenir bientôt le temple Bogoda Raja Maha Vihare. L'intérieur offre d'admirer plusieurs peintures datant de l'époque kandyenne. Quant aux murs du temple, ils auraient été fabriqués à l'aide d'un enduit fait de laine de coton, de miel d'abeille et d'argile blanche purifiée. Tout près de là une entrée conduirait à un tunnel dans lequel personne n'aurait tenté de s'aventurer tant il fait noir. On dit pourtant que celui-ci mesurerait quinze kilomètres de long et mènerait jusqu'à Naranwala.


 

Le vieux temple bouddhiste Muthiyangana Raja Maha Vihara (en photo ci-dessous) du centre-ville aurait autrefois reçu la visite de Bouddha, car l'endroit est considéré comme l'un des seize lieux sacrés (Solosmasthana) du pays. Huit ans après son illumination, Bouddha répondit à l'invitation du roi Maniakkitha (de la tribu des Naga) en se rendant à Kelaniya. Lors de sa venue, un certain Indaka, l'aurait invité à découvrir Badulla. Bouddha le suivit puis fit un sermon sur place, à l'issue duquel Indaka demanda à Bouddha un souvenir de sa visite. Il obtint ainsi une poignée de cheveux et quelques goutte de la sueur du sage qu'Indaka s'empressa de déposer dans un stupa. Ce temple n'est pourtant pas mentionné dans les anciennes chroniques comme Mahavamsa, mais il l'est dans le Samantapasadika, un recueil de vers en langue Pali consacré au Theravada. Quoiqu'il en soit, Indaka est depuis considéré comme une divinité régnant sur le Namunukula (chaine de montagnes de la province d'Uva, dont le point culminant atteint 2035 mètres) et sur le temple Muthiyangana Raja Maha Vihara.

C'est le roi Devanampiya Tissa qui agrandira plus tard le stupa et développera le temple actuel. Ses successeurs, les rois Jettha Tissa, Dhatusena, Vijayabahu et Parakramabahu rénoveront à leur tour le célèbre stupa.

Le temple de Kataragama (ci-dessous) est lui aussi très ancien. Il est dédié à Kataragama deviyo, dont le principal culte se trouve sur l'île de Kataragama. Kataragama devoyo est également connu sous le nom de Skanda Kumara, ou Kartikeya et est le dieu qui veille sur le Sri Lanka. Déclaré comme monument archéologique et protégé depuis 1952, le temple garde un certain mystère sur la date exacte de sa construction, dont on pense qu'elle doit se situer au 17è siècle, durant le règne du roi Vimaladharmasuriya, souverain qui se trouva à la tête du royaume de Kandy. En 1630, Badulla, qui était un sous-royaume du royaume de Kandy, fut envahi par les Portugais qui saccagèrent la ville et tuèrent des milliers d'animaux d'élevage. Les bâtiments originaux du temple de Kataragama n'échapperont pas au désastre, mais seront ensuite restaurés par le roi Rajasinghe II. L'ensemble abrite une salle de prière, une petite cuisine, une chambre du trône et la maison du prêtre. Sur les murs extérieurs, des peintures (ci-dessous) de l'époque kandyenne sont visibles en différents endroits. La chambre du trône, jadis utilisée par les rois pour regarder les processions, se situe sur la façade avant de l'édifice et est ornée de sculptures similaires à celles du temple d'Embekka.

Autre lieu de culte, anglican celui-là : l'église Saint Marc (en photo ci-dessous), consacrée en 1857, fut érigée à Badulla suite aux démarches de l'évêque James Chapman auprès d'officiels sri-lankais et européens. Une souscription publique fut organisée afin de recueillir les fonds nécessaires à cette église qui sera bâtie à la mémoire du Major Thomas William Rogers, pourtant à l'origine de la disparition d'au moins 1400 éléphants sauvages dans le cadre d'opérations de contrôle de l'espèce. Administrateur colonial britannique, cet homme était aussi Major au sein du régiment d'artillerie de Ceylan.


S'il y a un édifice dont l'origine de la construction paraît floue, c'est bien le vieux marché de Welekade (ci-dessous). Certains pensent que ce dernier fut bâti par les Hollandais pour servir de forteresse alors quE des sources concordantes affirment que ce marché fut érigé par les Britanniques en 1889, pour servir de premier bâtiment public de la province d'Uva. En effet, trois ans plus tôt, le gouvernement de Londres avait décrété que cette province était désormais dissociée du reste de Ceylan. L'ouvrage, qui couta alors 5000 roupies de l'époque, sera bientôt suivi d'autres constructions, dont un hôpital et un kachcheri (secrétariat de district). Quant au vieux marché, il fut construit tout près d'une rizière, d'où son nom, Welekade (signifiant la boutique de la rizière), et reste la première structure érigée dans ce qui venait de devenir une province autonome. Côté architecture, le bâtiment est de style britannique colonial unique en son genre dans ce pays, et la construction a été conçue en forme de croix, avec une toiture centrale agrémentée de toits plus petits au-dessus des quatre entrées. L'espace intérieur est constitué d'un plan octogonal central complété de quatre couloirs, construits à angle droit. Quant au centre de l'édifice, il consiste en un espace ouvert surmonté d'une tourelle. L'ensemble est bien sûr protégé en tant que monument archéologique mais aujourd'hui interdit d'accès et fort délabré.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Temple Muthiyangama de Badulla. Ouvert tous les jours de 5h00 à 22h00. Se déchausser avant d'entrer (prévoir 50 roupies)
  • Temple Kataragama, à Badulla. Le prêtre a autorisé les photos et un don est le bienvenu.

  • Temple de Bogoda : entrée 200 roupies. Photos autorisées

  • Pont de Bogoda : prévoyez de vous déchausser pour marcher sur le pont car les chaussures sont strictement interdites.

 

 







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