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le Temple des Lamas de Pékin
(Chine)
Heure locale

Samedi 11 juin 2011

 

Nébuleux, oui c'est cela, je me sens nébuleux après notre arrivée ce midi à Pékin. Je n'ai pas dormi dans l'avion et ce n'est pas maintenant que je vais aller me coucher. Il y a trop à voir. Je monte dans ma chambre afin de m'installer dans ce qui sera mon chez-moi durant 48 heures. Tiens, la NHK, histoire de me plonger dans ce qui m'attend sous peu, mon grand retour au pays du Soleil levant. Dans l'immédiat, j'envisage de partir à la découverte du Temple des Lamas (Yonghe Gong). C'est le temple le plus spectaculaire de Pékin. Edifié au XVII ème siècle, il fut converti en lamaserie tibétaine (monastère bouddhiste tibétain) en 1744. On me conseille de prendre un taxi pour m'y rendre mais le groom éprouvera tant de difficultés à m'en trouver un que je me replie très vite sur le métro. La station la plus proche se trouve à cinq minutes de marche. C'est la première fois que j'emprunte ce moyen de transport en Chine et je dois reconnaître que tous les métros du monde se ressemblent: La signalétique est claire ( en chinois et en anglais), les escalators fonctionnent et les lieux sont propres ( contrairement à certaines stations parisiennes). Il me faut franchir un sas de sécurité avant de pouvoir prendre le métro. Craindrait-on , ici aussi, le terrorisme? Je me suis muni d'argent liquide mais il me faut faire de la monnaie et acheter le précieux ticket: Celui-ci ne coûte que... deux yuans (0,20 €). Contre 20 yuans (2,15€) pour une course en taxi. Ah, le niveau de vie est plus favorable ici qu'à Paris. Peu d'employés dans la station mais ceux-ci sont là où on en a besoin: Un guichetier monnaye mon billet de 100 yuans et me fournit un ticket, une autre dame (que j'ai surnommé la « gardienne de tourniquets ») me confirme le quai où je dois me rendre pour emprunter le bon train (photo ci-dessous)


Les gens sont sympathiques et vous aident si vous le leur demandez. Beaucoup pratiquent quelques rudiments de la langue de Shakespeare, ce qui facilite grandement les choses. Bon, ils sont chinois, c'est à dire qu'il ne faut pas chercher ni le raffinement ni la tendresse dans leur attitude. On vous bouscule parfois sans vergogne pour se frayer un chemin ( une chose impensable au Japon!), mais les Chinois ont ainsi. Les rames de métro, elles, sont fréquentes ( toutes les deux minutes) et il y a peu de places assises.

Quatre stations plus loin et cinq minutes plus tard, j'arrive à la station Yonghe Gong. A la sortie de la station, j'interpelle un jeune couple qui m'invite à l'accompagner car les jeunes tourtereaux se rendent également au temple. Curieux, ils me demandent d'où je viens et m'aideront sur place pour traduire ma demande auprès du guichetier. Une fois l'entrée du temple franchie ( photo ci-dessous), une longue allée vous conduit à la porte principale du temple des Lamas. Immédiatement à droite (juste après l'entrée), se trouve un panneau d'information concernant l'histoire des lieux.


On apprend ainsi que le Temple des Lamas est le plus grand monastère bouddhiste tibétain de la ville. Il fut construit en 1694 et servait alors de résidence au Prince Yong de la dynastie des Qing. Ce prince devient l'Empereur Yongzheng ( qui signifie Justice et Concorde) en 1722 et transforme alors en 1725 les lieux en un palais nommé « le Palais Yonghe Gong » (Palais de l'harmonie et de la paix). Ce palais sera utilisé en tant que résidence temporaire. L'empereur Yongzheng est le quatrième fils de l'empereur Kangxi à qui il succède. Il mourra prématurément en 1735 et son cercueil sera placé dan le temple. L'empereur Yongzheng entreprendra de nombreuses réformes, rendant ainsi l'administration plus efficace, et rationalisant la fiscalité. Il créera le département des affaires militaires afin de renforcer son pouvoir sur l'armée et mettra son règne à profit pour renforcer la frontière de son pays avec la Russie. Il poursuivra enfin l'œuvre paternaliste de son père en exonérant notamment les paysans de l'impôt.

Son successeur est l'Empereur Qianlong , quatrième empereur de la dynastie Qing. Son règne sera considéré comme l'âge d'or de la civilisation chinoise et l'apogée de la dynastie Qing. C'est lui qui transforme le palais en temple des lamas.


Les bâtiments principaux sont construits le long d'un axe central. Ils incluent le Hall de la Porte Yong, les halls Yong Hegong,Yongyou,Falun,Suicheng et le pavillon Wanfuge. On retrouve les styles de construction manchou,han,tibétain et mongol.

Chaque hall contient une statue de bouddha ainsi que de précieuses reliques culturelles, d'où l'interdiction de prendre des photos à l'intérieur des bâtiments. Les plus fameuses pièces sont la niche de Bouddha ainsi qu'un bouddha mesurant 18 mètres de haut ( situé à l'intérieur du pavillon de Wanfuge) exécuté d'un seul tenant dans un tronc de bois de santal . Le temple des Lamas fut classé monument historique en 1961 ( l'année de ma naissance!) et survécut à dix années de révolution culturelle (de 1966 à 1976) grâce à Zhou Enlai. Il rouvrit au public en 1981.

Je pénètre dans le temple par la porte principale. Sur ma droite, j'aperçois aussitôt la Tour de la Cloche (voir photo). Celle-ci fut construite en 1744 et contient une cloche que le moine fait sonner lors des cérémonies.


A deux pas de là se trouve le pavillon Est. Construit la même année, il accueille une stèle de marbre blanc avec des inscriptions en chinois et en langue mandchoue. Ces inscriptions expliquent pourquoi le Yonghe Gong fut transformé en monastère bouddhiste tibétain. Il est peut être nécessaire de revenir sur ce qu'est le bouddhisme tibétain. Ce bouddhisme-là s'est développé au Tibet , donnant naissance à huit lignées. Les quatre dernières lignées (et leurs enseignements) étant absorbées par les quatre premières, le bouddhisme tibétain contemporain est représenté par quatre écoles. Trois rois religieux se succéderont jusqu'à l'assassinat du troisième ( le roi Tri Ralpachen) en 838 par son frère Langdarma, farouchement opposé au bouddhisme. Le Tibet sera ensuite divisé à partir de 850 pendant deux cents ans, connaissant intrigues et assassinats. Au X ème siècle, le Tibet connait enfin un renouveau du bouddhisme. En 1042, la venue du célèbre maitre indien Atisha contribuera à modifier profondément la culture tibétaine. De riches courants de pensée se font jour donnant naissance à de nouvelles écoles. Bientôt, les pouvoirs politique et religieux deviennent indissociables.

Au XII ème siècle, lorsque Ghengis Khan conquiert une grande partie de l'Asie, il n'existe pas de pouvoir central au Tibet. En 1207, sous le poids des attaques mongols, le Tibet tente de négocier avec Ghengis Khan. Et subira ainsi l'influence mongole.

Le pays devra attendre l'avènement de la dynastie Ming (1368-1644) pour être enfin affranchi de la tutelle mogole et gagner ainsi son indépendance. A la fin du XIV ème siècle, Tsongkhapa fonde une nouvelle école, inspirée des écoles précédentes. Et fonde l'ordre des Gelugpas (surnommés les bonnets jaunes vertueux). Tsongkhapa est ainsi le fondateur de de la branche gelug du bouddhisme tibétain. Il est dit que le Bouddha Sakyamuni avait parlé de la venue de Tsongkhapa au Tibet en tant qu'émanation du Bodhisattva Manjusri. Il préconisera à la fois un célibat strict et une formation académique.

Le premier Dalaï lama (Océan de sagesse) sera Sonam Gyatso , le troisième successeur de Tsongkhapa , en 1578. D'autres suivront. Le treizième dalai lama proclamera l'indépendance du Tibet en 1913 suite à plusieurs invasions occidentales et à la naissance de la révolution chinoise du Parti nationaliste chinois en 1911. Dès 1949, l'intégration du Tibet à la Chine, par Mao Zedong entrainera la fin du pouvoir du dalai lama.


Je franchis ensuite la Yonghe Gate (photo ci-dessus) qui fut construite en 1694. Là se trouve la statue de l'autel, Big Belly Maitreya Buddha (le Bouddha Milefo au gros ventre). Ce bouddha rieur est adossé à Weiduo le gardien de la doctrine bouddhiste. Et accompagné des quatre rois célestes (Heavenly Kings) de chaque côté.

Puis voici Yonghedian, construit en 1694 (photo ci-dessous). L'autel central contient les bouddhas des trois âges: Au milieu se trouve Sakyamuni ( qui représente le présent), à droite se trouve le bouddha du passé et à gauche le bouddha du futur.


La visite se poursuit tout en observant une foule de touristes qui déambule dans les salles, au milieu d'adeptes venus prier en toute simplicité. L'encens brûle en quantité dans de grands récipients observables sur les photos et généralement situés en face des salles. J'arrive alors à la salle Yongyoudian, érigée en 1694 ( ci-dessous). Sur l'autel, on peut observer la statue de Amitayus ( le bouddha de la longévité), sur la droite, Bhaisajyaguru (le bouddha de la médecine) et à gauche, Simhanada (le bouddha de la sagesse).

Amitayus (appelé aussi Amitabha, ou Amida) est un bouddha du bouddhisme mahayana et vajrayana. Il règne sur la « Terre pure occidentale de la béatitude ». Un monde dépourvu de souffrance, de mal et d'ennuis.


Et me voici maintenant devant la salle Falun ( ou salle de la roue de la loi). Cette construction est de style tibétain et possède une statue de Tsongkhapa , le fondateur de la secte jaune du lamaïsme, dont nous avons parlé précédemment ( première photo ci-dessous). Puis la salle suivante, la salle Wanfuge ( construite entre 1748 et 1750) offre au visiteur que je suis le regard impressionnant du bouddha Maitreya ( qui signifie amical, bienveillant) ( seconde photo ci-dessous). Cette statue mesure 18 mètres de haut et a été sculptée dans un seul tronc de bois de santal. Cette statue est si peu commune qu'elle sera classée au Livre des Records dès 1990. Maitreya est le mahabodhissatva qui serait le prochain bouddha à venir lorsque l'enseignement du bouddha Sakyamuni aura disparu. Selon la tradition, Maitreya règne actuellement au paradis Tusita (le joyeux) et sa mission serait de rehausser le bien être du monde et l'orienter vers l'éveil.


Je regrette vraiment de ne pouvoir prendre des clichés de ces merveilles mais il faut respecter ces lieux. Et puis, peut être ma description vous incitera t-elle à venir admirer celles-ci de vos propres yeux? D'autres bâtiments s'offrent à moi alors qu'il me faudra bientôt rebrousser chemin. En effet, un haut-parleur a annoncé aux visiteurs la fermeture prochaine du temple, à 17 heures. Je passe devant la salle Yamudaga (photo ci-dessous) avec, en son centre, le diamant du pouvoir et de la vertu. A droite se trouve le bouddha Dizang et à gauche, Guanyu ( la protection). Je terminerai mon périple par la salle Jietai. C'est l'Empereur Qianlong qui ordonnera sa construction en 1780 pour recevoir le sixième Panchen Erdeni ( fonctionnaire) du Tibet. Aujourd'hui, la salle Jietai est devenue une salle d'exposition consacrée aux trésors du temple des Lamas: On y trouve de nombreuses statues et objets représentant Guru, Bouddha,Devi,Samadani,Bodhisattva et Dharmapala.

Alors que je me dirige vers la sortie, je passe devant les salles de la médecine (endroit où le bouddha étudiait la médecine , avec en son centre, Tsongkhapa) et ésotérique (construite en 1744).

La visite du Temple des Lamas me procure un complet dépaysement, loin des personnages (parfois) austères de certaines de nos religions. Je suis ici entouré de bouddhas rieurs, ventrus, dont le but est de procurer le bien être à ses disciples. Un autre monde....


 

INFOS PRATIQUES:


  • Le Temple des Lamas, 12 Yonghe Gong Dajie, Dongcheng , Pékin. Tel: (010) 6404 4499. Ouvert tous les jours de 9h à 16h30 d'avril à octobre et de 9h à 16h de novembre à mars. Site internet (en langue chinoise uniquement): http://www.yonghegong.cn/

    Entrée: 25 yuans ( ticket contenant un minuscule DVD, c'est original!). Audioguides disponibles à la location (40 yuans) en russe,espagnol,français,coréen,japonais et allemand. Plan du temple : 15 yuans ( s'adresser au bureau de location des audioguides). Peu d'informations en anglais (vous trouverez sur place quelques panneaux d'information succincte). La prise de photos est interdite à l'intérieur des bâtiments.

    Pour vous y rendre: En métro, descendre à la station Yonghe Gong ( ligne 5), puis prendre sur votre gauche à la sortie. Marchez cinq minutes et vous trouverez l'entrée du temple sur votre gauche: Celle-ci ouvre sur une grande cour qui sert de parking aux voitures et aux autocars. Au fond, vous trouvez les guichets (tickets et audioguides), sur la gauche, l'entrée du temple.










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