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Pékin: Cité Interdite
(suite)(Chine)
Heure locale

 

Dimanche 11 juin 2011


 

A l'ouest du jardin Impérial de la Cité interdite se trouvent sept autres bâtiments qui méritent le détour: Les Palais Xianfu (actuellement fermé au public), Chuxiu, Changchun, Yikun, Taiji Hall, Yongshou et Yangxin Hall.

Commençons par le Palais Chuxiu (ci-dessous): Construit en 1420, puis reconstruit en 1655 ( sous les Ming et les Qing), il servit de résidences pour les concubines de l'Empereur. Une concubine est à l'origine une femme vivant quasi maritalement avec un homme au rang plus élevé qu'elle et qui l'entretient. Ce dernier possède déjà une épouse officielle et une ou plusieurs concubines. En Chine, on mesurait le statut de l'homme au nombre des femmes et concubines qu'il possédait. Et dans la Chine impériale, les concubines jouent un rôle politique ( comme, par exemple Wu Xetian, qui deviendra Impératrice). En 1949, les Communistes interdiront cette pratique, signe à leurs yeux de la décadence bourgeoise. De nos jours, les hommes riches exhibent ce qu'ils peuvent: Maisons, voitures,costumes... mais des villes comme Shenzen sont devenues des « villages de concubines ». On y trouve des campagnardes pauvres du Sud, des demi-mondaines de Shanghai et des concubines de luxe élevées dans la bourgeoisie fortunée. On estime ainsi à 100 000 le nombre de femmes ainsi entretenues tout particulièrement venant des provinces de Guangdong et Hong Kong. Ci Xi vécut aussi au Palais Chuxiu en 1852. D'abord concubine impériale, elle deviendra maîtresse de l'Empire et Impératrice douairière de Chine sous la dynastie Qing. Elle y mettra au monde l'Empereur Tongzhi en 1856. Elle était alors la concubine Yi. En 1884, L'Impératrice Ci Xi fera de cet endroit sa résidence lors de son cinquantième anniversaire. Les inscriptions que vous pouvez lire dans les couloirs sont des poèmes en faveur de la longévité de l'Impératrice.

Fille d'un porte-enseigne impérial issu du clan mandchou, CiXi voit son éducation prise en charge par son oncle lorsque survient la mort de ses parents. Elle fait partie dès l'âge de quinze ans d'un groupe de soixante jeunes filles élues pour devenir les concubines de l'Empereur Xienfeng. Un jour, son eunuque personnel transgresse les règles de la Cté interdite et révèle à sa maitresse qu'il peut l'aider pour que l'Empereur la choisisse pour la nuit. Celle-ci usera de ruses et de stratagèmes afin de flatter le grand eunuque de la cité, lequel fera ensuite son éloge auprès de l'Empereur. C'est ainsi que CiXi devient concubine de l'Empereur en 1852, puis passera de plus en plus de temps auprès de lui. Donnant naissance à un fils, héritier du trône, le 27 avril 1856, sa vie connaît alors un tournant: Après l'Impératrice, elle devient la femme la plus importante de Chine. Mais elle n'éduquera pas son fils Zaichun, car celui-ci sera confié à l'Impératrice et aux eunuques de la Cour. Elle demeure par contre la conseillère de l'Empereur dans les affaires de l'Empire. Lorsque l'Empereur Xianfeng décède, en 1861, Ci Xi devient Impératrice douairière, aux côtés de la première Impératrice, Ci'an , et c'est elle qui régnera seule jusqu'à la mort de Ci'an en 1881, car que son fils, âgé de 6 ans seulement, est intronisé Empereur Tongzhi.

Le Palais Yikun (Yikun Gong) est lui construit en 1420 sous la dynastie des Ming. Il sera rénové en 1884 lors du cinquantième anniversaire de l'Impératrice CiXi, puis relié par des cours au Palais Chuxiu ( alors connu sous le nom de « Palais de l'élégance rassemblée »). Il porte à l'origine le nom de « Palais de la Paix myriade », puis est renommé plus tard à cause de sa proximité avec les trois palais de la cour intérieure. En chinois, Yi signifie garder, assister. Ce palais servira de lieu de résidence pour les concubines sous la dynastie des Qing. Ces mêmes concubines qui passaient leurs loisirs à réaliser, entre autre, des objets en broderie (ci-dessous)

Juste à côté se trouve le Yong Shou Gong (Salle de l'Immortalité). Bâtie en 1420, ce lieu reçut d'abord le nom de « Palais du bonheur éternel » , puis celui de « Palais de la culture morale » ( son nom actuel depuis 1616). Sous le règne des Ming, ce lieu servait de résidence à l'Impératrice. L'Empereur Chongzhen y vint aussi en pénitence pour conjurer les nombreux désastres naturels dont souffrait son pays. Seizième et dernier empereur de la dynastie Ming, Chongzhen hérita d'une situation peu enviable qu'il tenta de redresser. Outre les intempéries, les incursions mandchous ainsi que les soulèvements populaires eurent raison de lui: En avril 1644, le peuple entra dans Pékin, l'Empereur Chongzhen s'enfuit de la ville et se pendit sur la Colline du charbon (située à la porte nord de la Cité interdite) mettant un terme à la dynastie Ming.

Sous la dynastie Qing, ce palais servira de résidences pour les concubines impériales. La mère de l'Empereur Xiaozong ( sous les Ming) y vivra durant une courte période. L'Empereur Xiaozong sera l'unique empereur à y être né. Yong Shou signifie «  prier pour la bienveillance et la longévité ».

Je me rends ensuite au Palais de la Nourriture de l'esprit (Yang Xin Dian). Erigé en 1537, en forme de I, il est divisé en deux parties: Une salle avant et une arrière salle. Huit empereurs y vécurent à commencer par l'Empereur Yongzeng. Cet empereur, dont le nom signifiait « Justice et concorde » est à l'origine de la conversion en lamaserie d'une partie du temple bouddhiste tibétain Yonghe ( voir reportage sur le temple des Lamas). On y placera d'ailleurs son cercueil à sa mort en 1735. Dans ce Palais, l'empereur traitait les affaires courantes de l'état mais recevait aussi les officiels. Dans la partie ouest du bâtiment est située une grande salle qui était réservée aux officiels traitant d'affaires confidentielles. A l'est se trouve une salle contenant deux trônes séparés par un rideau. L'Empereur dormait dans l'arrière salle du palais. Celle-ci contient 724 ornements. C'est à cet endroit que l'Impératrice Longyu tint conseil avant d'abdiquer lors de la révolution de 1911: Cette révolution aboutit au renversement de la dynastie Qing, après 268 années de règne. Le système impérial millénaire disparut pour laisser la place à la République de Chine. Yang Xing veut dire « la meilleure façon de nourrir son esprit est de contrôler ses propres désirs ». A méditer!

Dans ce palais se trouve enfin la pièce des trois raretés ( room of three rarities ) nommée ainsi en 1746. Cet endroit contient trois travaux calligraphiques de valeur (photo ci-dessous)

Me voici maintenant près de la Salle de la grande Suprématie (Taiji Hall , Tai Ji signifiant l 'univers) (photos ci-dessous), bâtie en 1420 puis rénovée en 1859 et reliée à cette occasion au Palais du Printemps éternel. Ce lieu reçut d'abord le nom de « Palais sans fin », puis celui de « Palais du signe de bon augure » ( nom donné par l'Empereur Jiajing , probablement parce que son père y était né). L'existence de l'Empereur Jiajing fut effectivement de « bon augure »: Se désintéressant du pouvoir, il vécut dans l'opulence et en galante compagnie , à la poursuite de l'élixir de l'immortalité au travers de rites taoistes. Laissant le pouvoir aux eunuques, il contribuera à précipiter la fin de la dynastie Ming. C'est sous son règne qu'aura lieu la construction des parties latérale et occidentale de la Cité Interdite.

En 1596, le Palais Céleste et la Salle de la Tranquillité terrestre sont détruits par un incendie. L'Empereur Shenzong vient alors se réfugier dans ce lieu. Il y restera plus de dix années et demeurera le seul empereur ( dynasties Ming et Qing confondues) à avoir dirigé les affaires de l'état de cet endroit. Sous les Qing, cette salle servira de lieu de résidence aux concubines impériales.

Je termine ma visite par le Palais du Printemps éternel (Chang Chun signifie la jeunesse éternelle). Ce palais a été érigé en 1420. En 1535, il est renommé « Palais de la tranquillité éternelle ». Avant de reprendre son nom d'origine en...1615. Rénové en 1859, sous le règne des Qing, il est alors relié à la Salle de la Grande Suprématie (Tai Ji). Sous les Qing, il sert de lieu de résidence pour les concubines impériales. Puis de résidence pour l'Impératrice Xiaoxian, première épouse de l'Empereur Qianlong, avec lequel elle aura quatre enfants. D'origine mandchoue, elle était la descendante d'une famille de hauts fonctionnaires, et supervisa entre autre les cérémonies rituelles de Confucius des concubines de l'Empire. Il existe une peinture ( sur quatre rouleaux) de ces rites. Celle-ci fut réalisée en 1751 en mémoire de cette impératrice décédée trois ans plus tôt. A son décès, son cercueil fut placé dans ce palais. Par décret, l'Empereur Qianlong fit savoir qu'il serait désormais interdit à quiconque de vivre dans ce palais. Et lors du Nouvel An lunaire (ainsi que lors d'autres festivités) on y dressait un portrait de la défunte impératrice. Toutefois, l'Impératrice douairière CiXi en fera plus tard son lieu de résidence durant quelques années.

Ma visite de la Cité interdite est loin d'être achevée. Mais cette promenade reste éprouvante tant à cause de la chaleur que de la foule venue nombreuse pour visiter les lieux. Je vous donne donc rendez-vous prochainement pour la suite de la visite. Je quitte cette Cité par la porte nord surnommée « Porte de la prouesse divine » (photo ci-dessous). Bâtie en 1420 sous le règne de l'Empereur Yongle, troisième empereur de la dynastie Ming , cette porte fut autrefois appelée « Porte du guerrier sombre ». Puis, lorsque vint au pouvoir l'Empereur Xuanye, le terme « Xuan » (qui signifie sombre) devint tabou et fut remplacé par Shen (divin).Sur la terrasse supérieure de cette porte se trouve une tour avec des avant-toits doubles qui abritent des cloches et des tambours. Ces instruments sonnaient toutes les deux heures afin de donner l'heure ( sauf lorsque l'Empereur dormait au Palais). La porte possède trois accès, mais l'entrée centrale était réservée à l'empereur. Les autres entrées servaient aux concubines, officiels, gardes, eunuques et artisans. Sous le règne Qing, cette porte était utilisée pour l'observance de rites: L'impératrice y offrait des sacrifices à la Déesse des vers à soie lorsqu'on recevait concubines et filles du Palais. En 1924, c'est par cette porte que le dernier Empereur de Chine, l'Empereur Pu Yi , quitta le Palais.


 

INFOS PRATIQUES


  • Cité Interdite , ouverte de 8h30 à 17h00 ( vente de billets de 8h30 à 16h00). Entrée: 60 yuans. Ce billet n'inclut pas les expositions spéciales. Gratuité pour les enfants mesurant moins de 1m20. Petit guide de la Cité ( avec plan) utile pour la visite et en anglais: 5 yuans (vendu à coté de la billetterie). Audioguides disponibles en plusieurs langues ( ils se déclenchent automatiquement lors de votre passage devant les lieux à visiter) disponibles à la porte Meridian. Prix 40 yuans ( + 100 yuans de dépôt de garantie, restitués au retour de l'appareil)

     

  • Bureau d'information à la Porte de l'harmonie suprême , avec possibilité de louer des audioguides. Deux écrans géants projettent des films sur la Cité interdite.

  • Site internet sur la Cité interdite: http://www.chine-informations.com/guide/cite-interdite_302.html

     
















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