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Le Sanctuaire Shinto de Kasai
(Tokyo, Kanto, Japon)
Heure locale

Jeudi 30 juin 2011

 

En préparant mon séjour à Tokyo, j'étais tombé sur une fête qui se tient chaque année dans le quartier Kasushika-ku de Tokyo, au sanctuaire de Kasai (Kasai Jinja) : Nagoshi no Harai ( les Mille jours de bonheur que l'on obtient en franchissant un cercle de roseaux tressés (appelé Chinowa) selon un rite particulier ( cela ressemble à ce que j'avais vu au Temple Atoga récemment). Le temps, lui, ne se prête pas à la fête: A mon arrivée, j'entends de la musique mais il s'agit d'un CD et la musique traditionnelle avec orchestre et danses annoncées sur internet ne sont pas au rendez-vous. Je suis superbement reçu par un membre du sanctuaire qui me confie à une jeune femme prénommée Nao et qui me servira de guide pendant la visite.

Le 30 juin est le jour de la purification dans les sanctuaires shintoistes. Quelques jours avant , on peut se procurer une petite figurine de papier (hitogata) sur laquelle on transférera tous ses propres maux le moment venu en soufflant sur cette petite figurine qui sera ensuite jetée à la rivière.

Kasai Jinja est un sanctuaire shintoiste. Mais que représente le shintoïsme? Le Shinto est avant tout l'expression profonde de la culture ancienne du peuple japonais. Son origine remonte au fond des âges. Il considère comme divin, aussi bien les forces de la nature que les animaux ou les hommes célèbres. Ces divinités sont surnommées Kami (Shin en chinois). To signifie voie ou méthode. Shinto devient ainsi la voie des divinités. La plus importante de ces divinités est le soleil, qui protège des invasions ( qui n'a cependant pas de rôle hiérarchique parmi les divinités shinto). Ces divinités (kami) inspirent souvent une crainte remplie de respect: Les Kami sont des montagnes, des animaux (tigre,serpent,loup...) et même l'Empereur du Japon. On compterait 800 millions de kami au Japon ( pays appelé Shinkoku , le pays des divinités).

Le sanctuaire Kaisa a été fondé en 1185 et est dédié à deux divinités: Futsunushinomikoto (divinité tutélaire des arts martiaux) et Yamato Takerunomikoto ( le Prince Yamato Takeru ou Prince Osu est un héros légendaire japonais, troisième fils de l'Empereur Keiko). En effet, l'histoire qui débute au II ème siècle prétend que le prince Yamato Takeru massacre son frère ainé. Son père, craignant sa violence, l'envoie alors se battre dans la province d'Izumo ( aujourd'hui Préfecture de Shimane). Le Prince sort vainqueur de la bataille. Puis il se rend combattre dans les territoires de l'Est ,vainquant de nombreux ennemis. A son retour, il blasphème contre un dieu local du Mont Ibuki, et tombe malade , puis meurt peu de temps après à l'âge de 30 ans. On dit qu'à ce moment-là, son âme se transforma en un grand oiseau blanc et s'envola. Sa tombe, située à Ise, est connue sous le nom de « mausolée du pluvier blanc ».

Revenons au shinto. Celui-ci ne connaît pas de dieu suprême et le ciel représente le séjour des kamis. On prie ceux-ci en de nombreuses occasions, que ce soit pour obtenir de bonnes récoltes, pour obtenir la pluie, ou en faveur de l'Empereur... Le shinto constitue un ensemble de pratiques variant autrefois d'un village à un autre. Ensemble de croyances, de mythes et de pratiques jusqu'au V ème siècle, le shinto vécut en 552 l'arrivée du bouddhisme depuis la Chine. Cela provoqua parfois des réactions de défense (souvent nationalistes) du shinto , lequel s'organisa à partir du VIII ème siècle, en unifiant ses mythes et en élevant au statut de dignité nationale les kamis des différents villages et clans. Des temples proliférèrent ensuite. Le combat se poursuivit toutefois entre le bouddhisme et le shintoïsme. L'époque Meiji qui débuta en 1868 permit l'ouverture du Japon à la civilisation occidentale et le gouvernement imposa une séparation entre bouddhisme et shintoïsme. Les bonzes ne purent plus célébrer à l'intérieur des temples shintoistes.

A ce moment-là, le shinto prendra quatre formes distinctes: Le shinto de la Maison Impériale, celui des temples, celui des sectes et celui du peuple. Aujourd'hui, les Japonais expriment leur adhésion à la communauté nationale au travers du shinto ( en participant à la cérémonie de leur sanctuaire dans leur village ou leur quartier). La vie des individus est rythmée par des rites shinto: 90% des mariages japonais sont célébrés selon ce rite. Les « Matsuri » ( qu'on surnomme fêtes) sont un moyen d'expression shintoiste permettant d'associer les ancêtres aux vivants pour profiter des joies de la Terre. Faute de culte véritable, le shinto a quand même ses pélerinages, souvent en montagne (le siège des kamis). N'étant pas religieux, cette doctrine n'est pas incompatible avec d'autres religions. Et le shinto s'adapte finalement très bien à la société moderne japonaise qu'il contribue à modeler et à développer (le goût de la nature favorise les mouvements écologiques , le besoin de renouveau perpétuel favorise la société de consommation et le souci de la beauté peut expliquer l'effet « design » de bon nombres de produits japonais).

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Kasai Jinja, Katsushika-ku 6-10-5, HigashiKanamachi, Tokyo. Tel: 0607 45 60

    Entrée libre. Purification pour 5000 yens (wooden sticks). Boutique d'objets religieux ( à partir de 50 yens) à ramener chez soi.

     

    Le passage sous le Chinowa (cercle) peut faire l'objet d'un don ( 1000 yens environ). Version courte de purification.

    Chaque jeudi, Nao est sur place pour expliquer en anglais ce qu'est le sanctuaire Kasai (elle parle très bien).

     

    Fête annuelle le 30 juin et en novembre (se renseigner car le jour change chaque année)

     

    Pour se rendre à Kasai Jinja: Depuis Ueno, emprunter un train (quai 11 ou 12) en direction de Toride. Descendre à Kita-Senju, puis emprunter la ligne JR Joban puis descendre à Kanamachi. En sortant , après les tourniquets, prendre à gauche puis une fois sorti de la gare, sur votre droite. Vous êtes à dix minutes à pied du sanctuaire.

  • Pour la rédaction de cet article, je me suis inspiré d'un texte de Michel Malherbe, auteur du livre « Les religions de l'humanité » (Editions Critérion).









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