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Komagatani et ses vins
(Préfecture d'Osaka, Japon) |
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Lundi 30 août 2011
Je me faisais l'autre jour la réflexion suivante: Cela fait un petit moment que je visite le Japon et je n'ai toujours pas abordé le chapitre œnologique de ce pays. Je pars aujourd’hui à la découverte du vin nippon et je vous emmène avec moi. Depuis Osaka, il est très facile de se rendre à Komagatani. Là se trouve un petit musée du vin, sans prétention, situé au-dessus d'une boutique qui offre de découvrir vins et liqueurs du cru local. Bien que les Japonais soient naturellement beaucoup portés sur le saké (alcool de riz), le Japon est à la fois consommateur et producteur de vin. Ses 128 millions d'habitants représente un marché de grande taille même si la consommation a récemment baissé ces dernières années: 2,5 litres par habitant chaque année. L'année dernière, lors de mon séjour chez les Suzuki, j'avais eu l'occasion de goûter à un vin rouge japonais mais l'expérience ne m'avait pas marqué: Le vin ressemblait davantage à un jus de fruit qu'à un alcool. Les Japonais sont pourtant friands de nos vins français, et sont même des connaisseurs. Je ne parle pas de leur engouement annuel pour le beaujolais nouveau (ce vin s'apparente pour moi davantage à un succès commercial qu'à un grand cru!) mais il possède des vins qu'il peut être intéressant de découvrir. Saviez-vous par exemple que le Japon cultive le koshu, une variété de raisin typiquement nippone: Cépage rose, il est très répandu dans le pays. Son exploitation remonte à la période Edo lorsque le Tokugawa l'utilisaient pour leur consommation personnelle en tant que raisin de table. C'est seulement vers 1800, sous l'ère Meiji, qu'on utilisa le koshu pour la vinification. Ce raisin donne un vin blanc qui se rapproche du Sauvignon blanc et convient parfaitement à la cuisine nippone. En remontant encore plus loin, on découvre que la vigne a été importée au Japon par les Missionnaires de la Compagnie de Jésus. La région viticole la plus connue est celle de Yamanashi et Osaka. Les vignes sont plantées à raison de 250 pieds par hectare , les ceps étant séparés de 6 mètres et conduits en hautain, afin de former des treilles ou des pergolas. Il est ensuite juste nécessaire de tendre le bras pour cueillir facilement les grappes situées en hauteur (photo ci-dessous).Une majorité de la production intérieure est constituée de vins mélangés et venus de l'extérieur du pays. Ces vracs sont faits à partir de raisins produits localement (comme le Koshu ou d'autres variétés européennes et américaines), mélangés avec des moûts et des vins importés à des jus japonais (présence de 5% minimum de vins issus de raisins cultivés au Japon). On évalue à 30000 hectares la surface de terres consacrée à la viticulture nippone et à 370000 hectolitres le volume de sa production.
Bons princes, les Japonais font aussi parfois la promotion de notre vin. C'est ainsi qu'en 2009, un manga fit exploser les ventes de vins français en Asie grâce à un livre « Les gouttes de Dieu », qui parle de certains châteaux bordelais. Les deux scénaristes, Shin et Yuko Kibayashi (qui sont frère et sœur) visitent alors le Médoc et Shin court d'ailleurs le marathon qui y est organisé. Nos deux compères profitent alors de leur séjour pour découvrir de nouveaux châteaux et leur nouveau manga sera essentiellement basé sur le vin et son univers. Tout un programme! Les différents vins dégustés sur place les aident à imaginer ensuite le scénario de leur livre. Les lecteurs du manga découvrent ainsi, au travers d'énigmes, comment on déguste un vin et comment celui-ci est fabriqué. Plusieurs millions d'exemplaires de cet ouvrage ont été depuis écoulés au Japon et il n'est pas rare de voir là-bas un client débouler chez un sommelier, le livre à la main, et exiger telle ou telle bouteille de vin. On nous promet un nouveau tome de ce manga prochainement. Et d'après mes informations, le 21è tome devrait paraître en octobre prochain. A suivre...
Sur mon chemin, je croise une voiture conduite par une dame qui observe l'occidental marcheur que je suis. Quelques instants plus tard, la même voiture s'arrête à mon niveau (simple curiosité?) et Madame Masayo Kondo m'adresse la parole. Je rencontre ainsi, par le plus grand des hasards, la propriétaire des caves Kawachi. Je découvre rapidement que Madame Kondo parle un très bon français et donne même parfois des....concerts traditionnels japonais à Cancale (Bretagne). Incroyable! Madame Kondo m'invite alors à visiter le salon où elle a pour habitude de recevoir ses groupes de visiteurs afin de leur proposer une dégustation de ses vins, une magnifique salle avec de grandes tables est ornée de deux magnifiques vitraux suggérant le raisin (photo ci-dessous). Ce lieu jouxte sa maison qui possède par ailleurs un superbe jardin japonais. De l'autre côté de la rue se trouve la fabrique. Avec ses fûts et sa salle d'exposition des différents vins et liqueurs de la maison. Un rare instant de frais alors qu'il fait facilement 35° à l'extérieur...J'explique à Masayo Kondo qui je suis et ce que je fais. Nous nous rendons ensuite à la boutique-musée. Au rez-de-chaussée se trouvent les vins. Je goûte un vin blanc Chardonnay et lui trouve un joli goût fruité. Vendu! Puis, un vin rouge Médoc , puis un autre...Je ramènerai ainsi trois bouteilles de ma visite sur place! Kampai! (Santé! en japonais).
Masayo organise des cours de vin (voir le site internet de la maison) au cours desquels on y apprend comment la vigne est cultivée dans cette région de Komagatani qui bénéficie de sols riches en éléments nutritifs comme la potassium. 70 tonnes de raisins sont ainsi produites annuellement ( soit 40000 bouteilles) donnant naissance au précieux breuvage de Kawachi. Lors de la visite de la fabrique, on vous explique comment le raison est pressé, puis on aborde les phases de fermentation et d'élevage du vin. Vient ensuite le vieillissement du breuvage. Et sa mise en bouteille. Une expérience intéressante!
INFOS PRATIQUES:
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