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Le Château de Kumamoto
(Préfecture de Kumamoto, Kyushu, Japon)
Heure locale

Vendredi 16 septembre 2011

 

Mon vrai premier weekend de mon séjour débute cet après-midi. J'ai pris mon billet pour me rendre de Tokyo à Kumamoto, sur l'île de Kyushu. Une trotte de 6h30 en shinkansen, mais je serai confortablement installé, en première classe, comme d'habitude. J'ai réservé une chambre d'hôtel, tout près du château qui reste l'attraction principale de la ville de Kumamoto, d'après ce que j'ai lu. La pluie fera son apparition sur la fin de mon trajet. On annonce en effet un typhon, à 2000 kilomètres de là, en direction, pour l'instant, des îles d'Okinawa.

J'arrive tard à destination et j'emprunte aussitôt le tramway pour me rendre à mon hôtel, grâce à l'aide d'un jeune homme japonais. Il m'affirme être né ici, mais vivre à Fukuoka. Il connait donc bien la ville et m'orientera sans difficultés. Nous échangeons quelques mots durant notre trajet qui durera une quinzaine de minutes. J'aperçois bientôt une masse sombre qui longe une rivière. Le château est là, imposant. Il le sera encore plus le lendemain lorsqu'il fera jour.

L'hôtel est confortable et ma chambre, petite comme une chambre japonaise, mais fonctionnelle et calme. Une bonne nuit de sommeil s'annonce, car j'ai peu dormi la nuit d'avant ( je dors mal dans cet appartement de Tokyo, il n'y a pourtant pas de bruit et cela doit venir de l'orientation défavorable du bâtiment).


Je pars, tôt, le lendemain, et le ventre vide, à la découverte de Kumamoto. En effet, je ne raffole pas (mais alors, pas du tout) des petit-déjeuners nippons servis dans les hôtels et préfère aller voir à l'extérieur. Je choisis de marcher, muni du plan qui m'a été remis la veille par la réception. Ca grimpe pour se rendre au château. Mais je ne regretterai pas le déplacement.

Situons d'abord l'endroit où je vous emmène: Kumamoto est une ville japonaise de quelques 730000 habitants, capitale de la préfecture de Kumamoto, sur l'île de Kyushu. Avec son agglomération, Kumamoto compte tout de même parmi les 20 plus grandes villes nippones. Tout commence en 1588 lorsque Kiyomasa Kato, un contemporain de Hideyoshi Toyotomi, obtient le grade de daimyo de la province de Higo. Il fait alors construire le château de Kumamoto, l'un des trois plus beaux châteaux du Japon, dit-on. Château d'ailleurs réputé imprenable grâce au génie de Kiyomasa Kato, qui conçoit par exemple les murs en forme de courbe (voir photo ci-dessous) et non à angle droit comme dans les autres châteaux. Il s'agit là d'une construction façon « Musagaeshi », rendant l'escalade des murs très difficile, voire impossible. Le château est construit sur une surface de 98 hectares et une circonférence de neuf kilomètres. Il est constitué du petit et du grand châteaux.


A la mort de Kiyomasa, c'est son fils , Tadahiro, qui reprendra la succession. Mais son grade lui sera retiré en 1633 par Ieyasu Tokugawa, pour le remettre au clan Hosokawa. Kiyomasa Kato fut un guerrier japonais puis un daimyo de l'époque Sengoku. Très compétent, ses soldats le surnommaient le Général Démon. Lorsqu'il se vit remettre le titre de daimyo en 1588, il bénéficia d'une rente annuelle de récolte de riz de l'ordre de 195000 koku. Ce qui est énorme. En 1600, le sud de la province de Higo fut annexée au nord et apporta encore des rentes, ce qui amena à un total de 540000 koku de riz. La construction du château de Kumamoto sera achevée en 1607. Après la mort de Kiyomasa en 1611, son troisième fils reprend brièvement la succession mais le clan Kato s'éparpillera rapidement et s'exilera à Shonai, dans la province de Dewa.

C'est alors que le clan Hosokawa entre en scène, après avoir obtenu le titre de daimyo de Ieyasu Tokugawa. Ce clan de samourais japonais descend de l'Empereur Seiwa ainsi que du clan Minamoto. Il produira de nombreuses personnalités administraives dans le clan Ashikaga. Il se révèlera être l'un des clans les plus importants durant la période Edo et jusqu'à nos jours, Morihiro Hosokawa, ancien Premier ministre japonais, servit son pays il y a encore quelques années. En 1637, ont lieu les révoltes de Amasuka et de Shimabara: Amakusa est un archipel d'îles dépendant de la préfecture de Kumamoto. Shimabara est une ville de la préfecture de Nagasaki, non loin de là, qui servira de base aux rebelles en 1637. A l'époque, les missions jésuite fortement implantées localement avaient beaucoup de succès. Une certaine persécution religieuse se mit alors en place contre eux, doublée d'un harcèlement des paysans qui n'arrivaient plus à payer l'impôt. Une partie des Chrétiens exécutés après les rébellions seront brûlés vifs à Amakusa.

Le clan Hosokawa va régner onze générations durant soit pendant 229 ans et restera, à l'origine, une puissante famille de daimyos japonais.


Durant ce règne, le clan Hosokawa devra affronter plusieurs révoltes. En 1640, un célèbre épéiste, Miyamoto Musashi, devient le gouverneur des Hosokawa. Figure emblématique du Japon et fine lame, il tuera sa première victime lors d'un duel à l'âge de 13 ans. Jusqu'à l'âge de 29 ans, il combattra dans soixante duels, la plupart du temps avec un simple sabre en bois. Son dernier duel ( le plus fameux) aura lieu en 1612 contre Kojiro Sasaki, l'autre plus grand escrimeur nippon de l'époque. Etant entré au service de la famille Hosokawa, il arrêta les duels et participera plus tard au siège du château de Hara lors de la révolte d'Amakusa. A 59 ans, il s'isolera dans la grotte de Raikan-do, seul, et se mettra à rédiger le livre « Gorin no sho » ( le traité des cinq roues ).Cet ouvrage de stratégie fait référence à cinq roues ( l'équivalent des cinq étages des monuments funéraires bouddhiques. Le livre comprte cinq chapitres: La Terre, l'eau, le feu, le vent et le vide. On y apprend comment se forger soi-même, mentalement et physiquement, quelles sont les grandes lignes de sa tactique, la tactique à appliquer lors des simples duels et dans les grandes batailles, fait ressortir l'esprit philosophique de son école Nitten, et termine par l'énonce de l'idéal du samourai. C'est en quelque sorte à la rédaction d'un testament que l'on assiste, avec, à la clef, de précieux conseils de vie:

Ne pas contrevenir à la Voie immuable à travers les temps.

  • Éviter de rechercher les plaisirs du corps.

  • Être impartial en tout.

  • N'être jamais cupide durant toute la vie.

  • N'avoir aucun regret dans les affaires.

  • Ne jamais jalouser autrui en bien ou en mal.

  • Ne jamais être attristé par toutes séparations.

  • N'éprouver aucune rancune ou animosité vis-à-vis de soi ou des autres.

  • N'avoir aucun désir d'amour.

  • N'avoir aucune préférence en toutes choses.

  • Ne jamais rechercher son confort.

  • Ne jamais rechercher les mets les plus fins afin de contenter son corps.

  • Ne jamais s'entourer, à aucun moment de la vie, d'objets précieux.

  • Ne pas reculer pour de fausses croyances.

  • Ne jamais être tenté par aucun objet autre que les armes.

  • Se consacrer entièrement à la Voie sans même craindre la mort.

  • Même vieux n'avoir aucun désir de posséder ou d'utiliser des biens.

  • Vénérer les bouddhas et divinités mais ne pas compter sur eux.

  • Ne jamais abandonner la Voie de la tactique.

Un musée expose des armes et des documents de Miyamoto Musashi à Kumamoto. Il s'agit du Shimada Museum of Art. Ouvert en 1977, conformément aux souhaits de Shimda Matomi,, un amoureux des antiquités japonaise, ce lieu est dédié à l'étude et à la préservation de tout ce qui concerne la culture samouraï à Kumamoto. On y retrouve des objets et des trésors de Kumamoto et datant de la période Momoyama-Edo. Les photos sont malheureusement interdites dans l'enceinte du musée. Je n'ai pu prendre que quelques photos d'ensemble sans grand intérêt.


Les petit et grand châteaux valent le déplacement: Les alentours furent détruits par trois jours consécutifs d'incendie avant que ne commence la rébellion de Seinan, en 1877. Il comportait alors 49 tours et 29 portes. On ne connait toujours pas l'origine du feu. Les deux tours principales furent reconstruites en 1960 lors de la restauration extérieure du château. Le Grand château dispose de six étages pour un sous bassement de trente mètres seulement: Le premier étage offre de découvrir l'histoire chronologique des lieux ainsi que la vie de Kiyomasa Kato, et une très belle maquette du château (photo). Le deuxième étage propose d'aborder l'histoire et la culture de la famille Hosokawa. Au troisième étage, on découvre ce que fut que la guerre civile de Seinan et le château de Kumamoto. Appelée aussi la rébellion de Satsuma, cette guerre consista en une révolte du clan samourai Satsuma contre l'armée impériale japonaise. La modernisation du pays ayant pour conséquence la disparition de la féodalité et de ses privilèges, les samourais se montraient alors de plus en plus déterminés à défendre leurs acquis.

Les quatrième et cinquième étages offrent des photos de châteaux japonais. Le sixième étage permet de profiter d'une vue panoramique des environs (photo)


Le petit château, lui, ne possède que quatre étages, avec une largeur de base de 19 mètres seulement. Cette partie du château offre simplement une vue panoramique en son sommet.

Il est un lieu à ne pas manquer au château de Kumamoto: Le Palais O-Hiroma . Ce palais, situé dans la partie sud-est du château, est un ensemble de pièces dont l'usage principal était réservé à différentes fonctions: Résidence du daimyo, lieu de tenue des audiences officielles, et cuisine. La construction du Palais fut initiée par Kiyomasa Kato et son achèvement date de 1610. Plus tard, lorsque Tadatoshi Hosokawa prit la suite, il entreprit la reconstruction du lieu entre 1633 et 1635 , avec agrandissement de la cuisine et des espaces de vie. Le Palais possèdera à son apogée jusqu'à 53 pièces ( soit un total de 1570 tapis de tatamis). L'endroit servira aussi plus tard de lieu de garnison pour l'armée de Kyushu, jusqu'en 1877, date à laquelle le Palais disparut dans les flammes en même temps que le château. 130 années plus tard, on le reconstruisit à partir de documents historiques et archéologiques. C'est ce lieu que je visite aujourd'hui. Il est interdit d'utiliser le flash pour prendre les photos mais l'endroit est très impressionnant et mérite d'être visité. J'ai bien entendu pris un certain nombre de clichés que je vous invite à découvrir dans l'album Asie de la médiathèque. En voici quelques-uns ci-dessous à titre d'exemple.


 

 

INFOS PRATIQUES:


  • Site officiel de la Préfecture de Kumamoto: http://www.pref.kumamoto.jp/foreign/

  • Kumamoto City Tourism Promotion section, 1-1 Tetorihoncho, Kumamoto. Tel: 096 328 2393. http://www.manyou-kumamoto.jp/

  • Château de Kumamoto, ouvert tous les jours de 8h30 à 17h30 ( d'avril à octobre) et de 8h30 à 16h30 (de novembre à mars). Entrée: 500 yens. Guide gratuit ( en japonais) à 9h00 et à 16h00. Brochure avec plan disponible en anglais. Tel: 352 5900. Le château est fermé les 29 et 31 décembre.

  • Office de tourisme de Kumamoto: http://www.visitkumamoto.com/

  • Shimada Museum of Art, 4-5-28 Shimasaki, Kumamoto, . Tel: 352 4597. Ouvert de 9h00 à 17h00. Entrée: 750 yens. Site internet: http://www.shimada-museum.net/

    Pour vous y rendre, prendre le bus N° 10 , au Kotsu Center, en direction de Arao-Bashi. Descendre à l'arrêt: Jikei Byoin-mae, puis marcher trois minutes.










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