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Le Musée Folklorique des Arts du Guangdong
(Canton, Province du Guangdong, Chine)
Heure locale

Mardi 11 octobre 2011

 

Il y a un endroit incontournable à Canton : Le Musée des Arts Folkloriques du Guangdong, situé dans le temple des ancêtres de la famille Chen. Cet endroit, qui porte aussi le nom d’institut, est situé en dehors de l’ancienne porte de l’ouest de Canton. Il fut érigé en 1894. Les travaux débutèrent en 1888, sous le règne de l’Empereur Guangzhou de la dynastie Qing. Ce temple était le lieu de rassemblement de la famille Chen qui résidait dans 72 districts différents de la province. Il est là pour honorer et vénérer leurs ancêtres. Il servait à la fois de résidence temporaire pour les descendants de la grande famille venant à Canton pour ses affaires comme par exemple le concours national, les réunions ou les litiges.


 

Ce temple des ancêtres est construit dans le style architectural typiquement cantonais. Orienté vers le sud, cet ensemble traditionnel comprend trois sanctuaires principaux, de petits pavillons et des cours. Dédié au culte des ancêtres, il est l’un des rares lieux de culte qui ont été épargnés lors de la révolution culturelle. Occupant une surface de 15000 m² au total, ce temple symétrique est composé de 19 bâtiments indépendants en forme de carré (dont 6400 m² habitables). L’axe central est flanqué par des halls et des chambres latérales se trouvent sur les deux côtés. Les bâtiments sont insérés par des cours et reliés par des corridors. Ce temple, merveilleusement décoré, est la construction traditionnelle la plus grande et la mieux préservée du Guangdong.


 

Toutes les décorations architecturales du temple, dont les sculptures en bois, en brique, en pierre, céramique ou en chaux, ainsi que les œuvres d’art comme les bâtis de fer, ou les peintures à l’encre de Chine reprennent des thèmes traditionnels chinois et représentent une grande valeur artistique et culturelle. C’est en 1959 que fut établi, au sein de ce temple, le musée Folklorique des arts du Guangdong. Le but &tait alors de collectionner, présenter et exposer les objets d’art folkloriques de la Chine entière en tout particulièrement ceux de la région du Guangdong. Je visite aujourd’hui une partie de ce musée. Nous aborderons les meubles de Guangzhou et l’artisanat populaire de Lingnan.


 

Sur la photo ci-dessus se trouve une salle de réception représentative de celles que l’on trouvait autrefois dans les maisons particulières de Canton : Cet endroit était celui où l’on recevait ses amis, ses proches ou même les gens ordinaires. On y trouve des objets en bronze, des porcelaines sur une table altar ainsi que des meubles raffinés.

Juste à côté, est exposée une réplique d’une salle de lecture réservée aux savants de la dynastie des Qing. Avec, ce qu’on appelait les quatre compagnons : La brosse, le papier, l’encre et la pierre à encre.

La chambre fait aussi partie des pièces usuelles d’une maison cantonaise. On y apprend que la jeune femme mariée avait l’habitude d’y ranger ses bibelots et son nécessaire à couture. Plus elle avait de dot, et plus sa position était élevée. On trouve dans cette chambre la boite à bijoux, une commode, une garde-robes. Mais aussi un cabinet de toilette. On remarque qu’aucun miroir ne fait face au lit, suite à une coutume cantonaise.

Le lit Luohan (photo ci-dessous) lui, date de la dynastie des Ming. Il fut d’abord utilisé par les moines bouddhistes. Puis, après la dynastie des Qing, ce lit trouva sa place dans les riches demeures cantonaises et en Chine du Sud. Les propriétaires le plaçaient souvent dans leur chambre et s’en servaient pour faire la sieste, discuter avec des amis, fumer ou prendre le thé.


 

Après cette exposition de meubles de Guangzhou, je me dirige en direction de la salle d’exposition de l’artisanat populaire de Lingnan. Lingnan fait généralement référence à la zone située au sud des cinq monts (Yuecheng, Dupang, Mengzhu, Qitian et Dayu). Les héritiers de la culture lingnan furent des précurseurs commerciaux en Asie du Sud-est , dans le Pacifique et le reste du monde. Cette culture Lingnan comprend diverses catégories dont l’opéra cantonais , la broderie du Guangdong, la poterie colorée cantonaise, l’architecture et la peinture de style Lingnan, les jardins miniature en pots, et le folklore. Cette culture connut d’abord une période de fondement traditionnel avec l’opéra cantonais et l’apparition de la poterie colorée. La deuxième étape verra l’adoption par la culture Lingnan d’éléments de la culture occidentale. La dernière étape sera le rôle joué par le Guangdong en tant que pilote d’application des politiques des réformes économiques successives et l’ouverture sur le monde extérieur. Guangzhou servit longtemps de berceau à la culture Lingnan, de par son ouverture sur le reste du monde et servit de référence au reste de la Chine. Le thé matinal, bu à Guangzhou fut rapidement adopté dans le pays, tout comme le port de cette tunique chinoise créée dans la même ville, par le Dr Sun Yat Sen. Guangzhou fut toujours le lieu des nouvelles tendances. Les cafés et restaurants occidentaux s’y installèrent, puis la mode des pantalons pattes d’éléphant aussi…. Bref, cette région du Guangdong m’offre aujourd’hui de découvrir de véritables trésors artisanaux dont la création est liée au contexte local, mariant souvent l’harmonie de l’esprit et de la matière, le travail de l’homme et la Nature. En entrant dans la salle, je tombe sur une pierre à encre ( intriguing inkstone) de 2,17 mètres de long et d’ 1,10 mètre de largeur. Son poids est de 1500 kg et son épaisseur de 23 cm. Cette piscine d’encre est faite de pierre naturelle et fut réalisée par Liu Yanliang, un vieil artisan ainsi que par Li Zubin et cinq autres compagnons, en 1991.


 

Le jade a toujours tenu une place importante dans la région. L’extraction du jade débuta durant la dynastie Qing pour connaître son apogée dans les années 1930. Cette pierre claire, aux couleurs de rouge et de vert, est faite de deux catégories : L’une des pierres de jade qui sont extraites sont vouées à être transformées en bijoux,, bracelets, bagues ou boucles d’oreilles, la seconde sera transformée en figurines, vases, animaux, objets anciens ou brûleurs d’encens. Ci-dessous un poignard sculpté dans du jade et datant de 1980.


 

Un autre type d’artisanat du Guangdong consiste à sculpter des olives. Cette sculpture est unique et mérite d’être découverte. Le Guangdong est une région où l’on cultive abondamment l’olive. Voilà pour la matière première. Cette olive, de grosseur différente, va servir à sculpter des petits objets comme des bateaux de croisière avec inscriptions (de la prose, de la poésie) , dont on peut ouvrir et fermer les fenêtres aisément. C’est dire le talent des artisans. L’olive sert aussi à sculpter des lampes et des corbeilles à fleurs. Ci-dessous, quelques exemples de sculptures sur olives vous sont présentés.


 

Une chose me surprend lorsque j’arrive au Temple des ancêtres de la famille Chen : Je découvre de nombreuses sculptures perchées sur la crête des toits des bâtiments. Ces sculptures sont surnommées Shiwan Ridge car elles ont été créées dans le quartier de Shiwan (ville de Foshan). Ces sculptures servent à décorer les crêtes des toits des temples et des grands bâtiments. Recouvertes de couleurs vives puis vernies, elles sont ensuite cuites dans un four, à forte température. Ces sculptures conviennent au climat pluvieux et chaud de la Chine du sud. Leurs motifs représentent des fleurs, des animaux, des personnages. La technique de fabrication de cet artisanat remonte à la dynastie des Ming dans la région de Lingnan. Ci-dessous, une sculpture de He Zhanquan (1990)


 

Le travail du métal n’est pas en reste dans cette province du Guangdong et remonte aux temps anciens. Il fut florissant à la fin du règne de la dynastie des Qing jusqu’à l’avènement de la République de Chine. Cet artisanat est principalement concentré à Guangzhou, Foshan et Chaozhou. Et permet par exemple de graver des décorations sur de la vaisselle en cuivre , en utilisant l’or et l’argent. On créé aussi des instruments de musique ou des ustensiles d’usage quotidien. Ci-dessous, un tableau en cuivre de Liu Yuan (1963) représentant “ Les vœux de Guo Ziyi pour son anniversaire ”.


 

La laque est un autre type d’artisanat, surtout concentré autour de Yangjiang, Guangzhou, Foshan, Chaozhou et Shantou. La laque de Yangjiang est la plus réputée. D’un style élégant, elle offre un travail raffiné et de qualité durable. Les laques de Guangzhou, Chaozhou et Shantou sont de style local et permettent la peinture à l’aide de poudre d’or et d’argent. Ci-dessous, une boite peinte en laque et ornée de personnages et de fleurs. Elle représente les débuts de la République de Chine à Guangzhou.


 

Il existe aussi de la sculpture sur pierre. Celle-ci est pratiquée depuis la dynastie Qing et la plus réputée provient de Chaoshan. La sculpture sur bois permet également de splendides réalisations, comme cette sculpture appelée “ Cage avec crabes et homards ” réalisée à partir d’un seul et même tronc de camphrier, en 1998, par Cheng Pei Chen, et son apprenti Li Denong. La sculpture mesure 2,20 mètres de hauteur, 80 cm de large et contient 18 homards et 48 crabes. On y trouve aussi des chrysanthèmes , des pierres, de l’eau , le tout creusé dans le bois. Les thèmes de sculptures qui reviennent le plus souvent sont les légendes populaires, des récits historiques, les animaux rares, les fleurs, les oiseaux, les poissons et les insectes. Quatre étapes essentielles composent une sculpture : On trace d’abord un dessin sur la pièce de bois, on procède ensuite à une taille grossière, puis à une autre, plus affinée. Enfin, on laque, on dore et on polit la sculpture pour un résultat final impeccable.


 

Une autre sculpture, à la chaux, permet de créer ces personnages et ces scènes décoratives qu’on découvre ensuite sur les toits des bâtiments. Là aussi, quatre étapes sont nécessaires : La construction de la structure, le sculpture de l’objet à l’aide de papier et de chaux, puis on affine ensuite l’aspect final de la chose représentée avant de la peindre , de la vernir et de la rendre ainsi invulnérable et insensible aux intempéries . La réalisation ci-dessous est une chauve-souris réalisée par Shao Chengeun en 2010)


 

Je terminerai pour aujourd’hui ce tour d’horizon avec la sculpture sur brique (photo ci-dessous qui représente un poisson doré à deux têtes datant de la dynastie des Qing) qui permet de reproduire une architecture décorative avec personnages, fleurs, animaux et oiseaux. Elle ornait les temples, les murs des maisons, les halls, les avant-toits et les frontons de porte durant les dynasties Ming et Qing.

Enfin, une autre trouvaille chinoise : La porcelaine marquetée. Celle-ci, unique en son genre, provient principalement des régions de Chanzhou et de Shantou. Il faut remonter au débuts des années Wanli (dynastie Ming) pour trouver cette porcelaine qui atteindra son apogée sous la dynastie Qing. On réalise dans un premier temps une structure en fil de fer, que l’on garnit avec du papier, puis on garnit le tout à l’aide de porcelaine que l’on peint de couleurs vives. Les objets ainsi réalisés trouvent leur place sur le toit de temples, halls et grandes maison. Ci-dessous ( deuxième photo), des poules jouant avec un crustacée.


 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Musée des Arts Folkloriques du Guangdong, Temple des ancêtres de la famille Chen, rue Zhongshanqi à Canton. Métro : Chen Club Academy. Ouvert tous les jours de 8h30 à 17h30. Droit d’entrée : 10 Yuans. Tel : 020 818 14 559.

Site internet :

http://www.gzchenjiaci.com/

 


 

 











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