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Les Tours des Tambours et de la Cloche à Pékin
(Chine)
Heure locale

Mardi 22 novembre 2011

 

L'homme a toujours été désireux de connaître l'heure ou de mesurer le temps, qu'il soit chinois...ou pas! Je vous emmène aujourd'hui en un lieu qui compte, non seulement culturellement mais aussi les heures: La Tour des tambours et la Tour de la Cloche.

La cloche et le tambour étaient autrefois utilisés comme instruments de musique dans le pays. On les utilisa ensuite pour donner l'heure. Depuis la dynastie des Han (Entre 206 et 220 ans avant J.C), il y avait la cloche qui sonnait le matin et le tambour au crépuscule. On construisit progressivement des tours de cloches et de tambours dans différentes villes mais ce sont les tours pékinoises qui sont les plus imposantes et les plus hautes.


La tour des tambours ( ci-dessus) est située sur l'extrémité nord de l'axe central du vieux Pékin , au nord de la rue Dian Men. Je descends à la station de métro Guloudajie et marche une dizaine de minutes avant d'arriver dans le quartier des tours. De vieilles rues (hutongs) s'ouvrent au regard du visiteur que je suis. Me voici enfin dans le Pékin traditionnel qui faillit encore disparaître il y a deux ans sous la menace des pelleteuses. Le gouvernement voulait remplacer les habitations actuelles par de superbes complexes modernes. Mais la population a résisté et on a remisé le projet pour l'instant. La Tour des tambours se trouve ainsi au sud de la Tour de la Cloche, séparée par une place où les rickshaws attendent les clients (photo ci-dessus) pour une promenade dans le quartier. Elle fut d'abord construite pour la musique puis fut utilisée ensuite pour donner avant de devenir désormais une attraction touristique. Elle fut érigée en 1272 sous le règne de Kubilai Khan. A cette époque, elle était juste située au centre de la ville qui s'appelait alors Khanbalik (dynastie Yuan) et était connue comme la tour de l'administration ordonnée (Qizhenglou).

En 1420, l'empereur Yongle (dynastie des Ming) la fit reconstruire à l'est du site initial. En 1800, l'empereur Jiaqing entreprit sa rénovation puis en 1924, la tour des Tambours fut rebaptisée « Mingchilou » et servit alors à exposer les objets liés à l'invasion de Pékin par l'Alliance des huit nations et au mouvement du 30 mai 1925.Depuis 1980, cette tour est ouverte au public et offre de découvrir sa salle des tambours. Le bâtiment fait 47 mètres de haut et est en bois, pierre et briques sur les deux étages. Avec le clocher, elle atteint pratiquement 48 mètres. Un escalier d'accès me permet d'accéder au second étage où se trouve la salle des tambours. Je vous recommande la plus grande prudence en redescendant ce grand escalier car les marches sont hautes et la chute n'en serait que plus rude. Le premier étage, lui, accueille le comité chinois pour la promotion de l'art des minorités.


On bat le tambour plusieurs fois par jour (voir la vidéo « démonstration de tambours » dans la section Médiathèque) à l'attention des touristes (horaires dans les infos pratiques ci-dessous). La façon de battre le tambour consistait à donner 18 coups rapides puis 18 coups lents. Et cela trois fois pour arriver à un total de 108 coups (le chiffre 108 représentait une année dans la Chine ancienne). A l'intérieur de la salle d'exposition, j 'observe la réplique du tambour du veilleur (photo ci-dessous). Elle fut réalisée par la fabrique nationale d'instruments de musique de Pékin en 1987. Elle possède un diamètre d'1,40 mètre pour une hauteur de 2,20 mètres, et est recouverte d'une peau de vache en une seule pièce pour sa surface de battement. A côté se trouve un tambour similaire , ou plutôt les restes de celui-ci qui est très ancien et qui porte encore les traces des nombreux coups de couteaux donnés par l'assaillant lors de l'invasion de Pékin par l'Alliance des huit nations en 1900. Le tambour du veilleur fut utilisé lors de la cérémonie d'ouverture des 11è Jeux asiatiques ainsi que lors de la cérémonie d'ouverture du Festival des reliques culturelles de Pékin. On compte ainsi un total de 25 tambours (un tambour principal et 24 autres tambours représentant les 24 termes solaires du calendrier lunaire chinois).


La salle des tambours ne contient pas que des tambours et offre aussi une expositions d'horloges parmi lesquelles le Beilou, l'une des horloges les plus anciennes de Chine. Celle-ci mesure 2,20 de hauteur pour une largeur d'1,40 mètre. On est loin de la miniaturisation actuelle. Le système de cette horloge consistait à faire tinter une cymbale à l'aide de boules de métal. Une boule de métal venait frapper la cymbale toutes les 24 secondes. Soit 36 boules en 14,40 minutes et 3600 boules en 24 heures. Un kelou en bronze est également exposé. Puis une horloge à eau datant de la dynastie Song et équipée de quatre bassins en cuivres (surnommés du plus haut au plus bas, Tianchi,Pingshui,Wanfen et Shoushi). L'eau qui s'écoulait de bassin en bassin jusqu'à atteindre le récipient final en bas permettait de faire fonctionner une sonde qui mesurait ainsi le temps. On mesurait aussi le temps à l'aide d'encens. On trouve ainsi deux horloges à encens, ainsi que des vitrines contenant des objets ayant pour thème l'encens ou exposant une horloge automatique Ye Mu ou une horloge bougie.


Je sors sur la terrasse de la Tour des Tambours et observe le paysage , dont les toits de ces vieilles maisons qui résistent au temps et à la modernisation (photo ci-dessous). De loin, j'aperçois la Tour de la Cloche qui me fait un clin d'oeil (deuxième photo). Je quitte bientôt les lieux pour visiter la Tour de la Cloche. Celle-ci fut construite la 9ème année de règne de l'empereur Zhiyuan (dynastie des Yuan), en 1272 . Elle fut détruite une première fois par le feu, puis sera reconstruite durant la 18ème année du règne de l'empereur Yongle (dynastie des Ming). Elle sera encore détruite par l'incendie avant d'être rebâtie en deux ans à partir de la dixième année de règne de la dynastie des Qing, avec l'empereur Qianlong. La bâtisse mesure presque 48 mètres de haut et est faite de pierres et de briques. Elle est devenue site municipal protégé depuis 1957 et site national protégé depuis 1996.


Un escalier permet d'accéder à la partie supérieure de la Tour de la Cloche, là où se trouve cette fameuse cloche en bronze ancien. Elle fut hissée là pour annoncer l'heure aux habitants et on pouvait l'entendre sonner jusqu'à 5 kilomètres autour de la Tour. La performance fut triple: La réalisation de ladite cloche, la manière de la hisser jusqu'au deuxième étage et la technique de fonctionnement de l'heure. La cloche mesure 7,02 mètres (5,50 mètres seulement pour la seule cloche) de haut, pour un diamètre de 3,40 mètres et une épaisseur maximum de 24,5 centimètres. Son poids est de 63 tonnes. Elle fut l'une des premières cloches en bronze existante et fut longtemps surnommée « King of ancient Bells ».


La cloche sonnait 108 fois, c'est du moins ce qu'on m'annonce sur les panneaux d'information. On donnait d'abord 18 coups de cloche rapides puis 18 autres coups « ni lents, ni rapides ». Cette séquence était répétée deux fois. Et on étair sensé arriver à un total de 108 coups. Là encore, le chiffre 108 symbolisait une année au temps de la Chine ancienne. C'est ce qu 'affirme le « Manuscrit des sept catégories » rédigé sous la dynastie des Ming. Résumons à présent: 108 équivalait à une année, soit douze mois, ou encore 24 termes solaires, ou 72 Hou. Tiens, encore un nouveau mot? Le Hou représentait cinq jours autrefois. Six Hou valait un mois, et 72 Hou, une année. C'est à partir de cette mesure de temps qu'était calculé le chiffre 108. J'espérais entendre la fameuse cloche sonner mais on m'apprend que celle-ci ne sonne désormais qu'une fois par an, lors du Nouvel an chinois, début février. Il me faudra revenir... Dans la Chine ancienne, on divisait aussi la nuit en plusieurs parties: Une nuit valait 5 gengs ( le geng était l'unité de temps pour mesurer la nuit). Le premier geng était appelé Xu (le chien) mais était aussi connu sous le nom de Ding Geng. Il débutait à la tombée de la nuit et durait de 19h à 21h. Le second geng s'appelait Hai (le cochon). Il signifiait aux habitants qu'il était l'heure d'aller dormir et courait de 21h à 23h. Le troisième geng était appelé Zi (le rat) et représentait le milieu de la nuit. Il courait de 23h à 1h. Le quatrième geng était Chou (le boeuf) et courait de 1h à 3h. Enfin, le cinquième geng s'appelait Yin (le tigre) et courait de 3h à 5h. On le surnommait aussi Liang Geng ( qui signifie l'aube d'un jour nouveau). Les premier et dernier gengs (Ding geng et Liang geng) étaient d'abord annoncés par le battement du tambour puis par lez tintement de la cloche. Les second, troisième et quatrième gengs n'étaient marqués que par le tintement de la cloche. Le Ding Geng annonçait la fermeture des portes de la ville. Jingjie (son de cloche) signifiait que tout le monde devait rentrer chez soi.


Mais quelle est donc l'histoire de cette cloche? Je terminerai avec cette légende populaire qui remonte au moment où l'empereur ordonna la construction d'une grosse cloche afin d'annoncer l'heure dans la capitale. Il fit ainsi appel à tous les artisans du pays qui répondirent présent. Les artisans avaient beau faire, la cloche ne prenait toujours pas forme et l'empereur perdait patience, à tel point qu'il décréta un jour que ces derniers disposaient de 80 jours pour confectionner la cloche, à défaut de quoi ils seraient décapités. Le temps passait et Hua Yan , un vieux chaudronnier était de plus en plus inquiet. Sa fille Hua Xian pensait qu'il y avait une raison divine qui empêchait la cloche de prendre forme, et demanda l'autorisation à son père de se rendre sur les lieux du chantier. Le jour J, officiels et représentants des artisans se rassemblèrent tous pour assister à la fonte de la cloche tandis que le cuivre bouillait dans le creuset. Hua Yan, le père remuait plusieurs fois la tête, consterné. C'est alors que sa fille, Xian, l'interpella et lui dit de regarder le ciel. Celui-ci était couvert d'un amoncellement de nuages colorés qui s'approchait de plus en plus. Soudain, Hua Xian sauta dans la fournaise. Son père tenta de la rattraper, en vain. Il ne récupéra qu'une de ses chaussures. Malgré son désarroi, il ordonna qu'on débute le coulage de la cloche et celle-ci prit forme. Jusque dans les années 80, un temple commémorait le sacrifice de la pauvre Hua Xian, au 24 Xiaoheihu hutong à Pékin. Ce temple s'appelait Jinlu Shengmu Zhuzhong Niangniang ( Temple de la déesse du four en or de la cloche) et fut malheureusement rasé dans le cadre de la nouvelle urbanisation de la ville.

Je m'arrête quelques instants dans un petit café situé au pied de la Tour de la Cloche: Xi Yang Guozi. Avec manie de parler japonais aux Chinois, j'ai la surprise de découvrir que Nana, la jeune tenancière des lieux est japonaise, originaire de Tokyo. Nous échangeons un moment et je passe commande: Une crème au caramel ( un délice!), un cappucino et une part de cheese cake (très bon!)(photo ci-dessous). Je suis rejoint par l'enfant de la famille, un petit caniche avec qui je ferai copain copain d'autant plus qu'il adore, comme moi, les sucreries. Seul bémol: Il va soulager sa vessie sur un divan non loin de là. Conclusion: Je vous conseille fortement ce café mais attention où vous vous asseyez!


Avant de rentrer à l'hôtel, j'entreprends une promenade digestive en direction de Nanluoguxiang, un hutong. Un hutong est un lieu constitué de passages étroits et de ruelles, surtout à Pékin. C'est un mot d'origine mongol qui signifie puits car autrefois les habitants vivaient spontanément autour d'un point d'eau. A Pékin, les hutongs sont construits d'habitations emmurées possédant une cour intérieure (photo ci-dessous). Un tel ensemble d'habitations forme ce qu'on appelle un siheyuan. Au fil du temps, beaucoup de siheyuan se sont reliés les uns aux autres pour finalement donner naissance à la ville de Pékin. La rue de Nanluoguxiang mesure 768 mètres et offre de nombreuses boutiques, bars et cafés. Bordée d'arbres, elle a su préserver une architecture traditionnelle en dépit de l'urbanisation actuelle. Je regrette le passage incessant de véhicules à moteur mais la ballade est agréable. Nanluoguxiang traverse aujourd'hui seize hutongs différents mais fut elle-même autrefois un hutong typique sous la dynastie des Yuan (1271-1368). Vieille de plus de 700 ans, Nanluoguxiang fait partie du vieux Pékin et est depuis quelques années une zone protégée. La trentaine de bars et de cafés qui jalonne la rue sont moins coûteux que certains branchés de la capitale mais offre des prestations de qualité. La plupart de ces lieux sont décorés dans le style traditionnel chinois. On a aussi rénové l'endroit en faisant disparaître l'insalubrité d'autrefois et en préservant les portes anciennes, façades et les marches de pierre. L'endroit vaut le détour!


 

INFOS PRATIQUES:


  • Comment s'y rendre? Emprunter le métro et descendre à la station Guloudajie (ligne 2) puis emprunter la sortie B ( sortie sud-ouest). En sortant de la station, tournez à droite et marchez le long de la grande avenue durant une dizaine de minutes. Vous apercevrez la Toue de la Cloche qui dépasse des toits des maisons sur votre droite.

  • Tour de la cloche et Tour des Tambours, ouvertes de 9h00 à 17h00. Droit d'entrée: 15 Yuans pour visiter la seule Tour de la Cloche et 30 Yuans pour visiter les deux tours. Guide gratuit en chinois et en anglais sur simple demande.

  • Démonstration de tambours dans la Tour des Tambours à 9h30,10h30,11h30,13h30,14h30,15h30 et 16h45.

  • Tour de la Cloche: Guide gratuit en chinois et en anglais sur simple demande à 10h,11h,14h,15h et 16h.

  • Cafe Xi Yang Guozi, à côté de la Tour de la Cloche (près du café des voyageurs) , ouvert tous les jours de 10h à 22h.

  • Café des Voyageurs ( qui n'est pas un café en réalité!) où réside Benoir Braud, un jeune homme français qui pratique la langue chinoise et vous aidera dans vos excursions et circuits en Chine. Tel: (86) 130 2006 0026.

  • Boutique de thé Zhang Yan Xiong, 99 Luoguxiang, South Dongchen district à Pékin. Tel: 86 10 6407 6893. Ouverte tous les jours de 9h à 23h. Grand choix de thé et d'articles concernant le thé. Très belle boutique et accueil sympathique.
  • Ballade en rickshaw: Comptez 180 Yuans par personne pour promenade de 40 minutes

 

 

 









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