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Le Fort et le Palais du Sultan Tipu à Bangalore
(Etat du Karnataka, Inde)
Heure locale

Samedi 24 décembre 2011

 

Cette année, je ne suis pas à la fête ( mais content tout de même d'avoir un travail). Je travaille au moment de Noël et je me rends à Bangalore, cette ville du sud de l'Inde, capitale du Karnakata. Je n'ai pas oublié de régler ma montre sur l'heure locale (TU + 5,5). Bangalore fut construite autour d'un fort (photo ci-dessous) bâti en 1537. Et ce lieu fut l'un des sièges de l'administration britannique entre 1831 et 1881. C'est en effet à cette date que Bangalore fut rendue au Maharadja de Mysore.

Je tente de trouver un tuk tuk à la sortie de l'hôtel mais personne ne veut se rendre au Fort de Bangalore situé tout près du Palais du Sultan Tipu. C'est extraordinaire! Même les Indiens ne veulent plus travailler... Je me fâche presque et on finit par m'en trouver un qui accepte l'usage du taximètre, ce compteur légal permettant de calculer le prix à payer en fonction de la distance parcourue. Vingt minutes plus tard, je me retrouve une nouvelle fois plongé dans la vie indienne avec l'effervescence urbaine habituelle: Coups de klaxon incessants, usagers attendant leur autobus,marchands de fruits et de légumes sur le trottoir, et à deux pas de là, un vestige du passé: Le Fort de Bangalore. Ce fort fut érigé par Kempe Gowda, un feudataire de l'Empire vijaynagar et le fondateur de Bangalore comme un fort de boue. Il sera plus tard transformé en fort en pierre par Haider Ali en 1761. Il était un bastion du Sultan Tipu .Ce sultan sera capturé le 21 mars 1791, par l'armée de la compagnie britannique des Indes orientales, dirigée alors par Lord Cornwallis , durant la troisième guerre de Mysore (1790-92).


 

Il ne reste aujourd'hui que la Porte Delhi, donnant sur la rue Krishnarajendra (ci-dessus), située au nord, tout comme la porte Yelahanka. Une autre porte, la porte Ulsur est localisée à l'est du fort, la porte Kengeri à l'ouest, et les portes Kanakanahalli et Mysore au sud de la bâtisse.

Tout comme Madras, Bangalore avait donc son fort, autour duquel se construisit la ville fortifiée. Le présent fort est de construction ovale et ses bastions présentent des formes arrondies (photo ci-dessous). On trouve ici et là des sculptures de pierre venant orner les murs (deuxième photo). On pénètre donc par la Porte Delhi (entrée principale) pour se retrouver dans une petite cour, face à un petit temple en l'honneur de Ganesha. En prenant sur sa droite, on se dirige vers une porte d'enceinte ( il ne reste malheureusement plus que le porche) ouvrant sur une gigantesque cour intérieure (troisième photo). Celle-ci donne une meilleure idée de la superficie des lieux.

Le fort servait de protection aux habitants de la ville fortifiée (pettah) toute proche en cas de danger. Le fort possédait un périmètre d'environ 1,8 kilomètre, était fait d'une solide maçonnerie. Un large fossé l'entourait, surveillé par 26 tours réparties à intervalles réguliers. La ville fortifiée, elle, qui entourait le fort, était protégée par un autre rempart, lui-même entouré d'un fossé plus petit mais garni de cactus. Probablement pour décourager les attaquants éventuels...


A cinq minutes à pied du Fort , se trouve la Palais du Sultan Tipu, situé au cœur de la ville. Il s'agit d'un bâtiment majestueux de deux étages(bien qu'il ait perdu un peu de sa superbe avec le temps) entièrement construit en bois de teck il y a 200 ans, avec des balcons, des piliers et des arches joliment décorés. Réplique du Daria Daulat Bagh à Srirangapattana ( à 16 kilomètres au nord de Mysore), il servit de maison d'hôtes pour le Sultan Tipu durant l'été, qui l'appelait affectueusement « Jalousie du Paradis ». Le Palais est plus exactement situé près de l'arrêt de bus, à Kalasipalayam (cœur de Bangalore). Je pénètre dans l'enceinte de ce palais qui abrita les locaux de l'administration entre 1831 et 1868, année où elle fut transférée à l'Attara Kacheri. Celle-ci donne sur un jardin et est caractérisée par une façade faite de piliers de bois de teck( première photo ci-dessous), scellés dans des bases de pierre et peints de deux couleurs différentes afin d'accentuer le relief des sculptures (deuxième photo). Je me trouve devant un bâtiment à deux niveaux, au plan symétrique. Les piliers de bois supportent une structure faite de grosses poutres en bois, de style architectural indo-islamique. Les plafonds sont peints en rouge avec des motifs floraux. On accède au premier étage par quatre escaliers en bois. C'est de ce premier étage, plus précisément depuis les balcons nord et sud (troisième photo) que le Sultan Tipu menait les affaires d'état et tenait ses audiences. Au rez-de-chaussée, le public peut découvrir trois salles abordant la vie du Sultan Tipu (tableau chronologique), son rêve économique, son trône (avec un croquis) mais aussi l'histoire du palais, sans oublier le lion, symbole de Tipu et son jouet mécanique, un orgue en forme de tigre qui égorge un officier britannique (quatrième photo).


L'orgue du Tigre de Tipu est un jouet mécanique datant du XVIIIè siècle et fut créé tout spécialement pour le sultan, alors souverain du royaume de Mysore en Inde. Le boitier en bois sculpté fut réalisé en Inde mais le mécanisme interne est français. Le jouet représente un tigre en train d'égorger un soldat britannique. Une poignée permet de mettre en marche un mécanisme: les mains du soldat se lèvent dans un geste de désespoir, et on entend les gémissements du soldat et les grognements du tigre. Sur l'un des flancs du tigre, un volet amovible laisse découvrir un petit orgue à tuyaux de 18 touches. Ce jouet servait au Sultan Tipu à assouvir sa haine de l'occupant britannique. Celui qui fut Sultan de Mysore à partir de 1782, sera l'un des principaux opposants à l'installation du pouvoir britannique en Inde. Cela lui vaudra le surnom de « Tigre de Mysore ». A l'âge de 15 ans, le jeune Tipu Sahîb accompagne son père, Haidar Ali, en guerre contre les Britanniques ( La première guerre de Mysore). Cinq ans plus tard, il assiste à la seconde guerre de Mysore, guerre défavorable à l'occupant, mais qui fera prendre conscience au jeune Tipu que les Anglais représentent une menace réelle pour son pays. Lorsqu'il devient sultan à la suite du décès de son père en 1782, il passe un temps une série d'alliances avec les Britanniques. Puis se tourne vers la France en espérant que celle-ci lui viendra en aide, et prend le risque d'envahir un état voisin, le Travancore, protectorat britannique, en 1789 ( alors que la France est empêtrée dans sa révolution). La troisième guerre de Mysore est déclenchée. Celle-ci durera trois ans et occasionnera la perte de la moitié du territoire de Mysore. Et le Sultan Tipu est acculé à la signature du traité de Seringapatam , et à laisser deux de ses jeunes fils en caution au Lord Cornwallis, dans l'attente du paiement d'une rançon de trois millions de roupies. Le Sultan croit toujours au soutien de la France et fait appel aux Républicains, devenant même un membre du club des Jacobins. On lui envoie un certain François Ripaud et quelques troupes françaises.


 

Mais en 1798, Richard Wellesley est nommé Gouverneur général des Indes avec , pour objectif, d'étendre la domination britannique au pays entier. A même année, Bonaparte et son expédition en Egypte a pour but de menacer l'Inde. Richard Wellesley, prenant prétexte des contacts entre Tipu et la France, déclare la quatrième guerre de Mysore. Et l'armée occupante de marcher sur Mysore un an plus tard. Le Sultan Tipu est tué le 4 mai 1799.

Vu ces éléments, on comprend mieux la haine de Tipu envers les Britanniques. Ce sultan avait pour symbole Bubri (le tigre stylisé) (photo ci-dessous). Il en mettait partout, sur ses vêtements, ses objets personnels, les vêtements de ses soldats, les décorations de ses palais, ses drapeaux, et son trône. Le tigre jouet fut découvert dans son palais d'été après que les troupes britanniques aient pris possession de la capitale en 1799. On envoya le tigre en Angleterre, pour l'exposer à la Tour de Londres, puis celui-ci sera transféré au Victoria & Albert Museum de Londres en 1880.On pense que ce tigre jouet a pu être inspiré par la mort en 1792 de Hugh Munro , le fils du Général Hector Munro, qui se trouvait à la tête d'une division armée lors de la victoire de Sir Eyre Coote à la bataille de Poto Novo (Parangipettai). Hugh Munro, simple civil visitant les Indes, fut alors attaqué puis tué par un tigre le 22 décembre 1792, alors qu'il chassait avec des amis sur l'île de Saugor, dans la baie du Bengale.


 

Ma visite terminée, je ne fus pas au bout de ma peine. Il me fut impossible de trouver un tuk tuk pour me reconduire à l'hôtel. Certains me refusaient tout simplement, d'autres ne voulaient pas entendre parler du taximètre pour le calcul de la course et m'imposaient un tarif équivalent à deux, voire trois fois le prix normal. Je relevais donc la plaque d'immatriculation du véhicule et me rendis dans une station de police non loin de là. On me reçut très aimablement et j'expliquais ce qui m'était arrivé. On m'aida aussitôt à trouver un tuk tuk avec taximètre pour me raccompagner sur mon lieu de villégiature. J'appris un peu plus tard que je n'étais pas le seul touriste à rencontrer ce genre de problème avec ce moyen de transport. Il n'y a aucune raison pour que la loi indienne ( c'est à dire l'utilisation du taximètre pour le calcul de la course) ne s'applique pas aux touristes étrangers. Certains chauffeurs considérant que vous pouvez payer davantage que le tarif abusent de la situation. Si vous vous retrouvez dans cette situation, n'insistez pas et relevez immédiatement le numéro de la plaque d'immatriculation puis écrivez à l'ambassade de l'Inde à Paris pour déposer une plainte (voir infos pratiques). Personnellement, c'est ce que je vais faire dès mon retour.

 

INFOS PRATIQUES:


  • Fort de Bangalore, Bangalore. Entrée libre. A l'entrée, aucune information sur les jours et heures d'ouverture. Seul un panneau offre quelques informations en anglais.

  • Palais du Sultan Tipu, Bangalore. Ouvert tous les jours de 8h30 à 17h30. Tel: 2670 6836. Droit d'entrée: 5 roupies par adulte indien et 100 roupies par adulte étranger. Photos autorisées gracieusement (sauf dans les salles du musée où elles sont interdites) mais droit d'utilisation d'une caméra vidéo à payer à l'entrée (25 roupies). Petit livret disponible gratuitement (en langue anglaise) au guichet, sur simple demande.

  • Ambassade de l'Inde, 15 rue Alfred Dehodencq 75116 Paris. Tel: 01 40 50 71 71











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