Revoir le globe
Top


Gifu et son artisanat
(Préfecture de Gifu, Japon)
Heure locale

Dimanche 24 juin 2012

 

Je ne pouvais pas décemment quitter Gifu sans parler de son artisanat. Celui-ci produit des lanternes, des ombrelles, des cerf-volants et des éventails en papier. J'avais pris soin de me renseigner au préalable auprès de l'office du tourisme sur les endroits fabriquant ce genre d'articles mais ma déconvenue fut grande lorsque ce dimanche, j'ai trouvé porte close partout où je me suis présenté. Qu'on se le dise, le dimanche, à Gifu est ville morte ...ou presque et je n'ai trouvé que deux petites boutiques de ventes de souvenirs dans le vieux quartier de Kawaramachiya. Et encore, la petite boutique tenue par une vieille japonaise ne m'a pas autorisé à prendre des clichés. Les photos que vous allez donc voir dans ce reportage sont des photos de photos, ce qui est un comble!

Le Musée d'histoire de la ville de Gifu nous apprend que de nombreux produits artisanaux étaient déjà produits dans cette ville il y a 150 ans. Les plus célèbres d'entre eux sont sans aucun doute l'ombrelle en papier appelée Gifu Wagasa, les lanternes en papier Gifu Chochin et les éventails en papier Gifu Uchiwa. On utilisa d'abord du papier fait à base de bambou ainsi que le papier washi. Le papier washi de haute qualité, surnommé aussi Mino Washi , était fabriqué un peu plus haut le long de la rivière Nagara puis, transporté par bateau jusqu'à Gifu. La rivière servait aussi à transporter du bambou, du bois et autres produits forestiers. Gifu étant devenue une escale pour les bateaux, les artisans pouvaient facilement se procurer les matériaux nécessaires à la fabrication de leurs objets.


 

Les produits étaient fabriqués localement, dans chaque région, et beaucoup étaient des ustensiles de la vie quotidienne. Mais peu à peu, l'arrivée des produits occidentaux ( parapluies, lampes électriques et ventilateurs) entraina une baisse de la demande et de nombreuses unités de fabrication mirent les clefs sous la porte. Cependant, à cause de la proximité avec la ville de Nagoya, les affaires continuèrent de prospérer à Gifu car les habitants de Nagoya étaient amateurs de peintures, poésie japonaise et autres expressions artistiques. Les ombrelles, lanternes et éventails se parèrent ainsi de dessins soignés et artistiques, devenant ainsi davantage des œuvres d'art que des ustensiles de la vie quotidienne.

Prenons l'ombrelle wagasa. Il s'agit d'une ombrelle japonaise traditionnelle faite à partir du papier washi fixé sur une structure faite de lamelles de bambou. On commença à la fabriquer en 1639 lorsque le clan Toda en passa la commande pour le château de Kano situé dans la partie sud de Gifu. La production s'accroitra jusqu'en 1756 lors de la prise du château par le clan Nagai, clan qui fera de la production de ces ombrelles une garantie de ressources supplémentaires pour les guerriers de basse classe. En 1859, on comptait à peu près 508 000 wagasa produites et envoyées dans les plus grandes villes japonaises comme Edo, Kyoto et Osaka.

Il existe plusieurs types de wagasa, dont la bangasa qui est une ombrelle pour temps pluvieux, la janomegasa une ombrelle superbement décorée et plus mince et légère que la bangasa. La higasa , elle, est un parasol utilisé pour se protéger du soleil, mais on trouve aussi l'ombrelle buyogasa utilisée dans les danses traditionnelles et la nodategasa qui est une ombrelle de grande taille utilisée à l'extérieur lors d'évènements. Les artisans de Gifu étaient spécialisés dans la production des janomegasa et des buyogasa. Et on peut dire que la ville de Gifu reste le principal endroit au Japon pour la production de de genre d'aticles.


 

L'histoire des ombrelles est ancienne, comme sur cette peinture (ci-dessus) qui représente un jour de pluie à Mimeguri, par Utagawa Kuniyoshi (milieu du XIX ème). On voit des gens se précipiter vers le temple pour se mettre à l'abri. La femme de droite utilise une ombrelle bangasa et tient une janomegasa sous le bras, tandis que le couple du milieu utilise une higasa bleue. Les ombrelles de pluie sont imperméabilisées avec une huile, exceptée la higasa dont le papier se détériore au contact de l'eau.

Le washi dont on se sert au Japon pour la fabrication des ombrelles est fabriqué depuis 1300 ans. Ce papier aux longues fibres de mûrier entrelacées est connu pour sa légèreté , sa flexibilité et sa solidité. On en compte plus de 400 sortes avec à chaque fois des couleurs et des motifs différents.


 

On parle au Japon pour la première fois d'une lanterne en papier Chochin à la fin du XVIII ème siècle. Ces lanternes offrent de magnifiques peintures sur la surface du papier pur appelé tengujo. Ce papier est appliqué sur une fine armature faite de lamelles de bambou. Le secret de la lanterne Chochin est le motif peint qui ressort étonnamment lorsqu'on l'allume. Mais cet effet s'estompe dans le temps. Au début du XIX ème siècle, la lanterne de Gifu était très utilisée lors de la cérémonie Bon afin d'accueillir les âmes des ancêtres décédés. On en faisait aussi usage comme décorations estivales. La production des lanternes augmenta sérieusement à partir des années 1880 alors que le talent des artisans allait crescendo dans la création de motifs décoratifs. Ce sont ces mêmes motifs qui font de ces lanternes un objet à succès tant au Japon qu'à l'étranger et qui justifient qu'on les utilisent comme lampes d'ornement. On en compte plusieurs sortes: la lanterne Goshogata (lanterne à suspendre), la lanterne Ouchi-andon (que l'on pose à terre) et la lanterne non sphérique Henkei.


L'éventail de Gifu (Uchiwa) est un éventail traditionnel fait en papier. Cela consiste à appliquer, avec le plus grand soin pour éviter les détérioration ultérieures, du papier washi sur une armature de bambou. L'existence du premier éventail de ce type remonte au milieu du XVIII ème siècle en tant qu'objet local mais on l'appelle uchiwa depuis le milieu du XIX ème. L'éventail uchiwa est un genre d'éventail Nuri Uchiwa ( éventail laqué) dont les finitions sont réalisées à la laque japonaise (à base d'anacardier). Celle-ci est appliquée sur le papier. Cet éventail est depuis longtemps un souvenir adulé du public venu admirer la pêche aux cormorans. C'est pourquoi on trouve souvent des scènes de cette pêche sur les éventails. Pour être sûr que la couleur et le dessin ne seront pas trop sombres, les artisans utilisent un papier washi dans les teintes rouge, jaune et vert et dessinent ensuite les motifs en noir. Il existe aussi un autre type d'éventail uchiwa, appelé Mizu Uchiwa, lequel est translucide car il est recouvert de vernis et non de laque. De plus, il est réalisé à base de papier washi pur (sheer washi) appelé aussi Ganpishi. On cessa de fabriquer ce type d'éventail dans les années soixante mais celui-ci connait récemment un regain d'intérêt. Le Shibu Uchiwa , quant à lui, est recouvert d'un jus fermenté de kaki, fruit utilisé couramment en cuisine. De nos jours, plusieurs sociétés produisent encore des éventails mais seulement l'une d'entre elle fabrique l'éventail Uchiwa dans le pur respect des traditions, c'est à dire à la main pour réaliser toutes les opérations.


 

D'autres spécialités vous attendent à Gifu: Le kaki Fuyu par exemple est une sorte de kaki de haute qualité au goût sucré et à la couleur uniforme orange. La fraise Saba fait aussi partie des fruits que l'on trouve dans cette ville. La culture de cette fraise débuta à la fin de l'ère Taisho. C'est une grosse fraise goûteuse et colorée. Enfin, le soja d'Edamame est largement produit à Gifu, grâce à la présence de la rivière Nagara. C'est même la plus grosse production du pays.

Le ayu est ce poisson pêché dans la rivière Nagara par les cormorans, aussi surnommé sweetfish. On le trouve dans les rivières, les lacs et les zones côtières de l'ouest d'Hokkaido jusqu'à la péninsule coréenne, la Chine et Hong Kong. La chair du ayu est tendre , aux arômes de melon et de concombre( d'où le nom de sweetfish) et la préfecture de Gunma en a fait son emblème. Omnivore, il se nourrit de crustacés,de vers, d'éponges , d'insectes mais aussi d'algues. On le consomme rôti au feu de charbon de bois ou séché,mais aussi en friandise ( on trouve le ayu reproduit en biscuit fourré dans de nombreuses boutiques de souvenirs). Bon appétit!

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Musée d'histoire de Gifu, 2-18-1 Omiya-cho, Gifu. Tel: 058 265 0010. Site internet: http://www.gifucvb.or.jp/en/05_souvenirs/05_01.html

  • Plusieurs boutiques m'ont été conseillées par l'office de tourisme mais je n'en possède que les noms et elles sont toutes fermées le dimanche. Le mieux est de vous y faire conduire en taxi: Sakaida Eikichi Honten, tel 058 271 6958 (ombrelles), Hirano Shouten, tel:058 271 0468 (ombrelles), Ooe Chouchin, tel:058 263 7851 (lanternes), Ozeki Chouchin, tel:058 263 0111 (lanternes), Andou Shouten, tel:058 262 8250 (lanternes), Oharaya, tel:058 263 9894 (cerf-volants en forme de carpes)(photo ci-dessus) et Sumii Tomijirou Shouten, tel:058 264 4318 (éventails).













 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile