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Artisanat et Gastronomie de Kagoshima
(Préfecture de Kagoshima, Kyushu, Japon)
Heure locale

Dimanche 1er juillet 2012

 

A Kagoshima comme ailleurs, on se régale avec des produits locaux et on trouve aussi de nombreux produits artisanaux. La région de Satsuma est réputée pour son artisanat depuis 400 ans. La porcelaine blanche de Satsuma agrémentée de fleurs délicatement peintes à la main et reconnaissables par les fines craquelures en surface sur la peinture ivoire est célèbre. Cette porcelaine était autrefois exclusivement utilisée par la famille Shimazu. La porcelaine noire, elle, a longtemps été utilisée par les habitants de cette province. Les petites tasses en terre servaient à boire le shoku (saké) tandis que bols, assiettes et vases faisaient le bonheur des ménagères.

Lors de son expédition en Corée en compagnie de Toyotomi Hideyoshi durant l'ère Keicho, Yoshihiro Shimazu ramena avec lui des potiers coréens dont il avait remarqué les talents. Nous sommes alors en 1598 et ce sont ces potiers qui réaliseront entre autre, les porcelaines noire et blanche. L'art de la céramique s'installa alors à Kagoshima.


Les arts de la table offrent également des laques (ci-dessous) arrivées récemment à Kagoshima depuis la préfecture de Kagoshima Ryukyu. Ce n'est en effet qu'à la fin de la seconde guerre mondiale que des artisans d'Okinawa (partie du Royaume de Ryukyu) rejoignirent l'île de Kyushu avec ce savoir-faire dans leurs bagages. Ces laques sont caractérisées par leur couleur rouge vif et utilisées pour faire des plateaux, des assiettes, et autres objets pour le thé ou encore des vases.


 

Il existe aussi à Kagoshima de la vaisselle en étain (ci-dessous). Durant la période Edo, en 1655, on découvrit de l'étain dans une mine située dans des montagnes non loin de la ville. Et un artisanat se développa autour de ce minerai. On offre aujourd'hui souvent en cadeau ces objets brillants en étain (petits bols, verres à saké ou vases à fleurs...).


 

Satsuma Kiriko(ci-dessous) est une entreprise qui apparut sous le règne de Nariakira Shimazu, 27 ème Lord de Satsuma, en 1846. Celui-ci invita Kamejiro Yotsumoto qui vivait alors à Edo (l'actuelle Tokyo), à venir à Satsuma . Cet artisan, connu comme talentueux dans l'art de la verrerie, apporta avec lui sa technique de ciselure de ce matériau. Notre lord développa cette activité en multipliant la réalisation d'objets toujours plus nombreux ainsi que leur commercialisation. Plusieurs tentatives furent nécessaires mais Kamejiro parvint à colorer le verre. Le lord fut émerveillé par cette technique consistant à produire en premier lieu un verre non teinté puis à y rajouter un verre coloré (rouge ou bleu par exemple) que l'on cisèle ensuite. Les tentatives d'exportation de la verrerie de Satsuma Kiriko en Europe restèrent sans suite car Nariakira Shimazu disparaitra entre temps. Durant une période, la production tomba en désuétude (l'unité de fabrication avait été détruite lors de la guerre contre les Anglais en 1863) avant de rebondir à partir de 1985. Cette entreprise et son savoir-faire représentent désormais un produit représentatif de l'artisanat de Kagoshima. Une boutique est disponible à côté de l'atelier de fabrication (que l'on peut visiter) situé près du jardin japonais Senga-en.


 

Les objets en bois ne sont pas en reste dans la région puisqu'on trouve, entre autre, des peignes qui existaient déjà durant la période Edo (1603-1868). On prétend que les dents de ces peignes sont incassables et qu'elles ne produisent pas d'électricité statique au passage du cheveu.

Les objets en bois de Yaku sont aussi réputés. L'île de Yakushima fut désignée comme bien culturel d'importance en 1993. Ses pics de plus de mille mètres qui surplombent l'océan, abritent une riche variété de plantes. C'est là que le cèdre du Japon a trouvé sa place et l'on trouve des arbres âgés de plus de mille ans appelés Yakusugi. Ces arbres possèdent une apparence, une odeur et une couleur qui leur sont propres. Leur bois précieux sert à confectionner des objets variés (ci-dessous) mais rassurez-vous, ces grands arbres sont une espèce protégée et seuls les arbres tombés naturellement au sol sont utilisés pour produire ces objets.


 

Le bambou est aussi mis à contribution pour la fabrication d'objets (ci-dessous)appelés aussi Take. Ce bois est lié à la vie quotidienne des habitants de Kagoshima. Ses qualités (dont son élasticité) lui permettent de rentrer dans la fabrication de plateaux, paniers, baguettes, ou éventails. Le fait que la préfecture de Kagoshima soit la préfecture qui possède le plus de forêts de bambous explique aussi cet engouement. Ainsi le bambou Moso( jadis importé de Chine) s'est-il particulièrement bien adapté au Japon. On utilise même le charbon de bois du bambou pour dissiper les mauvaises odeurs et les moisissures tandis que l'extrait de bambou est bénéfique pour amender les sols.


 

Et les enfants de Kagoshima? Eux aussi ont leurs jouets traditionnels comme ces poupées (ci-dessous). On prit l'habitude de créer des objets en papier ( y compris des poupées) durant la période Edo. Avant la guerre, il était courant d'envoyer ces poupées aux familles lors de la naissance de leur première fille. Et lors du festival des poupées, les familles les sortaient avec fierté. Le corps de la poupée consistait en une structure de bambou. La poupée n'a pas de visage mais seulement des cheveux. Et un kimono aussi, fait de papier japonais orné de dessins représentant des couples célèbres comme Shizukagozen et Tadanobu, ou bien Urashimataro et et Otohime. On peut utiliser ces poupées plates comme marque-pages.

Les jouets traditionnels de Kagoshima sont simples et chaleureux (deuxième photo ci-dessous). Chacun d'entre eux délivre un message à l'enfant comme « Tu dois grandir et devenir fort », ou encore »Il se pourrait que tu deviennes un beau marin ». Ces jouets sont fabriqués avec soin et à la main, en utilisant du papier japonais, de l'argile et du bois. On les offre aux filles et aux garçons lors des festivals mais ils servent aussi de souvenirs.


 

Terminons ce tour d'horizon ( non exhaustif) de l'artisanat de Kagoshima avec la soie d'Oshima (ci-dessous). Plus de trente étapes sont nécessaires avant d'obtenir cette soie venue des îles Amami Oshima (au sud de la préfecture de Kagoshima) il y a 1300 ans. Son élasticité,sa légèreté mais aussi la singularité des ses motifs sont ses principales qualités. De plus, la soie d'Oshima ne se froisse pas, ce qui permet de nos jours son utilisation pour la confection de vêtements occidentaux et d'accessoires d'intérieur alors qu'autrefois, on l'utilisait surtout pour la réalisation de robes japonaises.


 

Abordons maintenant la gastronomie. Gastronomie est un bien grand mot, parlons plutôt de quelques unes des spécialités locales rencontrées lors de mon séjour. Kagoshima prétend offrir les plus gros radis du monde, les plus petites oranges mandarines et les plus gros melons Nigauri. A cela s'ajoute le cochon noir de Kurobuta, le boeuf noir de Kuroushi (ci-dessous), le poulet de Satsuma Jidori... Le boeuf noir Kuroushi est nourri avec soin et est dégusté pour la finesse de sa texture et son goût. On élève ce boeuf noir de longue date à Kagoshima. Le premier élevage connu dans cette région remonte à l'époque Meiji. On entreprit de mélanger le meilleur des élevages d'Hajima, de Kaseda, et de Tanegashima afin d'obtenir ce qu'on appelle le bétail noir. Suprême récompense! En avril 1992, le boeuf noir de Kagoshima obtint le label de produit authentique de la préfecture et deux ans plus tard, des travaux de recherche furent lancés pour parfaire encore la qualité de cette viande. J'ai beaucoup aimé cette glace à la patate douce dégustée au jardin Sengan-en. J'en avais déjà mangé une à Kamagoe et je trouve cela très rafraichissant. L'usage de la patate douce ne se limite pas aux glaces. Cette plante, qui pousse en abondance dans la région de Satsuma, permet en effet la réalisation d'autres délices (deuxième photo ci-dessous). La patate douce est originaire d'Amérique centrale et arriva à Kagoshima grâce à Hisamoto Tanegashima, lord de l'île de Tanegashima, et à Riemon Meda, un marin de Yamakawa, qui la rapportèrent avec eux depuis les îles Ryukyu aux environs de 1700. L'arrivée de ce légume modifia le régime alimentaire de la population locale: La patate douce possède un tiers seulement des calories contenues dans le riz et dans le blé, mais aussi des fibres, du potassium et de la vitamine C. La récolte commence en mai dans la région mais le légume est disponible tout au long de l'année, et sous toutes ses formes (pudding, glace, gâteau à la patate douce, bonbon...)


 

Un autre dessert mérite le détour. Il s'agit de Shirokuma, un dessert fait de glace pilée et de fruits (photo ci-dessous). Autrefois, en plein été, les natifs de Kagoshima vivant dans d'autres préfectures du Japon faisaient rire lorsqu'ils affirmaient qu'ils mangeraient bien un ours polaire. Cette expression surprenait et provoquait l'hilarité. De nos jours, le dessert Shirokuma est fait d'un mélange de glace pilée, de lait et de fruits est inscrit à la carte des restaurants et vaut bien un ours polaire!


 

Il serait exagéré de dire qu'on ne boit que de l'eau à Kagoshima. De retour au pays, en 1559, deux charpentiers qui œuvraient à la construction du sanctuaire Koriyama Hachiman, dans la ville d'Isa, inscrivirent un graffiti: » Notre patron est si mauvais qu'il ne nous a jamais offert, ne serait-ce qu'une fois, un shochu à boire ». Cela montre la longévité de ce shochu (alcool) à Kagoshima. Ici, le shochu signifie saké et vice-versa. Cet alcool est produit à base de patate douce (encore elle!), de sucre roux et parfois d'orge. Saine, cette boisson est populaire auprès des hommes et des femmes. Chaque fabricant de shochu a son propre savoir-faire et ses propres ingrédients. Certains n'utilisent que des patates douces bio tandis que d'autres laissent leur shochu vieillir en fûts durant de longues années. On boit le shochu tel quel, ou avec un glaçon, ou encore dilué dans de l'eau chaude ou froide ou même dans du thé oolong. A Kagoshima, on trouve la Satsuma Shochu, fabriqué à base de patates douces de qualité et d'eau, et le shochu Amami au sucre roux, marque déposée, dont la production est limitée à l'archipel d'Amami. Ce shochu a un goût sucré.


 

Je vous mentirai en vous disant que j'ai fait le tour de toutes les spécialités. Il y en a tellement qu'une visite s'impose. Ce tour d'horizon n'était qu'une mise en bouche. Bon appétit!

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Kagoshima Brand Shop, 9-1 Meizan-cho, Kagoshima Prefecture industrial Hall à Kagoshima. Tel: 099225 6120. Boutique ouverte tous les jours de 9h00 à 18h00. Cartes bancaires acceptées. Accueil très sympathique.

  • Kagoshima Pottery Coopeative, 5679 Hioki, Hioki-cho. Tel: 099 292 5156. site internet: http://www5.synapse.ne.jp/satsumayaki/

  • Asada Suzuki (vaisselle en étain) , 6-9 Tenokuchi-cho, à Kagoshima. Tel: 099 222 2752. On trouve aussi l'entreprise Otsujiasahido Co.Lt, 2-17-17 Nishida à Kagoshima. Tel: 099 259 3501. Site internet: http://www.ootsujiasahidou.com

  • Verrerie Satsuma Kiriko à Kagoshima. Tel: 099 247 8490.

    Site internet: http://www.satsumakiriko.co.jp

  • Kagoshima Prefecture Yakusugi Cooperative, 3-35 Tokai-cho à Kagoshima. Tel: 099 268 1722.

     

    Yaku Cedar Woodcraft Cooperative, 13-32 Tokai-cho à Kagoshima. Tel: 099 269 5202

  • Kagoshima Bamboo Society, 1-6-16 Takashi à Kagoshima. Tel: 099 257 6652.

  • Poupées en papier: Ozawa Ningyo, 3-67-12 Murasakibaru à Kagoshima. Tel: 099 254 5731.

  • Soie d'Oshima: Genuine Oshima Tsumugi Textile Cooperative, 18-6 Shin'ei-cho à Kagoshima. Tel: 099 254 1185. Site internet: http://www.oshimatsumugi.com/

  • Kagoshima Prefecture Distillers Association, 8-15 Kinko-cho à Kagoshima. Tel: 099 222 1455.

  • Sweet Potato Industry Development Cooperative, 6-28 Higashisengoku-cho à Kagoshima. Tel: 099 239 4865









 



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