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La Fête Hozuki Ichi au Temple Senso-ji
(Tokyo, Kanto, Japon) |
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Mardi 10 juillet 2012
Avant de regagner demain la France, je me suis rendu à la Fête des Lanternes chinoises qui se tient actuellement au temple Senso-ji d'Asakusa à Tokyo. C'est aussi l'occasion de célébrer les 46 000 bénédictions lors de la fête Yonman- rokusennichi. Chaque temple bouddhiste a sa propre célébration de l'évènement. Ainsi, depuis les temps anciens, la fête de Kannon a lieu le 18 juillet tandis que le festival du Jizo, lui, se tient le 24. Le jour des 46000 bénédictions consiste en des jours d'actes de mérite, dont le nombre est fixé depuis la fin de l'ère Muromachi. On prétend qu'exécuter un acte de mérite durant ces jours de fête équivaut à les exécuter durant cent jours, voire mille jours. Cette célébration a tendance à se banaliser avec le temps mais est toujours suivie avec assiduité et le 10 juillet reste le jour durant lequel on assiste au plus grand nombre de bénédictions. Faire preuve d'adoration ce jour-là ( journée de tradition populaire depuis l'ère Edo) revient à accomplir des actes de mérite pendant 46000 jours.
Mais en quoi consiste cette tradition et pourquoi le chiffre de 46000? Ce chiffre est utilisé tout simplement parce qu'il représente un grand nombre. Il est semblable au chiffre des soi-disant 84000 portes conduisant au bouddhisme ou encore aux 3000 rimes aussi longues que votre taille (ce qui représente beaucoup en poésie) qui rendront vos cheveux gris dus aux soucis et à la tristesse que vous aurez connus. Le chiffre 46000 est aussi l'occasion de souligner la providence de Bouddha. Les 46000 grains de riz qui représentent 1,8 litre (sho) garantissent aux Japonais l'abondance de cette nourriture durant toute leur vie, donc la santé et la longévité. La légende dit que, lors de la défaite de Minamoto Yoritomo à la bataille de Ishibashiyama, celui-ci se réfugia dans l'enceinte du temple senso-ji avec ses...46000 hommes un 10 juillet.
Une autre légende populaire, datant de l'époque Edo, prétend que la couleur rouge des haricots azuki avait le pouvoir d'écarter la foudre. Cela explique pourquoi on vend du maïs rouge à l'intérieur du temple les 9 et 10 juillet. Lorsque le maïs était indisponible( par exemple suite à une récolte médiocre, ce qui arriva au début de l'ère Meiji), le temple Senso-ji se mit à offrir, sur demande des visiteurs, des amulettes de forme triangulaire (ci-dessous) montées sur un bâton en bambou. Celles-ci ont aussi le pouvoir de conjurer la foudre. Ces amulettes remplacèrent progressivement le mais rouge qui disparut vers 1934.
Hozuki-ichi représente durant ces deux mêmes jours ( 9 et 10 juillet) la foire aux plantes des lanternes chinoises. A cette occasion, 10450 étals vendent des plantes en forme de lanternes (appelées hozuki)(ci-dessous) tandis que 350 autres marchands animent la nuit de leurs cris en proposant d'autres marchandises aux passants, dans l'enceinte du temple Senso-ji. Une certaine cerise, la cerise de terre, est particulièrement populaire pour ces lanternes chinoises. Celle-ci est cultivée au printemps, à Shikabone-cho (Edogawa) pour célébrer ces deux journées de fête au temple d'Asakusa. Mais il arrive que la météo défavorable ne permette qu'une simple récolte et que le prix de ce fruit atteigne des sommets. Le Hozuki-ichi, est, dit-on, apparu il y a 200 ans durant l'époque Meiwa (1764-1771). D'après le récit de Kumo no Itomaki (Santokyoden), un employé d'une caserne de samourais tomba sur un plant de ces cerises alors qu'il nettoyait le jardin et se souvint alors qu'Atago Gongen lui était apparu en rêve la nuit précédente (Atago Gongen est un kami (dieu) japonais sensé protéger contre le feu, et disposant de 900 sanctuaires dans tout le pays), décrétant que si un adulte mangeait une cerise verte le 24 juin (journée d'accomplissement d'actes de mérite) dans un sanctuaire atago , celui-ci se libérerait de tous ses problèmes et ses enfants seraient guéris de la maladie. Nombreux furent ceux qui essayèrent cette recette, et , la trouvant efficace, firent passer cette cerise pour un remède miracle. De là vient l'hozuki-ichi, fête du temple Senso-ji. Depuis, les Japonais achètent leurs plants de hozuki agrémenté d'une clochette ( vidéo 1)
Quant à l'histoire du temple Senso-ji, la voici: Un certain matin du 18 mars 628, deux pêcheurs, Hinokuma Hamanari et son frère Takenari étaient en train de pêcher dans la rivière Sumida. Oudain, leur filet attrapa quelque chose. Ils le remontèrent et découvrirent une statue. Lorsque le chef du village d'Asakusa, Haji no Nakatomo apprit la nouvelle, il se rendit compte que cette statue représentait Bodhisattva Kannon, divinité bouddhiste. Et consacra le reste de sa vie, en tant que prêtre bouddhiste, à vénérer cette divinité, puis transforma sa maison en temple. C'est ainsi qu'Asakusa, au départ simple village de pêcheurs le long de l'estuaire de la baie de Tokyo, devint un lieu peu à peu visité par des pèlerins. Il faudra cependant attendre la venue d'Ennin, le plus grand prêtre du temple de l'école Tendai du bouddhisme, au milieu du IX ème siècle, pour qu'une statue (identique à celle qui avait été trouvée dans la rivière et qu'on avait protégé du regard des hommes) soit érigée pour que le peuple afflue aussitôt afin de la vénérer depuis. Durant la période Kamakura, les shoguns, hommes forts du pays, vouèrent une grande dévotion à Senso-ji. Puis d'autres figures importantes, militaires et hommes lettrés, suivirent leur exemple. On consacra beaucoup de soin au temple et Tokugawa Ieyasu accrut encore le rôle du temple en en faisant un lieu de prières du shogunat. Senso-ji demeure aujourd'hui le plus ancien temple de Tokyo. Il reste toujours dans l'esprit des gens le lieu de vénération de Bodhisattva Kannon ( qui soulage les souffrances) et accueille, à ce titre, quelques trente millions de visiteurs chaque année.
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