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L'Institut National du Mouvement Paysan
(Guangzhou, Chine)
Heure locale


Mardi 23 octobre 2012

 

Un an après une première visite, me voici de retour à Guangzhou (Canton) en Chine , où se trouve l'Institut national du Mouvement paysan. Cet institut, qui fut promu par le camarade Mao Zedong représente pour le peuple chinois un monument révolutionnaire d'importance. L'endroit abritait autrefois l'académie Panyu, un temple confucéen de l'époque Ming qui fut construit en 1370, durant la troisième année de règne de l'Empereur Hongwu. On remarque immédiatement les murs de couleur rouge et les tuiles vernies jaunes du toit. Pour se situer, mieux vaut savoir que l'ensemble est formé ( du sud au nord) de la Porte Lingxing ( que l'on franchit dès l'entrée dand l'Institut, là où se trouve la billetterie), du pont Panchi ( qui franchit une mare abritant de jolies fleurs de lotus). Une fois franchi ce pont, je tourne à droite et me retrouve devant le Hall Minglun (ci-dessous en photo). Je pénètre dans le hall mais découvre, à mon grand étonnement, des panneaux rédigés uniquement en chinois. Au milieu du hall s'élève un sanctuaire (deuxième photo) , au côté duquel un gardien patiente assis derrière une petite table.


 

Je rebrousse chemin pour poursuivre droit devant moi, en partant du fameux pont Panchi. Je laisse sur ma droite un équipement sportif (photo ci-dessous) qui servait autrefois à l'entrainement des 800 cadets qui peuplaient l'école. Puis franchis bientôt la Porte Dacheng. Celle-ci abritait les bureaux des affaires académiques et générales ainsi que le bureau de l'officier de permanence (deuxième photo). L'institut du mouvement paysan offrit six cours d'enseignement à court terme de juillet 1924 à septembre 1926, c'est à dire au moment de la première coopération entre le Kuomintang et le Parti communiste chinois. Pour ceux qui auraient oublié leurs cours d'histoire, je rappellerai que le Kuomintang (parti nationaliste chinois) est le plus ancien parti politique chinois. Dès son origine, il se retrouva au cœur d'affrontements entre capitalistes et communistes. Créé par Sun Yat-Sen le 25 août 1912 ( après la révolution de 1911 qui renversa la dynastie des Qing après 268 années de règne), il dominera le gouvernement central de la Chine à partir de 1928, et ce, jusqu'à la prise de pouvoir par les Communistes en 1949. En 1918, le KMT (Kuomintang) dirige un gouvernement rival autoproclamé à partir de Canton, dont Sun Yat-Sen deviendra le Président trois ans plus tard. Après maintes péripéties, le Kuomintang s'empare enfin du pouvoir en 1928, au terme de l'Expédition du nord (campagne militaire menée par le KMT entre 1926 et 1928 afin de soumettre les différents seigneurs de guerre et d'unifier la Chine sous une seule bannière nationaliste) et instaure un régime de parti unique en Chine. Mais les Communistes arrivant au pouvoir en 1949, l'aventure du Kuomintang tournera court et celui-ci se repliera alors sur l'île de Taïwan où il existe toujours de nos jours.


 

Cette première collaboration entre le Kuomintang et le Parti communiste de Chine permit le développement d'un enseignement formé de trois disciplines: Les théories révolutionnaires, l'entrainement militaire et le activités sociales. Les cinq premières classes furent financées par Peng Pai ( qui en fut le cinquième directeur) puis par Luo Qiyuan, Ruan Xiaoxian et Tan Zhitang. La sixième classe fut transférée dans l'ancien temple confucéen et fut menée par Mao Zetong en personne ( qui en fut le directeur entre mai et septembre 1926). Vingt autre membres ( dont Xiao Chu nu , Zhou Enlaï et Peng Paï) l'assistaient dans cette fonction. Celui qui était un fils de paysans aisés deviendra à la fois homme politique et chef militaire chinois. Un des membres historiques du Parti communiste, il parviendra peu à peu à s'en faire reconnaître comme le dirigeant suprême, notamment lors de la longue marche ( marche destinée à échapper aux troupes de l'armée nationale révolutionnaire du Kuomintang alors dirigée par Tchang Kaï Chek, entre 1934 et 1935). Durant la révolution de 1911, Mao s'engage dans le mouvement local de Changsha de sa province natale du Hunan puis reste dans l'armée jusqu'au printemps 1912, avant de reprendre ses études à l'école normale de Changsha, en 1913 (dont il obtiendra le diplôme cinq ans plus tard). Mao entreprend ensuite un voyage avec son professeur, Yang Changji, jusqu'à Pékin où il assiste au mouvement du 4 mai 1919 (mouvement nationaliste dirigé contre les prétentions de l'Empire du Japon). Ce même professeur qui permettra à Mao d'intégrer l'université de Pékin: Étudiant à temps partiel, puis aide-bibliothécaire, il suivra également des cours et des séminaires d'intellectuels célèbres, tout en conservant un goût certain pour la poésie et la calligraphie. Le fait qu'il ne pratiquait à la base que le dialecte du Hunan ( et pas la langue chinoise) et qu'il ne disposait donc que de faibles capacités linguistiques ne l'encouragea jamais à partir en France pour poursuivre des études (contrairement à d'autres comme Zhou Enlaï). De même, le futur dirigeant considérait que les problèmes chinois ne pouvaient être résolus qu'en Chine et ne se rendra qu'une seule fois en Union soviétique. Il s'intéressa aussi très tôt aux difficultés de la paysannerie et la commande d'articles pour des revues s'adressant au monde paysan qui lui sera adressée par le Kuomintang sera le véritable déclencheur de son intérêt pour la paysannerie. En 1920, il adhèrera définitivement au marxisme , avant d'assister un an plus tard à la première session du premier congrès du Parti communiste chinois à Shanghaï. Son retour dans la province du Hunan, début 1927, donnera lieu à un rapport sur le mouvement paysan et sera le point de départ de ses théories révolutionnaires ( l'un des thèmes d'enseignement de l'institut du mouvement paysan de Canton).

Au début, ce furent 327 élèves provenant de vingt provinces chinoises différentes qui suivirent les cours de l'institut. Au programme, théories et méthodes du mouvement paysan assorties d'une éducation militaire et d'activités sociales. Les jeunes diplômés étaient ensuite envoyés dans tout le pays afin de répandre la lutte anti-impérialiste et anti-féodale auprès de la paysannerie. Le bureau des affaires académiques gérait l'administration de l'école (Lu Chen en était le directeur et Xiao Chu nu en était l'instructeur à temps plein) tandis que le bureau des affaires générales s'occupait du quotidien et du bien être des « cadets ». Une bibliothèque (ci-dessous) permettait aux élèves de lire livres et revues durant leur temps libre. Celle-ci était située dans une ancienne salle d'habillement du temple confucéen. Enfin, le bureau de Mao Zetong (deuxième photo) permettait au leader de s'entretenir avec professeurs et élèves. Une fois franchie la Porte Dacheng, je trouve face à moi un bâtiment qui servait de salle de conférences (troisième photo) appelé aussi Hall Dacheng. De chaque côté, des couloirs (quatrième photo) accueillent expositions et anciennes pièces de vie des cadets.


 

Une exposition faites de panneaux et de vitrines permet de mieux connaître le mouvement paysan. Des informations y sont données en chinois et en anglais et sont présentées en deux parties: Dans la première partie, on y présente les problèmes de la paysannerie, à la base de la révolution nationale, puis l'organisation de l'école, et l'apprentissage suivi par les élèves (reprenant les trois disciplines, les théories révolutionnaires, l'entrainement militaire et les activités sociales). On y voit une représentation de Mao Zetong qui enseigne aux cadets (ci-dessous) et on apprend que le Docteur Sun Yat-sen, lui aussi, dispensa des cours. La fréquentation de l'institut rassembla jusqu'à 800 cadets vivant dans la plus stricte simplicité si on en croit les sandales qu'ils portaient (deuxième photo). Dans le Hall Dacheng, 21 instructeurs dispensaient 25 cours différents avec pour chacun sa spécialité. Mao Zetong y donna des cours sur les objectifs de la paysannerie chinoise, l'éducation rurale et la géographie. Zhou Enlaï y enseigna les mouvements militaires et paysans et Peng Paï s'exprima sur les circonstances des mouvements paysans dans la province de Haifeng et de la vallée de Dongjiang. Xiao Chu nu, lui, y aborda l'impérialisme.

La deuxième partie de l'exposition, qui se situe dans l'autre couloir, aborde le rôle du mouvement paysan dans la propagande communiste: Les débuts du mouvement paysan et son ascension, son organisation et son développement, les luttes armées dans différents parties de la Chine. Dans un autre couloir, situé tout près du Hall Chongsheng (derrière le Hall Dacheng), j'aperçois le dortoir des cadets consistant en des lits alignés et un dépôt d'armes (troisième photo). Couchages et fusils étaient fournis par l'institut. Le mouvement paysan fermera en 1927, après le soulèvement du Guangdong qui sera réprimé dans le sang par le Général Chang Kaï shek: En 1923, le Kuomintang et le Parti communiste formaient en effet un front uni mais, en 1926, les communistes sont exclus du Kuomintang. Chang KaÏ shek conduit son armée à Nankin où il tente d'établir une capitale nationaliste et trahit les ouvriers communistes de Shanghaï, massacrés par la pègre. Les communiste entreront alors dans une période de clandestinité et Mao Zedong se repliera à la campagne.


 

Le musée, dans le Hall Minglun, et dont le nom fut écrit de la main même de Zhou En Laï fut inauguré en 1953. Il présente expositions sur le monde paysan mais aussi sur Confucius et le confucianisme, le système d'examen impérial (ci-dessous) et les temples confucéens dans le Guangdong. Malheureusement, les informations n'y sont rédigées qu'en langue chinoise, ce qui n'en facilite pas l'accès. En cas de besoin, vous trouverez un personnel aimable et prêt à vous aider. Certaines personnes pratiquent un anglais de base. Ce musée devint relique culturelle en 1961 puis modèle national pour l'éducation patriote en juillet 2001 et lieu incontournable du tourisme chinois en février 2005. Je me fais tirer le portrait sur le Pont Panchi (deuxième photo) par une charmante employé avant de quitter les lieux.

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Institut national du mouvement paysan , 42 Zhongshan Lu à Guangzhou. Tel: (020) 833 339 36. Ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 9h00 à 16h30. Entrée libre pour les visiteurs étrangers. Photos autorisées. Accès en métro: Station Peasant Movement Institute.








 



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