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Obuse
(Préfecture de Nagano, Japon)
Heure locale


 

Dimanche 27 janvier 2013

J'ai cette chance qui consiste actuellement à bien dormir, même au Japon, et même avec le décalage horaire. J'ai fait de Nagano ma ville de base pour encore quelques jours et il m'est très facile de rayonner dans la région, puisque je me trouve à cinq minutes de la gare. Ce matin, j'ouvre les rideaux de ma chambre et découvre que la neige s'est arrêtée de tomber. Un joli tapis blanc illuminé par un soleil radieux m'encourage à m'habiller et à partir rapidement pour ma visite du jour: Obuse, une petite ville située à quelques dizaines de kilomètres de Nagano. Le ciel bleu promet une belle journée et je saute dans le Limited Express de 9h07 qui me conduit à Obuse en une trentaine de minutes. Obuse se trouve à la jonction des deux rivières Chikuma et Matsukawa , est la plus petite ville de la préfecture de Nagano mais ne manque pas de charme pour autant. Elle tient en effet dans un mouchoir de poche ( soit deux km²) et facilite ainsi la visite aux touristes de passage. De plus, le lieu regorge de nombreuses attractions (musées, temples, parcs...) et de rues anciennes (comme ci-dessous) comme Kuri no Komichi.


 

A mon arrivée en gare d'Obuse, je cherche instinctivement ( et je ne suis pas le seul!) le passage souterrain ou l'escalator qui me conduira vers la sortie. Deux femmes japonaises font de même et nous éclatons de rire lorsque nous nous apercevons qu'il s'agit simplement de traverser la voie pour nous retrouver dans un minuscule hall de gare. Sur la gauche en sortant, j'aperçois un café où quelques personnes âgées sont attablées. Ce café jouxte un office de tourisme qui me permettra d'organiser ma visite. Je commande un café et deux parts de cake dont je soupçonne qu'elles seront délicieuses. Et je ne me suis pas trompé....les deux gâteaux contiennent des morceaux de châtaigne, l'une des spécialités locales de la ville. J'explique à l'assistance que je suis français et que je souhaite visiter Obuse afin d'y faire un reportage photos. Un monsieur propose spontanément de m'accompagner. Il s'appelle Daiju et tient un magasin d'articles de sports non loin de là ( son magasin est tout jaune et donc reconnaissable dans une rue principale près de la gare). J'accepte son offre et nous allons ensemble arpenté les rues de la petite ville pendant quelques heures. Daisu connait bien sa ville et me montre tour à tour des maisons de caractère, accueillant une pâtisserie ou un magasin de saké. L'occasion pour moi de faire une halte dans une pâtisserie locale (voir infos pratiques) appelée Sakurai Kanseido où je dévorerai des yeux plusieurs spécialités gourmandes à base de châtaigne comme le kuri yoka (ci-dessous) ou encore le kuri kanoko. Dans le même immeuble, une dame tient une boutique où l'on vend des furoshiki (carrés de tissu servant à emballer des cadeaux en nouant savamment les quatre coins, ou même de sac à main comme sur la deuxième photo ci-dessous).


 

Nous empruntons, Daiju et moi, la rue Kannon et passons devant le temple Sakurazuka, enfoui sous la neige. Nous sommes déjà passés préalablement au sanctuaire Kotaï et je suis surpris par le nombre élevé de lieux de recueillement. Nous en visiterons quelques-uns, plus célèbres et plus imposants. Pour l'heure, nous arrivons au musée d'Obuse où Daiju va me présenter quatre chars qui défilent en ville les jours de la fête d'Obuse (ci-dessous, le char de la ville d'Ise, vous savez, ce nom de ville qu'on trouve fréquemment dans les mots-croisés!) mais en affectionne un tout particulièrement car c'est celui de sa ville natale, Ise. Le musée d'Obuse propose plusieurs activités: Outre cette galerie rassemblant des chars ( entrée gratuite), le lieu propose au visiteur de découvrir la galerie Nakajima Chinami (art contemporain) et des salles d'exposition offrant des expositions différentes à intervalles réguliers, notamment de céramiques, de poupées et de calligraphie. Jusqu'au 13 février prochain, se tient d'ailleurs une exposition d'œuvres créées autour de la ...châtaigne! (affiche ci-dessous). Décidément, ce fruit est incontournable! Un café et une boutique complètent les installations. Le jardin n'est pas mal non plus mais est envahi par la neige en cette saison. Le musée d'Obuse ouvrit ses portes pour la première fois en 1992 avec la ferme intention d'en faire un lieu culturel et un lieu de détente plaisant pour ses habitants.


 

A deux pas de là, Daiju me conduit à un autre musée, plus modeste et plus ancien mais non moins intéressant: Le musée d'histoire populaire de la ville. Plus de 1400 objets y sont exposés ( dont des pièces archéologiques, des objets de la vie quotidienne, et des appareils divers) , qui témoignent du mode de vie des habitants autrefois parallèlement à l'apparition des nouvelles technologies qui font aujourd'hui partie du quotidien. Ci-dessous, par exemple, une ancienne pompe utilisée jadis par les pompiers d'Obuse. Les objets agricoles sont aussi présents et c'est bien normal puisque l'économie locale a toujours été axée autour de l'agriculture: Outre la traditionnelle culture de la châtaigne (qui date de plus de 600 ans) qui entre directement dans la gastronomie régionale, la ville a toujours promu le jardinage et la graineterie qui font de la ville un magnifique parc floral dès le retour des beaux jours. D'autres musées sont disponibles: Le musée des lampes et de l'éclairage, le musée Kurinoki, la collection d'anciennes céramiques Ryoan, le musée d'art chinois contemporain, le musée d'Obuse consacré à l'art chinois... sans oublier l'incontournable musée Hokusai dont j'aurai le plaisir de rencontrer le directeur, Kenji Ikeda, qui s'exprime bien dans notre langue. Durant l'ère d'Edo, Obuse était déjà un lieu de commerce important aux confins de routes très fréquentées. On devait cette activité locale aux riches fermiers et aux hommes d'affaires qui s'intéressaient beaucoup au développement culturel d'Edo et de Kyoto. C'est ainsi qu'artistes et peintres ( dont Katsushika Hokusai) traversèrent Obuse, en provenance ou en partance pour ces deux villes, apportant avec eux leurs talents culturels. En 1833, le jeune Takai Kouzan, alors marchand à Obuse, se rendit à Edo, la capitale du Japon, et rencontra Hokusai, le célèbre maitre d'Ukiyo-e (mouvement artistique japonais comprenant peinture populaire et narrative et estampes japonaises gravées sur bois). C'est seulement onze ans plus tard qu'Hokusai, invité par Kouzan , mettra les pieds à Obuse. Et y développera son art. Il peindra entre autre le phénix au plafond du temple Ganshoin (ci-dessous). En son hommage, Obuse créa un musée en 1976 pour exposer ses collections.


 

Je me promène maintenant dans les vieilles rues d'Obuse, toujours en compagnie de Daiju (en photo ci-dessous au restaurant Kura) et découvre l'Obuse d'autrefois, fait de ces maisons en toits de tuiles, aux couleurs différentes et aux façades en bois. Jinya-Koji est un haut-lieu de l'histoire de la ville: Au milieu de la période Edo, Obuse fut administré par le shogunat et un magistrat habita ici de 1701 à 1715 (deuxième photo). Kuri no Komichi est un petit passage étroit qui relie le musée Hokusai à Yuzenro (musée Takai Kozan). L'endroit est pavé de bois de châtaignier et est l'endroit parfait pour se replonger dans l'histoire de la petite cité. Un vieil entrepôt subsiste encore de nos jours: Hiramatsu (troisième photo) permet d'imaginer les étroits sentiers qui reliaient jadis les maisons entre elles, bâtisses richement garnies de bois.


 

Avant de déjeuner, petit tour d'horizon des temples et sanctuaires: Daiju m'emmène d'abord au temple Genshoji (ci-dessous). Ce temple Zen situé le long de la rivière Matsukawa fut construit il y a 600 ans. Il doit son nom actuel à Kosaka Masanobu, alors chef de l'approvisionnement pour le compte du daimyo Takeda Shingen (au XVI ème siècle). « Gensho » était le nom du père de Kosaka et le fils reprit naturellement le nom de son défunt père pour baptiser ce temple. La porte principale contient les statues des gardiens « Kongo Rikishi » (deuxième photo) qui furent conçues il y a 180 ans. Ce lieu est désormais consacré bien culturel par la ville.

 

Nous nous rendons ensuite au temple Ganshoin, peut être le temple le plus célèbre d'Obuse: Celui-ci contient en effet un plafond orné d'un phénix d'Hokusai (dans le hall principal du temple). Cette peinture mesure 30 m². Ce fut la plus grande œuvre de cet artiste (il la peignit à l'âge de 89 ans, en 1848). Les pigments à eux seuls (qui furent importés de Chine) coûtèrent l'équivalent de deux kilos d'or. La peinture comprend ainsi 4400 feuilles d'or.

Nous terminons notre promenade par le temple Jokoji qui comprend une porte principale (ci-dessous) et le hall Yakushi (deuxième photo):Selon la tradition du lieu, le prêtre Genmei érigea une simple hutte en chaume à cet endroit en 730. Celle-ci sera reconstruite en 809 par le fameux général Sakanoue no Tamuramaro. Bâti en 1408, l'actuel Hall Yakushi fut désigné comme monument culture important à cause de son architecture de début de période Muromachi. On trouve à l'intérieur plusieurs objets précieux comme le personnage assis de Yakushi Nyorai, les statues des douze généraux du Paradis , des peintures et un bronze doré de Bouddha.


 

Nous nous rendons ensuite dans un établissement vinicole: Obuse Winery. Il m'est malheureusement interdit de diffuser les photos sur internet, je n'en prendrai donc aucune. Cette maison se prévaut de plusieurs prix dont celui de la compagnie ANA (All Nippon Airways) décerné en 2007. Ces vins furent sélectionnés pour les services hôteliers de ladite compagnie aérienne. La petite entreprise familiale existe depuis soixante ans, cultivant la vigne et produisant son vin mais aussi de nombreux autres produits: Calvas, Eau de vie de vin, Eau de vie de cidre, Pétillant, Jus de raisin, jus de pomme et jus de cidre. La qualité des vins rouges que j'ai goûtés est variable et les prix s'étendent de 1200 à 5200 yens la bouteille. L'exploitation produit des vins rouge et blanc La dégustation est possible sur place.

Cette promenade nous a creusé l'appétit et Daiju me conduit dans un petit restaurant ( l'endroit date de la période Edo) très accueillant:Le restaurant YURA. Je choisis un gratin de pâtes et de légumes qui s'avère délicieux. La petite salade servie en guise de hors-d'œuvre est fraiche. En dessert, un fromage blanc avec sa confiture de mûre fera l'affaire. J'agrémente le tout d'un grand verre de jus de pomme local ( la région cultive beaucoup ce fruit!). Il ne me restera plus qu'à reprendre le train du retour (ci-dessous) en milieu d'après-midi, pour rejoindre Nagano.

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Pour se rendre en train à Obuse, emprunter la ligne de train locale (cette ville n'est malheureusement pas desservie par JR) dont la gare se trouve au pied de la gare ferroviaire JR, en zone souterraine. Durée du trajet pour Obuse: Environ 30 minutes. Emprunter de préférence un train Express ( il y en a régulièrement). Prix du trajet: 750 yens.

  • A ne pas manquer: Le petit café de la gare (près du bureau de tourisme) pour son café délicieux et ses parts de cake à base de châtaigne.

  • Pâtisserie Sakurai Kanseido, Kamitakaigun Obuse Machi 774 à Obuse. Tél: 026 247 1088. Ouverte tous les jours de 8h20 à 18h00. Nombreuses spécialités gourmandes à base de châtaigne, ce fruit qui pousse en abondance dans la région. Visitez aussi ce site (en japonais): http://www.kanseido.co.jp/

  • Au même endroit, boutique de furoshiki IKUEMO

  • Pâtisserie française ROND-TO, Kannon dori à Obuse. Ouverte tous les jours (sauf le mardi) de 9h30 à 19h00. Tel: 026 247 2057.

  • Musée d'Obuse, 595 Oaza-Obuse, Obuse machi, Kamitakai-gun à Obuse. Tel: 026 247 6111. Ouvert tous les jours de 9h00 à 18h00 (d'avril à septembre) et de 9h00 à 17h00 (d'octobre à mars). Entrée: 500 yens. Prise de photos interdite à l'intérieur du musée.

  • Site internet de la ville d'Obuse: http://www.town.obuse.nagano.jp/

  • Musée Hokusai à Obuse. Tel: 026 247 5206. Ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00. Entrée: 500 yens. Interdiction de prendre des photos. Site internet: http://www.hokusai-kan.com/

  • Un site intéressant consacré à l'Ukiyo-e: http://www.tanakaya.fr/l%27artdu.htm

  • Obuse Winery, Domaine Sogga Père & Fils, 571 Oshiha, à Obuse. Tel: 026 247 2050. Site internet: http://www.obusewinery.com/

  • Restaurant YURA. Tel: 026 247 6911. Ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 11h30 à 14h30 et de 18h00 à 22h00. Le personnel est charmant et très attentionné. Prix raisonnables et règlement en argent liquide uniquement. A découvrir!










 



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