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Aoshima
(Kyushu, Japon)
Heure locale

Mardi 16 avril 2013

 

Une belle journée s'annonce sur Miyazaki et sa région. Et j'embarque sur les coups de dix heures du matin, à bord d'un petit train touristique dont seul JR (Japan Railways) a le secret: Cet omnibus uniquement composé de deux voitures (ci-dessous) ne circule que les samedi et dimanche, sur la ligne Nichinan, entre Miyazaki et Nango, en passant bien sûr par Aoshima, ma destination et en traversant ainsi la région d'Himuka. Il porte le nom de deux dieux de la mythologie japonaise: Umisachi (surnommé aussi Hoderi, il est le fils de Ninigi ni Mikoto) et Yamasachi (appelé aussi Hoori, frère du premier, et fils du même dieu). Je découvre un habillage extérieur et intérieur des wagons tout à fait inhabituel. En effet, le bois de cèdre de la ville d'Obi (Kyushu) a été largement utilisé pour l'occasion et équipe le train de fond en comble. A l'intérieur, un nombre limité de sièges a été installé avec des finitions soignées comme par exemple des stores en bois aux fenêtres, un éclairage recherché et un espace ventes où l'hôtesse de bord a déjà disposé les souvenirs que les clients nostalgiques ne manqueront pas d'acheter en mémoire de cette ballade mémorable. Durant le voyage, notre hôtesse nous proposera même de prendre une photo souvenir, ce que je ne manquerai pas de faire, la casquette de chef de train vissée sur la tête et une photo du fameux convoi entre les mains. A côté de moi est assis un passager japonais qui ressemble étrangement à ...Francis Blanche! Il y a des rencontres qu'on n'oublie pas. Une vingtaine de minutes suffiront à rejoindre Aoshima (l'île bleue).

 

La gare d'Aoshima est minuscule et j'ai l'impression de me retrouver à la campagne, bien que la zone soit habitée. Je cherche à me rendre sur l'île qui touche presque le littoral et n'est reliée à la petite ville que par un pont. Je demande mon chemin à un jeune japonais qui promène son chien. « C'est tout droit » me dit-il. En effet, il me suffit de marcher une dizaine de minutes dans la rue principale pavée de mosaïque bleutée et le long de laquelle court un ruisseau, pour atteindre une autre rue, plus commerçante celle-ci, qui rassemble des boutiques de souvenirs. Je croise au passage une vieille dame (ci-dessous) qui vend des morceaux d'ananas en sachets et se prête volontiers à une photo. L'air est léger, le soleil brille mais il ne fait pas encore trop chaud en ce début de printemps. L'île d'Aoshima ne se trouve qu'à...six mètres au-dessus du niveau de la mer et possède une superficie de 4,5 hectares. Elle ne fait que 1,5 kilomètre de circonférence et j'en aurai par conséquent vite fait le tour. Cette îlot de verdure a deux spécificités: On y trouve 4300 palmiers Biro ( dont certains ont plus de 300 ans!), 27 sortes de plantes tropicales et subtropicales et 197 autres sortes de plantes non tropicales. Ensuite, les rochers qui l'entourent sont étrangement plats, comme sagement alignés là par une main experte. Ces rochers, surnommés « Planche à laver du Géant » ont té constitués entre 30 millions et un million d'années. C'est dire s'ils ont vu passer des marées!


 

Un grand torii accueille les visiteurs qui mettent les pieds sur l'île tandis que quelques commerçants proposent des poupées de coquillages. Quelques taxis locaux, me rappelant étrangement les tuktuks de Bangkok conduisent des clients au sanctuaire tout près de là. Le sanctuaire d'Aoshima (ci-dessous) est en effet la curiosité de l'endroit: Il est dédié à Yamasachi hiko, l'un des trois fils du dieu Ninigi no Mikoto (petit-fils de la déesse du soleil Amaterasu), mais aussi à la princesse Toyotama (la fille du dieu des mers, qui épousera Hoori c'est à dire Yamasachi hiko) et à Shiotsutsuno Ookami. L'origine de ce sanctuaire n'est pas certaine mais des témoignanges affirment que le lieu de culte serait apparu sous l'ère Heian (au IX ème siècle). L'ère de Heian constitue l'une des 14 subdivisions de l'histoire du Japon et s'étale entre 794 et 1185. Le mot « Heian » signifie « paix » en japonais et cette époque est considérée comme l'apogée de la cour impériale nippone durant laquelle, arts, poésie et littérature furent célébrés à leur juste valeur. Les bushis (guerriers japonais chargés de la protection des clans familiaux religieux) prennent aussi beaucoup d'importance à ce moment-là et finiront d'ailleurs par prendre le pouvoir, mettant ainsi fin à l 'ère Heian pour déboucher sur l'ère Chusei (période féodale). On dit que le sanctuaire d'Aoshima a le pouvoir d'offrir la bénédiction divine aux fiancés. C'est donc un endroit qu'il faut visiter si l'on envisage de se marier! Deux fêtes s'y déroulent chaque année: Le Festival d'hiver (en janvier) célèbre le retour de Yamasachi du Palais des mers ( là où il avait vécu avec la princesse Toyotama). A la date du 17 décembre (selon le calendrier lunaire), il est courant d'apercevoir des gens en train de se baigner nus dans la mer afin de commémorer cet événement. L'autre fête a lieu les 17 et 18 juin (toujours selon le calendrier lunaire) et est appelée « traversée de la mer »: Cet événement, qualifié d'énergisant et de spirituel, consiste à venir accueillir les sanctuaires portables (mikoshi) venus par bateaux pour ensuite défiler durant deux heures sur l'île. Ce jour-là, les bateaux des pêcheurs hissent le fameux drapeau Tairyo Bata (qui symbolisait une bonne pêche). Ces petits sanctuaires sont pris en charge dès la descente des bateaux par des jeunes gens revêtus d'un happi (habit léger traditionnel). La procession peut alors commencer, au cours de laquelle des prières seront adressées aux dieux pour demander de bonnes récoltes et des pêches fructueuses pour la prochaine année.


 

La rue qui fait face au sanctuaire rassemble quelques boutiques mais aussi un musée de cire racontant le mythe de Hyuga, mais celui-ci fera l'objet d'un autre reportage. Comme je redescends du sanctuaire, je rencontre un français passionné tout comme je le suis par le Japon, originaire tout comme moi de Saint-Malo et ayant travaillé jadis dans la même compagnie aérienne où j'officie aussi. La vie apporte parfois son lot de bonnes surprises. Une autre (surprise) un peu moins bonne celle-là fut le tremblement de terre qui survint ici il y a deux jours et qui mit à terre un torii. Les séismes sont malheureusement le lot (presque) quotidien de nos amis nippons et il faut apprendre à vivre avec, ou...quitter le pays. Je regarde vers l'océan Pacifique en me disant qu'un tsunami ne ferait qu'une bouchée de cette petite île d'Aoshima. Pour l'heure, je quitte mon compatriote breton pour faire le tour de l'ilot en observant encore ces drôles de rochers plats. Je croise de nombreux visiteurs japonais (ou pas) qui sont venus en ce dimanche pour prendre quelques bouffées de ce bon air marin. J'admire au passage les palmiers locaux (ci-dessous) puis franchis à nouveau le pont pour rejoindre la terre ferme ( bien que Kyushu soit elle aussi une île!).


 

Aoshima est aussi connue pour son jardin botanique qui rassemble 400 espèces de plantes tropicales (ci-dessous). Ce jardin se situe sur le front de mer, face à la petite île, et j'y fais une courte halte. Ma visite sera rapide: Aucune documentation n'est disponible en anglais et les plantes,elles aussi, ne sont identifiées qu'en japonais. Par ailleurs, je suis déçu par ces jardins qui manquent manifestement de fleurs à l'intérieur de ces serres géantes que je qualifierai de désuètes. L'endroit est plus joli à l'extérieur tant le parc est fleuri et très bien entretenu, et son accès est gratuit. Je dégusterai une glace à la mangue (le fruit local par excellence!) avant de rebrousser chemin en direction de la gare. L'ambiance du café situé à l'entrée des serres (qui fait d'ailleurs office de bureau de vente des tickets!) suffira à me distraire grâce aux chants venus d'Okinawa sur lesquels j'esquisserai quelques pas de danse inattendus sous les yeux ébahis (mais amusés!) des deux hôtesses.


 

Voilà comment j'ai occupé quelques heures de ce dimanche ensoleillé à l'autre bout de la planète. L'omnibus du retour se faisant un peu attendre, j'en profiterai pour faire une sieste bien méritée sur le quai de la gare. Abe et sa famille m'avaient donné rendez-vous en soirée pour m'emmener dans un restaurant français de Miyazaki. J'arriverai largement à temps.

 

 

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