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Le Château de Shuji
(Naha, Okinawa, Préfecture d'Okinawa, Japon)
Heure locale

 

Lundi 27 janvier 2014

Il est un monument à ne pas manquer si vous passez à Naha. Il s'agit du château de Shuji, un château japonais médiéval situé dans cette ville qui s'appelait autrefois Shuri. Cette demeure abritait les rois de Ryukyu, et se composait de trois bâtiments principaux : Seiden, le hall central et le plus important des bâtiments, Nanden, réservé à la réception des visiteurs et Hokuden, qui abritait l'administration. L'ensemble est perché à 130 mètres au-dessus du niveau de la mer, à l'est du centre ville, dans les collines. Ce point stratégique sera d'ailleurs violemment attaqué par les Américains lors de la bataille d'Okinawa, endommageant de façon importante le château. On estime, d'après des fouilles, que celui-ci fut érigé à la fin du XIV è siècle. A l'origine, il devait être une forteresse (gusuku) achevée avant 1427, car le château abrita les rois du Royaume de Ryukyu de 1429 à 1879. L'endroit deviendra le centre de la vie politique, administrative, diplomatique et culturelle du pays. Deux parties (l'une extérieure et l'autre intérieure) composent l'ensemble. La construction fut réalisée à l'aide d'énormes blocs de calcaire corallien insérés les uns dans les autres, sur une longueur de 1080 mètres. Les murs ont une hauteur de 6 à 15 mètres selon les endroits (ci-dessous) pour une épaisseur de trois mètres.


 

J'accède au château par une multitude de portes : la porte shureimon est la première d'entre elles. Celle-ci est la seconde porte extérieure et on pense qu'elle fut construite sous le règne du Roi Sho Sei (1527-55). D'abord appelée Taiken-mon, puis Shuri-mon, son nom actuel signifie « droit de propriété ». La porte est d'architecture chinoise, agrémentée de tourelles, d'une structure à trois baies et d'un double toit de tuiles rouges. Elle fut classée comme Trésor national en 1933, détruite durant la bataille d'Okinawa puis restaurée en 1958.

Je passe au passage devant la porte de pierre du sanctuaire Sonohyan, porte classée par l'Unesco depuis l'an 2000, tout comme les autres sites Gusuku et du Royaume des Ryukyu.

Me voici maintenant devant la porte Kankaimon (ci-dessous), surnommée aussi amae-ujo (accueillir avec joie) dans l'ancienne langue okinawaienne. Construite vers 1500, elle brûla en 1945 puis fut restaurée en 1974. Les deux lions assis de chaque côté de la porte sont supposés écarter les mauvais esprits. C'est par là qu'accédaient les messagers envoyés par l'empereur de Chine.


 

La prochaine porte est la porte Zuisenmon (ci-dessous), au pied de laquelle se trouve une source d'eau potable qui approvisionnait jadis les occupants du Château de Shuri. Celle qu'on appelle la fontaine Ryuhi (source du dragon) possède une sculpture de pierre en forme de dragon, d'où jaillit l'eau. On doit celle-ci à la Chine et elle date de 1523. Sept inscriptions gravées par les messagers chinois pour bénir cette source figurent sur des tablettes qui furent détruites en 1945, mais restaurées depuis (1996). Quelques marches à gravir, et nous voici devant la porte Zuisenmon. Nous sommes en début de matinée et une foule importante est déjà présente pour visiter les lieux. J'y rencontrerai beaucoup de touristes chinois. Le nom de cette porte signifie « de bon augure ». Appelée jadis « Hikawa-ujo » (canalisation d'eau), elle était en relation avec la fontaine qui coule à ses pieds. Elle est constituée de deux murs coiffés d'une tourelle. Bâtie aux environs de 1470, elle fut incendiée lors de la bataille d'Okinawa et fut reconstruite en 1992.


 

La porte Roukokumon (ci-dessous), elle, est à la fois une porte et une horloge à eau, grâce au réservoir dissimulé dans sa partie haute : le volume de gouttes d'eau écoulé servait à mesurer le temps, en association avec l'horloge solaire située non loin de là. L'heure était alors annoncée à coups de tambour. Cette porte portait aussi le nom de « Kagoise-ujo » (qui signifiait le porte d'arrivée des palanquins). En effet, les officiers supérieurs de la cour descendaient de leurs palanquins à cet endroit, par respect pour le roi. Bâtie vers le XV è siècle, celle-ci fut retirée durant la période Showa, car devenue trop vieille. Elle sera restaurée en 1992.


 

Me voici maintenant dans une petite cour qui se trouve face à la porte Koufukumon (ci-dessous). Là, se trouve l'horloge solaire dont je vous ai parlé : Au Royaume des Ryukyu, cette horloge indiquait midi, puis les heures de l'après-midi. Une aiguille en cuivre montée sur une pierre ronde permettait de donner l'heure (grâce à l'ombre de l'aiguille). La roue de pierre était gravée avec les douze signes du zodiaque chinois. Cette horloge fut détruite en 1945, puis restaurée en l'an 2000. A noter que l'heure donnée par cette horloge, anticipe de trente minutes l'heure japonaise officielle. Impossible d'être en retard !

La porte Koufukumon signifie « promulgation de joie ». Elle est constituée d'un seul et même bâtiment qui accueillit les Okumiza (nobles) et les Jishaza (religieux) qui s'en disputèrent l'appartenance. On ne connait pas la date de sa construction, mais on sait qu'elle fut retirée sous l'ère Meiji, pour être replacée et restaurée à cet endroit en 2000.


 

Une fois franchie cette porte, on pénètre dans la cour Shicha-nu-Una, réservée autrefois pour la préparation des cérémonies qui se déroulaient à deux pas de là, face au Seiden. Sur cette place, se trouve Suimui Utaki (ci-dessous), un lieu sacré, créé des mains de Dieu, selon la mythologie ryukyu. Ce site fut restauré en 1997. La cour Shicha-nu-Una donne sur la porte Koufukumon, Kyo-no-uchi, Suimui-utaki, Keizuza (bureau gouvernemental en charge de la généalogie des familles nobles) et la porte Houshinmon qui va nous ouvrir l'accès au château à proprement-dit.


 

C'est sous cette porte qu'a lieu le contrôle des billets. La porte Houshinmon (ci-dessous) débouche sur le Seiden (le hall central). Houshinmon signifie « vénération des dieux ». son aile gauche (Naden) servait à stocker médicaments, thé et tabac, tandis que son aile droite (Kimihokori) servait pour les cérémonies. Des trois entrées, c'est par l'entrée centrale que le Roi sortait ou pénétrait au château. Cette entrée lui était réservée, et seuls les personnes de haut rang et les envoyés de l'empereur de Chine pouvaient aussi l'utiliser. La porte fut restaurée en 1992.


 

Le Château de Shuri fut détruit par le feu à quatre reprises. Le premier incendie eut lieu en 1453, suite à la lutte entre plusieurs factions revendiquant alors le trône. Puis, en 1660, ce fut un incendie accidentel qui ravagea les lieux. Des raisons économiques en retardèrent la reconstruction, et c'est un nouveau château qui vit le jour, dix ans plus tard, sous l'égide du Roi Sho Shoken. En 1709, un nouvel incendie détruisit le château, qui fut restauré jusqu'en 1715. La bataille d'Okinawa passa par là en 1945 et fit son œuvre. C'est peut être pour cela que quatre grandes jarres au moins, conçues pour récupérer les eaux de pluie, se trouvaient autrefois devant la porte Houshinmon, pour éteindre un incendie éventuel.

Après la création de la préfecture d'Okinawa, le château devint le siège d'un détachement de la garnison de Mumamoto (Kyushu) et fut utilisé comme caserne. Il abritera même des salles de classe d'une école élémentaire et une école professionnelle jusqu'en 1945.

En 1923, le forte pression fiscale avait poussé l'administration de Naha à décider la démolition du château, dû à son mauvais état. Mais un mouvement dirigé par Kamakura Yoshitaro et Ito Chuta sauva de justesse la forteresse. En 1925, on prit des mesures exceptionnelles pour conserver les lieux et 1929 fut l'année où le château fut classé en tant que trésor national.

Après 1945, il ne restait que des décombres de la forteresse. Celle-ci, alors occupée par l'armée japonaise avait été copieusement bombardée par les forces américaines. Il fut d'abord décidé de créer l'université des Ryukyu sur le site d'origine du château, mais cette dernière s'installera finalement sur un autre site. Et le château d'être restauré en 1992. Depuis 2000, il figure même sur la liste des patrimoines mondiaux de l'Unesco.


 

Je pénètre maintenant dans la grande cour, appelée Una. Celle-ci fait face au Seiden, et était autrefois utilisée pour la cérémonie Sappou-Gishiki, au cours de laquelle l'empereur de Chine désignait le Roi des Ryukyu, puis lors de la cérémonie du Nouvel An. Les barres parallèles rouges tracées sur le sol permettaient aux officiels de s'aligner en fonction de la position due à leurs rangs. Son allée centrale (appelée Ukimichi) était strictement réservée au Roi et aux personnages de haut rang.

Le Seiden était le lieu où le Roi gérait les affaires du Royaume et où se déroulaient aussi certaines cérémonies. Les sculptures se trouvant de chaque côté du bâtiment en imposent avec ces grands piliers sur lesquels sont représentés des dragons. Cette créature orne d'ailleurs fréquemment le Seiden. Et les extrémités du parapet en comportent même deux. Appelé également « Palais d'état », le Seiden était alors la deuxième plus grande structure en bois du Royaume des Ryukyu et symbolisait la royauté aux quatre coins du pays. Ce bâtiment comporte trois étages avec deux niveaux de toiture. Son architecture est de style ryukyu, c'est à dire un mélange d'architecture chinoise et japonaise. Le dragon est le symbole du roi, ce qui explique sa forte présence. Le rez-de-chaussée est appelé Shichagui et accueillait les cérémonies importantes et les conférences tenues par le roi et les hauts fonctionnaires. On peut y voir le banc royal (usasuka, en photo ci-dessous), l'Hirausasuka (plateforme pour les enfants et petits-enfants royaux) et l'Ochokui (escalier en retrait caché par un mur et par lequel le Roi rejoignait l'endroit depuis l'étage supérieur)(troisième photo)


 

Le premier étage est appelé Ufugui. C'est là que se déroulaient les cérémonies royales. On y trouve le trône royal (ci-dessous). Les hauts plafonds de cette pièce contribue à donner une impression austère de l'endroit. Le Karahafu, lui, était une petite pièce face au trône, qui donnait sur l'entrée principale du château et qui permettait au monarque de passer en revue ses fonctionnaires au jour de l'An.


 

 

A droite du Seiden se trouve le Nanden : la première partie de cet édifice servait à accueillir les visiteurs tandis que la deuxième partie était utilisée pour la célébration d'évènements comme les festivals saisonniers. C'est à cet endroit qu'étaient reçus les membres officiels du clan Satsuma. L'édifice fut érigé au début du XVII è siècle, sans fioritures et dans le style japonais. Après avoir traversé ce bâtiment, je me retrouve dans la partie privée du palais : le château se divisait en effet en deux parties, l'une (Una), réservée aux affaires et à l'administration, et l'autre (Ouchibara), privée, réservée à la famille royale. Kinju-Tsumecho jouait le rôle de sas entre ces deux parties et servait de lieu de travail à une vingtaine de fonctionnaires, lesquels accompagnaient le monarque dans ses activités, et lorsqu'il se rendait dans ses appartements privés. L'accès à Ouchibara était formellement interdit aux hommes (mis à part ceux de la famille royale). Cette partie résidentielle du palais, dont la date de construction reste à ce jour inconnue, était occupée par la Reine, ses servantes (une centaine), le Prince (qui prenait son indépendance à l'âge de treize ans), la Princesse (jusqu'à son mariage), la mère et la grand-mère du monarque, et d'autres membres de la famille royale. Deux groupes de femmes co-existaient au château : les Usuba-Gufuku (femmes de samouraï) et les Gusukunchu (servantes).


 

Ma visite est passionnante. Je poursuis celle-ci en admirant le sceau royal du roi (ci-dessus). Celui-ci date du XVII è siècle et fut offert par l'empereur de Chine de la dynastie des Qing au roi Sho Shitsu, après la cute de la dynastie des Ming. Avant de recevoir ce sceau-là, le roi retourna le sceau précédent qui lui avait été adressé par l'empereur de la dynastie des Ming. J'ai aussi la chance d'observer le set dont se servit le Roi et les princes pour la cérémonie du thé (ci-dessous).


 

Me voici pour terminer cette visite dans le Hokuden (ci-dessous) : ce bâtiment nord fut construit vers 1506-21 et fut détruit comme le château, par l 'incendie en 1709 pour être rebâti en 1712. Cet endroit servait de structure administrative pour le gouvernement du pays. Les ministres y travaillaient ainsi que les fonctionnaires. Le bâtiment accueillaient aussi les messagers chinois pour la cérémonie d'intronisation du roi Ryukyu. Le Commodore américain Perry, lui aussi, y fut reçu, lors de sa visite des îles Ryukyu.


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Château de Shuji, 1-2 Kinjo-cho, Shuri, à Naha. Tel : 098 886 2020. Ouvert tous les jours de 8h00 à 20h00 ( jusqu'à 21h00 de juillet à septembre). Entrée : 800 yens. Brochure disponible en langue anglaise. Pour vous y rendre, depuis le Terminal de bus de Naha, emprunter le « youiyouido » bus (Naha sightseeing City Loop), quai N°4. Le bus 46 se rend aussi au château. Descendre à l'arrêt : Shurijo-mae. Prix : 220 yens.

    Site internet : http://oki-park.jp/shurijo-park/english/index.html

  • Pour vous déplacer en bus, il peut être utile (et rentable) d'acheter un pass journée pour le bus (660 yens pour emprunter à volonté l'autobus dans la ville de Naha) ou un pass journée incluant le bus + monorail (1000 yens). A vous de voir !

 

 

 

 












 



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