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Musée Chhatrapati Shivaji Maharaj Vastu Sangrahalaya
( Mumbaï, Etat du Maharashtra, Inde)
Heure locale


Dimanche 23 février 2014

Mes voyages me conduisent à nouveau à faire escale en Inde, plus exactement à Mumbaï, la capitale de l'état de Maharashtra. La ville indienne la plus populaire du pays compte aussi parmi les plus peuplées de la planète, avec ses 20,5 millions d'habitants. On y trouve à la fois fêtes traditionnelles, musique et théâtre, sans oublier des musées aussi célèbres que le musée du Prince de Galles (en photo ci-dessous) où je vous emmène cette fois. Son véritable nom est de nos jours le musée Vastu Chhatrapati Shivaji Maharaj Sangrahalaya, et il est le principal musée de cette gigantesque ville. Il fut fondé au début du XX ème siècle par d'éminents citoyens de Bombay, avec l'appui du gouvernement, dans le but de commémorer la visite du Prince de Galles de l'époque. Situé au cœur de la partie sud de la capitale, non loin de la Porte de l'Inde, il prit sa dénomination actuelle dans les années 1990 en adoptant le nom de Shivaji, le fondateur de l'empire Marathe. Fils de Shahji Bhonsla, brillant général, et de son épouse Jijabai, Maratha Shivaji (deuxième photo ci-dessous) nait à Junnar en 1630 dans la région de Pune au Maharashtra, à une époque où une grande partie de l'Inde est occupée par les musulmans. Il reçoit de Sant Tukaram, un maharaj gourou, une éducation tournée vers le patriotisme hindou. Il fait très vite preuve d'indépendance d'esprit et de dons militaires exceptionnels. Et fait bientôt le vœu, à l'âge de quinze ans, et alors qu'il se trouve au temple de la déesse Bhavani, d'établir un royaume hindou en chassant les musulmans. Il met pour cela en œuvre une stratégie de guérilla qui lui permet dès 1646 de s'emparer d'un fort près de Pune. Il n'a alors que seize ans. Cette opération réussie lui permet de rallier d'autres tribus afin de s'attaquer aux possessions du sultan de Bijapur en s'emparant là encore de forts. Alors que le sultan envoie une armée, Maratha Shivaji fait assassiner Afzal Khan, le chef de cette armée, au cours de négociations. Privée de son chef, l'armée est mise en déroute. En 1660, on s'inquiète de l'hégémonie grandissante de Shivaji et l'on envoie contre lui à nouveau une armée pour s'emparer de Pune, la capitale marathe mais Shivaji contre-attaque et ressort victorieux. Quatre ans plus tard, Shivaji pille Surat, un port de commerce important pour les Moghols (habitants de ces steppes d'Asie centrale autrefois conquises par Genghis Khan) et qui accueille de nombreux comptoirs étrangers, mais doit composer avec Auranzeb, le souverain de l'Empire Moghol. Il fonde l'empire marathe la même année. En 1666, Shivaji se rend avec son fils Sambhaji à Agra, mais sont traités avec mépris par le fameux Aurangzeb et mis sous surveillance. Les deux hommes parviennent malgré tout à s'enfuir de la ville, déguisés en sadhus ( hommes ayant renoncé à la société pour se consacrer au divin) et à rejoindre Puné. Pour l'amadouer, Aurangzeb lui accorder le titre de raja en 1670 mais cela ne dissuadera pas Shivaji de piller Surat une deuxième fois. Il se fera ensuite couronner roi (maharaj) à Raigarh en 1674, continuera à se battre avec succès contre les Moghols, contre Bijapur, contre les Portugais de Goa et même contre les pirates abyssins qui rendent à cette époque les côtes impures. Un sacré guerrier ! Il décède à Raigarh en 1680, laissant à son fils ainé Sambhaji, un immense empire.


 

C'est donc un lieu chargé de symboles que je vais découvrir aujourd'hui : ce grand bâtiment, construit dans le style indo-sarrazin, incorpore également d'autres styles architecturaux comme les styles mughal, marathe et jainiste. Le musée est entouré d'un immense écrin de verdure parsemé de parterres fleuris et de palmiers. L'endroit abrite environ 50000 œuvres de l'histoire indienne ainsi que des œuvres étrangères, classées en trois sections (Art, archéologie et histoire naturelle). On trouve aussi sur place des artefacts de la civilisation de l'Indus ainsi que d'autres reliques de l'Inde ancienne datant de l'époque des Gupta, Maurya, Chalukyas et Rashtrakuta.

Mais revenons sur l'histoire de ce musée. En 1904, certains notables de Bombay décidèrent de fonder un musée en l'honneur du Prince de Galles, le futur roi George V. Un comité adopta donc la résolution suivante, le 22 juin : «ce musée devra être beau et noble , sur un site choisi, et témoigner du meilleur style d'architecture locale ». Le 1er mars 1907, le gouvernement de Bombay accorda au comité une large parcelle de terre appelée « Crescent Site » pour ériger l'immense bâtisse. En 1909, un concours d'architecture fut lancé et c'est à l'architecte George Wittet que l'on confia le soin de réaliser le projet. Né en Ecosse en 1878, George Wittet fit d'abord ses études à Perth (Ecosse) avant de travailler à Edinbourg et à York, puis d'embarquer pour l'Inde où il arrivera en 1904. Il participera à la réalisation de nombreux bâtiments de la capitale indienne, comme la porte de l'Inde, l'Institut des Sciences, la maternité de Whadia, la maison de Bombay, l’hôpital du roi Edward, le Grand hôtel et les Docks. La construction du musée est alors financée par le fonds de commémoration de la visite du Prince de Galles, mais aussi par la municipalité qui octroie 550 000 roupies indiennes. A ce jour, le lieu est entretenu grâce à des subventions annuelles accordées par la Municipalité de Mumbaï et par le gouvernement. Le musée fut achevé en 1915. Il servira entre autre d'hôpital militaire puis de centre d'aide à l'enfance durant la première guerre mondiale, avant d'être confié au comité en 1920. Son inauguration a lieu le 10 janvier 1922, en présence de Madame Lloyd, épouse de George Lloyd, alors gouverneur de Bombay. La beauté du bâtiment est telle que celui-ci remporta en 1990 le premier prix dans la catégorie de l'héritage urbain. C'est cinq plus tard, en 1995, qu'il sera rebaptisé musée Vastu Chhatrapati Shivaji Maharaj Sangrahalaya , après le changement du nom de Bombay en Mumbaï.


 

Le musée occupe 12143 m2 sur un terrain de trois hectares. Ses murs sont bâtis en basalte et en pierre de Kurla et forment une structure rectangulaire à trois étages, qui est coiffée par un dôme reposant sur une base et formant un étage supplémentaire au centre de l'édifice. Construit dans les styles indo-occidental et indo-sarrasin, l'ensemble abrite un porche d'entrée central, au-dessus duquel s'élève un dôme fait de mosaïque bleue et blanche en forme de lotus. Des pinacles, surmontés de dômes plus petits, entourent le dôme central. A l'intérieur, on peut admirer un dôme islamique, avec balcons et planchers en marqueterie d'après une architecture inspirée des palais moghols. On trouve également colonnes, balustrades et même un balcon du XVIII ème siècle comme on en trouvait dans les demeures marathes. Le programme de restauration initié en 2008 avait prévu la construction de 2800 m2 d'espace supplémentaire afin d'accueillir cinq nouvelles galeries, un salon de conversation, une galerie d'exposition itinérante et une salle de séminaire qui se trouve dans la partie est du musée. Une bibliothèque complète les installations.


 

Les collections rassemblent près de 50000 œuvres, et est divisée en trois sections artistique, archéologique et histoire naturelle. On trouve aussi sur place une section forestière qui offre aux visiteurs d'observer des spécimens de bois cultivés durant la présidence britannique de Bombay ainsi qu'une collection plus modeste de roches, minéraux et fossiles. Il existe aussi une galerie consacrée à l'histoire maritime indienne (unique en son genre) rassemblant plusieurs objets consacrés au patrimoine national lié au monde maritime. En 2008, on créa enfin deux nouvelles galeries, l'une consacrée à la collection de Karl et Meherbai Khandalavala, et l'autre, à la numismatique (ci-dessous).


 

La section artistique présente les collections de Sir Purushottam Mavji, qui furent acquises en 1915, ainsi que celles de Sir Ratan Tata (ci-dessous) et de Sir Dorab Tata, qui en firent don au musée respectivement en 1921 et en 1933. Une visite guidée du musée est par ailleurs proposée aux visiteurs, dans six langues différentes. Visite au cours de laquelle on ne manquera pas d'admirer la collection de peintures miniatures comprenant des œuvres des écoles de peintures du Mughal, du Rajasthan, et de style pahari et deccani (deuxième photo ci-dessous). Ainsi que des manuscrits en feuilles de palmiers datant des XI ème et XII ème siècles, des peintures de style pahari du XIX ème siècle et des peintures remontant au règne du sultanat. On s'arrêtera aussi devant de remarquables manuscrits peints dont l''Anwar-Suhayli, peint à l'époque du règne de l'empereur Akbar, sans oublier un manuscrit du XVII ème siècle du récit épique hindou Ramayana. Dans la Circle Gallery, on découvrira aussi des pièces en ivoire remontant à l'époque Gupta. Ainsi que d'autres pièces comme des objets décoratifs, textiles, ivoires, jades moghols, articles en or ou en argent. Des peintures européennes figurent également dans cette section, ainsi que des porcelaines chinoise et japonaise. Armes et armures sont aussi présentes sans oublier une autre galerie réservée à l'art népalais et à l'art tibétain. Je vous conseille d'ailleurs de visiter ma galerie de photos afin d'admirer tous ces objets (grâce à l'icône située en haut et à droite de cet article).


 

La section archéologique, elle, comprend des sculptures et des œuvres qui furent transférées ici depuis le musée Poona de Pune, ainsi que des pièces de collection venues de la Société Asiatique Royale de Bombay. On trouvera dans cette section une galerie d'hameçons, des armes, des ornements et des poids et mesures datant de la civilisation de la Vallée de l'Indus (2600 à 1900 ans avant J.C). Sont aussi visibles des figurines en terre cuite de Gupta du début du V ème siècle, et des sculptures remontant à la période Rashtrakuta venant tout droit de l'île d'Elephanta (près de Mumbaï). Pour rappel, Rashtrakuta était une dynastie royale qui régna sur une bonne partie du continent indien entre les VI è et X ème siècles. J'y rencontre également Vishnou (en photo ci-dessous) à travers une sculpture en schiste du Bengale, remontant à la période Pala et datant du XI è siècle. Vishnou, le deuxième dieu de la trimourti (trinité hindoue) avec Brahma et Shiva. La trimourti incarne le cycle de manifestation, conservation et dissolution de l'univers dont Brahma est le créateur, Vishnou le protecteur et Shiva le destructeur. Je découvre aussi Parvati, deuxième femme de Shiva (deuxième photo ci-dessous), à travers une sculpture du Xè siècle (période Pratihara). Parvati est considérée comme l'incarnation de la déesse Durga et comme la mère des dieux Ganesh (troisième photo ci-dessous), Kartikeya, et Ashoka Sundari.


 

La section d'histoire naturelle fut mise en place avec l'étroite participation de la Société d'Histoire naturelle de Bombay. Elle permet de découvrir les différents habitats indiens en faisant notamment usage de dioramas, de diagrammes et de cartes, afin d'illustrer le mieux possible les modes de vie du continent indien et sa faune. J'aperçois dans cette galerie de nombreux animaux empaillés dont de magnifiques tigres indiens (ci-dessous)

En 2008, de nouvelles galeries furent créées afin d'accueillir de nouvelles collections comme la galerie Krishna qui présente des œuvres dédiées à la déesse hindoue Krishna. Divinité centrale de l'hindouisme, Krishna est le huitième avatar de Vishnou. Il représente la divinité suprême à l'origine de toutes les autres. Krishna est celle qui est la plus vénérée de l'Inde à l'origine de nombreuses sectes bhakta dédiées à son adoration. Une autre galerie, dédiée cette fois à Vishnou fut inaugurée un an plus tard, en 2009.

Parmi ces nouvelles galeries se trouve également une galerie consacrée aux textiles, ouverte depuis 2010. Celle-ci s'intéresse aux différents modes de fabrication des textiles, aux collections régionales et aux costumes indiens traditionnels. Je ne visiterai pas cette fois l'intégralité de ce musée tant il y a à voir mais découvrirai la galerie Karl & Meherbai Khandalavala dans laquelle je croiserai l'homme noble (deuxième photo ci-dessous), sculpture en bois datant du XVII è siècle.

 


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée Chhatrapati Shivaji Maharaj Vastu Sangrahalaya, 159-161 Mahatma Gandhi Road, Fort, Mumbaï. Tel : 022 2284 4484. Ouvert du mardi au dimanche, de 10h15 à 18h00. Entrée : 300 roupies. Droit de photographie : 200 roupies. Accès H. Location d'audio guides (100 roupies). Visites guidées en langues Marathi et Hindi : 75 roupies par personne. Audio-guides en langues hindi, marathi, anglaise, française, allemande, japonaise et espagnole. Site internet : http://csmvs.in/

  • Caféteria située à l'entrée du musée : service laissant à désirer. On encaisse mais on oublie de vous servir. A éviter !

 

 

 

 











 



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