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Promenade à Otaru
(Hokkaido, Japon)
Heure locale


Jeudi 18 septembre 2014

 

A mon arrivée en gare d'Otaru, je me mets immédiatement en quête d'un casier afin d'y déposer mon gros sac à dos. Une consigne me permet de partir l'esprit tranquille et je me rends ensuite à l'office de tourisme situé dans la gare. C'est une tradition au Japon : on trouve souvent un bureau de ce type dans les gares nippones. Deux dames m'accueillent et m'informent des curiosités de la ville. Otaru est aussi un port, face à la baie d'Ishikari. Un plan m'est remis et je suis invité à descendre en direction du canal d'Otaru (ci-dessous) qui fut créé entre 1914 et 1923 sur une longueur d'un kilomètre. Cette voie navigable servit longtemps au transport des marchandises depuis les bateaux qui mouillaient dans le port. Elle fut bâtie entre le littoral et une bande de terre en forme de péninsule. Malgré les averses éparses qui arrosent Otaru ce matin, l'endroit est agréable pour la promenade.


 

Témoins d'une époque, plusieurs entrepôts se dressent encore de nos jours le long de ce canal qui a bien failli disparaître. Je passe ainsi devant l'ancien entrepôt Ohie (ci-dessous en photo), construit en 1891. Comme souvent, la charpente de ce genre de construction est constituée de bois. Dans le cas présent, on doit cet entrepôt à un marchand de poissons de la Préfecture d'Ishikawa, Shichihei Ohie. Un symbole est tracé sur la façade de cette construction (yamashichi) dont les murs extérieurs ont été construits en pierre tendre de Sapporo. Le toit ainsi que les doubles arches de l'entrée sont caractéristiques d'un style typique fréquemment rencontré le long du canal d'Otaru. Ces murs extérieurs ainsi que le toit furent rénovés en 2002.


 

Autrefois, on pouvait voir des tas de barges circuler sur le canal. Celles-ci étaient chargées des denrées et marchandises débarquées des bateaux au mouillage non loin de là, puis transportées jusqu'aux entrepôts des différents commerçants. On ajouta bientôt un nouveau quai et le canal augmenta encore son activité. Malheureusement, le développement des routes mit à mal l'existence du canal dont le comblement sera bientôt proposé afin d'y faire passer la rue Rinkosen. Ce fut alors une telle levée de boucliers parmi la population locale que ce projet fut rapidement abandonné, ce qui nous vaut aujourd'hui d'admirer ce joli canal, d'une largeur de quarante mètres, devenu depuis l'un des symboles de cette cité-dortoir de Sapporo. Un autre type d'entrepôt, celui de la famille Shibusawa, fut érigé en 1895 sur le même modèle que le précédent. Toutefois, cette construction fait preuve d'originalité car le large toit débouche sur deux ailes qui constituent l'ensemble : l'aile de droite est la plus ancienne tandis que celle de gauche fut bâtie plus tard. Quant à la famille Shibusawa, elle s'illustrera dès 1897 au moment où Shibusawa Eiichi fondera la branche d'activité d'entreposage de marchandises. L'opération sera au départ financée avec un capital de 500000 yens seulement. Le Japon vit alors sous l'ère Meiji-Taisho. L'entrepôt Ukon, lui, fut bâti en 1894. Cette grande maison du XIX è siècle est entourée des entrepôts Hiroumi et Masuda. Les deux bâtons qui servent de symbole sur la façade représente la marque de fabrique de Gonzaemon Ukon, alors patron du navire de commerce « Kitamae ». On retrouvera d'ailleurs le même symbole sur les pavillons de ce navire. En 1995, le mur principal s'effondra sous la force du vent, puis sera restauré.


 

Otaru tient beaucoup à son patrimoine et a créé une ordonnance pour sa préservation. La surface concernée est d'environ 132 hectares et a été divisée en quinze parties, avec, pour chacune, des normes adaptées aux besoins. On entend par patrimoine des bâtiments mais également des sites remarquables. Je découvre ainsi plusieurs bâtiments historiques sauvegardés puis reconvertis depuis : l'ancienne agence de la banque d'Hokkaïdo est un bâtiment en pierre datant de 1912, qui fut conçu par l'architecte Uheiji Nagano. Le style unique de ce bâtisse est illustré par ses figures de pierre, ses fenêtres et son entrée. L'ancien bâtiment de la Banque du Japon (en photo ci-dessus) a aussi été érigé en 1912 par l'architecte Kingi Tatsuno (aussi à l'origine de l'agence principale de la même banque, et de la gare de Tokyo). On remarquera le style médiéval de cette construction. Enfin, l'ancien bâtiment de la banque Yasuda, lequel fut remis à la banque Fuji après la seconde guerre mondiale. La construction sera transformée en bureaux pour un journal en 1970. Son architecture de style grec datant de la période Showa et ses colonnes massives en fait un bâtiment remarquable. Pour les besoins d'aménagement des voies de circulation, les murs furent reculés en 2001. Tous ces bâtiments historiques aujourd'hui classé témoignent du boom économique de la ville d'Otaru au début du XX è siècle (de 1900 à 1930).


 

Je traverse ensuite la rue Sushi (Sushiyadori), réputée pour ses restaurants de sushis mais je reste sur ma faim (c'est le cas de le dire) devant ce qui est finalement une avenue envahie par les voitures et sans aucun attrait poétique. Je croise aussi l'ancienne ligne de chemin de fer de la compagnie Temiya (ci-dessous en photo) : celle-ci servait autrefois au transport de marchandises et reliait la gare de Temiya à celle d'Otaru. Cette entreprise d'Etat fut créée à la fin du XIX è siècle pour transporter le charbon et les produits de la pêche. La ligne, elle, fermera définitivement en 1985. A l'origine, celle-ci appartenait au réseau de la Compagnie Horonai, qui fut la première société de chemin de fer d'Hokkaïdo et débuta ses activités en 1880. Longue de près de trois kilomètres, la ligne Temiya était initialement prévue pour être prolongée jusqu'à Temari-mura Kayanuma sur la côte mais le projet sera abandonné car il s'avéra que le transport par bateau pouvait avantageusement se substituer à ce chemin de fer. La compagnie de chemin de fer Horonai sera quant à elle vendue à la compagnie ferroviaire et de charbonnage d'Hokkaïdo en 1889, tandis que la ligne Temiya passera sous le contrôle de l'Etat en 1906. Ce ne sera qu'en 1909 que la ligne prendra son nom définitif de Temiya. Et de transporter un siècle durant passagers et marchandises. La ligne reliait alors la gare de Minami-Otaru, se connectant ainsi avec la ligne d'Hakodate. Un musée de la ligne Temiya et de l'astronomie peut être visité à Otaru. On y voit d'anciens matériels ferroviaires (locomotives et wagons). Le musée ne dispose malheureusement d'aucune information en langues française ou anglaise. Il est aussi un peu excentré du centre-ville.

 

Un autre musée original est celui des boites à musique. On peut y admirer environ 3500 boites à musique du monde entier, toutes plus belles les unes que les autres. On y apprend l'origine de ces instruments au travers d'expositions. Certaines d'entre elles sont de véritables œuvres d'art. Mieux, le musée possède même sa propre boutique et offre à celles et ceux qui le désirent de confectionner eux-mêmes leur propre boite à musique. Otaru a enfin une autre spécialité : les objets en verre. On y trouve plusieurs souffleurs de verre et des maisons comme Kitaichi Glass propose non seulement d'observer toutes les étapes du soufflage de verre, des boutiques, mais également un musée.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée des Boites à musique, à 5 minutes à pied de la gare Minami-Otaru. Ouvert de 9h00 à 16h00. Tél : 0134 21 3101. Site internet : http://www.otaru-orgel.co.jp/english/e_index.html

  • Kitaichi Glass d'Otaru, 7-26 Sakaimachi, Otaru. Tel : 0134 33 1993. Ouvert de 8h45 à 18h00. Site internet :http://www.kitaichiglass.co.jp/

  • Musée Kitaichi, 5-27 Sakaimachi, Otaru. Ouvert de 8h45 à 18h00. Entrée : 700 yens

  • Office de tourisme d'Otaru, Gare d'Otaru : 0134 29 1333. Deux autres bureaux de tourisme existent dans cette ville (Asakusa Bridge, Canal Plaza)











 



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