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Les Jardins Botaniques de Singapour
(Singapour)
Heure locale


Mercredi 9 décembre 2015

 

Cela fait une éternité que je ne suis pas retourné à Singapour. Pour cette fois, que diriez-vous de découvrir les jardins botaniques de cette grande et belle ville ? Ces jardins existent depuis 156 ans et sont situés plus exactement à la lisière de la zone commerçante de la cité. Ils sont aussi classés au patrimoine mondial de l'Unesco, et ont, depuis 2013, été distingués par Trip Advisor. Sans oublier les trois étoiles du Guide Michelin !

Les jardins furent fondés en 1859 par la société d'horticulture de l'époque, et jouèrent alors un rôle important dans le développement du commerce du caoutchouc de Singapour au début du XX ème siècle. Le directeur des jardins, de 1888 à 1911, le scientifique Henry Nicholas Ridley, effectuait alors des recherches sur cette matière. Né en Angleterre, notre homme passera une partie de son existence à promouvoir le commerce du caoutchouc et découvrira en 1895 une manière de recueillir le fameux liquide sans endommager les arbres. Son influence sera également décisive dans la création d'une industrie du caoutchouc dans cette partie du monde. C'est ainsi que l'île de Singapour deviendra, en 1920, le premier producteur de latex de la planète.

 

La principale attraction du gigantesque parc (qui s'étend sur 82 hectares) reste incontestablement le jardin des orchidées, à la fois centre d'études et pionnier dans la culture de cette fleur hybride, une fleur largement exportée dans le monde puisque Singapour est le principal pays exportateur de fleurs d'orchidées coupées. Quant au jardin, il offre d'admirer la plus vaste collection de quelques 1200 espèces de fleurs. Dois-je rappeler que les orchidées forment une immense famille de plus de 25 000 espèces, réparties en 850 genres ? Ces plantes herbacées de types divers et à feuilles réduites, à écailles, parfois développées, terrestres, pérennes, rhizomateuses ou tubéreuses, vivent dans les régions tempérées et tropicales. Tout commence à partir d'un microscopique champignon qui va permettre à la plante de pallier l'absence de toute réserve dans ses graines et l'absence de radicelles au niveau de ses racines. Cette fleur serait âgée de 75 à 86 millions d'années, mais reste, à nos yeux, toujours aussi belle.

Situé dans la partie ouest du parc, le jardin des orchidées s'étend sur deux hectares, et offre de nombreuses attractions : le Burkill Hall (en photo ci-dessous) est un bungalow colonial, qui fut bâti en 1886, et qui sert de couveuse aux orchidées. Il fit autrefois office de logement pour Isaac et Humphrey Burkill, qui dirigèrent le parc dès son ouverture.

Le Jardin VIP des orchidées, lui, se trouve juste derrière le Burkill Hall et présente des orchidées célèbres, comme la Princesse Diana, Margaret Thatcher, Akihito, Kotaishi Hidenka, Elizabeth, ou encore Gloria Macapagal-Arroyo. Plus de cent célébrités, hauts dignitaires, ou chefs d'Etats ont ici leurs fleurs.

L'Orchidarium est, pour sa part, plus particulièrement consacré aux passionnés d'orchidées et offre d'observer les fleurs sous une serre tropicalisée.

Tan Hoon Siang Misthouse est, quant à elle, une serre offrant une grande variété d'orchidées hybrides aux couleurs étonnantes. Tan Hoon Siang était un descendant de Tan Tock Seng, philanthrope et fondateur de l'hôpital Tan Tock Seng. A l'origine marchand singapourien, Tan Tock Seng naquit à Malacca d'une famille d'origine modeste, en 1798, puis s'établit à Singapour en 1819 pour y vendre des fruits, des légumes et des volailles. Bientôt, il put s'acheter une boutique, puis devint un notable respecté.

La Maison des broméliacées de Lady Yuen-Peng McNeice est consacrée aux fleurs appartenant à cette famille d'orchidées, dont l'ananas fait partie. L'unique collection de broméliacées visible sur place provient du jardin d'orchidées Shelldance, situé en Californie.

Une dernière maison, Coolhouse, essaye quant à elle de recréer une forêt tropicale dans laquelle on peut admirer des orchidées vivant dans ce genre de milieu forestier.


 

Les Jardins botaniques de Singapour accueillent chaque année près de 4,5 millions de visiteurs, tous curieux de découvrir les espèces florales (on en trouve plus de 10 000) réparties sur les 82 hectares du parc. Du nord au sud, il faut compter une distance de 2,5 kilomètres. Aussi, munissez-vous de bonnes chaussures.

La botanique relève d'une vielle tradition à Singapour. En effet, le premier jardin d'expérimentation botanique y apparut en 1822 sur la colline du Gouvernement (Government Hill) à Fort Canning (petite colline d'une hauteur de soixante mètres située au sud-est de la ville de Singapour). Son créateur fut Sir Stamford Raffles, fondateur du Singapour moderne et naturaliste avéré. Homme d'Etat britannique, Gouverneur général de Bencoolen et Lieutenant-gouverneur de l'île de Java, notre homme contribua à développer l'Empire britannique dans cette partie du monde et à l’établissement de Singapour. A l'époque, la principale tâche de ce jardin était de déterminer les cultures de fruits, légumes, épices et autres matières premières, essentielles dans le développement économique du pays, jusqu'à la date de fermeture de ce jardin, qui intervint en 1829.

Moins de trente années plus tard, ouvrirent les Jardins botaniques que nous connaissons aujourd'hui, grâce, au départ, à l'octroi de 32 hectares de terres à Tanglin, par le gouvernement local. On désigna Lawrence Niven comme architecte paysager afin d'aménager l'endroit en parc public, avec surtout de la forêt primaire et d'autres plantations. Le tracé des jardins actuels est d'ailleurs largement inspiré de ce que cet architecte dessina jadis. Puis, par manque d'argent, le gouvernement de l'époque ainsi que la société horticole jetèrent l'éponge en 1874. Apparurent alors, trois ans plus tard, les premières plantations de caoutchouc, sur l'impulsion de Henry Nicholas Ridley (on le traitait de fou, à cause de sa détermination à vouloir se lancer dans cette aventure), lequel deviendra en 1888 le directeur des jardins. Le Professeur Eric Holttum succèdera à Henry Nicholas Ridley en 1925 et restera directeur des jardins jusqu'en 1949. C'est lui qui lancera l'hybridation des orchidées, faisant ainsi de Singapour le premier pays producteur d'orchidées dans le monde.

 

Durant l'occupation japonaise de l'île, de 1942 à 1945, c'est Hidezo Tanakadate qui prendra la tête des jardins botaniques de Singapour et du Musée Raffles. Professeur de géologie à l'Université impériale du Tohoku, il veillera d'abord à ce qu'aucun pillage n'ait lieu tandis que les deux entités scientifiques continueront de fonctionner normalement malgré la présence des Japonais. De leur côté, Eric Holttum et Edred John Henry Corner avaient été assignés à résidence dans les jardins et poursuivaient leurs travaux. Les Jardins furent par contre rebaptisés Shonan Botanic Gardens à cette époque, et l'on nommera par la suite le Docteur Kwan Koriba (professeur de botanique retraité de l'Université de Kyoto) à la tête des jardins de Singapour. Poste qu'il occupera jusqu'à la fin de la guerre. Singapour reprit plus tard le contrôle des jardins botaniques, en en confiant la responsabilité au britannique Murray Ross Henderson (déjà curateur de l'herbier avant l'occupation nippone) de 1949 à 1954. Et les jardins de jouer un rôle prépondérant lors de la campagne « Opération verte à Singapour » qui aura lieu durant les premières années d'indépendance de l'île.

 

Les Jardins botaniques de Singapour accueillent gratuitement tous les visiteurs (une contribution est juste demandée pour accéder au jardin des orchidées) et offrent de nombreuses attractions : outre le jardin des orchidées, le parc possède une forêt tropicale de près de six hectares, qui est plus ancienne que les jardins botaniques. Cette forêt, installée aux limites de la ville de Singapour a sa copie conforme dans une réserve naturelle toute proche, la Bukit Timah Nature Reserve. A noter que la ville de Singapour est l'une des deux grandes villes au monde à accueillir une forêt tropicale en son sein (l'autre ville est Rio de Janeiro).

Le jardin du gingembre constitue une autre attraction : situé à côté du jardin aux orchidées, celui-ci s'étend sur un hectare et consacre tous ses soins aux plantes issues de la famille des Zingiberaceae (gingembre). Cette dernière possède plus de 1300 espèces de plantes aromatiques, divisées en 52 genres. Ses plantes sont utilisées comme fleurs ornementales, épices ou remèdes de médecine.

Les jardins disposent de plusieurs entrées. La porte Tanglin accueille, en ce qui la concerne, un centre botanique qui inclut une bibliothèque consacrée à la botanique et à l'horticulture, l'herbier de Singapour, un centre d’élevage d'orchidées et des ateliers réservés aux groupes scolaires et aux étudiants. Les toits des bâtiments et les allées sont recouverts de verdure tandis que l'on peut observer des murs végétaux ici et là. Le Pavillon vert est le premier bâtiment de ce genre à Singapour, et arbore une végétation faite de graminées, d'herbes et de plantes vivaces. Quant aux anciens bureaux des directeurs historiques des jardins botaniques, ils furent préservés et forment aujourd'hui respectivement le musée des jardins botaniques et le Hall Ridley.


 

Le jardin des enfants de Jacob Ballas témoigne, lui aussi, de l'action de son principal donateur, riche philanthrope judéo-singapourien qui disparut en 2004. Situé dans un recoin nord du parc géant, ce jardin a son centre des visiteurs et son propre café. Il fut inauguré le 1er octobre 2007, Jour de la Fête des enfants, et reste depuis, selon le Bureau des parcs nationaux, le premier jardin infantile d'Asie. On y trouve des aires de jeux, des cabanes dans les arbres avec balançoires, et un labyrinthe. Des expositions interactives (comme par exemple celle qui explique la photosynthèse) s'y tiennent également et un mini-jardin enseigne comment on peut utiliser telle ou telle plante et sous quelle forme. Une sculpture de Zodok Ben-David, artiste israélien, trône au centre des visiteurs. Nommée Mystree, cette sculpture ressemble à un arbre mais, en observant l'oeuvre de plus près, on peut y découvrir plus de 500 êtres humains. Ce jardin des enfants a son entrée du côté de la rue Bukit Timah.


 

D'autres attractions s'offrent au regard des visiteurs de ces Jardins botaniques : des plantes tropicales bordent ainsi les rives du ruisseau Saraca qui descend d'une petite colline. Il existe aussi La vallée des palmiers, le kiosque à musique, le jardin du soleil ou celui du cadran solaire.

Les jardins botaniques disposent de trois lacs : Symphony Lake, Eco Lake et Swan Lake. Des concerts sont donnés de temps à autre au bord du Symphony Lake, sont gratuits et ont lieu les fins de semaine. Des orchestres aussi réputés que l'orchestre symphonique de Singapour ou l'orchestre chinois de Singapour viennent s'y produire. Une statue du compositeur Chopin (ci-dessous) fut inaugurée au sud de ce lac « musical » le 10 octobre 2008.

Les jardins botaniques accueillent aussi la direction des parcs nationaux, tout comme plusieurs cafés, restaurants et boutiques de souvenirs. On y trouve bien sûr le centre national de la biodiversité, l'une des branches d'activité des parcs nationaux de Singapour.

Les jardins ont bien sûr des projets : la surface du parc a déjà été multipliée par quatre depuis 1859. Mais d'autres extensions seraient prévues. Dans l'immédiat, on travaille sur l'ouverture programmée en 2018 d'une forêt pédagogique, avec centre de sensibilisation à la forêt, une galerie artistique d'histoire naturelle, ces deux attractions devant être abritées à l'intérieur d'anciens bâtiments de l'époque coloniale. Lors de leur promenade, les visiteurs pourront ainsi découvrir une collection unique d'arbres et de plantes, tout au long des chemins qui jalonnent la zone. On trouvera enfin un jardin de bambous, mais aussi un bassin de rétention d'eau et ...un plan d'évacuation en cas d'inondation du centre commercial du district d'Orchard. Comptez une bonne journée pour faire le tour de ces incroyables Jardins botaniques !


 

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