Revoir le globe
Top


Tokaïdo, la Route de la Mer de l'Est - Kameyama
(Préfecture de Mie, Japon)
Heure locale


Samedi 5 mars 2016

 

Il ne me fallut qu'une trentaine de minutes avant d'atteindre Kameyama, la 46 ème étape de la route du Tokaido. Je laisse derrière moi Yokkaichi qui me paraissait peu pratique pour l'étranger que je suis. J'y ai été bien accueilli, certes, mais il y a des villes où vous vous sentez tout de suite comme chez vous. Il me semble que c'est le cas à Kameyama, une petite ville d'environ 50 000 habitants, bien tranquille, mais très bien équipée.

Il se trouve que la bougie est une des spécialités de cette cité par ailleurs ville-étape de la route du Tokaido, et station d'accueil depuis 2004 pour l'entreprise Sharp qui y a installé une des plus grandes usines de fabrication d'écrans LCD.

La fleur fétiche de Kameyama se trouve être l'iris japonais, peu nombreux en cette saison d'hiver (le seul que j'ai aperçu ce matin était une fleur en céramique incrustée dans le trottoir d'une rue). Il existe deux sortes d'iris japonais : le Hanashobu, qui pousse principalement en terrain humide et qu'on trouve couramment dans les jardins nippons, et le Kakitsubata, qui pousse en terre semi-humide et qui est moins populaire mais cultivé pourtant de façon intensive. Cet iris-là est la fleur de la Préfecture d'Aichi depuis le fameux poème tanka rédigé durant l'ère Heian, dont parlait Ariwara no Narihira dans ses contes d'Ise.

 

Kameyama est une ville-château, qui s'est construite autour du château, ou du moins de ce qu'il en reste (ci-dessus). A la fin de la période Edo, cette demeure abrita le clan Ishikawa, une famille de samouraïs descendant des Seiwa-Genji, qui gérait alors le domaine d'Ise-Kameyama. Le château était alors connu sous le nom de Kocho-jo.

Le clan en question descend directement de Minamoto no Yoshiie, même si c'est Minamoto no Yoshitoki (le fils de Yoshiie) qui adopta le premier le surnom d'Ishikawa. Minamoto no Yoshiie était aussi appelé Hachimantaro, et était un samouraï du clan Minamoto de la fin de la période Heian. Il fut également Chinjufu-shogun (Commandant en chef de la défense nord). Fils ainé de Minamoto no Yoriyoshi, il fera ses preuves au combat avec le clan Abe lors de la guerre de Zenkunen (guerre des neuf premières années) et avec le clan Kiyohara dans la guerre de Gosannen (Guerre des trois dernières années). Il deviendra plus tard une sorte de parangon d'adresse et de bravoure. Le clan Ishikawa s'installera d'abord dans la province de Shimotsuke (aujourd'hui préfecture de Tochigi). Puis, le clan prendra le nom de clan Oyama pour quelques générations, avant de revenir dans la province de Mikawa, où il reprit son nom d'Ishikawa. Sous Chikayasu Ishikawa, ce clan servira les Matsudaira ,puis Ieyasu Tokugawa.

C'est Seki Sanatada qui fonda le château original en 1264, château qui était alors situé à l'ouest de l'actuelle bâtisse. Cet ancien château constituait à l'époque l'une des cinq principales défenses des domaines de la province d'Ise. En 1590, le premier château sera confié à un proche de Toyotomi Hideyoshi, Okamoto Munenori, qui le reconstruira sur son lieu actuel. Devenu le quartier général du domaine d'Ise-Kameyama sous le shogunat des Tokugawa, Kameyama devint du même coup prospère grâce au passage dans ses murs de la route du Tokaido. On peut déplorer la destruction (par erreur!) du donjon (tenshu) par Horio Torizane, du clan Miyake, en 1632. Le donjon ne sera jamais rebâti mais Honda Toshitsugu recevra l'autorisation de construire un yagura sur les fortifications, entre 1644 et 1648. C'est d'ailleurs tout ce qui a été conservé désormais de ce château. Bien sûr, lors de la restauration Meiji, en 1873, la plupart des bâtiments de l'ancienne demeure furent rasés, sur ordre du nouveau gouvernement. Il ne reste guère plus aujourd'hui qu'une partie de l'ancienne muraille. Juste à côté du château se trouve le sanctuaire de Kameyama (ci-dessous)


 

Durant l'époque Edo, celle qu'on appelait Kameyama-juku servira à la fois de shukuba (station d'étape) et de jokamachi (ville-château) pour le château ci-dessus. Une promenade le long de l'ancienne route shogunale me permettra de constater qu'un certain nombre de constructions de cette époque est encore préservé. Dans l'estampe d'Hiroshige (deuxième photo ci-dessus), on remarque le cortège d'un daïmio (au centre) en train de gravir les flancs escarpés de la montagne couverte de neige pour se rendre au château-fort de Kameyama (en haut, à droite), bâti en son sommet. Il s'agissait alors d'une forteresse militaire qui servait aussi de gite pour les voyageurs. Hiroshige fait montre ici d'une véritable économie de couleurs : une bande bleue dans le haut de l'image, de délicates nuances de rose et de jaune pour évoquer l'aurore qui arrive, et, comme dans plusieurs autres estampes, une touche de jaune marquant les chapeaux de paille des voyageurs. On sait que l'auteur avait déjà visité l'endroit , mais en été, ce qui laisse imaginer que ce paysage a été créé a posteriori à partir de ses souvenirs et de sa vision intérieure.


 

Un musée d'histoire locale est installé non loin du château (ci-dessus). Je m'y rends mais personne ne sera en mesure de me trouver des informations en anglais sur l'histoire de cette ville. Je devrais donc me contenter d'un rapide coup d'oeil dans les quelques salles. L'une d'entre elles abrite une vaste maquette de la ville. Il existe plusieurs temples le long de la route dans Kameyama même : deux premiers temples, ceux de Fukusenji et de Hoinji sont voisins. Celui de Fukusenji jouxte une école maternelle et je serai accueilli par la joyeuse marmaille entourée par l'institutrice. On me prend souvent pour un Américain, et je dois corriger, en précisant que je viens de France. Cela surprend encore plus mes jeunes interlocuteurs. Mais que vient-il donc faire là ? doivent-ils se demander. Il est vrai que depuis le début de mon séjour, je n'ai que très rarement croisé des visages pâles (blancs). Le temple Hoinji, lui, abrite un arbre vieux de... 300 ans, qui se trouve dans le cimetière des ancêtres.

Je reprends ma route et fais une courte halte au temple Hensho-ji, où je remarque la statue d'Amida, bouddha du bouddhisme mahayana et vajrayana, qui règne sur le « Terre pure Occidentale de la Béatitude », le monde merveilleux, pur et parfait, dépourvu de mal et de souffrance. Cette terre pure, lien de refuge en dehors du cycle des transmigrations est au centre des croyances et des pratiques des écoles de la Terre pure. Ce bouddha, surnommé également le bouddha des bouddhas, est très populaires chez les mahayanistes, tout particulièrement dans le monde chinois, en Corée, au Japon, au Tibet et au Vietnam.


 

Ma balade me conduit ensuite devant la maison de la famille Kato (ci-dessous). La demeure est ouverte, je m'aventure donc à l'intérieur. Et découvre, une fois franchie la limite de la propriété, une maison raisonnablement grande au milieu d'un jardin. Aucune autre information ne me permettra malheureusement d'étayer cette fois mon commentaire. Plusieurs autres maisons anciennes ont été préservées à Kameyama, dont celle qui fut jadis occupée par une boutique de kimonos (c'est, du moins ce qu'on m'a annoncé à l'office de tourisme). La porte est close mais j'entends parler à l'intérieur. Je me risque à coller mon nez à la vitre, suis aussitôt repéré et...invité à entrer. Je suis accueilli par quatre dames (ci-dessous) qui animent la fête des poupées qui se tient jusqu'à demain soir dans cette vaste demeure. Plusieurs vitrines magnifiquement ornées permettent d'admirer des poupées de toutes sortes, déjà décrites par votre serviteur lors d'autres articles. Je repartirai avec deux petits porte-clés ravissants en forme de coquillages et réalisés par ces mêmes dames.


 

INFOS PRATIQUES :


  • Office de tourisme de Kameyama, près de la gare JR. Ouvert tous les jours (sauf le lundi), de 9h00 à 17h00. Toutes les infos données le sont en japonais, comme sur ce site : http://kameyama-kanko.com/

  • A deux pas de l'office de tourisme (sur le même trottoir), j'ai repéré une boulangerie qui fait de délicieux croissants !

  • La Fête des poupées expose à Kameyama dans une maison ancienne (sur la route du Tokaido) située à deux minutes à pied du temple Zendo-ji, du 2 février au 6 mars de chaque année. Entrée libre et plaisir des yeux garanti !

  • Musée d'histoire locale de Kameyama (à dix minutes à pied du château), ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 9h00 à 17h00. Entrée : 200 yens.











Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile