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La Côte Est, côté terre
(Ile de Madère, Portugal)
Heure locale


Mercredi 15 novembre 2017

 

Il est une route, la ER 102, qui tourne et retourne entre Funchal et Porto da Cruz, à 650 mètres d'altitude, et qui passe par les jardins de Palheiro Ferreiro (La hutte du forgeron), pour se poursuivre à travers la forêt, et via les balcons de Camacha, de Santo da Serra et de Portela, pour finir avec des vues imprenables de la côte, lorsque le temps le permet. Or, aujourd'hui, le ciel est couvert et le restera toute la journée.

Ma première halte sera cette fois pour les Jardins da Quinta do Palheiro Ferreiro (ci-dessous en photo), situés à seulement sept kilomètres de la ville de Funchal. Ce domaine paysager unique fut créé en 1804 à l'initiative du premier comte de Carvalhal. Autrefois, et une fois par an, plus exactement le 1er mai, notre homme accordait aux habitants de l'île le privilège de visiter sa quinta. Et cette journée d'être devenue une tradition au fil des ans, notables et paysans se pressant au coude à coude aux grilles du parc pour visiter l'endroit et admirer le paysage. A cette époque, le comte possédait un bon tiers de l'île de Madère mais cela ne l'empêchait pas d'être économe tout en venant malgré tout en aide aux Madériens les plus démunis. Lorsqu'il décéda, c'est son neveu qui hérita les propriétés. L'enfant (il n'avait alors que 6 ans), qui se prénommait Antonio Leandro da Camara, se taillera peu à peu une réputation d'homme très sympathique mais dépensier. Il mènera en effet grand train partout où il passera, que ce soit à Funchal, Lisbonne, Paris ou Madrid,, dilapidant des sommes faramineuses au casino et dans les fêtes somptueuses, à tel point qu'il devra vendre la quinta do Palheiro en 1885 et finira sa vie complètement ruiné.

 

Cette quinta, qui survit toujours aujourd'hui possède un pavillon de chasse qui fut bâti par le premier comte de Carvalhal, de son vrai nom Joao José Xavier de Carvalhal Esmeraldo Vasconcelos de Atouguia Bettencourt de Sa Machado. Ce pavillon de chasse est désormais devenu une demeure des Relais & Châteaux et les camélias plantés jadis, de fleurir entre novembre et avril. Quant aux arbres les plus hauts, je veux bien entendu parler des araucarias d'Australie, et des métrosideros de Nouvelle-Zélande..., ils remontent également au début du XIX ème siècle. L'endroit a depuis été redessiné en jardin à l'anglaise par le second comte de Carvalhal, avant d'être racheté en 1885 par les Blandy qui l'ont enrichi de nouvelles espèces.

Le jardin principal, au contour régulier, est parcouru d'allées en petits galets ronds qui lui donnent une touche madérienne. On y trouve de nombreux arbres et arbustes originaires d'Afrique du Sud et du Brésil. La maison de maitre, elle, qu'il n'est pas possible de visiter, se dresse au nord du grand jardin dissimulée derrière un rideau d'arbres. Elle est maintenant devenue la demeure de la famille Blandy et fut construite entre 1889 et 1891 par G.Somers Clarke, qui fut l'architecte du Reid's Palace, et sur le modèle d'un cottage victorien.


 

A l'ouest du jardin, j'observe un vallon humide habitée par une végétation désordonnée, le Ribeiro do Inferno (l'Enfer), mêlant à la fois rhododendrons de l'Himalaya, fougères arborescentes et autres plantes exotiques, y compris des espèces endémiques de Madère.

Entre la Chapelle Saint-Jean et la roseraie se trouve le Jardin de la Dame, avec un rarissime pin du Parana et un lilas des Indes.

Ma deuxième étape est Camacha : situé sur un plateau à 704 mètres d'altitude, ce lieu passionnera les amateurs de vannerie car une bonne partie de la population locale passe son temps libre à fabriquer des objets en osier. Les amateurs de musique et de danse traditionnelles ne sont pas en reste puisque ce gros bourg est le berceau de plusieurs groupes musicaux (Tuna de Bandolins, Encontros da Eira...) qui illustrent avec beaucoup de talent le répertoire madérien. Et ces formations de se produire régulièrement sur le Largo da Achada, place centrale de Camacha où se disputa en 1875 le premier match de foot du Portugal (grâce au jeune anglo-Madérien Harry Hinton qui introduisit la pratique de ce sport dans l'île). Sur cette même place se dresse encore l'imposante Maison du Peuple qui conserve une intéressante collection ethnographique axée autour de la vannerie, des costumes et des instruments de musique traditionnels. Un belvédère offre pour sa part un magnifique panorama sur l'océan et les îles Désertes. Je m'arrêterai quelques instants au Café Relogio (ci-dessous), le supermarché local de l'osier dont l'intérêt réside surtout dans son deuxième sous-sol où l'on rencontre des vanniers à l'ouvrage, en train de fabriquer des rocking-chairs, des corbeilles ou des paniers. Cet artisanat est apparu à Camacha vers 1850, sous l'impulsion d'un industriel britannique, Xilliam Hinton, le père de Harry, notre footballeur en herbe!


 

Santo da Serra est un village perché à 680 mètres de haut dont la spécialité est la production de cidre. L'endroit est frais et attachant et est souvent comparé à Sintra (près de Lisbonne), toutes proportions gardées. On y aperçoit des maisons cossues du XIX ème siècle transformées depuis en hôtels. Chaque dimanche se tient le marché traditionnel, la Feira do Santo, qui offre toutes les couleurs locales possibles et est formé de deux parties distinctes : la petite halle où les paysans discutent en dialecte madérien tout en exposant leurs produits maison, et le champ de foire où l'on parle plutôt le calao, l’argot des gitans venus de Funchal pour brader des articles contrefaits.

Au centre du village s'élève la Quinto do Santo da Serra, domaine ayant jadis appartenu aux Blandy et devenu depuis un jardin public. On y vient pour admirer les camélias, promener le petit dernier en poney ou pique-niquer. L'ancien pavillon des Blandy, une demeure de style colonial anglais peint d'un vieux rose dans la pure tradition madérienne. Non loin de là, se trouve le belvédère des Anglais qui offre une vue splendide sur la vallée de Machico


 

Le Belvédère de Portela n'est pas mal non plus, perché à 669 mètres d'altitude sur la ligne de partage qui divise Madère entre les versants nord et sud. On profite ainsi de la vue sur les parcelles en terrasses de Porto da Cruz et sur le Penha da Aguia, le rocher de l'Aigle. Une pause café bien méritée est également possible sur place au café Portela à Vista.


 

Je poursuis ma route jusqu'à Porto da Cruz, sur la côte nord de Madère, un abri naturel découvert en 1420 par les premiers explorateurs portugais. Ce lieu deviendra bien vite un port matérialisé par une croix, histoire de signaler l'endroit aux autres navigateurs. C'est à cette croix que le village doit son nom : Porto da Cruz (le port de la Croix). Avec le temps, ce village est devenu une petite station balnéaire pleine de charme qui fleure bon la mer et les embruns, avec ses quelques barques et sa plage grise battue par les vagues. Qui croirait pourtant que Porto da Cruz connut longtemps sa destinée côté terre ? Ses habitants y élevèrent peu à peu la vigne, façonnant ainsi les coteaux alentour. Et des lopins de terre en terrasses de voir pousser haricots, patates douces et canne à sucre. D'ailleurs, à quelques mètres de là, plus exactement à Engenhos do Norte subsiste encore un moulin à sucre toujours en état de fonctionnement. Le hangar blanc et rouge élève sa cheminée de briques à côté de la plage d'Alagoa, tandis qu'une maisonnette jouxtant le moulin propose aux visiteurs un point de vente et de dégustation, au choix un petit verre de poncha, ou une bouteille d'aguardiente de 15 ans d'âge. A consommer avec modération ! Derrière l'église, se trouve un autre moulin à sucre, celui des Souza, converti depuis en musée exposant une ancienne machine à vapeur provenant de Glasgow (Angleterre, 1875).


 

La plage d'Alagoa est à deux pas. La baignade y est possible mais dangereuse (à cause des courants). Coincée entre la langue de terre du moulin à sucre et l'imposante masse du rocher de l'Aigle, cette crique de sable gris reste toutefois l'un des meilleurs endroits pour pratiquer le surf à Madère. A proximité, s'étire une promenade maritime qui offre de jolis points de vue sur la mer. Il faut pour cela emprunter la rue du quai (rua do Cais) qui contourne la langue de terre, avant d'accéder au petit port de Porto da Cruz truffé de grottes d'origine volcanique dans lesquelles les pêcheurs remisaient autrefois leurs casiers. Une belle balade en perspective...


 

INFOS PRATIQUES :

  • Jardins de Palheiro, Caminho da Quinta do Palheiro 32, à Sao Gonçalo. Tél:+351 291 793 044. Ouvert tous les jours, de 9h à 17h30. Entrée : 11€. Joli salon de thé. Pour s'y rendre, suivre les panneaux « Palheiro Gardens ». La visite de ce parc ne vaut la peine qu'en période de floraison. Site internet: http://www.palheirogardens.com/
  • Restaurant de la Casa Velha do Palheiro, rua da Estalagem 23, à Sao Gonçalo. Tél:+351 291 790 350. Ouvert tous les soirs, très bonne table mais prix élevés.

  • Café Relogio, Largo da Achada, à Camacha. Tél:+351 291 922 114. Ouvert tous les jours de 8h45 à 18h00. Site internet : https://www.caferelogio.com/

  • A Santo da Serra, la grande maison de maitre rose se trouve sur la gauche. Il suffit de la contourner par la droite pour trouver un chemin de terre qui vous conduit en quelques minutes jusqu'au belvédère des Anglais.

  • Moulin à sucre, Campanhia dos Engenhos do Norte, rua do Cais, Engenhos do Norte. Tél:+351 291 742 935. Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 13h, et de 14h à 18h. Le samedi de 10h à 17h. Entrée libre. Site internet: https://www.branca-rum.com/pt-home2

  • Sociedade de Destilaçao da Madeira, Engenho Velho, rua Sousa e Freitas 10. Tél:+351 965 219 756. Ouvert du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 18h.

     






 



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