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Ile de Porto Santo
(Archipel madérien, Portugal)
Heure locale


Samedi 18 novembre 2017

 

L'archipel madérien comporte plusieurs îles dont l'île de Porto Santo (ci-dessous en photo), deuxième île habitée de cet archipel portugais de l'océan Atlantique, située au nord-est de Madère, et surnommée l'île dorée, sans doute grâce à la couleur désertique de ses paysages et à de sa longue plage de sable jaune (contrairement à Madère, qui offre du sable noir). Cette île est aussi d'origine volcanique et fut formée il y a plusieurs millions d'années sur un point chaud, heureusement devenu inactif, qui donnera naissance à Madère et aux îles Désertes. Le point culminant de l'île de Porto Santo est le pic de la Torche (Pico de Facho) à 541 mètres d'altitude.

J'embarque ce matin samedi à 7h30 à bord du navire « Lobo Marinho » de la compagnie maritime qui dessert quotidiennement l'île au départ de Funchal (Madère). Le voyage durera 2h30 sur une mer calme. A notre débarquement au port de Porto Santo, les clients se divisent en deux groupes:ceux qui sont pris en charge dès leur descente du navire, et les autres, dont je fais partie. Je m'adresse à un taxi pour me renseigner sur le cout de transport pour deux heures de visite de l'île qui est relativement petite. Le chauffeur me demande 50€. Je renonce et me mets en marche pour me rendre à la ville principale de l'île, Vila Baleira, située à 2,5 km du port. Cette promenade s'avérera fort agréable, sous un soleil éclatant.


 

Je débuterai ma visite de Vila Baleira par la maison de Christophe Colomb (ci-dessous) où aurait vécu le célèbre navigateur pendant un à deux ans, vers 1480, après avoir épousé Filipa Moniz, la fille de Bartolomeu Perestrelo. A vrai dire, cette maison était celle de son beau-père, Bartolomeu Perestrelo, d'origine génoise comme lui et premier capitaine de l'île. L'endroit, aujourd'hui transformé en musée, propose aux visiteurs deux expositions : une exposition temporaire, visible jusqu'en mars 2018, et qui s'intitule « l'Art au temps des découvertes » (deuxième photo), installée dans une pièce jouxtant l'endroit où l'on retire son billet. Et une exposition permanente, extrêmement bien documentée, qui se trouve au premier étage de la demeure (prendre l'escalier). Quatre salles rassemblent sur place documents et divers objets (cartes marines, monnaies...) ainsi que des panneaux d'information en deux langues (portugais et anglais) concernant l'importance stratégique de Porto Santo dans les explorations portugaises, espagnoles et hollandaises. Les liens étroits entretenus par Christophe Colomb avec l'archipel madérien sont également évoqués comme par exemple son fils aîné Diogo do Colombo, qui serait né ici. Dans la deuxième salle, j'admirerai le « Retrato de Cristovao Colombo », modeste mais rare portrait du navigateur peint par un artiste sans doute italo-flamand du XVII ème siècle.


 

Les deux autres salles sont consacrées au naufrage, sur la côte nord de l'île du Slot ter Hooge, un navire de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, en 1724, alors que le bateau faisait route en direction de Batavia (l'actuelle Jakarta en Indonésie) avec 254 passagers à son bord et une cargaison de trois tonnes de lingots d'argent. Les Anglais réussiront à en repêcher 350 kg deux ans plus tard, et le reste de ce trésor ne sera remonté qu'en 1974.

A deux pas de là, se trouve la Grand-Place (aussi appelée Largo do Pelourinho, ou Passeio) sur laquelle se trouve l'ancienne mairie de Vila Baleira. C'est le point de rencontre incontournable pour les vacanciers et les iliens. La majorité des Portosantais vivent d'ailleurs sur la côte sud et des résidents madériens habitent à Vila Baleira qui a le statut de ville depuis 1996. La place a actuellement retrouvé sa sérénité habituelle même si le pilori (pelourinho) qui lui donne son nom a disparu depuis 1834. L'ancienne mairie, le plus vieux bâtiment officiel de l'île, offre par contre toujours ses deux escaliers et son écusson (ci-dessous en photo) surmonté de la couronne royale et de ses dragonniers au-dessus de l'entrée. Sur cette même place, on peut toujours distinguer un puits vitré creusé dans le sol, qui est en fait un silo (matamorra) qui était jadis destiné à stocker les céréales abondantes et les soustraire à la convoitise des pirates (une couche de sable dissimulait alors le couvercle du silo enterré dans le sol). Car l'île de Porto Santo, pourtant 18 fois plus petite que Madère, sera pillée à plusieurs reprises par les pirates. Les navigateurs portugais Joao Gonçalves Zarco et tristao Vaz Teixeira prendront possession de l'endroit au nom du Portugal dès 1418 alors que l'île existait déjà sur un atlas italien depuis le XIV ème siècle. Et de la nommer Porto Santo (Port-Saint) car les deux hommes y auraient trouvé refuge lors d'une grosse tempête.

Sur la Grand-Place, se dresse l'église Notre-Dame de Pitié (deuxième photo), qui porte le nom de la sainte patronne de Porto Santo et fut fondée en 1430. Elle aussi sera incendiée par les pirates et devra être reconstruite à la fin du XVII ème siècle. Seules quelques gargouilles et la chapelle de droite qui contient de jolis bustes en bois subsistent du lieu de culte d'origine. Les azulejos, eux, proviennent de la manufacture de Sacavem (à Lisbonne) et datent des années 1940, tout comme les peintures qui encadrent le maitre-autel, œuvres de Max Römer. Cet artiste allemand ne pouvait pas s'empêcher d'insérer discrètement des détails typiquement madériens dans ses peintures. Ainsi remarque t-on sur le panneau droit du retable la baie de Porto Santo avec sa longue plage de sable, et, en arrière-plan, le cône volcanique érodé du Pico do Castelo.

En contrebas de la Grand-Place, j'aperçois le môle (cais velho) , en photo ci-dessous, construit à l'emplacement du vieux quai où accostaient au siècle dernier les bateaux en provenance et à destination de Madère. Avant la construction du môle en 1929, c'est directement sur la plage que s'effectuaient l'embarquement et le débarquement, à l'aide des bateliers qui portaient sur leurs épaules les passagers jusqu'aux embarcations.


 

Avant d'embarquer pour ma promenade touristique autour de l'île, je m'accorderai une pause-déjeuner. Il est possible de faire le tour de l'île de Porto Santo sur quarante kilomètres au départ de Vila Baleira, en voiture et même en scooter (se renseigner auprès de l'office de tourisme, tout proche de la station de taxis) tant l'île est petite (11 km de long et 6 km de large). Les endroits remarquables ne sont pas absents de cette île, parmi lesquels la plage de Porto Santo qui posséderait, selon certains, des vertus thérapeutiques. Son sable dorée et doux est riche en carbonate de calcium et aiderait à la relaxation et à la prévention des rhumatismes. Notre premier arrêt aura lieu à Ponta da Calheta. Le terme calheta désignant une baie ou une anse dans laquelle il est possible de trouver refuge. Le gros rocher (en photo ci-dessous) qui se profile en face de la pointe est l'îlot du bas (Ilheu de Baixo, ou Ilheu de Cal), aussi appelé îlot de la chaux, qui jouera un rôle important dans le développement économique de Porto Santo : Ses flancs sont en effet percés de galeries et de cavernes desquelles des ouvriers extrayèrent longtemps les pierres calcaires nécessaires à la fabrication de la chaux. En 1905, on comptait encore 47 hommes qui travaillaient sur place, jour et nuit, pour extraire ce calcaire. Ces hommes étaient logés sur l'îlot et il subsiste encore actuellement les vestiges des habitations qui leur servaient d'abri. Ces mines, propriétés d'entrepreneurs madériens, seront exploitées jusque dans les années 1970. L'endroit qui a depuis retrouvé sa quiétude, abrite de nombreuses colonies d'oiseaux et aussi des escargots rarissimes. Depuis Ponta da Calheta, j'apercevrai au loin le Pico do Ana Ferreira (deuxième photo) qui culmine à 283 mètres et qu'on peut escalader à partir de la chapelle de Sao Pedro. Sur place, le volcan a laissé des orgues de basalte, de curieuses colonnes qui résultent de la contraction de la lave à la fin du refroidissement.

 

Au bout d'un quart d'heure, nous reprenons la route en direction de l'aéroport de Porto Santo que nous longerons à un moment donné afin d'atteindre Fonte da Areia (ci-dessous), sur la côte nord de l'île. Cet endroit appelé « la source du sable » servit longtemps aux îliens en tant que lieu de pèlerinage : l'eau qui jaillissait en effet d'une falaise était l'une des rares sources d'eau douce de Porto Santo. Qui plus est, cette eau était réputée curative contre les maux d'estomac et les maladies de peau. Aujourd'hui, l'eau n'est plus potable mais on peut profiter de jolis points de vue sur cette côte restée sauvage où de rares plantes ont trouvé refuge, comme le lotier glauque ou la criste-marine.


 

Le Pico do Castelo (ci-dessous) n'est pas si loin et rivalise du haut de ses 437 mètres avec son voisin, le Pico do Facho. Nous y accédons en minibus par une voie carrossable et nous arrêtons à un belvédère qui nous permet de dominer la région. Au passage nous traversons le village de Camacha qui abrite un petit musée ethnographique. Nous atteindrons bientôt le belvédère de Portela (deuxième photo) d'où je distinguerai le port de Porto Santo et les montagnes environnantes. Le regard embrasse toute la longue plage dorée de l'île jusqu'à la pointe de Calheta. C'est à cet endroit que se dressent encore aujourd'hui les célèbres moulins à vent (troisième photo) de l'île. Ces moulins servaient autrefois à moudre les céréales. On en comptait ici une trentaine au début du XX ème siècle, et seuls deux restaient encore en état de fonctionnement en l'an 2000. On distinguait alors deux types de moulins à vent : le moulin fixe en pierre, coiffé d'un toit rotatif, similaire à ceux qu'on trouve dans le sud du Portugal, et le moulin tournant, plus courant, en bois, monté sur roulettes, et juché sur un socle circulaire de pierre (plus nombreux dans le nord du pays).


 

INFOS PRATIQUES :

  • La compagnie Porto Santo Lines (https://www.portosantoline.pt/) dessert (presque) quotidiennement l'île de Porto Santo depuis Funchal. Durée de la traversée : 2h30. Les prix sont variables selon les besoins de chacun et les saisons. Départ de Funchal à 8h00 (arrivée à Porto Santo à 10h30). Pour le retour, départ de Porto Santo à 18h00 (pour une arrivée à Funchal à 20h30). Accès internet WiFi gratuit (demander un code au kiosque à journaux face à la réception) avec connexion d'une heure maximum. Cafétéria du bord : la salade de fruits qui est servie n'est pas de la plus grande fraicheur ni d'une grande qualité. Le « pastel de nata » est minuscule. Se présenter trente minutes avant l'heure de départ du bateau.
  • Visite de l'île : à la descente du bateau, on peut soit prendre un bus qui mène à Vila Baleira, soit marcher jusqu'à cette ville (environ trente minutes), soit louer une voiture, soit prendre un taxi. Pour le tour de l'île, j'ai refusé le prix exorbitant des taxis (50 à 60€) pour prendre le bus N°6 de l'agence Moinho Rent-a-Car dont le bureau est situé face à la station de taxis, sur une place au niveau de la Avenida Dr Manuel Gregorio Pestana Junior (Tél:+351 291 982 141). Il en coute 8€ pour cette promenade touristique (minimum 4 personnes) qui dure 1h45 et s'arrête pour un quart d'heure à chaque étape : Ponta Calheta, Fonte de Areia (près aéroport), belvédères du Pic de Castelo et de Portela (avec les célèbres moulins à vent). Départ du lundi au vendredi, face au guichet de l'agence, à 15h00 (et à 14h00 le weekend).

  • Maison-musée de Christophe Colomb, Travessa da Sacristia 2-4 à Vila Baleira. Tél:+351 291 983 405. Ouvert du lundi au samedi (sauf le mardi) de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30. Le dimanche de 10h à 13h. Entrée gratuite. Site internet : http://www.museucolombo-portosanto.com/ing/home.html . Dans chaque salle, en plus des panneaux, des fiches plastifiées sont en libre-service en deux langues (portugais et anglais) et abordent les thèmes de l'exposition.

  • Eglise Notre-Dame de Pitié, Rua Dr Nuno Silvestre Teixeira, à Vila Baleira. Entrée libre.

  • Restaurant O Rochedo, rua Dr Nuno Silvestre Teixeira à Vila Baleira. Tél:+351 963 800 129. Bonne cuisine. Accès internet WiFi gratuit.

  • Office du tourisme de Porto Santo, Centro de Artesano, Avenida Dr Manuel Gregorio Pestana Junior à Vila Baleira. Tél:+351 291 985 189. Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30. Le samedi de 10h à 12h30.









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