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Le Venaçais
(Haute-Corse, France)
Heure locale

 

Jeudi 4 octobre 2018

 

La région du Venaçais est intégrée au parc naturel régional de Corse. Et inclut un certain nombre de villages dont Saint Pierre de Venaco, Venaco, Vivario et Muracciole.

Nous partons d'abord en direction de Saint Pierre de Venaco autrefois appelé Venicium par les Romains. Ce petit village, qui s'étire au pied du Mont Cardu (2454 mètres) à une altitude d'environ 860 mètres comptait 1200 habitants au Moyen-Âge vers 1520, et l'église Saint Pierre (en photo ci-dessus), elle, verra le jour en 1589. Edifice de style roman avec un toit couvert de lauzes, des parois internes et une abside ornée de peintures, ce lieu de culte figurait comme étant l'église principale de la commune. Le 18è siècle verra la forte mobilisation de la population locale contre Gênes, entre 1729 et 1769, due essentiellement à l'augmentation constante de l'impôt à cette époque.

Le village n'offre rien d'extraordinaire à voir si ce n'est son église et le château de Pozzo di Borgo. L'église Saint Pierre et Saint Paul est malheureusement fermée mais abrite tout de même de jolis vitraux, dont celui qui orne la façade principale (ci-dessous). Edifiée sur des fondements médiévaux, l'église possède un joli petit clocher latéral. Son fronton est orné à sa base d'une tiare avec deux clefs entrecroisées, une symbolique de Saint Pierre devenue depuis les armes du village. L'intérieur de l'édifice renferme un tabernacle en bois polychrome du 18è siècle classé monument historique depuis 1995. Deux autres lieux de culte existent au village : la chapelle San Bastianu, et la chapelle San Eliseu qui reste un lieu de pèlerinage très fréquenté par les habitants et les visiteurs extérieurs, chaque 29 août. C'est que San Petru, comme on dit ici, a toujours été un lieu de villégiature très apprécié. Le comte Pozzo di Borgo lui-même en fera sa résidence d'été en 1873. Dans la seconde moitié du 19è siècle, le comte fera d'abord bâtir une demeure que l'on surnomma « le Chalet », bâtisse plus tard transformée en auberge devenue depuis l'hôtel-restaurant « Le Torrent ». Puis, notre homme édifiera ensuite une autre bâtisse qu'on appellera « le Château », désormais à l'état d'abandon.

Le pastoralisme participe aussi beaucoup à l'existence du village, à travers les bergeries de montagne vouées à la transhumance. Les aires à blé, les sources et les arbres remarquables qui jalonnent les sentiers de randonnée complètent ce cadre naturel.


 

A seulement quelques kilomètres de là, se trouve Venaco, niché sur les flancs du Mont Cardo, et résultat de la fusion en 1874 des communes de Serraggio et de Lugo-di-Venaco. Situé dans la Corse granitique, le village invite à la découverte d'une roche de couleur verdâtre, plus ou moins cristallisée. Il suffit de grimper jusqu'à Serraghju, à 600 mètres d'altitude, et de prendre la direction de l'ancienne carrière de marbre que l'on atteint après 45 minutes de marche.Une fois franchi Bocca U Valdu, près de l'ancien parc à mouflons, le talweg permet de découvrir d'énormes assises de « pouldingue » venaçais en forme de gradins.

Venaco est aussi considéré comme le berceau du Parc naturel régional de Corse. Il se trouve sur le parcours de transhumance qui, autrefois, conduisait les bergers de la plaine de la région d'Aléria aux alpages des massifs environnants. L'élevage s'est de nos jours sédentarisé sur d'anciennes terres consacrées jadis à la culture des céréales. Et les aires à blé, les paillers et les moulins à châtaignes et à olives toujours observables ici et là de laisser imaginer ce qu'était la vie d'antan, à la fois rude mais prospère. Venaco est aussi un haut-lieu du fromage fermier corse, et organise une foire du fromage chaque premier week-end de mai, l'occasion pour le village de faire gouter aux visiteurs le fameux fromage « U Venachèse » et de promouvoir le pastoralisme.

Venaco, c'est aussi une page d'histoire avec la bataille du Vecchju : malgré sa défaite écrasante face aux Français le 8 mai 1769, Pascal Paoli ne perdit pas courage et décida à défendre la ligne de Vecchju en organisant la résistance aux côtés de son frère Clément et de Jacques Abatucci, face au désespoir grandissant de la population. Le comte de Vaux, à la tête de l'armée française, rassemblera alors 10000 hommes sur la rive gauche du Vecchju, contre 600 hommes seulement pour Pascal Paoli sur l'autre rive. Débutée le 4 juin, la bataille durera quatre jours et les Corses se battront à un contre vingt, au corps à corps et à l'arme blanche. Puis Pascal Paoli et ses fidèles gagneront les hauteurs de Ghisoni, le Fium'orbu puis Porto Vacchio où les vaisseaux anglais les emmèneront à Livourne.


 

Long de 24 kilomètres le Vecchio conflue avec le ruisseau de Verjello en amont du pont Eiffel (en photo ci-dessous). Il prend sa source à environ 1700 mètres d'altitude dans la forêt de Vizzavona, entre le Monte d'Oro et la Punta di l'Oriente. Le viaduc ferroviaire qui franchit le cours d'eau doit son existence à Gustave Alexandre Eiffel qui oeuvra à la construction du tablier en poutres et treillis de 1890 à 1894. L'ouvrage, actuellement en cours de restauration, mesure 171 mètres de long et 84 mètres de haut. Composé de trois travées de 44,5 mètres, le pont possède deux piles en maçonnerie qui reposent dans le lit de la rivière. Il est classé monument historique depuis 1976.

 

Vivario constitue notre prochaine étape. Le village est traversé par un trafic routier intense dont on se demande d'ailleurs comment la population peut en supporter les effets durables. L'église Saint Pierre aux liens (ci-dessous) est remarquable par son clocher à trois étages qui lui est accolé, le dernier étant flanqué de pyramidions aux angles et coiffé d'une horloge. Autre curiosité : la fontaine de Diane à la biche, qui se dresse au cœur du village. Son bassin en granit fut bâti en 1878 et fut coiffé d'une statue en fonte de fer, copie d'une statue antique jadis offerte à Henri II par le pape Paul IV.

En reprenant la direction d'Ajaccio (sur la T20), et quelques kilomètres après la sortie de Vivario, nous découvrons sur notre droite une aire d'observation depuis laquelle on peut clairement observer le fort de Pasciola ou, tout au moins, ce qu'il en reste. Ce fortin, entouré d'une courtine, fut érigé sur un piton rocheux en 1771 avec une citerne souterraine d'environ 90 m3. La forteresse, qui se trouve ainsi à 797 mètres d'altitude, au nord-est du village de Vivario, pouvait abriter une garnison ordinaire de 48 hommes et même jusqu'à 84 hommes en cas de besoin et pendant un an. Sous l'Empire, le général Morand transformera l'ouvrage en prison, avant que celui-ci ne soit vendu à une personne privée puis classé monument historique en 1977.


 

Village de montagne, Muracciole n'est desservi que par la D343 et se trouve en bas de la forêt territoriale de Rospa-Sorba. Thérèse et moi montons jusqu'ici pour découvrir la petite chapelle Sainte Mairie de l'Arca (du nom d'un ancien village ruiné) avec ses fresques du 15è siècle. Notre déception sera grande car un seul panneau indiquant la direction de cette chapelle, en contrebas de la charmante église de l'Assomption (en photo ci-dessous) ne nous mènera à rien, sinon dans un dédale de plusieurs chemins de randonnée. Encore un bel exemple de manque de mise en valeur du patrimoine ! Dépités, nous regagnons notre véhicule et quittons ce village où il semble n'y avoir aucune âme qui vive. L'endroit ne manque pourtant pas d'intérêt, puisque, d'après un employé communal des environs rencontré ce matin, l'endroit aurait un lien familial avec le célèbre chanteur Antoine (Pierre Muraccioli, dit Antoine). D'autre part, le château de Muraccioli, de style Renaissance, s'élève encore aujourd'hui au village. Il fut érigé vers la fin du 19è siècle avec les mêmes matériaux que ceux utilisés pour les Tuileries, par Ange Muracciole, ancien sénateur de Corse. Celui-ci le fera bâtir à son retour de Panama, avec l'argent gagné lors de la construction du canal.

Chapelle préromane des 10è et 11è siècle, la chapelle Sainte Marie d'Arca (en photo ci-dessous) fait partie des églises les plus anciennes de Corse. Elle se situe dans l'ancien hameau d'Arca, en-dessous de Muracciole, hameau abandonné au lendemain de la Première guerre mondiale. Son choeur est orné de peintures à fresques (deuxième photo) datant du 15è siècle.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Saint Pierre de Venaco : deux sentiers de randonnée s'offrent à vous. Le sentier Nature et découverte « U Caracutu » d'une durée de deux heures aller retour, à travers des sous-bois de chênes verts, de hêtres et de pins laricio, et le Chemin des Bergers qui forme une boucle en passant par les lignes de crêtes encadrant la rivière U Misognu, avec au passage d'anciennes bergeries. Temps de marche aller retour : 5 heures, dénivelé de plus de 850 m.
  • Mairie de Saint Pierre de Venaco : http://www.santopietrodivenaco.fr/accueil.php

 

 

 




 



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