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Costa Verde et Casinca
(Haute-Corse, France)
Heure locale

 

Lundi 8 octobre 2018

 

Pour débuter la semaine, nous nous rendons sur la Costa Verde et du côté de la Casinca : Cervione,Castellare di Casinca, Penta di Casinca, Loreto di Casinca et Vescovato sont ainsi au programme de cette belle journée.

Il faut quitter le littoral plat corse de cette partie du département pour pénétrer à nouveau dans la moyenne montagne et atteindre d'abord Cervione : ce village situé entre 350 et 400 mètres d'altitude, à flanc de montagne, est accroché en amphithéâtre sur les dernières pentes du Mont Castellu (1109 mètres). Village médiéval bâti en arc de cercle autour de l'église Saint Érasme (en photo ci-dessous), Cervione connaîtra un essor important au 16è siècle lorsque Alexandre Sauli, évêque du diocèse d'Aléria, décide d'y installer le siège des évêques d'Aléria. En 1736, Théodore de Neuhoff, premier roi de Corse, s'établira à son tour à Cervione et s'installera au palais épiscopal désormais libre. Et la cité de devenir alors la capitale de l'île, avant que s'y installe le général Pasquale Paoli lors de la période indépendantiste de la Corse. De nos jours, la ville demeure une capitale historique et reste l'un des plus gros villages de la Costa Verde avec ses 1600 âmes.

Alors que nous sommes presque arrivés au sommet du village, je m'adresse à un vieux monsieur qui se rend justement à la cathédrale Saint Érasme. Une fois le véhicule garé, nous descendons ensemble quelques marches, puis une ruelle, jusqu'à atteindre cet édifice de style baroque, qui date du début du 18è siècle. La cathédrale actuelle remplace l'église précédente bâtie en 1578 par Alexandre Sauli, ce célèbre évêque qui permettra à Cervione de rayonner deux siècles durant en tant que résidence principale des autorités religieuses. Bien qu'en cours de réfection, la façade nord porte la date de 1714, qui indique le début des travaux de l'une des plus importantes églises baroques de l'île de beauté. Sa façade à trois étages rappelle l'église des Jésuites de Cambrai, dont l'érection avait débutée 35 années plus tôt mais dans un style plus dépouillé (pilastres dédoublés, volutes et croix rayonnante). On trouve aussi une nef unique couverte en berceau, des chapelles latérales peu profondes, le tout dominé par une des rares coupoles de l'île surmontée d'un lanternon destiné à éclairer l'intérieur de l'édifice. Dernière originalité : les peintures en trompe l'oeil qui ornent l'intérieur de l'église (deuxième photo)


 

La bâtisse adjacente à la cathédrale fut construite en même temps que l'édifice religieux. Il s'agit du séminaire, qui abritait déjà 24 élèves en 1589. Ce lieu deviendra plus tard un point d'appui des Génois lors de la révolte corse contre Gênes en 1729, puis une caserne pour accueillir les troupes françaises entre 1769 et 1784, une école de filles, puis une maison particulière (qui sera rachetée en 1863 par la municipalité). Au début du 20è siècle, l'endroit abritera l'école élémentaire Philippe Pescetti, avant d'accueillir désormais le musée ethnographique d'art et des traditions populaire, lequel illustre la vie traditionnelle des Corses des 19è et 20è siècles. L'exposition, qui s'étend sur 500 m2, occupe 14 salles sur trois niveaux et s'intéresse à la vie pastorale, agricole et religieuse : forge, vin, araires, cuirs et peaux, vêtements, filage et tissage, sellerie, cordonnerie, menuiserie, jouets, imprimerie...sont autant de thèmes abordés lors du parcours qui peut également être réalisé avec un guide (moyennant finance). Sur place, je découvre un texte parlant de la chapelle Santa Cristina (ci-dessous), qui se trouve tout près des ruines du hameau de la Furmicaccia, sur la commune de Valle Di Campulori. L'endroit, révélé par Prosper Mérimée mérite une visite pour son architecture originale et ses fresques remarquables restaurées, dont l'exécution remonte au 15è siècle. On admirera l'expressivité des personnages peints sur les conques des deux absides jumelles, avec, à gauche, le Christ dominant les apôtres et les saints, parmi lesquels Saint Barthélémy.


 

Thérèse et moi partons maintenant à la découverte de la Casinca, surnommée aussi « grenier de Rome », puis « verger de la Corse » grâce à la richesse de sa plaine alluviale fertilisée au sud par le Fium'Alto et au nord par le Golo.IL suffit de grimper dans la montagne pour découvrir de petits villages pierreux dotés de belvédères offrant une vue imprenable sur les environs. Notre première halte sera pour l'église Saint Pancrace de Castellare Di Casinca (en photo ci-dessous). Cet édifice religieux du 11è siècle et de style préroman abrite les reliques de Saint Pancrace, qui fut martyrisé en 304, lors des persécutions de Dioclétien. Les restes du saint homme furent offerts à Joseph Limpérani, consul de France à Civita Vecchia (Italie) en 1844.


 

Nous poursuivons notre périple en filant à Penta Di Casinca, village perché sur un piton rocheux dominant la plaine à 400 mètres d'altitude. L'endroit, qui est classé, surprend par ses hautes maisons dotées de portes sculptées et coiffées de lauzes. De conception antique, ces demeures sont bordées par d'étroites ruelles pavées passant ici et là sous des voûtes de pierre ou débouchant sur des grands escaliers dallés. L'église Saint Michel (ci-dessous), dont on ignore la date de début des travaux est de style baroque et est flanquée d'un campanile carré achevé en 1695. Elle fut érigée en remplacement d'une précédente chapelle romane dédiée au même saint, chapelle trop éloignée du village. L'intérieur abrite plusieurs chapelles dont celle de Saint Antoine de Padoue. Le village est également doté d'un sentier patrimonial qui part de la Place de la mairie, puis dessert les jardins en terrasse accrochés aux pentes abruptes cernant l'endroit. Un parcours fléché guide le visiteur qui déambule dans les ruelles et les allées étroites tout en admirant un patrimoine bâti exceptionnel. Ce superbe paysage qui passe devant nos yeux ne doit cependant pas faire oublier que Penta fut le théâtre de l'une des plus longues vendettas de l'histoire de la Corse, entre 1789 et 1821.


 

Découvrons à présent Loreto Di Casinca, à quelques kilomètres de là, premier village corse à avoir reçu l'éclairage public en 1895. Ce pittoresque village médiéval niche à 680 mètres d'altitude, ce qui lui vaut le surnom de « nid d'aigle de la Casinca ». A l'entrée du village, nous nous arrêtons pour admirer une fontaine monumentale (en photo ci-dessous), « A Funtanona », la plus imposante de Corse, qui coule en abondance et en toutes saisons. Cette fontaine-abreuvoir fut bâtie au 19è siècle et est alimentée par six goulots de bronze à mufle de dauphin. L'eau est directement captée à la source située sous la fontaine et le débit est de 101 litres à la seconde. Autrefois, les troupeaux étaient menés sur place, tôt le matin, et dans un ordre de passage strict afin d'abreuver les bêtes. La fontaine sera restaurée en 1876 grâce à un prêt contracté par la commune...auprès d'un particulier. Ce dernier ayant entre temps bénéficié d'une arrivée d'eau chez lui, dispensera finalement le village du remboursement de l'emprunt.

Loreto offre bien sûr son église, l'église baroque Sant'Andria datant du 18è siècle. A l'intérieur, on peut admirer un tableau représentant Notre-Dame de Loretu, Vierge miraculeuse habituellement fêtée le 8 septembre. Juste à côté du lieu de culte, se dresse un belvédère que l'on atteint en franchissant une grille puis un passage voûté, situés en-dessous du campanile de Loretu. A noter que le mur de soutènement de ce pont-levis exceptionnel fut construit dans les années 1885 par Mr Gavini qui fut maire du village de 1885 à 1940. La plate-forme offre une superbe table d'orientation en céramique réalisée par Jacques Orsini, casincais et meilleur ouvrier de France. Cette fois, la vue lointaine sur la côte Est de l'île et la mer Tyrrhénéenne est malheureusement ternie par les nuages (deuxième photo).

 

Vescovato, qui constitue l'étape ultime de cette promenade, nous replonge dans le 13è siècle, date de la fondation de ce village par l'évêque Opizo Pernice (en photo ci-dessous). La place centrale, au cœur de laquelle se dresse une fontaine surmontée d'un aigle géant, rassemble encore en cette saison les habitants venus échanger sur les terrasses des bars. Nous y croisons un patron de bar qui a mis en exergue un petit drapeau breton à l'entrée de son établissement. Et l'accueil des Corses d'être à nouveau à la hauteur pour les bretons que nous sommes. Arpenter les ruelles au hasard nous permettra de tomber sur l'ancien aqueduc et le moulin à eau (deuxième photo) de Vescovato. Ledit moulin était jadis utilisé pour produire de la farine de châtaigne. Les passages couverts médiévaux (troisième photo) constituent une autre curiosité du petit village. Celui qui est situé en-dessous de l'église Saint Martin a été taillé dans la roche pour former le passage couvert A Loghja conduisant aux anciennes écuries des moines. L'endroit a depuis été nommé A Memoria car tous les objets afférents à l'histoire de Vescovato (calèche mortuaire de la confrérie de Santa Croce, marteau et système d'horloge...) sont rassemblés dans le petit musée du même nom.


 

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