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Le Massif des Bauges
(1) (Savoie, France)
Heure locale

 

Samedi 21 septembre 2019

 

Au pied de Chambéry, s'élèvent d'imposantes masses rocheuses. Il est temps pour moi de partir à la découverte de cette microrégion où les habitants sont des Baujus et des grands spécialistes de la tome (et non l'atome!). Dans un petit village, l'un d'entre eux me dira d'ailleurs qu'ici, on est dans les Bauges et pas en Savoie : le parc régional naturel du Massif des Bauges, et désormais géoparc soutenu par l'UNESCO, endroit le moins peuplé et le moins touristique des pays de Savoie, m'ouvre ses portes. Ce n'est pas pour autant que je serai mal reçu, bien au contraire. Je rencontrerai des gens charmants tout au long de cette journée inoubliable.

 

Le Massif des Bauges est un massif montagneux calcaire des préalpes françaises du nord, à cheval entre la Savoie et la Haute-Savoie et dont le point le plus haut culmine à plus de 2200 mètres d'altitude (à l'Arcalod perché à 2217 mètres). L'endroit est façonné par l'élevage laitier traditionnel d'où l'existence de « bonnes pâtes » ici et là. La faune et la flore sont aussi très riches et justifièrent la création du parc régional du Massif des Bauges en 1995. Les Bauges sont ainsi formés de chainons calcaires orientés nord-nord-est et sud sud-ouest coupés transversalement par plusieurs torrents. Depuis Chambéry, je pars en direction de Saint Jean d'Arvey et découvre une route de bonne qualité mais embouteillée et aux nombreux virages. La chaussée étant peu large à certains endroits, c'est avec précaution que je croise les autres véhicules. De Saint Jean d'Arvey, deux routes sont possibles : celle qui mène à Aillons-Margériaz et une autre conduisant au col de Plainpalais (plus directe), qui aura ma préférence, car plus large et plus sûre compte tenu des nombreux cyclistes parcourant le parc régional.

 

Je traverserai des paysages somptueux où la verdure domine largement. Le relief accidenté met ma voiture à rude épreuve et je me réjouis d'avoir une fois encore opté pour une boite à vitesses automatique. Au cœur du massif est nichée Lescheraines, une petite commune savoyarde où s'éleva une maison forte, propriété de la famille des Métral de Desingy dès le Moyen-Âge. Et Jean d'Alèves, bourgeois chambérien et clerc du comte Amédée VI d'acquérir le village au 14è siècle. La position de carrefour du bourg imposera très tôt la construction d'un pont au-dessus de la rivière Chéran, où, chose insolite, des orpailleurs tentent leur chance à la roue de la fortune, à travers un jeu interactif « l'Or du Chéran ». La tradition des chercheurs d'or locaux n'est pas nouvelle puisque Pline l'Ancien écrivait que l'or du Chéran était le plus pur de la Gaulle avec un indice de 985 millièmes (identique à celui de l'Oural). Et cet or de dorer les chars romains, un or qui fit longtemps débat auprès des scientifiques, et qui ne se trouve que sur les torrents de l'Albanais. A ma connaissance, personne n'a jamais fait fortune à ce petit jeu là, d'autant plus que les seigneurs taxaient les orpailleurs au 14è siècle, même si la légende prétend que la famille Charvet serait devenue plus riche que leurs maitres au début du 17è siècle, au point de s'établir orfèvre à Chambéry. La grande ruée vers l'or du Chéran commencera en 1848 lorsque quelques audacieux entreprendront le creusement de galeries. Et le clergé de s'y mettre à son tour en creusant un trou de 15 mètres de profondeur qui permettra aux curé de Gruffy et à l'abbé Chatelard de découvrir... de l'argent ! Toutefois, le plus veinard de tous reste bien le Savoyard Biôlla qui découvrira en 1867 la plus grosse pépite d'or du Chéran, soit 43,50 grammes, le prix d'un mulet.


 

A Saint François de Sales, plus exactement au lieu-dit La Magne, je rencontre Jean-Paul Pernet, dernier argentier des Bauges. Comme son père, et son grand-père, l'homme aux yeux bleus tournait autrefois des ustensiles en bois durant le long hiver, réfugié dans son atelier (ci-dessous). Les femmes se chargeaient ensuite d'écouler les objets, entre la Toussaint et Pâques dans les départements alentours. Gouges, outils à main forgés sur place, scie et tour permettent toujours à Jean-Paul d'évider et de raboter des pièces de bois exclusivement prélevées sur l'érable sycomore, un bois blanc et dur qui ne fixe pas les odeurs et qu'il part chercher lui-même en forêt. Appelé traditionnellement Argenterie des Bauges, nom donné par moquerie par les villageois des environs qui, eux, fabriquaient des clous, l'atelier réalisait des assiettes en bois incassables destinées à la vie en alpage. De nos jours, l'artisan façonne saladiers, mortiers, bougeoirs, coquetiers, fourchettes à fondue, planches, casse-noix et tabourets...à noter que les grosses pièces sont travaillées en deux fois, d'abord dégrossies dans un bois mi-sec avant de sécher une saison entière puis d'être enfin assemblées. La prochaine fois que vous passez par là, arrêtez-vous saluer cet homme sage aux doigts magiques.

 

La commune de Saint François de Sales est située dans la partie ouest du massif des Bauges, occupe la partie sud de la montagne du Revard et est formée de cinq hameaux : la Magne, le Mouchet, le Chef-lieu, le Charmillon et le Champ. Cette paroisse, puis la commune, prit le nom de Saint François de Sales, qui fut originaire du château de Sales, dans le duché de Savoie, évêque de Genève puis proclamé saint et docteur de l'Eglise catholique.

Il existe sur place une curiosité naturelle, visible au retour des beaux jours : la tourbière des Creusates. A 1320 mètres d'altitude, et sur cinq hectares, la tourbière raconte son histoire vieille de 12000 ans. Unique en son genre (c'est la seule tourbière de ce type en Savoie!), elle reste marquée par son renforcement du à l'effondrement d'une grotte souterraine plus tard colmaté des siècles durant par l'argile puis par de la tourbe. Ainsi les dépôts lacustres de succession d'argile (sur quatre mètres de hauteur) s'ajoutent-ils à la tourbe (sur neuf mètres d'épaisseur). Et ladite tourbière de s'imposer dans un paysage de chalets d'alpage, avec alternance de prés, de montagnes et de forêts, et au milieu duquel se succèdent des panneaux de fléchage à l'intention des visiteurs. On vous y explique la vie de la tourbière et l'activité pastorale toujours présente avec ses troupeaux de vaches. Zone protégée, cette tourbière est délimitée par des végétaux particuliers caractéristiques des prairies humides qui offrent une mosaïque de milieux au fil des saisons et il y est bien sûr interdit d'y cueillir des fleurs.

 

Créé en 1995, le parc naturel régional du Massif des Bauges regroupe en son sein 65 communes, dont 46 dans la seule Savoie, et six villes portes. On compte 67000 habitants (Baujus) pour une surface totale de 90000 hectares (en moyenne montagne) offerte par ce parc qui s'étend d'Annecy (au nord) à Aix les Bains et Chambéry (à l'ouest), à Albertville (à l'est) et la vallée de l'Isère (au sud). En septembre 2011, le parc était le troisième du genre en France à obtenir le label Géoparc. Nous l'avons vu plus haut, l'endroit présente également une grande diversité biologique avec 1600 espèces végétales, 150 espèces d'oiseaux nicheurs, des mammifères (chevreuil, hermine, grand rhinolophe, marmotte et castor...) et neuf espèces d'amphibiens. Le parc abrite enfin une réserve nationale de chasse et de faune sauvage et la réserve naturelle nationale du bout du lac d'Annecy (vaste zone humide).

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