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Un Week-end en Algarve
(Portugal)
Heure locale

 

Dimanche 5 janvier 2020

 

France, une de mes amies, a décidé de venir vivre au Portugal, comme des milliers d'autres Européens, y compris irlandais, écossais et anglais. Située au sud de cet accueillant pays, Faro offre effectivement des températures plus clémentes et un soleil éclatant avec, pour toile de fond, un beau ciel bleu. J'ai ainsi pris un vol pour Faro vendredi dernier afin de passer cette fin de semaine avec France qui me fera découvrir un aperçu de Faro et de Loulé, deux petites villes distantes l'une de l'autre de quelques kilomètres. Partons pour un week-end en Algarve...

 

Le Portugal, c'est le dépaysement à deux heures d'avion de la France. Je quitterai Paris sous la grisaille pour découvrir l'Algarve sous un ciel magnifiquement bleu. L'aéroport de Faro est récent et consiste en un seul grand bâtiment fonctionnel mais confronté à un trafic sans cesse en hausse, d'où les changements fréquents de portes d'embarquement. Soyez donc vigilants et ne comptez que sur l'affichage des écrans installés aux murs. France m'attend avec sa protégée, Sissi, une petite chienne qu'elle a récemment recueillie dans un bouge. La petite bête me réserve aussitôt un chaleureux accueil. Se doute t-elle que je serai son tonton ?

Faro, que j'avais déjà traversée lors d'un précédent voyage au Portugal, me laisse indifférent. Les routes qui y conduisent sont certes de bonne qualité mais l'endroit ne m'attire pas plus que cela. Chef-lieu de l'Algarve, la ville abrite l'aéroport international où je me suis posé mais j'apprendrai plus tard que ces installations aéroportuaires pourtant récentes s'avèrent déjà sous-dimensionnées pour accueillir les futurs flots de touristes qui ne cessent de déferler sur cette côte.

 

France me conduit dans l'ancienne ville, plus exactement au musée municipal qui a trouvé refuge à l'intérieur d'un ancien cloitre jadis occupé par des religieuses. Non loin de là se dressent encore les hauts murs d'une forteresse qui sera érigée par les Maures suite à leur conquête de Faro en 713 après J.C. La cité connaitra alors une longue période arabe au cours de laquelle l'endroit portera le nom d'Osonoba, avant d'être rebaptisée Santa Maria do Ocidente au 9è siècle. Deux siècles plus tard, on assistera à la dislocation du califat de Cordoue, ce qui fera alors de Faro l'éphémère capitale d'un petit royaume, la Taïfa de Santa Maria del Algarve (entité qui sera plus tard intégrée par le Taïfa de Séville). Et la ville d'être devenue une cité d'importance à la fin de la main mise berbère sur le Portugal, à savoir lors de sa reconquête par Alphonse III en 1249.

Le musée municipal, lui, a choisi de ne pas franchement retracer l'histoire de la cité mais d'embrasser plus largement le passé à travers une exposition permanente qui débute avec l'archéologie, et qui nous montre que les origines de Faro datent du 4ème siècle avant J.C et que l'endroit, un temps surnommé Osonoba, entamera alors sa période d'histoire pré-romaine avant d'être occupée durablement par l'armée romaine. A l'arrivée des Romains, la cité était confinée à une colline ceinte de murailles, mais le nouvel occupant lui permettra de croitre bien davantage grâce au développement du commerce et à l'installation sur place d'entrepreneurs et de commerçants. Et Faro d'adopter un siècle plus tard le statut de municipalité au sens du droit latin.

 

Le cloitre qui abrite le musée est l'un des quatre couvents qui existait jadis dans le diocèse d'Algarve. Son architecture du 16è siècle offre l'un des tout premiers exemples de style proto-renaissance que le Portugal ait connu dans son histoire. Sa construction débutera en 1519, à l'intérieur de l'ancien quartier juif de la cité et sur ordre de la reine Dona Leonor, la patronne de Faro. Quelques années plus tard, la reine Dona Catarina, épouse du roi portugais Jean III deviendra à son tour la patronne de la cité et poursuivra la construction du célèbre cloitre qui sera achevé en 1548, après avoir été intégré au couvent tout proche. Le bâtiment accueillera ainsi une trentaine de nonnes appartenant à l'ordre de Sainte Claire, toutes issues de nobles familles réputées dans la région. Après l'introduction du libéralisme, ce qui aura pour conséquence de précipiter la disparition des ordres religieux, les nonnes quitteront le couvent en 1836. Le bâtiment sera alors cédé en 1860 à un propriétaire privé qui l'utilisera comme unité de production de bouchons de liège. Ce n'est qu'un siècle plus tard que la ville de Faro en fera l'acquisition afin d'y loger à la fois la bibliothèque de la ville et le musée municipal.

Lors de notre promenade dans le musée, je découvrirai la mosaïque d'Océanos, dieu des mers et des océans avec sa barbe verte qui fait penser à des cours d'eau. L'oeuvre, qui sera découverte en 1926, ne sera excavée plus ou moins adroitement que cinquante années plus tard, ce qui laisse aujourd'hui une œuvre partiellement endommagée. On y distingue le roi Océanos qui occupe le centre de la mosaïque entouré de motifs géométriques et floraux. Mosaïque qui était préalablement logée dans un édifice public.

A l'étage, j'apercevrai une scène gravée dans la pierre représentant à la fois le couronnement de Notre-Dame et la protection divine » d'un couple sculpté pour l'éternité. Cette pièce fit l'objet d'une commande autrefois passée par le capitaine Simao Correia et sa femme Dona Joana de Faria. Nous sommes alors fin 15è-début 16è siècle.

 

Plus loin, et toujours à l'étage, se trouve sous une galerie les armes de la ville de Faro (ci-dessous), sur lesquelles on distingue entre autres détails une porte boulonnée entourée de châteaux encadrant les bords de l'écusson national portugais. A noter que l'écusson est de son côté supporté par deux guérites voisines de deux tours à créneaux carrés, le tout assorti des cinq écussons des armes portugaises, lesquelles flottent au-dessus d'une mer d'argent tandis qu'apparait l'image de Notre-Dame de Conception avec une étoile à huit branches au-dessus de sa tête et sur sa droite.


 

Non loin de Faro, se dresse une autre agglomération : Loulé. Du temps de la présence arabe, au 8è siècle, cette petite ville s'appelait Al-Ulya. Sur place, on retrouva des traces d'habitations circulaires caractéristiques des peuples nomades remontant au Paléolithique. Et des grottes qui semblent dater de ma même période. De nombreux objets datant cette fois du Néolithique furent aussi mis à jour. Jusqu'à l'arrivée des Romains dans la région, Loulé vivait principalement de l'exploitation minière, avant que les villages côtiers alentours ne tirent peu à peu des revenus du produit de leur pêche et de l'activité de salage du poisson. A quelques kilomètres de là, à Vilamoura, des traces de vie romaine seront retrouvées lors de la découverte d'une villa romaine de Cerro da Vila, équipée de mosaïques et de bains. A Loulé même, les mêmes Romains éliront domicile sur le site du château actuel (en photo ci-dessous). Les Maures, eux, feront de Loulé un centre urbain important du 8è au 13è siècle. Pas rancunière, la petite ville laissera ces maures s'installer dans des mourarias en dehors des murs de la ville. L'heure de la reconquête chrétienne a alors sonné, dès le 12è siècle, et une foire sera instituée à partir de 1291. France me propose de voir le château qui domine la ville : des murs fortifiés qui mesuraient jadis un peu moins d'un kilomètre, il ne reste aujourd'hui que deux tours (au lieu des trois initialement existantes) et quelques pans de mur. Adieu la poivrière et les remparts avec leur chemin de ronde..

J'arrive trop tôt pour assister au carnaval local, l'un des plus renommés du pays et qui a lieu en février, mais à point nommé pour le marché journalier hébergé dans la nouvelle halle de style mauresque. J'y découvre de nombreux stands de produits locaux ainsi que les traditionnelles poissonneries et autres commerces de bouche.

Juste à côté de ce marché couvert se dresse la mairie, puis, un peu plus bas le café Calcinha, réplique fidèle d'un café brésilien apparue ici en 1928. L'intérieur a été savamment conçu afin de faciliter la convivialité entre clients, au milieu de décors de la Belle Epoque. Alors que nous passons devant l'établissement, j'entends de la musique. Je pénètre à l'intérieur du café et aperçois un groupe local en train de se produire face à une salle comble. Je filmerai deux minutes du concert musical spontanément offert aux visiteurs avant de poursuivre notre balade. L'endroit porta d'abord le nom de « Café central » avant de prendre son nom actuel en 1929, un nom tiré du surnom attribué au propriétaire Domingos José Cavaco. Le café Calcinha fut le lieu de toutes les rencontres et de bien des débats à travers les différentes époques. Et l'endroit d'avoir vu passer des personnages remarquables comme, par exemple, le poète Antonio Aleixo qui se produisit ici à plusieurs reprises et dont on peut encore admirer la statue en bronze sur la terrasse.


 

Le temps passe et France et moi achèverons notre promenade en passant par une petite chapelle, celle de Notre-Dame de Conception : érigée au milieu du 17è siècle sur ordre du roi Jean IV à l'issue de la reconquête du pays en 1640 et en l'honneur de Notre-Dame de Conception, protectrice du Portugal. De style architectural Chao, l'édifice religieux offre une seule nef et un retable sculpté doré de toute beauté. La peinture qui orne le plafond fut produite par Rasquinho, un artiste de l'Algarve du 19è siècle.

INFOS PRATIQUES

  • Office du tourisme du Faro, 8-11 Rua da Misericordia, Faro. Près de l'Arco da Vila, à l'entrée de la vieille ville.
  • Musée archéologique municipal, Largo D. Afonso III, à Faro : Tél : 289 870 829. Entrée : 2€. Site internet : http://www.cm-faro.pt

  • Site officiel de la ville de Loulé : http://www.cm-loule.pt









 



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