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Le Musée national du Bargello
(Florence, Région de Toscane, Italie)
Heure locale

 

Mardi 25 février 2020

 

Florence offre un choix impressionnant de musées mais certains sont plus incontournables que d'autres. Le musée national du Bargello en fait partie avec ses collections de sculpture gothique et de la Renaissance, qui comptent parmi les plus importantes d'Italie. Mais comment en est-on arrivé à utiliser cet édifice pour y implanter un musée d'une telle importance ? En 1840, on découvrit dans la chapelle de ce qui était alors un palais, le palais Bargello, un portrait du poète Dante peint par Giotto, ce qui relança l'intérêt pour cet endroit qui subira alors une complète restauration.

Un retour préalable sur l'histoire de ce palais me paraît nécessaire : palais florentin érigé en 1255, cet édifice servira de siège pour la police de la ville et pour le capitaine du peuple (figure politique de l'administration locale historique des communes italiennes au Moyen-Âge) durant le Moyen-Âge et la Renaissance. L'édifice, qui sera donc le premier palais public érigé dans cette cité, subira bien des dommages au cours de son existence : incendie (1332), inondations (un an plus tard) et sièges (1378) imposeront la nécessité de restaurer l'ensemble du bâtiment à plusieurs reprises.

Avant de porter son nom actuel, ledit palais portera le nom de palais Pretorio. Bâti au 13è siècle, par Lapo Tedesco, père d'Arnolfo di Cambio, l'endroit deviendra en 1260 le siège du podestat (premier magistrat de la cité), puis sera ensuite agrandi (c'est à cette époque que sera construite la loggia du premier étage). Deux cents ans plus tard, Cosme l'Ancien exigera qu'on peigne sur sa façade le portrait des nobles pendus pour s'être opposés à lui.

De 1502 à 1574, le palais abritera le Conseil de justice et les juges de la Ruota, avant de devenir plus tard une prison publique. Savonarole, qui sera mis aux arrêts en avril 1498, en découvrira un avant-goût.

L'année 1575 marquera un tournant dans l'orientation architecturale du palais lorsque le capitaine de la place, prénommé Bargello, s'y établira avec ses forces de police, et qu'il deviendra indispensable de créer de nouvelles cellules pour les prisonniers. Il faudra attendre 1786, année de l'abolition de la peine de mort (abolition instituée par le Grand Duc Léopold de Lorraine) et de la destruction par le feu de tous les instruments de torture dans la cour même du palais.

En 1840, un portrait de Dante est donc mis à jour. L'oeuvre est de Giotto et va attirer l'attention sur le fameux palais, au point que l'endroit sera voué à accueillir un musée de la civilisation toscane par décret royal en 1859. Deux ans auparavant, en 1857, il avait déjà été décidé de transférer ailleurs les prisonniers encore présents dans les murs. Et l'édifice de devenir en 1865 le Musée national du Bargello (que je m'apprête à visiter aujourd'hui) à l'issue d'une restauration conséquente.

 

Le musée comporte trois niveaux :

Au rez-de-chaussée se trouvent les statues et la salle de garde (avec des originaux de Michel-Ange et de Benvenuto Cellini).

 

Le premier étage comporte la loggia Vérone, en photo ci-dessous, un espace jadis constitué de cellules à l'époque où le palais servait de prison. Sur ses murs, on aperçoit plusieurs blasons de la Podesta. Des œuvres sont aussi exposées, parmi lesquelles celles d'artistes comme Luca delle Robbia, Giambologna, Bartolomeo Ammannati ou Baccio Bandicelli....entre autres. On trouve également plusieurs autres salles : celle présentant les œuvres de Donatello et les sculptures du Quattrocento ont trouvé refuge dans l'ancienne chambre du Conseil, également la plus grande salle du palais (deuxième photo ci-dessous). Il existe aussi une salle de la sculpture du Trecento, une autre portant le nom de salle des ivoires, puis la salle des bronzes, la salle Carrand (troisième photo), la salle Majolique et la salle des collections islamiques issues des legs grand-ducaux, Carrand, Franchetti et Ressmann (quatrième photo). J'y apercevrai enfin la chapelle Marie-Madeleine et sa sacristie. Erigée après 1280 lors des travaux d'agrandissement du palais, cette chapelle occupe l'ancien salle d'exécution des condamnés. Au milieu du 14è siècle, des fresques en recouvraient les murs jusqu'à ce qu'on les recouvre de crépi à la conversion de l'endroit en prison en 1574.


Le second étage offre plusieurs salles, mais deux d'entre elles sont actuellement fermées : une salle des bronzes et une autre des bas-reliefs en terracotta invetriata des Della Robbia Giovanni et Andrea : dans cette dernière salle sont exposées les travaux de Giovanni della Robbia (sans doute le plus prolifique de tous les fils d'Andrea) et d'autres artistes florentins, à savoir des bas-reliefs, destinés autrefois aux églises et aux couvents, des œuvres qui ont depuis rejoint ce musée national. On trouve sur place plusieurs œuvres florentines des 15è et 16è siècle issues de l'Italie du Nord et d'autres nations européennes. Une salle des armes et armures d'apparat non accessible au public pour l'instant et une dernière salle présentant des sculptures baroques et des médailles (également fermée au public) ne me feront pas l'honneur de m'ouvrir leurs portes et je terminerai donc ma visite par la salle consacrée à Verrocchio :cet espace, qui servit jadis de prison subit d'important travaux durant le 19è siècle, jusqu'à offrir son apparence actuelle, avec des œuvres du 15è siècle et du début 16è siècle. Celui qu'on surnomme plus communément Verrocchio s'appelle en réalité Andra di Michele di Cione. L'artiste sera orfèvre avant de se consacrer franchement au travail du bronze et du marbre, avec, à la clef, de nombreuses commandes émanant de la famille Médicis et de compter Léonard de Vinci parmi ses élèves. La première sculpture de l'artiste sera le buste du banquier Francesco Sassetti (vers 1464-65), une œuvre d'aspect élégant. Suivront bien d'autres travaux, et même des bas-reliefs représentant par exemple la Résurrection du Christ (deuxième photo ci-dessous) datant de 1470.

 

Parmi les œuvres immanquables, il y a « Bacchus ivre » de Michel-Ange (dans la salle de garde dite « de Michel-Ange », au rez-de-chaussée). Sculpture en marbre du peintre, architecte, poète et sculpteur italien de la haute Renaissance, cette œuvre, qui en impose de par sa taille (plus de deux mètres), représente Bacchus, le dieu romain du vin en état d'ébriété , ce qui était inattendu pour l'époque. Avec la Piéta, cette œuvre est la seule à pouvoir être attribuée avec certitude à la première période de l'artiste. On remarque les yeux révulsés de Bacchus et son corps chancelant. Le personnage nous apparaît comme androgyne offrant à la fois la finesse d'un jeune homme et la rondeur d'une femme. Ce qui n'empêche pas Bacchus de tenir une coupe de vin dans sa main droite et une peau de tigre dans l'autre main. Le tigre est en effet associé à ce dieu pour son amour de la vigne.

A l'époque, cette statue fut commandée pour le jardin du cardinal Raffaele Riario qui souhaitait ainsi compléter sa collection, mais l'oeuvre sera ensuite rejetée par le cardinal en question. Au final, celle-ci rejoindra la collection du banquier Jacopo Galli, avant d'être rachetée par les Médicis puis transférée à Florence en 1572.

 

Autre œuvre  et autre artiste: »David » de Donatello (ci-dessous) est une sculpture en bronze réalisée entre 1430 et 1432, qui est considérée comme étant le premier grand bronze fondu depuis l'Antiquité. Exposée au Palais Médicis en 1453, avant de faire un passage au Palazzo Vecchio, l'oeuvre a maintenant rejoint le musée Bargello.

Commandée par Cosme de Médicis, protecteur de la République florentin de 1434 et 1464, cette œuvre sera à la fois privée et publique. Haute de 1,58 mètre, en bronze, et montée sur un piédestal en marbre, elle choqua la première fois qu'elle fut exposée à cause de la nudité du jeune homme. Et l'oeuvre de dépeindre le jeune David à l'énigmatique sourire typiquement Renaissance, le pied posé sur l'imposante tête de Goliath, juste après sa victoire. Entièrement nu, et ne portant sur lui que chapeau et bottes, tout en tenant l'épée de Goliath, on remarque les plumes du casque de ce dernier qui remontent le long de l'une des jambes de David. La complexité intellectuelle de ce jeune guerrier dénudé et coiffé uniquement coiffé d'un casque élégant fascine les spectateurs de ce chef-d'oeuvre sculptural de la Renaissance italienne.

 

Autre œuvre remarquable : les panneaux du concours des portes du baptistère de Florence, visibles dans la salle Donatello. Cette compétition s'est tenue en 1401 et mobilisa plusieurs artistes, donT Filippo Brunelleschi qui s'opposa à Lorenzo Ghiberti. Alors que la porte sud du baptistère avait été achevée par Andrea Pisano en 1336, la deuxième porte (ou porte nord), elle, n'avait pas encore été fondue. L'Arte di Calimale, la coRporation des marchands de laine de Florence, eut alors l'idée d'organiser un concours de sculptures pour créer cette fameuse porte manquante. Le cahier des charges précisait qu'il fallait concevoir en un an un panneau de bronze inscrit dans un quadrilobé décrivant la scène biblique de la « Ligature d'Isaac ». Sept sculpteurs participèrent au concours mais le jury ne retiendra finalement que deux candidats : Brunelleschi et Ghiberti. C'est le panneau de ce dernier, plus stylisé, plus léger de sept kilos et moulé en une seule pièce, à l'exception de la figure d'Isaac, qui remportera l'attribution du chantier de vingt-huit panneaux de la porte nord. Au musée du Bargello, je découvre ces deux œuvres de Brunelleschi et de Ghiberti (ci-dessous).


 

D'autres œuvres marquantes figurent dans la salle Verrocchio du musée, comme, par exemple la « Femme au bouquet de fleurs » (en photo ci-dessous), un buste attribué à Andrea Verrocchio qui pourrait bien avoir été réalisé avec son élève Léonard de Vinci. Ou encore une selle marquetée qui fut commandée par les Médicis, avec incrustation d'ivoire. Un objet qui servit durant les joutes au 15è siècle. Décidément, on pourrait passer des heures, et des jours dans ce musée...


 

INFOS PRATIQUES :

  • Musée national du Bargello, Via del Proconsolo, 4, à Florence. Tèl : +39 055 064 94 40. Prise de photos autorisée sans flash. On doit laisser son sac à une consigne gratuite. Durée de la visite : 1h30 à 2 h00.
  • http://www.bargellomusei.beniculturali.it/










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