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Le Musée Galilée
(Florence, Région de Toscane, Italie)
Heure locale

 

Dimanche 1er mars 2020

 

C'est au palais Castellani que le Musée Galilée a trouvé refuge depuis 2010. Avant cette date se tenait ici-même le musée d'histoire de la science. Donner le nom d'un homme aussi illustre que Galilée n'est que justice, lui qui naquit à deux pas d'ici, à Pise. 80 ans après son arrivée dans ces murs, ce musée témoigne de l'extraordinaire héritage que nous légua celui qui fut à la fois mathématicien, géomètre, physicien et astronome au 17è siècle. Il nous dévoile enfin les précieux objets scientifiques rassemblés au fil des ans par les Médicis, puis par les ducs de Lorraine. Un engouement sans limite pour la science et la découverte.

 

Le palais Castellani est l'un des plus anciens édifices de la cité. Anciennement Château d'Altafronte, du nom de la famille qui le posséda jusqu'en 1180, il se dressait déjà à cet endroit dès le 11è siècle. La bâtisse verra défiler plusieurs propriétaires des siècles durant, le dernier d'entre eux ayant été les Castellani. En 1574, l'endroit abritera une cour de justice, puis, tour à tour, la Bibliothèque nationale, l'Académie du son puis la Députation de l'histoire patriotique toscane durant les 19è et 20è siècle. Et de devenir ensuite le Musée de l'histoire de la science dès 1930.

Les Médicis eurent très tôt un goût prononcé pour la science et les collections d'instruments et de machines. Dès Cosme 1er, une salle des cartes géographiques avait été aménagée dans le palais Vecchio, lieu unique décoré entre 1563 et 1581 par les peintres Egnazio Danti et Stefano Buonsignori, à l'aide de 57 tableaux décrivant le monde tel qu'il était alors connu. En 1600, Ferdinand 1er transférera cette collection scientifique dans la Galerie des Offices, plus exactement à l'intérieur d'une pièce surnommée la Salle des Mathématiques (dont le plafond sera orné d'objets scientifiques par les bons soins du peintre Giulio Parigi). En 1657, le palais Pitti accueillera l'Académie du Ciment, une institution destinée à la pratique de la science expérimentale, sous la haute autorité de Ferdinand II. Et de nouveaux instruments d'enrichir la collection déjà existante, objets principalement liés à la recherche météorologique (pression barométrique, mesure de la température...).

 

En 1775, les instruments quitteront le palais pour rejoindre cette fois un lieu dédié, le Musée royal des Sciences physiques et naturelles, hébergé au palais Torrigiani (actuel emplacement du Musée Spectola). Le Grand-duc Pierre Leopold Hasbourg-Lorraine ne dérogera pas à la tradition et poursuivra dans la stricte lignée de ses prédécesseurs l'investissement en matière de recherche scientifique avec l'achat d'un observatoire et l'enrichissement de la collection existante en y adjoignant de nouvelles machines nées de récentes découvertes en mathématique, physique, électricité et météorologie. Bon nombre de ces instruments prendront d'ailleurs forme dans les ateliers du musée, dont les activités connaitront un temps d'arrêt durant l'occupation française (entre 1799 et 1814). Puis, le retour au pouvoir des ducs de Lorraine permettra la reprise des recherches grâce à des astronomes et des physiciens talentueux comme Giovanni Battisti Amici, concepteur de télescopes, microscopes et autres spectroscopes....et Leopoldo Nobili, chercheur et inventeur d'instruments de mesure électromagnétique et des premières batteries thermo-électriques.

 

C'est Léopold II qui choisira de mettre à l'honneur Galilée, en 1841, à travers la construction d'un espace lui étant consacré. On y placera la statue du maitre, entouré de fresques et de bas-reliefs illustrant ses découvertes et ses plus grandes inventions : quelques compas, un aimant blindé, deux télescopes et la lunette grâce à laquelle Galilée observa pour la première fois les satellites de Jupiter. Cette tribune mettra aussi en valeur les instruments mis au point au temps de la Renaissance ainsi que ceux de l'Académie du Ciment.

Tous les efforts ayant consisté à rassembler les collections constituées seront réduits à néant à l'heure de l'Unification italienne. Les différents fonds de collections seront dispersés entre différentes universités, plus ou moins livrés à l'abandon, jusqu'à ce que cette situation ne soit dénoncée en 1922 par les défenseurs du mouvement en faveur de la préservation de l'héritage scientifique italien. Il en résultera la création cinq ans plus tard de l'Institut des Sciences, dont la mission sera de collecter, répertorier et restaurer les collections scientifiques. Vaste programme, mené toutefois de main de maitre puisque le jeune Institut présentera sa première exposition nationale sur l'histoire des sciences, deux années seulement après son installation. Devant le succès retentissant de cet événement, l'Université florentine ouvrira l'année suivante au public la première exposition permanente au palais Castellani.

 

Le musée n'allait pas pour autant connaître de répit : la Seconde guerre mondiale allait bientôt déverser son lot de dévastation, causant de nombreux dégâts lors des bombardements visant à détruire des ponts jetés sur l'Arno. Comme cela ne suffisait pas, des crues importantes survenues en 1966 inondèrent les sous-sols du palais Castellani, où étaient entreposés de nombreux instruments de collection. Un certain nombre d'objets qui auront été gravement endommagés pourront heureusement être sauvés, et le musée rouvrira ses portes au public grâce à l'aide de tous. Aujourd'hui, outre l'exposition permanente présentant les collections d'objets décrits plus hauts, le musée possède son propre centre de recherches destiné à promouvoir publications, expositions et conférences. On trouve également une bibliothèque rassemblant textes anciens et ouvrages récents, une section multimédia qui a en charge de promouvoir les pièces de collection, un laboratoire photos et un atelier de restauration. A la fin de la visite, une librairie propose un vaste choix d'ouvrages pour les passionnés.

 

L'exposition permanente se déploie sur trois niveaux : outre quelques vitrines exposant armes à feu et horloges, le rez-de-chaussée propose une salle interactive où chacun peut faire usage d'instruments de mesure et d'expérimentation. Près de la librairie du musée, plusieurs horloges anciennes sont aussi présentées. Le premier étage est quant à lui divisé en neuf salles dédiées aux collections d'objets des Médicis. On y aborde l'astronomie et le temps, la représentation du monde, la science de la mer et celle de la guerre, le nouveau monde de Galilée, l'Académie du Ciment puis l'exploration du monde physique et biologique après Galilée. Grâce aux petits textes mis à disposition sur le parcours, j'apprendrai au passage, qu'au cours de la seconde moitié du 15è siècle, les Médicis convieront plusieurs alchimistes à la cour florentine, témoignant ainsi de l'extraordinaire soif de découverte de cette dynastie. Malheureusement, bien peu d'instruments alors inventés à cette époque ne sont parvenus jusqu'à nous, même si les objets ici présentés sont mis en valeur et bien documentés. Galilée nous rappelle quant à lui que l'été 1609 fut le début de l'exploration du ciel par télescope. On distinguera alors, et pour la première fois, les paysages lunaires avec ses montagnes et ses vallées. Mais aussi de nouvelles constellations et une multitude d'étoiles habituellement invisibles à l'oeil nu. On distinguera enfin Jupiter et ses satellites, le Soleil et ses tâches foncées en surface, Saturne et Vénus...Et Galilée (et ses découvertes) de contribuer à la remise en question de l'image figée qu'on se faisait alors de l'Univers.

Au deuxième étage, je découvrirai la collection des Habsbourg-Lorraine des 18è et 19è siècle, témoignage important de la remarquable contribution toscane et italienne au développement de l'électricité, de l'électromagnétisme et de la chimie. J'y apercevrai au passage des cires obstétriques de l'hôpital Santa Maria Nuova, le comptoir chimique du grand-duc Pierre-Léopold de Lorraine et d'autres machines étonnantes construites par l'officine du musée. Les sujets abordés sont nombreux : les collections des Lorraine, le spectacle de la science, l'enseignement des sciences, l'industrie des instruments de précision, la mesure des phénomènes naturels, la chimie et l'utilité publique de la science et la science dans la maison.

 

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