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Sur la trace des Arawaks
(Marigot, Ile de Saint-Martin, Caraïbes, France))
Heure locale

 Mercredi 16 février 2011


 

Ile du nord-est des Antilles située à 250 kilomètres au nord de l'archipel de la Guadeloupe, L'île de Saint-Martin ne se trouve qu'à 240 kilomètres de Porto Rico.

D'une superficie de 93 km² , elle compte environ 75000 habitants. L'île est divisée en deux parties: La partie française ( au nord de l'île), est devenue une collectivité d'outre-mer à part entière depuis 2007, et la partie néerlandaise ( partie sud de l'île) est un état autonome du Royaume des Pays-Bas depuis 2010.

Nous allons nous intéresser à l'histoire de cette île , avant qu'elle ne soit convoitée par les Blancs. Je pars donc rendre visite au Musée « Sur la trace des Arawaks » à Marigot.


 

Ce musée propose de vous faire découvrir l'histoire de l'île depuis l'arrivée des premiers amérindiens en 3350 avant J.C en passant par la colonisation européenne qui intervient à partir du 15è siècle , pour aboutir enfin à la vie quotidienne de ses habitants au début du 20è siècle.

On apprend ainsi l'existence des indiens archaiques il y a environ 4000 ans. Ceux-ci devinrent les premiers habitants de l'île, ayant voyagé depuis le Venezuela sur des canoës à travers toute la chaine des Petites Antilles. Ces Indiens semi-nomades étaient surnommés « Ciboney » ( peuple de la pierre). Ils ne pratiquaient pas l'agriculture et ne savaient pas fabriquer de la céramique. Ce peuple vivait de la cueillette de baies sauvages et se nourrissaient de coquillages marins, de racines et de fruits. Les vestiges retrouvés sur leurs lieux de vie sont des coquillages , des outils en pierre et des éclats de silex.


 

La phase Huecan-Saladoide fournit à l'île ses premiers Indiens céramistes il y a environ 2500 ans. On pense qu'ils parlaient la langue Arawak et avaient probablement migré depuis les Andes jusqu'aux Guyanes puis vers le nord-est du Venezuela pour arriver enfin vers les îles caribéennes. C'est la présence d'amulettes en forme de condor qui suggère la provenance de ces Indiens depuis les Andes. Ils amenèrent avec eux leurs traditions et vécurent de chasse, de pêche et de la culture du manioc. Ils tirent leur nom de la Hueca, un site archéologique exceptionnel de la côte sud-ouest de l'île de Vieques située au large de la côte Est de Puerto Rico. Ces Indiens possédaient des céramiques de faible épaisseur , sans peintures mais simplement décorées de décors curvilignes incisés. Les décors représentant des chiens sont caractéristiques de l'époque Huecan-Saladoide. Ces Indiens utilisaient des outils comme des coquillages, ou bien des outils en bois et en pierre , ou encore des haches à oreilles ou à encoches.

Enfin les décors des céramiques ainsi que la présence d'amulettes en forme de condor ou symbolisant une grenouille taillée dans la nacre ou la pierre prouvent que ce peuple pratiquait la religion.


 

Le peuplement suivant réside dans la phase Cedrosan-Saladoide ( qui tire son origine dans le site de Saladero, situé dans le Bassin de l'Orénoque, où on a retrouvé des indices culturels identiques à ceux rencontrés dans les sites historiques antillais. Ce peuple indien représente la troisième vague de migration de langue Arawak depuis le Bassin de l'Orénoque jusqu'aux Antilles. On rencontre ces Indiens pour la première il y a environ 2250 ans sur le site de Hope Estate à Saint Martin. Ces Cedrosan-Saladoides qui, à l'origine, possédaient des traits continentaux typiques se sont adaptés progressivement à leur vie insulaire. Ils développeront l'art de la sculpture sur bois , sur os, coquillage ou pierre, ainsi que la poterie. Ce sont ces Indiens-là qui accueillirent Christophe Colomb sur l'île D'Hispaniola aux cris de « Taino, Taino » ( ce qui signifiait Paix, Paix) . C'est pourquoi on appelle encore de nos jours les Amérindiens des Grandes Antilles, les Tainos. Les Cedrosan-Saladoides vivaient en sociétés tribales dans de petits villages de 4 à 9 maisons. Ils cultivaient le manioc, pêchaient les tortues, les poissons marins, les coquillages et les mollusques. Ils chassaient oiseaux, lamentins, iguanes et agoutis ainsi que certains rongeurs. Leur céramique est caractérisée par des décors de peinture rouge et parfois des décors blancs sur fond rouge . D'autres décors polychromes existent aussi ( blanc/orange/rouge) accompagnés d'incises simples ou hachurées. La pierre et les coquillages étaient utilisés pour fabriquer les outils , haches et amulettes. Des rituels funéraires existaient et les morts étaient enterrés en position fœtale. Ce peuple avait des pratiques religieuses et matérialisait leurs dieux par des sculptures dans la nacre et la pierre. Certains de ces Indiens eurent des contacts et échangèrent avec les descendants des Indiens archaiques de la première phase. Le mélange de ces deux cultures donnera naissance aux Ostionan Ostionoides. Ces Indiens migrèrent dans les îles de l'arc antillais et arrivèrent à Saint Martin entre 800 et 1200 ans après J.C. On a découvert des sites tardifs de cette civilisation en bord de mer et que ces hommes se nourrissaient d'animaux marins et du manioc qu'ils cultivaient. Leurs céramiques étaient souvent grossières , et ornées parfois d'incisions ou de modelages peints en rouge. Leurs morts étaient enterrés verticalement en position fœtale.


 

Une quatrième phase d'invasion eut lieu depuis les côtes vénézuéliennes juste avant l'arrivée de Christophe Colomb. Il s'agit des Indiens Caraibes , des hommes belliqueux et souvent qualifiés d'anthropophages mais ceux-ci n'atteignirent jamais Saint Martin, contrairement à la croyance populaire. Ces Indiens Caraibes furent ceux qui résistèrent le plus vaillamment à la colonisation européenne.

C'est lors de son second voyage en Amérique que Christophe Colomb atteint l'île de Saint Martin. Du 11 au 18 novembre 1493, il croise au large une suite d'îles qu'il baptisera Santa Maria de Montserrat. Inabitée, l'île de Saint Martin sera sans doute visitée par la flibuste et les boucaniers, qui hantaient alors la mer Caraibe. En avril 1627, un navire hollandais qui passe au large de Saint Martin constate la présence de dépôts naturels de sel. Une reconnaissance de l'île a alors lieu par un équipage batave en décembre 1629. Ces marins auraient pu alors rencontrer des familles françaises venues peut être de Saint Christophe et établies sur la côte nord-est de l'île où elles se livrent discrètement à la culture du tabac.

En juillet 1631, une armada hollandaise mouille devant Saint Martin et débarque une trentaine d'hommes ainsi que quatre pièces d'artillerie. Les Hollandais construisent alors un fort ( sur l'emplacement actuel du Fort Amsterdam) . Les Espagnols, déterminés, débarquent en 1638, avec un important contingent de troupes et se rendent maitres de l'île après un siège assez long du fort hollandais. Mais les Espagnols, dépendant du ravitaillement extérieur, souffriront rapidement d'ennui et de malnutrition et évacueront l'île en brûlant tous les bâtiments avant leur départ afin de décourager toute conquête ultérieure. Apprenant cela, le Gouverneur hollandais de Saint Eustache délivre alors le 14 février 1648 au capitaine Major Martin Thomas une commission l'autorisant à reprendre possession de l'île , au nom de la Hollande. Les Français envoyèrent alors à Saint Christophe une garnison d'une trentaine d'hommes commandée par Monsieur de La Tour mais les Hollandais refusèrent leur présence. La France envoya alors 300 hommes à Saint Christophe et le 17 mars 1648, Monsieur de Lonvilliers débarqua à Saint Martin sans rencontrer aucune résistance. Le 23 mars 1648, Hollandais et Français se rassemblèrent en haut d'une montagne et signèrent une convention. Cette montagne est encore appelée aujourd'hui le « Mont des accords ».

Pendant 150 ans, des conflits européens bouleversèrent souvent la vie des Saint-Martinois . L'île connaitra alors la ruine et la misère. Il faudra attendre la chute du Premier Empire pour que la paix revienne une fois pour toutes sur l'île de Saint Martin. Le traité de Vienne confirma alors la souveraineté de la France sur l'île.

Les premiers colons blancs vivent de la culture du manioc et de l'igname. Jusqu'au milieu du 17è siècle, on y cultive le tabac . Mais la surproduction, l'effondrement des prix et des droits prohibitifs auront raison de cette industrie.

La culture de l'indigo remplace alors le tabac, soutenue par une forte demande française. En 1686, Saint Martin compte 27 indigoteries. En 1697, il en reste une vingtaine. Les guerres contre les Anglais feront disparaître cette petite industrie.


 

Début 18è , l'île développe la culture du coton. Cette matière première , susceptible de remplacer le lin et la laine, devient vite à la mode. Et restera la seule culture commerciale de la première moitié du 18è siècle. Les cotonnières persisteront même après l'essor des plantations de canne à sucre. L'industrie sucrière sera la grande richesse de l'île durant le dernier tiers de ce siècle et de la première moitié du 19è siècle. Cette industrie nécessite beaucoup de main d'oeuvre et les esclaves seront alors utilisés. On assiste rapidement à un déséquilibre ethnique dans le développement de la population avec l'arrivée massive d'esclaves noirs. La Révolution française puis de nouvelles guerres avec les Anglais auront raison de l'industrie du sucre. Et la population de l'île baisse de 5%. En 1848 l'abolition de l'esclavage signera l'arrêt de mort de cette industrie.

Le sel s'impose alors comme l'autre ressource. Ce sont les Hollandais qui se lancèrent les premiers dans l'exploitation du sel. IL faudra attendre le 19è siècle pour que les étangs situés dans la partie française de l'île soient enfin exploités. L'extraction du sel durera environ un siècle. En 1961, la dernière grande saline sera celle de Grand Case , fournissant 3500 tonnes de sel par an .


 


 


 


 

INFOS PRATIQUES:


  • Musée « Sur la trace des Arawaks » , 7 rue Fichot, Marigot. Tel: (0690) 56 78 92 . Ouvert de 9h à à 17h du lundi au vendredi et de 9h à 13h le samedi. Entrée: 5€ ( adulte). Possibilité de visites guidées sur rendez-vous pour les groupes : heritagesxm@live.fr

    http://www.museesaintmartin.com/

     

     

  • Boutique de souvenirs, ouverte aux mêmes heures. Paiement par chèque ou en cash uniquement.











 

 



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