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Le Ponte Vecchio
(Florence, Région de Toscane, Italie)
Heure locale

 

Lundi 9 mars 2020

 

A la fois pont, rue piétonne et galerie marchande, le Ponte Vecchio est le plus ancien et le plus célèbre pont de Florence, dont il est d'ailleurs l'un des emblèmes. Aujourd'hui, l'endroit abrite joailliers et orfèvres mais ce ne fut pas toujours le cas. En journée, ou plus tard, au crépuscule, des amoureux du monde entier aiment à venir se promener le long de l'Arno pour contempler l'ouvrage ou le traversent carrément. Encore un morceau d'histoire florentine à découvrir...

 

On le repère de loin, depuis la Galerie des Offices (en photo ci-dessous) et l'on ne sait quoi trop penser. Est-ce un véritable pont avec ces étranges maisons accrochées à ses arcs ou une rue comme une autre? Bâti au 14è siècle, plus exactement en 1345, il sauvera même sa peau lors de la Seconde guerre mondiale, lorsque les Allemands ne jugeront pas utiles de le dynamiter pour protéger leur retraite, contrairement aux autres ouvrages franchissant l'Arno. Celui qu'on surnomme « Le Vieux pont » fut astucieusement érigé au point le plus étroit de la rivière florentine, mais eut préalablement un prédécesseur, une construction en bois datant de l'Empire romain. L'origine du Ponte Vecchio remonte en effet à l'an 120 après J.C pour permettre le passage de la voie romaine antique Via Cassia sur l'Arno. Les crues qui détruisaient régulièrement les ouvrages d'art auront une fois de plus raison de cette construction en bois, en 1333, qui sera remplacée en 1345 par une construction en pierre, plus solide, dotée de trois arcs dont le plus grand mesure trente mètres (contre 27 mètres pour les deux autres).


 

L'artiste Taddeo Gaddi et l'architecte Neri di Fioravante seront sollicités pour la réalisation de ces travaux. On sait peu de choses sur ce second personnage, sinon qu'il était architecte italien issu de l'Ecole florentine du Trecento et qu'il réalisera plusieurs autres chantiers dont celui de la Basilique Santa Trinita de Florence. Quant à Taddeo Gaddi, à qui Giorgio Vasari attribuera le Pont Vecchio, il sera lui aussi issu de l'Ecole florentine et s'illustrera par ses peintures et ses mosaïques. Considéré comme le plus illustre des élèves de Giotto di Bonde, il reste célèbre pour ses œuvres comme, par exemple, cet ensemble décoratif de douze panneaux représentant les scènes de la Vie du Christ exposé à la Galerie de l'Académie (Florence).

Afin de contenir l'Arno, lors des crues, on construisit d'abord des quai maçonnés (lungarni), ouvrages qui ont depuis donné leur nom au quartier de Lungarno, cœur historique de la cité situé sur la rive droite (lungarno étant le singulier de lungarni, et signifiant le long de l'Arno). Ces quais, qui furent restructurés durant le 19è siècle, ont leurs propres palais, édifices religieux ou bâtiments publics comme le Lungarno des Archibugieri, où passe le Corridor de Vasari.


 

A l'origine, les échoppes qui furent toujours présentes depuis la création du Ponte Vecchio étaient occupées par des bouchers, des tanneurs, des tripiers et des forgerons durant le Moyen-Âge, des artisans qui se débarrassaient de leurs déchets en les jetant dans la rivière en contrebas, dégageant ainsi des odeurs pestilentielles (liées notamment à l'utilisation de l'urine de cheval pour le traitement de peaux). Fatigué de ces nuisances, Ferdinand 1er les chassera en 1593 pour les remplacer par des commerces plus nobles de joaillerie et d'orfèvrerie, tradition qui s'est maintenue jusqu'à ce jour (ci-dessus). Ces échoppes occupent de petites maisons, dont les arrière-boutiques sont accrochées aux arcs du pont et supportées par des consoles de bois appelées sporti ( en photo ci-dessous)


 

Le Ponte Vecchio supporte également dans sa partie supérieure le Corridor de Vasari, construit en 1565 par Giorgio Vasari lui-même, afin de relier le Palais Vecchio au palais Pitti (sur l'autre rive de l'Arno) en passant par la Galerie des Offices. Cette galerie surélevée, appelée aussi « Chemin du Prince », permettait aux Médicis de circuler librement d'un point à l'autre sans se mêler à la foule. Equipée d’oculi (petites fenêtres rondes), la partie de cette galerie surplombant le vieux pont abrite des auto-portraits de grands artistes (Rembrandt, Rubens, Hogarth). A l'extrémité du Ponte Vecchio, sur la rive gauche de l'Arno se dresse encore la Tour Mannelli (ci-dessous), tour médiévale qui se dressait lors sur le passage du corridor de Vasari et dont les propriétaires refusèrent avec obstination la destruction. Celle-ci est l'unique survivante des quatre tours qui défendaient autrefois l'accès au pont. Toutefois endommagée lors de la Seconde guerre mondiale, elle sera restaurée par Nello Baroni après la Libération.


 

Quid du sauvetage du Ponte Vecchio lors de la retraite allemande en août 1944 ? En 1939, Adolf Hitler visita l'endroit alors qu'il venait rencontrer Mussolini pour conclure une alliance entre nazis et fascistes. Pour l'occasion, trois fenêtres panoramiques furent alors ouvertes au centre du corridor de Vasari. Ce qui aurait sauvé le pont pourrait s'expliquer par le fait que la largeur du pont ne pouvait permettre aux chars alliés l'accès à l'ouvrage, mais c'est au talent de négociateur du consul de Suisse, Karl Steinhauslin, que l'on doit une fière chandelle, celui-ci ayant oeuvré pour que le pont soit épargné.

Aujourd'hui, alors que je me promène sur le Ponte Vecchio, je tombe nez à nez avec le buste de Benvenuto Cellini (en photo ci-dessous), célèbre orfèvre florentin. Cette œuvre fut réalisée par Raffaello Romanelli en 1901, artiste sculpteur et auteur de nombreux monuments à la mémoire des grands hommes italiens. Benvenuto Cellini, Florentin comme Raffaello Romanelli, sera à la fois orfèvre, sculpteur, fondeur, médailleur, dessinateur et écrivain de la Renaissance italienne, bref un homme complet comme la société en produisait à l'époque. Et il n'est que justice que le buste de celui qui appliqua les techniques et la précision de l'orfèvrerie à son travail de sculpteur soit présent ici.

 

Dernière remarque sur le Ponte Vecchio : sous l'une des piles du pont, du côté de l'Oltrarno, se cache souvent une gondole vénitienne amarrée à l'écart. Bien que difficile à remarquer du haut des quais, il s'agit là d'une embarcation appartenant à un armateur florentin qui se l'est procurée afin de naviguer à sa guise de temps à autre sur la rivière entre le Ponte Vecchio et le Ponte alla Carraia. Peut-être l'apercevrez-vous ?

 

INFOS PRATIQUES :

  • Ponte Vecchio, sur l'Arno, à Florence entre les quartiers de Lungarno (rive droite) et de l'Ostrarno (rive gauche). A admirer tout particulièrement au crépuscule, depuis le pont Santa Trinita.

 

 



 



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