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Le Mont Saint Michel
(Manche, France)
Heure locale

 

Samedi 4 juin 2011


 

On le surnomme la septième merveille du monde. Et c'est vrai qu'il est unique tant par son architecture que par son histoire. Je veux bien entendu parler du Mont Saint Michel. De passage dans la Manche, je ne pouvais pas manquer de faire une visite au Mont comme on se rend à un pèlerinage. J'emprunte la voie express depuis Avranches et aperçois déjà la merveille au bout de quelques kilomètres. Se détachant nettement dans la gigantesque baie, le Mont n'a pas changé depuis ma dernière visite, il y a fort longtemps. Mais pourquoi cette construction placée au milieu d'une baie que la mer est réputée envahir à la vitesse d'un cheval au galop? Comment le Mont est-il devenu l'un des sites touristiques le plus visité au monde?

Revenons sur l'histoire du Mont Saint Michel: Tout commence au VIII ème siècle, en 708, avec un personnage, Aubert, l'évêque d'Avranches. Suite à l'apparition de l'archange Gabriel, Aubert reçoit l'ordre de construire un édifice pour louer les mérites de l'archange. Mais l'évêque, trop impressionné ne fait rien et attend. C'est alors que l'archange lui apparaît une deuxième fois , furieux de ne pas avoir été entendu. Et pour preuve de son passage, de laisser sur le crâne d'Aubert, un trou circulaire. Le crâne d'Aubert est aujourd'hui conservé et visible dans la Basilique d'Avranches. Notre évêque fait donc construire un oratoire sur le fameux rocher, pouvant contenir une centaine de personnes . De nos jours, il ne reste aucune trace visible de cette construction, sinon un mur situé dans l'une des salles de l'Abbaye. Un an plus tard, Aubert érige une chapelle. Devenu lieu de pèlerinage, des chanoines accueilleront des fidèles pendant deux siècles, mais avec de moins en moins de conviction. C'est Richard 1er qui relancera l'affaire, en 966, en remplaçant les chanoines par des moines Bénédictins venus de l'Abbaye de Saint Wandrille. Cette année-là est celle qui a été retenue comme celle de la fondation de l'Abbaye , car les Bénédictins sont réputés être de grands bâtisseurs et ils s'emploient à construire très vite une église ainsi que quelques autres édifices sur le rocher. Les pèlerins affluent de nouveau et le Mont Saint Michel retrouve ses lettres de noblesse. Certains fidèles s'égarent même dans la baie par temps de brouillard et périssent noyés , ou bien disparaissent dans les lises ( sables mouvants). L'Abbaye devient le centre d'intérêt du Mont autour duquel se construit peu à peu une ville faite de maisons en bois dont certaines abritent les pèlerins de passage. Le métier d'hôtelier est né en ce début du millénaire. Pendant ce temps, nos moines bâtisseurs s'affairent, en construisant, grâce aux dons qui affluent, une vaste église, puis un réfectoire, puis un dortoir, une salle de travail , un promenoir et une aumônerie.

Bientôt, Guillaume le Conquérant décide d'envahir l'Angleterre et demande à l'abbé du Mont de lui apporter son aide: Quatre navires sont armés, et Guillaume remporte la bataille d'Hastings. En signe de reconnaissance, il fait don à l'abbé de plusieurs territoires anglais à l'Abbaye. Celle-ci s'enrichit mais des malheurs vont se succéder. En 1103, le côté de la nef de l 'église s'effondre. Dix années plus tard, le feu prend dans une maison en bois de la ville autour du Mont et déclenche un incendie général qui endommage l'Abbaye. Vingt ans plus, rebelote. Le ciel envoie alors au Mont un homme providentiel, en 1154: Robert de Thorigny deviendra le nouvel abbé du Mont. A la fois diplomate, bâtisseur, érudit, il parviendra à reconstruire l'Abbaye et à l'enrichir d'un grand nombre d'ouvrages. Au début du XIII ème siècle, le Duc de Normandie entre en conflit avec le Roi de France. Ce dernier est soutenu par les Bretons , lesquels marchent sur le Mont et y mettent le feu. 1204 marque le rattachement de la Normandie au royaume de France. Philippe Auguste, alors Roi de France dédommage l'Abbaye en lui allouant une grosse somme d'argent. Cette manne sert aussitôt à construite ce qu'on appellera « la Merveille » , bâtiment situé au nord de l'église de l'Abbatiale, intégrant cloître, réfectoire, salle de travail, cellier, salle des Chevaliers, dortoir, et aumônerie. Erigée dès 1203, entièrement en granit, la Merveille sera achevée en 1228. Sa construction, à flanc de rocher n'aura duré que 25 ans. Un véritable tour de force! C'est cet édifice que j'ai visité et dont je ne peux malheureusement pas diffusé les photos intérieures sur le site faute d'autorisation des Monuments nationaux, gestionnaires des lieux.

Ce XIII ème siècle verra la succession de plusieurs abbés , chacun d'entre eux apportant sa pierre à la construction de l'édifice : Des remparts et des tours sont construits, en remplacement des palissades en bois, et des logis abbatiaux sont érigés. Au début du XIV ème siècle débute la Guerre de Cent ans ( qui durera en réalité 116 ans, de 1337 à 1453, et verra l'affrontement des dynasties des Plantagenêts et de la maison capétienne de Valois). L 'Abbaye perd alors la totalité de ses revenus tirés des terres de ses prieurés anglais, et pour couronner le tout, les Anglais prennent possession, en 1356, du rocher de Tombelaine, situé non loin de là. Le Mont est menacé et devra son salut au seul Chevalier Duguesclin, lequel repoussera les Anglais. Robert Jolivet, le nouvel abbé organise bientôt la construction d'autres remparts ( ce type de défense ayant fait ses preuve lors des attaques anglaises) dont le financement proviendra de nouveaux impôts levés. La ville entourant le Mont devient la protection de l'Abbaye. Il fait aussi construire une citerne d'eau douce pour les occupants du Mont , ce qui permettra au Mont Saint Michel de subsister de façon autonome alors que les Anglais occuperont bientôt toute la Normandie. L'abbé Jolivet perd t-il la tête devant tant de pouvoir? Toujours est-il qu'il se mettra au service du Roi d'Angleterre, ce qui aboutira à l'assiégement du Mont en 1424. Mais les positions défensives sont telles que ce dernier résistera aux attaques. En 1425, les Anglais se replient. Malgré les menaces toujours présentes, la réputation du Mont reste intacte et les pèlerins y affluent en masse et rendent hommage au défenseur ultime de l'endroit: L'archange Saint Michel.

En 1434, le Mont Saint Michel est victime d'un nouvel incendie et les Anglais tentent d'y pénétrer un an plus tard. Mais les habitants du Mont ripostent et mettent en fuite les attaquants anglais qui abandonnent deux bombardes dans leur débâcle. Cette victoire montoise redonnera confiance à toutes les troupes du royaume de France, lesquelles repousseront les Anglais hors des territoires. Il faudra attendre la bataille de Formigny, en 1450, pour que la Normandie retrouve la paix.

C'est Louis XI , roi pieux qui se rendra à quatre reprises au Mont, qui institue l'ordre des Chevaliers du Mont Saint Michel. Et à partir de 1523, c'est le Roi ( et non plus les moines) qui élira le chef du Mont. Le nouvel abbé reçoit alors le titre de Commende. Les moines perdant ainsi leur motivation spirituelle, délaissent l'Abbaye. DE 60, ils ne sont plus que treize en 1580. En 1591, la guerre de religion menace à nouveau le Mont. Sous les ordres de Montgomery, les Protestants tenteront de prendre possession des lieux. En vain. En 1594, la foudre tombe sur le clocher de l'Abbaye, détruisant la flèche et la charpente de l'édifice. Laissée à l'abandon, l'Abbaye ne sera restaurée que quinze ans plus tard. Le Mont a désormais vécu ses heures de gloire et n'abrite plus, en 1622, que neuf moines bénédictins venus de la Congrégation de Saint-Maur. Ces religieux, plus férus d'instruction que de construction , ouvrent bientôt une école qui enseigne à une dizaine d'élèves. Dans le même temps, le système de la Commende ruine l'Abbaye, les revenus de celle-ci étant en chute libre. La Révolution française n'arrangera pas les choses , chassant les moines de l'Abbaye en 1790, vendant ses biens en 1792, et transformant le Mont en véritable prison après y avoir enfermé 300 prêtres ( qui seront libérés en 1799). Des forçats viendront les remplacer. Toutes les salles de l'Abbaye sont alors transformées en ateliers, pour permettre à 700 prisonniers de travailler. Les bâtiments n'étant plus entretenus, l'ancienne hôtellerie du Mont s'effondre en 1817. En 1834, un nouvel incendie se déclare dans l'église abbatiale transformée en atelier de chapeaux. Le Mont devra sa renaissance à des hommes célèbres, dont des écrivain (Victor Hugo, Flaubert...) qui sensibiliseront le gouvernement de l'époque : On supprime ainsi la prison en 1863, l'Abbaye est louée à l'évêque de Coutances, les moines réinvestissent les lieux, et les pèlerins sont de retour. L'activité reprend alors.

C'est en 1874 que l'Abbaye est classée monument historique. Elle est alors en piteux état. Et un architecte, Edouard Corroyer, est nommé pour coordonner les travaux de restauration. Ce monsieur a une servante, nommée Annette Poulard , laquelle deviendra célèbre grâce à ses omelettes savoureuses: Ainsi naîtra l'omelette de la Mère Poulard. En 1898, la flèche de l'Abbaye est achevée. Et en 1966, on célèbre le millénaire du Mont. Les moines sont alors organisés en communauté et n'ont jamais quitté les lieux depuis.

Le Mont Saint Michel , c'est trois millions de visiteurs par an . Seulement 42 Montois (habitants du Mont) y vivent toute l'année. Le Mont est devenu une (trop) bonne affaire commerciale et il est préférable de s'y rendre en basse saison, tant il y a de visiteurs. Des groupes de touristes (dont des chinois et des japonais) déferlent toujours plus nombreux sur le Mont. Et un véritable pôle touristique s'est installé à quelques kilomètres de là. Les occupants des lieux sont très soucieux de protéger leur fond de commerce, à tel point que je n'ai pas été autorisé à visiter les musées présents sur le Mont ( dont la maison de Tiphaine) et qui appartiennent au même propriétaire. C'est dommage! Seul L'Archéoscope m'a réservé un accueil chaleureux: Offrant aux visiteurs un spectacle audiovisuel évoquant l'histoire du Mont, l'Archéoscope vaut le détour ( rendez-vous sur la Médiathèque pour en voir la vidéo). Ouvert depuis 1998, il vous fait revivre une aventure inoubliable, celle du Mont, et ce, grâce aux technologies les plus sophistiquées. C'est un lieu dans lequel se situe l'action d'un spectacle multimédia autour d'un site à caractère historique. Le spectateur est placé dans une ambiance particulière décrivant le Mont à l'aide d'un dispositif scénographique sophistiqué qui utilise l'image vidéo, le son, la lumière mais aussi le laser ,la fibre optique, l'holographie...L'ensemble est piloté par un ordinateur qui assure la gestion technique de l'ensemble.


 

 

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