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Le Musée de la Ville de Bruxelles
(Région de Bruxelles-Capitale, Belgique)
Heure locale

Samedi 26 novembre 2011

 

Face à l'Hôtel de ville, le Musée de la Ville de Bruxelles propose au visiteur un regard sur l'histoire de la cité. Celui-ci est situé au cœur historique de Bruxelles, sur la Grand Place, le lieu le plus célèbre et le plus couru de la capitale belge. Il a trouvé refuge dans un bâtiment de style néogothique, la Maison du Roi, aménagée au XIXè siècle, par l'architecte de la ville, Victor Jamaer. Classée en 1936, celle-ci est devenue depuis 2000 un monument inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco avec la Grand Place.


Dès 1860, la ville de Bruxelles est en pleine mutation historique et urbanistique. Elle a envie de créer un musée local et commence à collecter divers témoins de son histoire et demande à plusieurs artistes d'immortaliser les quartiers voués à la démolition. Charles Buls , le bourgmestre de la cité et Alphonse Wauters, l'archiviste sont à l'origine du projet et de la création du premier musée communal, installé au deuxième étage de la Maison du Roi et inauguré en 1887. Charles Buls a alors deux objectifs: Accueillir le visiteur étranger pour le retenir le plus possible à Bruxelles et rendre intelligible l'histoire de la ville par la population locale.

La dénomination du musée de la ville ( Maison du Roi, ou Broodhuis en néerlandais) en est un bel exemple. Cette double appellation se justifie par l'histoire du bâtiment: Broodhuis (la Halle au Pain) fait référence à la première affectation des lieux, à l'époque une simple halle en bois connue dès le XIIIè siècle. Le terrain de cette halle appartenait au Duc de Brabant qui le récupère au XVè siècle afin d'y construire un édifice pour son usage personnel. Une façon pour lui d'affirmer son pouvoir face à l'emblème de l'autonomie communale bruxelloise, l'Hôtel de Ville. Au début du XVIè siècle, le duc de Brabant n'est autre que Charles Quint, roi des Espagnes, ce qui explique que l'on ait conservé en français la dénomination « Maison du Roi ».

En ce lieu, les responsables du musée mènent des travaux de recherche sur l'histoire de la ville depuis la fin du XIXè siècle , en coopération avec les Archives. On y trouve ainsi des collections variées composées d'importantes donations (comme celle de John Waterloo Wilson), d'objets de fouilles archéologiques et d'objets et œuvres d'art représentatifs des métiers d'art et du folklore bruxellois.

Durant le XXè siècle, les collections s'enrichissent , les fouilles se développent et le Musée du Costume et de la Dentelle est inauguré en 1977. Un autre site, archéologique celui-là, Bruxella 1238 (près de la Bourse) et l'ancien Palais de Charles Quint (Place Royale) sont aussi accessibles au public.


Les collections du musée de la Ville de Bruxelles, enrichies durant le siècle dernier présente un caractère très diversifié: Au rez-de-chaussée, sur la gauche, se trouve une salle abordant la sculpture gothique présentant notamment les Prophètes (photo ci-dessus) , venus du porche de l'Hôtel de Ville et datant de 1400-1405. Ces statues ont une présence physique impressionnante dans l'espace et expriment des visages d'une grave émotion. On a découvert des vestiges romains dans deux des communes bruxelloises jouxtant la ville, Anderlecht et Saint Josse ten Noode. Dès le VIIè siècle , l'évêque Vindicien de cambrai, malade, s'arrête à Brosella. Et en 979, Charles de Basse-Lotharingie vint installer le siège de son duché dans une île de la rivière Senne. On a retrouvé la trace d'une influence romaine grâce à la découverte dune voie romaine longeant l'actuel centre ville. Bruxelles dériverait de Bruocsella composé du mot celte Bruoc (endroit broussailleux et marécageux) et cella (temple romain). Pour d'autres Bruxelles viendrait de Broeksel (le Château des marais, en vieux flamand). Le symbole de la Région bruxelloise reste l'iris des marais, variété sauvage du lys, symbole de la monarchie française, qui peut coïncider avec l'arrivée de Charles de Basse-Lotharingie en 979, point de repère officiel de la naissance de la cité.

Dans la salle gothique , on trouve enfin plusieurs exemples de sculptures sauvées lors des dernières campagnes de restauration au XIXè siècle. Une façon d'évoquer la base de formation des grands courants de l'école artistique brabançonne. La période de la Renaissance au néo-classicisme est aussi étudiée avec la présentation de la suite de l'histoire de la statuaire à Bruxelles du XVIè au XVIIIè siècle. On découvre enfin une évocation de la sculpture au XVIIè siècle ( avec l'influence de Rubens et de l'école anversoise).


Une autre salle nous permet de découvrir la faïence de Bruxelles avec les principaux décors utilisés au XVIIIè siècle (photo ci-dessus) avec entre autre l'influence de Jacques Vanden Haute et Corneille Mombaers. Deux produits sont alors particulièrement prisés: les pièces de forme (avec des décors au naturel ou encore en trompe l'œil) et les pièces avec un décor vert de cuivre (spécialité bruxelloise). Fin XVIIIè, on assiste à la décroissance de la production de faïence, mais aussi à l'apparition de statuettes de chiens,chats,lions,et figurines religieuses et satiriques. Vers 1800, Bruxelles compte alors trois manufactures de faïence.


Toujours au rez-de-chaussée, j'emprunte maintenant l'autre aile du bâtiment pour pénétrer dans la salle consacrée aux peintures et retables des Xvè et XVIè siècles. J'admire aussitôt le Retable de Saluces. CE retable en chêne est un incroyable ensemble de pièces, plutôt compliqué et qui présente deux parties distinctes: Des faces peintes et un ventre sculpté.

Juste à côté se trouve un retable de taille plus petite, consacré à la dévotion privée.

Une autre salle présente de superbes tapisseries créées à l'époque de la prospérité de la ville, aux XVè et XVIè siècles (ci-dessous)


La dernière salle, elle, offre au visiteur de découvrir l'orfèvrerie bruxelloise des XVIIIè et XIXè siècles. Cette orfèvrerie est toutefois renommée depuis le XIIè siècle mais l'orfèvrerie civile à usage de table n'est conservée que depuis le XVIIIè siècle. Plusieurs pièces sont présentées dans des vitrines et témoignent de l'influence du style français. Le XIXè siècle imposera nettement le style néo-gothique, puis néo-rococo, avant d'aborder l'art nouveau. Les objets réalisés aux XIXè et Xxè siècles consistent surtout en des trophées, médailles,sculptures, bijoux et arts de la table.

Un magnifique escalier, orné de superbes vitraux (photo ci-dessous) me conduisent maintenant au premier étage. Une chronologie permet de se retrouver dans les différentes dates illustrant le développement de la capitale belge. Une maquette de la cité datant du milieu du XIIIè siècle est ainsi exposée. On y distingue le port de la Senne, l'île Saint Géry, le Couvent des Franciscains, la Chaussée, la marché d'en bas mais aussi le Château du Coudenberg, le Cantersteen, la tour d'angle de l'enceinte, Notre Dame de la Chapelle, la Halle au blé, l'hôpital Saint Jean, et la Collégiale des Saints Michel et Gudule.

Une autre salle permet d'apprendre ce qu'étaient les espaces verts intra et extra-muros aux XVIIIè et XIXè siècles. Bruxelles était aussi une ville d'eau, avec le passage de la rivière Senne d'une part, rivière autour de laquelle sera construite la ville. L'histoire de l'eau potable et des canaux est également abordée.

Une autre salle est consacrée aux monuments (enceintes des XIIIè et XIVè siècles) avec Coudenberg et l'Hôtel de Ville, sans oublier les différentes églises de Bruxelles. Sont ainsi présentés plusieurs exemples de réalisations classiques et néo-classiques.

Bruxelles a été construite sur un relief accidenté, entre la vallée marécageuse de la Senne et la plateau de la rive droite. On modernisera la cité au XIXè siècle et cette modernisation occasionnera la destruction des quartiers anciens. Mais le chantier le plus marquant est sans aucun doute celui de la jonction Nord-Midi qui s'étalera entre 1910 et ...1990 ( et au cours duquel la Senne sera recouverte). Le musée permet ainsi de découvrir les principaux programmes d'urbanisme.


Le deuxième étage accueille les expositions temporaires ( l'exposition actuelle est « Bruxelles à l'acquarelle ») mais aussi à l'histoire du Manneken-Pis. Le Manneken-Pis appartient incontestablement au patrimoine culturel de Bruxelles dont il est l'un des symboles les plus réputés. A la fin du Moyen-âge, alors que la ville de Bruxelles développe peu à peu un réseau d'approvisionnement en eau, la statuette est mise en place. Jusqu'à la moitié du XIXè siècle, cette fontaine joue un rôle essentiel dans le système de distribution d'eau potable dans la cité. D'abord en pierre, elle est remplacée au XVIIè siècle par un modèle en bronze commandé par les autorités communales au sculpteur Jérôme Duquesnoy (à droite sur la photo ci-dessous). A cette époque, Bruxelles compte déjà plusieurs fontaines anthropomorphes. Le motif iconographique de l'enfant urinant est alors tout à fait banal et couramment utilisé dans l'art occidental.


Très tôt, le Manneken-Pis acquiert une grande importance aux yeux des Bruxellois comme en témoigne son histoire mouvementée à partir de 1695, lors du bombardement de la ville par les armées de Louis XIV. Mise à l'abri comme un bien précieux durant ces bombardements, la statuette jouit ensuite d'une gloire grandissante. Cette popularité en fera la cible privilégiée de plusieurs évènements, qui créèrent l'émoi chez les habitants: En 1747, des soldats français en garnison kidnappent le Manneken-Pis. Pour excuser l'offense de ses soldats, le roi Louis XV offre au Manneken-Pis un costume de gala qui est aujourd'hui le plus ancien costume original conservé au musée de la Ville. En 1817, 1946, 1955 et 1957, plusieurs vols se succèdent. Le plus dramatique intervient en 1965. La statuette, brisée en deux est considérée comme perdue, seuls les chevilles et les pieds étant restés fixés sur place. La Ville décide de commander une réplique qui vient alors remplacer l'originale. Retrouvée un an plus tard dans le canal, c'est cette statuette originale qui est désormais exposée au deuxième étage du musée de la ville.

Jusqu'à aujourd'hui, le Manneken-Pis symbolise l'esprit que l'on veut frondeur de la ville. Un amour fusionnel lie le chérubin potelé à la population. Le petit personnage est ainsi tour à tour étiqueté d'insolent, d'espiègle, d'irrévérencieux,ou encore de frondeur alors qu'il n'accomplit finalement qu'un geste bien naturel.


Il est établi que la statuette se paraît au XVIIIè siècle déjà quatre fois par an d'un nouveau costume. Au XIXè siècle, la garde-robe de Manneken-Pis ne s'étend pratiquement pas. Entre 1918 et 1940, il reçoit une trentaine de costumes. Dans les années 1980, on dénombre un peu plus de 400 costumes. Et aujourd'hui, plus de 800. Beaucoup veulent rendre hommage au Manneken-Pis en offrant un costume, qu'ils soient hauts dignitaires, patriotes, défenseurs de causes importantes, ambassades, offices de tourisme, ouvriers, sportifs, artistes, épicuriens...

Cette garde-robe est visible au deuxième étage dans un gigantesque dressing-room (photo ci-dessus) mais tous les costumes ne sont pas visibles. Les exigences de la conservation ( à cause de l'épreuve du temps) ne permettent pas d'exposer simultanément les 800 costumes. Seule une sélection d'une centaine de costumes est présentée au public. Cette sélection est régulièrement revue et les autres costumes peuvent être visualisés grâce à une borne interactive, grâce à laquelle la garde-robe est classée par thème, origine et date avec des informations complémentaires en français, néerlandais et anglais , avec une illustration pour chaque costume. Deux documentaires d'une dizaine de minutes illustrent également les cérémonies officielles de remise des costumes et l'ambiance folklorique entourant la fontaine à l'angle de la rue du Chêne. On peut enfin consulter le calendrier des donations de costumes sur le site internet du Musée de la ville. Outre 36 séances d'habillage par an à des dates fixes, Manneken-Pis ne cesse de recevoir de nouveaux costumes. L'habilleur de Manneken-Pis n'est autre qu'un agent communal.


 

 

INFOS PRATIQUES:


  • Musée de la Ville de Bruxelles, Maison du Roi, Grand Place à Bruxelles. Tel: 02 279 43 50. Ouvert tous les jours de 10h à 17h (le jeudi jusqu'à 20h) sauf le lundi. Entrée: 4€ (adulte). Visites guidées sur réservation au 02 279 43 55. Site internet: http://www.bruxelles.be/artdet.cfm/4202

  • Participation du musée aux Nocturnes des Musées Bruxellois ( tous les jeudis de la fin septembre à la mi-décembre) et à la Museum Night Fever.

  • Livre « Le Manneken-Pis dans tous ses états » de M.Couvreur , A.Deknop et Th.Symons (Ed.Historia Bruxellae,N°9, 2005), en vente au Musée de la Ville ou par correspondance.

  • La remise d'un costume à Manneken-Pis exige d'adresser une demande officielle au Collège des Bourmestre et échevins de la Ville de Bruxelles, auprès de Philippe de Rouck, Service Culture de la Ville de Bruxelles, rue Sainte Catherine 11, 1000 BRUXELLES. Tel: +32 (0)2 279 64 36. Philippe.DeRouck@brucity.be











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