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Le Jardin du Palais Royal à Paris
(France)
Heure locale

Mercredi 30 mai 2012

 

Je vous emmène régulièrement aux quatre coins du monde mais je ne vous fais jamais découvrir Paris. Rentré hier d'Afrique ( où je ne suis pas sorti par souci de sécurité) , je n'ai pas eu l'occasion de visiter quoique ce soit au Burkina-Faso. Et si nous allions visiter le jardin du Palais Royal ? Il fait beau et bon, et les touristes n'envahissent pas encore la capitale. Je glisse mon appareil-photos dans mon sac à dos ( mon compagnon de tous les jours) et prends la direction du centre de Paris. Il faut d'abord se souvenir que le Palais Royal est un ensemble monumental (comprenant un Palais, le jardin, des galeries et un théâtre) situé au nord du Palais du Louvre dans le premier arrondissement. C'est un haut lieu de l'histoire de France mais aussi de la vie parisienne.

Le Palais Royal fut construit en 1628 par Richelieu et prit le nom de Palais-Cardinal. Le lieu sera légué au roi à la mort du cardinal et servira de résidence au jeune Louis XIV en attendant la construction du Palais de Versailles.


 

Le lieu abrite de nos jours le Conseil d'Etat , le Conseil constitutionnel et le Ministère de la Culture. Ca tombe bien car le spectacle a toujours été présent au Palais royal : Richelieu y avait son théâtre, Molière reprit la salle en 1660, puis Lully y installera l'Opéra, incendié en 1781. L'histoire moderne de la Comédie Française y débutera en 1799. Et le Théâtre Montansier, inauguré en 1790 deviendra plus tard le Théâtre du Palais Royal (photo ci-dessus). Façades et toiture de ce théâtre font l'objet d'un classement au titre des Monuments historiques depuis le 16 mars 1930 et le théâtre tout entier fut classé monument historique en 1993. Sur la photo ci-dessus, on peut apercevoir le magnifique escalier extérieur qui fait office d'escalier de secours. L'architecte d'alors, Paul Sédille fit cela en 1880 pour ne pas modifier l'intérieur des lieux. Voici l'origine de cette façade avec ses passerelles métalliques revêtues de mosaïque.


 

Le Palais Royal représentait pour Richelieu l'avantage d'être proche du Louvre. Il sera agrandi à partir de 1633 grâce à l'architecte Jacques Lemercier. Il ne reste malheureusement aujourd'hui du Palais-Cardinal, qui fut incendié en 1763, que la galerie des Proues (ci-dessus). Celle-ci est ornée de motifs de rostres (tribunes) et d'ancres marines qui rappellent la charge de surintendant de la Navigation exercée par Richelieu. C'est en effet le Cardinal qui sera à l'origine d'une grande Marine de guerre permanente. A la mort d'Henri IV, il existe en France une activité maritime mais celle-ci se déroule en dehors de toute politique royale. Il s'agit aussi de reconquérir les mers ( la Méditerranée notamment où les Barbaresques font régner la terreur), de faire rentrer dans le rang toutes les formes de résistance à l'autorité royale, et de rattraper le retard pris sur les autres puissances navales comme la Hollande.


 

L'année 1780 marquera un tournant dans l'histoire du Palais qui va prendre l'aspect qu'on lui connait jusqu'à aujourd'hui. Louis Philippe Joseph d'Orléans, duc de Chartres, reçoit alors la pleine propriété du Palais Royal. Il s'engage dans la spéculation immobilière avec l'idée de faire des appartements et des boutiques (les rez-de-chaussée seront loués à des commerçants) pour transformer le lieu en pôle d'attraction de la capitale. De nouveaux bâtiments s'élèveront donc du côté des rues de Montpensier, Beaujolais et Valois. Victor Louis sera chargé de la construction et alignera 180 arcades séparées par des pilastres corinthiens éclairés par 188 réverbères suspendus (ci-dessus) sous le cintre des arcades. Le duc fit même construire à l'époque le Cirque du Palais Royal au centre du jardin actuel (ce cirque où l'on organisait des courses de chevaux fut incendié en 1799) dans le but d'attirer encore plus de visiteurs. Le jardin accueillait trois rangées de sièges pour les promeneurs et l'on pouvait s'attabler aux tables des cafés. Puis vint la Révolution, et Camille Desmoulins appelle les Parisiens à l'insurrection à la suite du renvoi de Necker, en prenant comme signe de ralliement les feuilles des arbres du jardin du Palais (ci-dessous). On promènera même les bustes de Necker et du duc d'Orléans, très populaires, dans ce jardin. Le 22 juillet 1789, la tête de Foullon, un espion de la police, sera elle aussi promenée en ce lieu. En 1791, on y brûlera l'effigie du Pape (le 4 mai) suite à son refus d'avaliser la constitution civile du clergé.


 

Les années folles du Palais (1780 à 1830) symboliseront ce lieu clos comme une étape obligatoire des étrangers et des provinciaux. Cet endroit qui ne communique alors que par des galeries, des péristyles (comme le péristyle Beaujolais ci-dessous) donnant sur d'étroites ruelles, offre luxe et plaisirs : Spectacles, restaurants et cafés (comme le restaurant le Véry,premier restaurant à prix fixe qui fut englobé dans le Grand-Véfour en 1859), boutiques, jeu et prostitution. Mais le Palais souffrira beaucoup de la Révolution de 1848 avant de retrouver la paix à partir de 1900. Mais les commerces jusque là actifs, périclitèrent lentement durant le XX ème siècle avant de connaître un renouveau au début du XXI ème. Colette séjournera longtemps au N°9 de la rue de Beaujolais tandis que Jean Cocteau,lui, habitera au 36 rue de Montpensier. En 1985, Jack Lang (alors ministre de la culture) implantera une composition monumentale à grands frais, les colonnes de Buren (que je trouve personnellement d'une laideur sans égal!), dans la cour d'honneur. Les lieux font actuellement l'objet de vastes travaux de restauration (j'ai dû d'ailleurs beaucoup ruser pour prendre des photos sans échafaudages...) : En 2010, on restaura la galerie de Chartres, la double rangée de portique de la galerie d'Orléans, et des façades de la rue de Valois. Et cette années, durant la restauration de sa scène historique, la Comédie Française s'installe dans un éphémère (et hideux) théâtre en bois qui est inséré dans la galerie d'Orléans.


 

On peut ainsi admirer dans le jardin du Palais Royal, quatre doubles rangées de tilleuls, taillés en marquise. Ces arbres furent plantés dans les années 1970 et côtoient des marronniers rouges datant de 1910, en compagnie de plus de 450 autres arbres. Un bassin central (ci-dessous) offre ses jets d'eau en forme d'éventail. On doit les deux vastes pelouses (deuxième photo) bordées de massifs fleuris au paysagiste Mark Rudkin. Et les élégantes statues en marbres à Adolphe Thabard et Paul Lemoine.


 

En ce début de matinée, nombreux sont les visiteurs qui prennent déjà le soleil sur les chaises disposées. J'entends le chant des oiseaux, trop heureux des graines qu'on a bien voulu mettre à leur disposition (ci-dessous). Ce sont des martinets noirs, rentrés depuis la fin du mois d'avril, de leur lointaine Afrique. Ils s'installent dans les alentours et chassent ainsi les insectes. Autrefois, du temps du Cardinal de Richelieu, le jardin abritait deux grands bassins avec leurs jets d'eau, des statues, des parterres de broderies, deux allées d'orme et un petit bois. L'ensemble avait alors été dessiné par le jardinier du roi Desgots. Mazarin organisa en ce lieu des chasses miniatures pour le roi. Ce même roi qui apprit ici même à monter à cheval et à faire la guerre sur un petit fort. C'était les années heureuses de Sa Majesté. Les jardins subirent leurs premières transformations en 1730 et l'on abattit les vieux ormes et les marronniers, parfois centenaires. Ne restèrent alors q'un grand bassin esseulé, quelques parterres de gazon bordés d'ormes taillés en boule et des bancs entourés de tilleuls. Diderot aimait à y venir en fin de journée. On construisit plus tard la rue de Montpensier, de Valois et de Beaujolais et la surface du jardin passa de 333 mètres de long à 143 de large à 275 mètres de long sur 100 mètres de large. Le jardin était alors ouvert jusqu'à 23 heures en hiver et 1h00 du matin en été . Le tracé du jardin fut enfin modifié sous le règne de Charles X (1824-1830) pour lui donner sa physionomie actuelle. On fit disparaître les enseignes trop voyantes, les tripots mal famés et les femmes de petite vertu.

 

 

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