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Aveiro
(Centre Portugal)
Heure locale

Mercredi 26 septembre 2012

 

Mon périple au Portugal me conduit aujourd'hui à Aveiro, sur la côte. Je me suis levé ce matin avec la satisfaction de voir qu'il s'était arrêté de pleuvoir et que le soleil allait être de la partie. Il me faut une heure pour me rendre de Viseu à Aveiro, par l'autoroute. A l'origine, Aveiro était un port de mer comme d'autres bourgades voisines telles que Ovar, Iihavo ou Vagos.On pense qu'Aveiro fut fondé au temps de l'Empereur Marc Aurèle. Et on lui aurait donné de nom de « Aviarium » en raison des nombreux palmipèdes qui peuplaient alors l'endroit lagunaire. Le Roi Jean Ier fit don de la ville à son fils l'infante Dom Pedro, lequel fit ériger des murailles qui ont depuis disparu. Puis le Roi Jean II en fera cadeau à sa soeur , l'Infante Dona Joana qui finira recluse au Couvent de Jésus (devenu depuis musée de la ville). Cette petite cité médiévale se développera rapidement au Moyen âge durant les XV ème et XVI ème siècles, grâce à la pêche à la morue, mais aussi grâce à son sel obtenu des salines ( ces mêmes salines étaient déjà mentionnées dans le testament de la Comtesse Mumadona en l'an 959). Malheureusement, une violente tempête eut lieu en 1575 et ferma la lagune, laissant le port tombé dans l'envasement. Privée de ses activités de pêche, mais aussi de l'exploitation des salines (qui ont fait la réputation de la ville), Aveiro déclina et sa population se mit à diminuer drastiquement. Celle-ci fut en effet touchée par une épidémie de fièvre venant des eaux stagnantes environnantes. Ca ne sera qu'en 1808 que la Barra Nova (cette bande de sable) reliera à nouveau Aveiro à la mer. Les efforts de redressement tentés au XVIII ème siècle sous l'impulsion du Marquis de Bompal échouèrent dans un premier temps tout comme les différents projets d'aménagement de la barre de sable. En 1808, on parvint pourtant à ouvrir la passe entre la ria et l'océan à l'aide des digues édifiées avec des pierres provenant des murailles de la ville, grâce à un canal de 265 mètres de large sur 6 mètres de profondeur. Il faut dire que le Marquis de Bompal n'était pas un homme inactif: Homme politique du XVIII ème siècle, il fut Ministre du royaume dans le gouvernement de Joseph Ier du Portugal de 1750 à 1777. Rapide et compétent, il mettra en place des politiques économiques radicales pour le pays, tout en affaiblissant le rôle de l'Inquisition.


 

Désormais entourée d'une ria, Aveiro en tire profit car cela lui donne un certain charme: Les touristes sont invités à se promener sur les canaux de la cité à bord de ce bateau traditionnel (en photo ci-dessus) appelé moliceiro. Richement décorée cette embarcation est avant tout un bateau utilisé pour la récolte des algues marines (moliços) servant à la production d'engrais. Avec le temps, on déplore la diminution de cette activité qui ne fait plus vivre que quelques artisans. Les engrais chimiques sont dorénavant privilégiés pour l'agriculture...La lagune couvre 65 km² sur presque 50 km de long, s'étendant depuis Furadouro (au sud) jusqu'à Costa Nova , et sert de réserve naturelle de Sao Jacinto. On y voit aussi des marais salants dans cette zone sauvage surnommée « La Rota de Luz »(la route de la lumière) que le visiteur peut découvrir en été grâce à un bateau qui se rend d'Aveiro à Torreira par la lagune. Quant aux canaux, ils communiquent avec la ria par trois moyens: Le canal de Pyramides (dont l'entrée est marquée par deux pyramides) qui se prolonge dans le canal central, le canal de Sao Roque qui limite la ville au nord-ouest et la sépare des salines, puis le canal de Santos Martires qui court vers le sud-ouest.


 

J'éprouve des difficultés à trouver une place de parking gratuite dans cette ville. Ici, tout est payant et il est à craindre que les édiles d'Aveiro aient adopté les mauvaises manies françaises qui est de toujours augmenter l'impôt sans réduire le budget. En discutant avec un habitant, je réussirai tout de même à trouver un endroit où me garer librement mais un peu en retrait du centre. Cela me fera marcher un peu plus mais me permettra aussi d'observer les façades de certaines maisons comme celle-ci en photo ci-dessus et que j'ai rencontré le long du canal. Je ne suis pas au bout de mes surprises car à peine arrivé dans la rue Joao de Mendonça, j'observe plusieurs demeures Art nouveau (ci-dessous) qui donnent un charme particulier à l'endroit. C'est dans cette rue commerçante, bordée de pâtisseries et de boutiques de souvenirs que je prends mon petit déjeuner. L'occasion m'est offerte de goûter la spécialité pâtissière locale: L'oeuf mou (ovo mole), une petit gourmandise enfermée dans une coque de pâte (deuxième photo ci-dessous) à base de jaune d'oeuf, et en forme de tonneau, ou de poisson. Cette gourmandise fut, dit-on, inventée par des Religieuses. Si vous êtes prédisposé au cholestérol, mieux vaut éviter! C'est aussi dans cette rue que je trouve le bureau du tourisme. Ici aussi, le plan de la ville est vendu (0,20 €) et le jeune homme qui m'accueille me mentionne les lieux importants à découvrir dans la ville.


 

Le patrimoine architectural passe aussi par les édifices religieux comme l'église de la Miséricorde (ci-dessous), voisne de la mairie, sur la place de la république. L'extérieur et l'intérieur sont décorés d'azulejos. Cette église date du XVI ème siècle. Le projet initial qui date de 1585 est signé de l'architecte italien Filipo Terzi, même si la construction ne fut achevée qu'en 1653 sous la direction du maitre portugais Manuel Azenha. Sur la façade recouverte d'azulejos, on remarque tout de suite le grand portail de facture classique avec toutefois une orientation baroque, en pierre calcaire. Dans la partie inférieure se trouvent les niches aux images. En haut, on retrouve N.D de la Miséricorde, tandis que le temple est surmonté d'un écu royal, de la croix du Christ et d'une sphère armillaire. L'intérieur est grandiose mais rigide. La nef, longue et haute, contraste avec les azulejos qui datent du XVI ème. Ans la chapelle principale, on remarque la voûte tapissée de panneaux en pierre d'Ança, un matériel qui abonde dans la région. Enfin, le retable est intéressant car il reproduit le dessin et la décoration du portail de la façade du temple.


A dix minutes de marche, me voici devant la modeste cathédrale de Sao Domingos (ci-dessous), datant du XV ème siècle, dont le portail sur la façade baroque comporte les Trois Grâces qui sont des ajouts de 1719. J'y rencontre deux couples de Français ( dont des Nantais!). Nous échangeons quelques instants avant de partir chacun de notre côté pour mitrailler le bâtiment de clichés photographiques. Je ne resterai pas longtemps dans cette cathédrale, il est vrai, moins impressionnante que celles que j'ai visitées préalablement au Portugal. De l'autre côté de la rue, face à la cathédrale se trouve le Musée d'Aveiro (deuxième photo) qui est logé dans ce qui était autrefois le Couvent de Jésus (datant du XV ème siècle). Je m'apprête donc à vivre à nouveau un grand moment d'histoire. C'est à cet endroit que la Princesse Joana, fille du Roi Dom Afonso V, s'était retirée et mourut en 1490. Deux œuvres remarquables rappellent la présence de ce personnage royal: Son tombeau (troisième photo), oeuvre du début du XVIII ème, qui fut dessiné par l'architecte royal, Manuel Antunes, avec des incrustations très fines de marbres de différentes couleurs. La seconde oeuvre est une peinture qui représente la Princesse avec des vêtements royaux mais surtout un visage triste et résigné. Le musée fut créé en 1911 afin d'abriter les pièces d'art qui avaient été recueillies dans les maisons et communautés religieuses dissoute avec l'extinction des Ordres religieux en 1834. J'y retrouve des collections notables de peintures, sculptures, gravures... qui font de ce musée un lieu incontournable. Plusieurs photos de cette visite sont disponibles dans l'album photos Europe. N'hésitez pas à les regarder! Mais revenons à la Princesse Jeanne (Joana). Celle qu'on appela Jeanne de Portugal naquit pendant la Reconquista , le 6 février 1452, alors que les Arabes se replient dans la péninsule ibérique. C'est la fille du roi et conquérant Alphonse V et d'Isabelle de Coïmbra. Jeanne perd sa mère alors qu'elle n'a que 3 ans et son père lui conserve ses titres malgré la naissance d'un frère cadet. Régente en 1471 pendant la conquête des côtes marocaines par son père et son frère, sa beauté réputée la fait demander en mariage par les princes les plus importants de son époque, mais, désirant se consacrer à Dieu, elle éconduit ses prétendants. Son père et son frère s'opposent d'abord à son projet puis lui donnent leur accord et Jeanne entre en 1475 au Couvent des Sœurs dominicaines d'Aveiro où elle vit dans la plus stricte simplicité et la plus grande humilité. Son père Alphone V meurt en 1481 et c'est son frère qui monte sur le trône sous le nom de Jean II. Il fera honneur à son père en conquérant les côtes et les îles africaines puis réduit avec énergie les abus et les pouvoirs de la noblesse de son pays. Jeanne restera l'un de ses plus fidèles appuis. Elle mourra à l'âge de 38 ans, le 12 mai 1490. Aveiro célèbre depuis le jour de sa mort, chaque année, par une procession en son honneur. Elle sera béatifiée par le Pape Innocent XII en 1693 et deviendra la Sainte patronne de la ville...


 

 

 

 

 

INFOS PRATIQUES:

 

 


  • Portail de la ville d'Aveiro: http://www.aveiro.co.pt/

  • Site officiel de la municipalité: http://www.cm-aveiro.pt/www/

  •   Musée d'Aveiro, Avenida de Santa Joana à Aveiro (face à la Cathédrale). Tel: (351) 234 423 297. Site             internet: www.eraumavezzemaveiro.com .Ouvert du mardi au dimanche, de 10h00 à 17h30. Entrée: 4€. Photos autorisées sans flash. Entrée gratuite le dimanche et les jours fériés jusqu'à 14h00.

  • Hospedaria Familiar, Rua Agostinho Pinheiro N°19 à Aveiro. Tel:(351) 961 420 112. Mèl: hotels@sapo.pt. 39 € la nuitée.Chambre équipée internet wifi, air conditionné et TV. Le patron de l'hôtel est très agréable et serviable. La difficulté est ici de garer son véhicule. A conseiller.

 











 



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