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Le Site Romain de Conimbriga
(Centre Portugal)
Heure locale

Vendredi 28 septembre 2012

 

Triste journée que celle d'aujourd'hui: Je me suis réveillé alors qu'une pluie battante tombait sur Coimbra, et la visite que j'escomptais faire de l'ancien couvent de Santa Clara (Santa Clara a Velha) a échoué: On ne m'a pas autorisé à diffuser d'éventuelles photographies des lieux sur le site. On m'a d'abord fait attendre un quart d'heure pour rencontrer un responsable qui n'est finalement pas venu. Mais qu'est-ce que cet endroit a t-il donc de si secret, au point de vouloir cacher son existence au public? Je n'ai rien rajouté et suis parti. Les employés n'étaient pas désagréables et je n'avais aucune raison de leur en vouloir mais bon sang, le fait qu'une république laïque comme le Portugal qui a confisqué les biens du Clergé du jour au lendemain en 1834 pour se les approprier et en confisquer ensuite l'image me révolte. Cela me fait penser au Mont Saint Michel. Vous souvenez-vous du reportage que j'avais réalisé là-bas et de l'autorisation qu'on m'avait refusé à l'époque? Au nom de quoi un état laïque refuse t-il de partager des trésors qui appartiennent à l'humanité toute entière?

Je pars en direction du nouveau couvent de Santa Clara, à vingt minutes de marche et sous une pluie persistante. Ce couvent est situé en haut d'une colline qui domine le quartier. J'emprunte une route pavée pour y parvenir, une chaussée glissante qu'empruntent des excités de la pédale, apparemment inconscients et ignorant que freiner sur cette chaussée ruisselante reviendrait à freiner sur une patinoire. Erigé entre 1649 et 1677 pour accueillir les clarisses de Santa Clara a Vehla (l'ancien couvent, situé en zone inondable!) ce couvent abrite aujourd'hui des services de l'armée mais son église baroque (ci-dessous) permet d'observer le tombeau en argent de Santa Isabel. Installé en 1696, il fut payé par les habitants de Coimbra. Une fois de plus, je regrette le manque total d'information permettant au visiteur que je suis de savoir ce qu'il regarde. Cette visite m'aura coûté 1€ pour finalement ressortir frustré de ne pas en savoir plus sur les trésors de l'endroit. Un panneau mentionne »Aidez-nous à sauver l'église de Santa Clara ». Je réponds: »Aide-toi, le ciel t'aidera ».


 

Dépité de m'être finalement déplacé jusqu'ici pour pas grand chose, je rejoins mon véhicule et prends la route de Conimbriga, le plus grand site romain du Portugal. Cette cité est située à une quinzaine de kilomètres, tout près de Condeixa a Nova. A partir de 2000 ans avant J.C, les peuples de l'âge de bronze subissent les invasions des Ibères et des Celtes. Après la défaite de Carthage, Rome va prendre possession de ses territoires d'Espagne orientale dès 218 avant J.C et elle doit réduire les tribus celtibères qui se trouvent à l'ouest. Les Lusitaniens opposent une féroce résistance face à l'envahisseur mais seront défaits en 139 av.J.C. On conserve tout de même le nom de Lusitanie pour désigner la province de l'Hispanie romaine, qui correspond peu ou prou au Portugal d'aujourd'hui. Quatre siècles de stabilité vont ainsi débuter dans la région. Le site de Conimbriga est situé sur l'ancienne route romaine (en photo ci-dessous) qui allait de Lisbonne à Braga et a fait de fouilles complètes. On a ainsi retrouvé des objets permettant d'établir l'établissement d'un peuplement romain à cet endroit au II ème siècle avant J.C. On trouva aussi des preuve de la présence d'une colonie celte bien avant. Conimbriga deviendra une ville importante sous le règne de l'Empereur Auguste, vers 25 av.J.C. La mise à jour de thermes, d'un forum et d'un aqueduc le prouve. On découvrit ici les vestiges de superbes résidences aristocratiques qui datent toutefois du II ème et du III ème siècle après J.C.


 

Je débute ma visite par le musée de Conimbriga. Ici, pas de rétention d'information. On peut photographier mais sans flash. Ici sont présentés, dans des vitrines, les objets qui ont été retrouvés par les archéologues lors des fouilles . Ces objets sont classés par thèmes: La monnaie, les équipements militaires, les poids et mesures, les poteries, les outils et leur utilisation, les bijoux ( les Romains les affectionnaient tout particulièrement), la construction civile, les trésors romains, l'écriture et les passe-temps, et les instruments chirurgicaux (Un homme sain dans un corps sain...). Dans une autre salle, j'aperçois la tête de l'Empereur Auguste (ci-dessous). Une maquette du premier forum de la cité occupe aussi l'espace. A chaque fois, un panneau descriptif ( en portugais et en anglais) explique précisément de quoi il s'agit. Un endroit du musée est consacré aux architectures et aux peintures murales qui ont été découvertes sur le site. Dans une autre pièces, je tombe sur des nécropoles de l'époque impériale (deuxième photo). Dans une vitrine, j'observe des petites stèles qui représentent des divinités romaines et indigènes: Il y en a une en l'honneur de Pater Liber, le Dieu du vin, et une autre en l'honneur de Fortune, Dieu de la destinée.


 

Mais au fait d'où vient ce nom de Conimbriga? Egalement connu sous le nom de Coniumbriga sur l'itinéraire d'Antonin (voir lien dans les infos pratiques), il viendrait du nom du peuple celte, les Cunètes.

Bien que Conimbriga ne soit pas la plus grandes des villes romaines, c'est la mieux préservée: Les murailles sont presque intactes (comme ce mur impérial en photo ci-dessous). J'admire au passage les belles mosaïques de certaines demeures (ci-dessous), étonnamment épargnées par le temps, mais aussi les fondations des anciennes maisons, ou encore les anciens bains des thermes sud (troisième photo). Pou ces bains, les Romains avaient mis au point un surprenant système de chauffage: L'hypocauste. Ce système de chauffage par le sol était utilisé à l'époque dans les thermes romains mais son principe de construction était déjà connu des Grecs (IV ème siècle avant J.C). Un grand foyer, le praefurnium, situé à l'extérieur des constructions produisait de l'air chaud qui était ensuite distribué par des canalisations souterraines, offrant ainsi une température maximale de 30°. Dans les thermes, on obtenait une chaleur plus forte en intégrant dans les murs des tuyaux en terre cuite qui évacuaient la fumée des foyers intégrés aux bâtiments.


 

Comme de nombreux sites antiques, la cité de Conimbriga connaitra plusieurs périodes d'occupation: Les premières traces d'occupation humaine remontent à l'âge de fer (IX ème siècle avant J.C). Puis les Romains débarquent en 138 avant J.C. Les légions sont alors conduites par le général Decimus Junius Brutus Callaicus qui pousse la conquête de l'Ibérie jusqu'à cette façade occidentale après la mort de Viriate. Les peuples celtes présents sont assimilés et les Romains font de Conimbriga une cité florissante.

On mène des fouilles archéologiques sur l'endroit depuis 1913, puis des campagnes organisées par la mission archéologique française au Portugal prennent le relais entre 1974 et 1976. Ce sont ces fouilles qui permettront d'attester de la présence humaine sur le site dès le IV ème siècle. Une fois sous domination romaine, la cité est érigée en civitas par Auguste et bénéficie d'une première restructuration urbaine avec entre autre la construction d'un premier forum (ci-dessous) et de thermes (deuxième photo). Puis une deuxième restructuration urbaine aura lieu par-dessus la première. Conimbriga se trouvant le long d'une axe de circulation romain, s'enrichit et devient le siège d'une aristocratie aisée et romanisée. Il s'agit d'observer la Maison des fontaines (troisième photo) pour s'en rendre compte.


 

Au III ème siècle, la région entre en crise. Il règne un climat d'insécurité et pour y face, Conimbriga va faire l'objet d'une fortification dont on peut encore voir les vestiges aujourd'hui. Cette fortification ne servira pas à grand chose lors de l'invasion de la péninsule ibérique par les peuples germaniques en 409. Elle ne résistera pas à l'assaut des Suèves ( en 465 et 468) qui feront fuir la population de Conimbriga vers Coimbra (Aeminium) alors plus facile à défendre. La cité désertée de ses habitants tombera peu à peu dans l'oubli avant d'être redécouverte à notre époque, magnifiquement intacte. L'histoire n'est-elle pas un éternel recommencement?

 

 

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