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Beja
(Alentejo, Portugal)
Heure locale

Jeudi 4 octobre 2012

 

Lors d'un séjour, je sélectionne un certain nombre d'endroits qui me paraissent intéressants, à l'aide d'un guide touristique. Le Palais ducal de Vila Viçosa faisait partie de ces lieux, à la fois grandioses et chargés d'histoire. Ce luxueux palais servait autrefois de résidence aux ducs de Bragance. Je me mis donc en route tôt ce matin afin d'arriver pour l'ouverture. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'on m'annonça que la visite guidée, obligatoire à l'intérieur du Palais, était uniquement en langue portugaise et que par ailleurs, il était formellement interdit de prendre des photos à l'intérieur de l'édifice. Mais alors? Pourquoi payer 6 € de droit d'entrée? On me répondit aussi très aimablement que le Palais dépendait d'une fondation privée et que c'était malheureusement les consignes. Je suis donc reparti sans visiter ce lieu car je ne pouvais pas le partager avec vous. J'ai regretté auprès de mes interlocuteurs la « confiscation » des trésors renfermés dans ce Palais, et leur ai rappelé que l'histoire d'un pays se partage tout comme les trésors qu'elle implique. Vous n'aurez donc droit qu'à une seule image (ci-dessous) représentant la façade du Palais ducal.


 

La petite ville de Vila Viçosa a l'air charmante et très calme. Après tout, le guide précise qu'il y a aussi un château et une église, l'église N.D de la Conception. Je m'arrête un moment pour boire un café puis me remets en route. Les habitants que je croise sont charmants. Je leur fais part de ma déconvenue avec le Palais ducal et semblent regretter ce qui se passe. Je ne suis même pas sûr que les habitants de Vila Viçosa gagnent quoique ce soit à héberger ce palais sur leur commune...Je me rends à l'église. Stupeur! Il est interdit de faire des photos. Je repars vers le château (qui dépend du Palais ducal, d'après un panneau d'information à l'entrée) et me présente: Aucune photo n'est autorisée à l'intérieur des lieux. Dépité, je reprends la voiture et quitte cette bourgade de malheur. Si vous passez un jour par Vila Viçosa, sachez que vous paierez pour voir de vos propres yeux sans aucune chance de pouvoir prendre un cliché de l'endroit. Personnellement, j'appelle cela de la confiscation d'image. Par principe, je me refuse donc à faire la promotion d'un tel lieu.

Je repars en direction d'Evora, pour me rendre ensuite à Beja. Beja est une petite ville bien tranquille au moment de midi (lorsque je suis arrivé sur place). Capitale du Baixo Alentejo, elle joua un rôle majeur sur le plan historique et économique. On y produit du blé ( la riche argile du pays favorise la culture des céréales), des olives et du liège. Son histoire débute dès l'Empire romain, lorsqu'elle devient capitale régionale et est baptisée Pax Julia par Jules César après qu'il eut conclu la paix en ce lieu avec la Lusitanie. Des vestiges tendent même à prouver que Beja fut fondée avant la période romaine: Les restes de la muraille de l'âge de fer qui sont conservés au Musée l'attestent (ci-dessous)


 

La petite église Saint Amaro présente une collection wisigothique qui a d'ailleurs valu à Beja le titre de Capitale de l'art wisigothique au Portugal. Il fallut des dizaines d'années pour construire cette collection qui a trouvé son lieu parfait d'exposition. En effet, à cet emplacement se situait l'une des basiliques paléochrétiennes de la ville, laquelle devint au fil des restructurations, l'église Saint Amaro. Les pièces exposées proviennent principalement de Beja et de ses environs. Tout particulièrement les éléments architecturaux (notamment ceux ayant appartenu à des édifices religieux!)sont remarquables par leur richesse et leur décoration. On aborde d'abord le monde romain tardif des IV ème-V ème siècles. Puis, on suit l'évolution architecturale au fil des ans, constatant qu'il n'y a jamais eu de rupture mais une continuité, en se servant de l'héritage reçu du monde romain et byzantin. Je tombe en arrêt devant l'épée d'un guerrier qui fut découverte dans une sépulture de la ville, au début du XX ème. Le culte des morts est aussi représenté par deux pierres funéraires, l'une d'entre elle ayant été utilisée sur son autre face à l'époque islamique.


 

Un autre musée, le musée régional de la Reine Dona Leonor, présente quant à lui peintures et écussons. Il est situé dans l'ancien couvent de N.D de la Conception, qui est un étonnant mélange architectural (photo ci-dessus) avec son portail déglise gothique, ses fenêtres manuélines et sa superbe chapelle baroque (ci-dessous). Ce musée est installé à cet endroit depuis 1927. Le couvent fut fondé en 1459 par Dom Fernando et Dona Brites, premier Duc et Duchesse de Beja, parents de Dom Manuel Ier. Il était soumis à l'ordre de Sainte Claire et à la règle franciscaine, et fut l 'un des plus riches et des plus importants couvents de l'époque dans ce pays. La chapelle est toute entière recouverte de bois sculpté doré à la feuille d'or. Je remarque des azulejos (deuxième photo) sur le mur gauche bleus et blancs qui représentent la naissance , la vie et la mort de Saint Jean Baptiste. Deux brancards processionnaires se trouvent au milieu de la chapelle. Ils sont en argent et contiennent des personnages figurés et des piédestaux. Tous deux datent du XVIII ème.


 

La salle des blasons offre un ensemble de blasons et de pierres tombales, importante collection d'épigraphie et d'héraldique médiévale. On y trouve entre autre la pierre tombale de la famille de Mariana Alcoforado et les blasons des Frères de Andrade.

Le cloitre (en photo ci-dessous) est formé par quatre ailes ou galeries. L'une d'entre elles me conduit à la Salle du Chapitre (deuxième photo), avec son magnifique portail gothique blasonné datant de l'époque de Joao II. C'est à cet endroit que se décidait la vie spirituelle et temporelle de l'ordre de Sainte Claire ( salle qui reste la plus empreinte de règle monastique de toutes les salles du couvent) Les azulejos qui s'y trouvent sont hispano-mauresques, bleus,blancs et verts, de type aresta, et furent fabriqués à Séville au début du XVI ème siècle. Sur le plafond, des peintures murales semi- circulaires évoquent des thèmes de la propagation de la foi chrétienne comme l'évangile, les martyrs, le baptême, les ordres franciscain et dominicain. La voûte, d'inspiration baroque, fut peinte en 1727.


 

Une galerie accueille des collections de peintures portugaise, espagnole et flamande allant du XV ème au XVII ème siècle. Le deuxième étage est enfin consacré à l'archéologie. On y aborde l'aperçu global de l'archéologie de la région depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Une fenêtre, munie de barreaux connue sous le nom de « fenêtre de Mariana » est celle dont il est fait mention, à plusieurs reprises dans les lettres d'amour écrite par Mère Mariana Alcoforado, alors religieuse du Couvent de la Conception. Ces Lettres portugaises, publiées en français en 1669, sont un chef-d'œuvre littéraire. La religieuse, abandonnée par son amant français, le Marquis de Chamilly, aurait rédigé ces écrits dont l'authenticité est certes mise en doute. Mais la légende demeure...


 

Pax Julia de l'Antiquité, Beja apparaît au sommet d'une colline de l'Alentejo. Ses vieilles rues en disent long sur son histoire, ses traditions. Mais ce qui domine avant tout, c'est le Donjon (en photo ci-dessus): En son sommet, vous apercevrez la ville et les alentours. Mais il vous faudra pour cela gravir ses 183 marches La tour, haute de 36 mètres, est l 'emblème de la cité et délimite le vieux Beja au nord-ouest. C'est le roi Denis qui la créa à la fin du XIII ème siècle. Le château (en photo ci-dessous) est l'un des plus beaux exemples d'architecture militaire du Moyen âge portugais. C'est le plus haut château de la péninsule ibérique. C'est à l'intérieur de ce château que s'est installé l'office du tourisme de Beja. On y est très bien reçu et l'hôtesse parle le français. Les brochures aussi sont traduites dans notre langue.


 

 

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