Revoir le globe
Top


Le Château d'Azay-le-Rideau
(Indre-et-Loire, France)
Heure locale

Dimanche 21 juillet 2013

 

De passage il y a quelques semaines en Touraine, je me suis arrêté dans l'un de ces châteaux qui font la réputation de nos belles provinces : Le Château d'Azay-le-Rideau, monument national, est situé dans la commune du même nom dans le département d'Indre-et-Loire. C'est un chef-d'oeuvre d'architecture, un mélange de traditions françaises et de décors innovants venus tout droit d'Italie.IL est situé dans le bourg d'Azay-le-Rideau qui s'est formé dès le Moyen -âge, au XII ème siècle autour d'un prieuré bénédictin d'une part puis de la forteresse du seigneur Ridel d'Azay, chevalier de Philippe Auguste, qui édifia alors pour la première fois une forteresse défensive supposée protéger la route entre Tours et Chinon, en 1119. Ce château fut donc d'abord un château médiéval. Il sera brûlé par Charles VII en 1418 lorsque le roi, qui séjournait alors à Azay, fut provoqué par les troupes bourguignonnes qui occupèrent la place forte. Cet événement occasionna l’exécution d'un capitaine et de 350 soldats et le village gardera d'ailleurs le nom d'Azay le Brûlé jusqu'au XVIII ème siècle. Le domaine est acquis à la fin du XV ème par Martin Berthelot, alors Maitre de la Chambre aux Deniers du roi, qui le donnera à son fils Gilles.

Le château actuel (en photo ci-dessous) fut érigé entre 1518 et 1523 par le maire de Tours qui était aussi trésorier du roi François 1er, Gilles Berthelot et sa femme, Philippe Lesbahy. Il s'agit là d'un petit bijou de la première Renaissance française, au cœur d'un écrin de verdure. Les fondations, constituées de pilotis et de pierres de Saint-Aignan, furent réalisées par Denis Guillourd. Philippe Lesbahy, elle, dirigea l'essentiel des travaux en l'absence de son mari, aidée par l'abbé Guillaume Artault car cette demeure est un château de femmes : Philippe Lesbahy d'abord, Antoinette Raffin plus tard. Le château, encore inachevé est confisqué par le roi en juin 1523. Gilles Berthelot décèdera six ans plus tard à Cambrai et Philippe Lesbahy aura beau insister pour récupérer la forteresse, rien n'y fera et elle le perdra définitivement en 1535 lorsque le roi en fera cadeau à l'un de ses compagnons d'armes, Antoine de Raffin, capitaine des gardes du corps du roi.


 

Le château ne fera plus dès lors l'objet de gros travaux, conservera sa forme en L et ne sera réellement occupé qu'à partir de 1547. La petite-fille d'Antoine Raffin, Antoinette, s'y installera en 1583 et réalisera quelques travaux de décoration avec l'aide de son époux, Guy de Saint-Gelais. Son fils Arthus en héritera avec son épouse Françoise de Souvré (gouvernante du futur Louis XIV). Le roi Louis XIII y résidera le 27 juin 1619, tout comme Louis XIV. Les Raffin, puis leurs alliés, les Vassé, en resteront les propriétaires jusqu'en 1787, date à laquelle le château sera vendu à Charles de Biencourt, maréchal de camp. Dès lors, ce sont quatre générations de Biencourt qui vont se succéder à la tête de l'édifice . En 1791, le château est abandonné et très dégradé, puis est cédé à Charles de Biencourt pour la modique somme de 300 000 livres. Le nouveau propriétaire n'est pas n'importe qui : Marquis, page des écuries de la Reine depuis 1761, maréchal des camps et des armées royales, puis député de la Noblesse aux Etats Généraux de 1789, puis de la Constituante. Des modifications importantes sont alors effectuées avec l'aide d'un architecte suisse, Pierre-Charles Dussillon : En 1824, un Pavillon chinois (qui sera détruit vers 1860) sera rajouté au rez-de-chaussée Sud du château puis une bibliothèque, décorée de lambris bas en bois mouluré surmontée d'une toile peinte avec des grands motifs végétaux (photo ci-dessous) sera aménagée vers 1825.


 

La demeure permet aussi d'admirer plusieurs œuvres d'art : Un tableau de Salomon van Ruysdael représentant une vue de fleuve avec la ville de Weep vers 1650, ou encore Louis XIV franchissant le Rhin, peint par Adam François van der Meulen. On doit l'un des premiers patrimoines fonciers de France au fils de Charles de Biencourt, Armand-François Marie, qui fut garde de Louis XVI et participa à la défense des Tuileries le 10 août 1792. Il se maria avec la richissime Antoinette-Marie d'Apchon et fut aussi maire de la commune d'Azay durant cinq années (1825 à 1830). C'est durant cette période qu'il entreprit une restauration importante du château : Il rétablit les voûtes et les lucarnes, restitua les médaillons et les insignes royaux de l'escalier, construisit une nouvelle tour de style Renaissance pour remplacer le vieux donjon et fit élargir le terre-plein dominant la rivière au sud pour créer une immense terrasse. Une partie de ces aménagements sera supprimée lors d'une nouvelle restauration survenue au XX ème siècle. Le marquis de Biencourt, qui prit grand soin de son château, y rassembla une importante collection de portraits historiques attribués aux meilleurs maitres, faisant ainsi du lieu l'un des plus beaux musées de France de l'époque alors ouvert au public. Une partie des trésors de la demeure (œuvres d'art et mobilier) sera malheureusement vendue avant de céder plus tard la demeure elle-même et ses 850 hectares de terres, en mars 1899 à un certain Mr Laroque-Latour. Ce dernier ne gardera pas la propriété, faute de moyens financiers. L'endroit sera à nouveau revendu un an plus tard pour une bouchée de pain. La famille aura toutefois pu, entre temps, « sauver » certaines œuvres.

Le château est inscrit sur la liste des Monuments Historiques dès 1840, ce qui n'empêchera pas la démolition des derniers vestiges médiévaux cinq ans plus tard pour laisser place à deux nouvelles tours d'angle sur cour (photo ci-dessous). On rappellera que cette demeure fut occupée un mois durant par le prince Frédérick Charles de Prusse (alors neveu du roi de Prusse) et son état-major, les Biencourt s'étant alors réfugiés dans les parties communes de l'endroit. Balzac vint aussi y déjeuner un jour et décrivit le lieu comment un « diamant taillé à facettes serti par l'Indre ». Est-il besoin de rappeler qu'Azay-le-Rideau est l'un des châteaux les plus célèbres de la Loire ? Relativement petit, celui-ci s'articule en un corps principal et une aile en équerre (deuxième photo) entouré par l'Indre et un parc boisé. Une tourelle encadre chaque angle. Et une entrée monumentale désigne le centre du bâtiment (troisième photo).

 


 

On trouve aussi un escalier d'honneur à rampes droites, desservant trois étages de baies jumelées qui forment des loggias. Un fronton ouvragé offre d'admirer plusieurs ornements de mode italienne tels que des colonnes, des pilastres, des coquilles ou des médaillons...La porte d'entrée est ornée des initiales de Gilles Berthelot et de sa femme tandis que la partie inférieure des baies est décorée de la salamandre et de l'hermine, en référence au roi François 1er et à son épouse Claude. Les volées portant le plafond de l'escalier d'honneur sont ornées de caissons (ci-dessous) encadrant des médaillons sculptés qui représentent des visages ou des bustes de personnages de profil (dont certains du XVI ème siècle) auxquels on ajouta plus tard les rois et reines de France de Louis XII à Henri IV. Ici figure un mélange d'inspiration italianisante et de style féodal (des traces d'un chemin de ronde sur les murs extérieurs ou encore des mâchicoulis sur les toits sont encore visibles le long des hautes toitures ornées de poivrières effilées et de longues lucarnes (deuxième photo ci-dessous).


 

L'intérieur du château a l'apparence de la Renaissance italienne, avec de riches décors sculpturaux où l'on aperçoit encore des traces de la Renaissance flamande avec les tapisseries des XVI ème et XVIII ème siècles (photo) exposées dans plusieurs pièces du château. Il existe en effet plusieurs pièces : Je débute la visite des lieux par le premier étage où se trouve le grand comble (ci-dessous). Ce comble, dit « à surcroit » possèdent des murs qui supportent la charpente (celle d'origine était en chêne et date de 1522). Au XIX ème siècle, les combles furent cloisonnés en chambres pour les domestiques. Je pénètre ensuite dans ce qu'on appelle les espaces nobles avec la chambre Renaissance (deuxième photo) : On pense que celle-ci fut occupée par Philippe Lesbahy, l'épouse de Gilles Berthelot. Précisons que du temps de la Renaissance, Philippe était un prénom mixte couramment attribué aux femmes. L'oratoire, voisin, la troisième photo ci-dessous, évoque un lieu de prière privé et occupe une pièce qui servait sans doute de garde-robe à l'origine.


 

La chambre du maitre de maison (ci-dessous) tait destinée à Gilles Berthelot et servait à la fois de lieu de séjour, de réception et de travail. La grande salle (deuxième photo) était quant à elle utilisée pour les bals et festins. Son vaste volume est souligné par une élégante corniche. Une grande cheminée, décorée de colonnes et pilastres, témoigne du talent des sculpteurs de la Renaissance. Et l'on peut distinguer la salamandre et une devise peintes en trompe-l'oeil sur son manteau. L'antichambre voisine (troisième photo) présente une galerie de portraits de souverains des XVI ème et XVII ème siècles. La grande chambre (quatrième photo) où devait séjourner le roi fait suite à cette antichambre : Elle fut occupée par Louis XIII en 1619 lorsqu'il vint rendre visite au seigneur d'Azay.


 

La visite du château se poursuit au rez-de-chaussée où se trouve le salon Biencourt (ci-dessous) : L'atmosphère chaleureuse du XIX ème siècle y a été recréée grâce à une importante collection de peintures, de portraits historiques et de photographies des marquis successifs et de leurs épouses. Je pénètre maintenant dans la salle de billard (deuxième photo) qui est décorée de tapisseries de la manufacture de Beauvais qui furent tissées au XVIII ème siècle et représentent des scènes de chasse. La pièce voisine s'appelle la dépense et servait de lieu de stockage et de distribution des denrées au XVI ème siècle. La cuisine (troisième photo), elle, a un sol surélevé depuis le XIX ème siècle, et a conservé son évier et sa cheminée de la Renaissance sur laquelle les blasons de Gilles Berthelot et de son épouse Philippe Lesbahy peuvent encore être observés. Cette pièce est voûtée sur croisée d'ogives et partage un puits avec la dépense.


 

La salle à manger est dressée comme autrefois (ci-dessous). Tout près de là, un ancien passage entre la cour et le jardin a été surélevé et fermé par les Biencourt pour créer un cabinet voûté. La bibliothèque, elle, présente une cheminée et un décor mural composé de lambris et de toile peinte

A l'extérieur, les façades sur cour sont représentatives de la première Renaissance de par les travées régulières avec superposition des fenêtres (ci-dessous) . Des pilastres encadrent les ouvertures à chaque niveau et forment un quadrillage décoratif en croisant des bandeaux moulurés horizontalement, tandis que de hautes lucarnes donnent un air élancé à la construction, une impression d'ailleurs accentuée par le grand escalier. Ce dernier comprend l'entrée d'honneur du château et se compose de trois niveaux de loggias. Sa façade (deuxième photo) foisonne de motifs gothiques et d'ornements de la Renaissance.C'est l'un des premiers exemples d'escalier à rampe droite dans notre pays directement intégré au centre du logis principal. A l'intérieur, chaque volée montante est recouverte d'un plafond à caissons décorés de médaillons à portraits.

Le château d'Azay-le-Rideau ainsi niché dans la verdure est un véritable petit bijou et se révèle être un lieu de promenade à la fois enrichissant et fort agréable mais il n'en fut pas toujours ainsi : Au XVI ème siècle, il n'existe pas de parc autour du château, mais un jardin clos contemplé depuis les fenêtres des appartements.A partir de 1810, les marquis de Biencourt assèchent les prairies environnantes et créent un parc à l'anglaise (avec allées concentriques permettant d'admirer les façades du château) vers 1825. Les nombreux bras de l'Indre traversent une nature omniprésente que des espèces lointaines viennent enrichir : Cèdre de l'Atlas, séquoias, cyprès chauves d'Amérique et arbre aux quarante écus tout droit venu d'Asie. Enfin, deux miroirs d'eau ( au sud et à l'ouest) agrémentent ce parc et sont sources de reflets pour le château. Les jardins du château d'Azay-le-Rideau, classés Monument Historique en 1905, mobilise ainsi tous les soins des architectes et des jardiniers tant dans le domaine des systèmes hydrauliques, les miroirs, les berges de l'Indre que sur l'architecture même du jardin. La restauration en cours prévoit en effet de retracer les allées, de planter des milliers de plantes et d'abattre (puis de replanter) un certain nombres d'arbres. Un nouvel espace permettra aussi aux visiteurs de découvrir une digue circulaire construite par les Biencourt tandis qu'un jardin bouquetier et un potager de légumes anciens leur offriront une opportunité de développer leurs connaissances tout en permettant au château de préparer sa candidature au label jardin remarquable.


 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Château d'Azay-le-Rideau, à Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire). Tel : 02 47 45 42 04. Contact :  chateau.azay-le-rideau@monuments-nationaux.fr

    Pour vous y rendre : En voiture, Depuis Tours, emprunter la sortie N°11, D751 vers Chinon. Depuis Poitiers, prendre la N 10 jusqu'à Sainte Maure, puis la D 760 et la D 57 jusqu'à Azay-le-Rideau. Par le train, descendre à la gare D'Azay-le-Rideau.

     

    Horaires d'ouverture : du 1er avril au 30 juin, 9h30 à 18h00, du 1er juillet au 31 août : de 9h30 à 19h00, du 1er au 30 septembre : de 9h30 à 18h00 et du 1er octobre au 31 mars : de 10h00 à 17h15.

     

    Tarif adulte : 8,50€

    Mise en place d'ateliers et de visites pour le jeune public et pour des visites familiales (se renseigner auprès du château). Une boutique propose plus de mille références de qualité à la vente (souvenirs, livres, vaisselle, monnaie,tapisseries...) permettant aux visiteurs de prolonger leur visite. Un salon de thé, »Le Lavoir », aménagé dans l'ancien lavoir au cœur des communs du XVII ème siècle, est ouvert d'avril à octobre. IL est également possible de louer le château pour des séminaires, des réceptions privées, des tournages, des conférences...La riche demeure doit beaucoup à l'équipe de trente agents qui est présente sur place et accueille chaque année 310000 visiteurs. Toute l'année, des visites commentées sont proposées gratuitement, en français et en anglais (l'été seulement), et des audioguides sont enfin disponibles en cinq langues tandis que les documents de visite sont déclinés en...douze langues. Enfin, un guide-conférencier agréé par le Centre des monuments nationaux propose des visite-découverte, sur réservation, pour des groupes constitués et pour les groupes scolaires.

    Site internet : http://loire-chateaux.org/Les-19-Chateaux-De-La-Loire/Chateau-D-Azay-Le-Rideau.html

  • Site internet du Centre des Monuments Nationaux : http://www.monuments-nationaux.fr/fr/

    Premier opérateur public français culturel et touristique comptant plus de neuf millions de visiteurs par an, le centre des monuments nationaux conserve et ouvre à la visite des monuments exceptionnels, des parcs et des jardins. Son fonctionnement repose à plus de 75% sur ses ressources propres qui sont issues notamment de la fréquentation, des locations d'espaces ou bien du mécénat.

  • Et pour prolonger votre visite de la région : http://loire-chateaux.org/

  • Informations sur la ville d'Azay-le-Rideau : http://loire.valley.free.fr/fr/pays_de_chinon/azay_le_rideau.htm

  • D'autres photos de cette visite sont disponibles sur la Médiathèque-->Album Photos Europe.












Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile