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Le Musée des Beaux-Arts de Séville
( Quartier El Arenal, Séville, Andalousie, Espagne)
Heure locale


Mercredi 29 septembre 2014

 

Je poursuis aujourd'hui ma visite du quartier El Arenal avec le Musée des Beaux-Arts de Séville. C'est la plus grande pinacothèque d'Andalousie et l'une des toutes premières d'Espagne. Riche de plus d'un millier de peintures, mais aussi de sculptures et de dessins, ce musée est célèbre pour son exceptionnelle collection de peintures de l'école baroque sévillane. On y trouve notamment des toiles de Zurbaran, Murillo, Valdes Leal, Francisco de Herrera le Vieux, mais également de Vélazquez, El Greco et Goya. Le visiteur trouvera également une jolie collection de peintures flamandes des XV è et XVI è siècles.

D'entrée, on m'annonce que sur les quatorze salles existantes, quatre d'entre elles ne sont pas accessibles faute de personnel de surveillance en nombre suffisant. Là aussi, la crise a frappée. L'édifice qui abrite ce musée (en photo ci-dessous) est l'ancien couvent de la Merced Calzada de la Asuncion, dont les origines remontent au XIII è siècle, sous le règne de Ferdinand III de Castille. Il fut bâti dans le style Mudéjar par Saint Pierre Nolasque, le fondateur de l'ordre de Notre-Dame de la Merci qui rachetait les esclaves chrétiens captifs en pays musulmans.

Au XVII è siècle, l'endroit fut détruit pour bâtir un autre édifice. Les travaux, impulsés par le frère supérieur de l'ordre, Alonso de Monroy, furent alors menés par l'architecte Juan de Oviedo y de la Bandera à partir de 1603. La construction de l'église s'achève neuf ans plus tard, tandis que les bâtiments conventuels prennent forme peu à peu au cours des cinquante années suivantes. On commande alors des tableaux à des artistes de renom comme Zurbaran qui peindra une série de chefs-d'oeuvres dont l'Apothéose de Saint Thomas d'Aquin (deuxième photo ci-dessous) toile réalisée en 1631 par l'artiste qui n'était alors âgé que de 33 ans. Cette peinture permet de préciser des personnages et l'utilisation des couleurs qui est faite donne une vie à cette œuvre.


 

En 1724, de nouveaux aménagements sont lancés et l'on décore alors la voûte de l'église (ci-dessous, le plafond à coupole, réalisé par le peintre Domingo Dominguez, dans le style baroque). Mais en 1835, les moines sont expulsés et le couvent est confisqué par la couronne. Les œuvres seront ensuite dispersées puis vendues, souvent à des Anglais. C'est après 1841 que l'ancien couvent devient un musée ouvert au public, et que l'endroit connait trois phases de restauration. La dernière se déroula entre 1985 et 1993. Le musée offre aujourd’hui une architecture sobre et raffinée mêlant le style maniériste de Juan de Herrera (lignes droites, volumes cubiques et simplicité des formes) aux premières influences baroques. On retrouve des éléments décoratifs typiques du baroque sévillan dont certains furent ajoutés après l'édification de la façade. Cette façade, dont les fenêtres sont encadrées par des pilastres surmontés de festons. Le portail (ci-dessus en photo), qui fut plaqué dans les années quarante après avoir été prélevé d'une autre partie de l'édifice, est nettement marqué par le style baroque avec ses colonnes, son fronton brisé et son statuaire. L'intérieur s'ordonne sur deux niveaux, autour de deux cloitres ceints de galeries à arcades (deuxième photo ci-dessous) et de deux patios (troisième photo). J'accéderai au première étage par l'escalier impérial (quatrième photo) qui fut construit en 1612 par l'architecte Juan de Oviedo y de la Bandera, dans le style maniériste. Une splendeur ! Les patios offrent quant à eux espaces de verdures et pièces d'eau. Mais la pièce la plus spectaculaire reste sans doute l'église conventuelle (la salle N°5 du musée) qui est surmontée d'une haute voûte en berceau, ornée de peintures (cinquième photo)


 

Sous le règne de Marie-Christine de Bourbon, les gouvernements libéraux, peu respectueux des biens épiscopaux, poursuivent leur politique de confiscation et de vente des propriétés improductives de l'Eglise, initiée par Godoy en 1798 (sans doute sur le triste exemple de la révolution française!). Dans les années 1830, le couvent de la Merced est évacué. Et six ans plus tard, le gouvernement de Juan Alvarez Mendizabal se résout à en faire un musée de peintures. La constitution de la collection primitive se fait encore après les nouvelles dispositions de confiscation du patrimoine de l'Eglise. Ainsi sélectionne t-on les œuvres dans des couvent et des monastères désaffectés. L'avènement de la Constitution de 1978 et de la loi des Musées de 1985, permettra le transfert progressif par l'Etat de la gestion des musées nationaux de provinces, autorisant l'accroissement des collections (à Séville, c'est le gouvernement andalou qui joua un rôle important dans ce domaine).

Si le musée possède d'importants fonds de collections de dessins, de sculptures, d'objets d'art et de gravures, la renommée du lieu repose essentiellement sur les peintures : plus de 1300 toiles illustrent l'évolution de l'art espagnol depuis la fin du Moyen-âge, et jusqu'au début du XX è siècle. C'est l'école sévillane qui est la mieux représentée dans ce musée. On découvrira tout d'abord des œuvres médiévales datant de la deuxième moitié du XV è siècle, époque qui correspond aux dernières lueurs gothiques. Les toiles illustrent la naissance de l'école sévillane. Les pièces de la Renaissance sont quant à elles nombreuses. La découverte des Amériques et l’attribution du monopole du commerce avec les Indes permirent l'essor artistique de Séville comme cette fameuse école sévillane, qui fut influencée par la peinture italienne et des artistes des Flandres. Le maniérisme fit quant à lui son entrée par ces mêmes voies italiennes et nordiques. On peut ainsi admirer un chef d'oeuvre de la sculpture de l'italien Pietro Torrigiano, Saint-Jérôme (ci-dessous), mais aussi des sculptures de l'école maniériste sévillane qui constituent des points forts de la collection, autour de représentations de l'Enfant Jésus (comme sur cette deuxième photo)

 

L'art baroque est également présent et forme le noyau des collections de peintures de ce musée des Beaux-Arts. Emmenée par une école prolifique, Séville est emportée au XVI è siècle dans un déferlement de baroque,nourri par les exportations vers le Nouveau Monde et les commandes effectuées par les institutions religieuses. La crise économique de l'époque avait en effet poussé les Espagnols à se replier sur les valeurs religieuses. Les précurseurs de ce mouvement sont Juan de Roelas (à qui on doit l'Enfant Jésus sauveur ci-dessus, qu'il peignit vers 1610), mais aussi Juan de Castillo... et Francisco de Zurbaran (dont on peut admirer Saint Hugues au réfectoire, qui représentent des Chartreux renonçant à manger de la viande, en photo ci-dessous). Les salles de l'école baroque exposent surtout les grands formats d'artistes, comme Bartolomé Esteban Murillo et Juan de Valdès Leal, sous la voûte de l'église (salle N°5). On peut notamment admirer l'oeuvre de Bartolomé Esteban Murillo, La Vierge de la serviette, (deuxième photo ci-dessous), Vierge à l'Enfant qui fut peinte sur une simple serviette de table (d'où son nom).

 

Je vous l'ai dit, les salles N°6 à 9 n'étant pas accessibles, je n'ai pas pu les visiter. Ma visite se poursuivit donc au premier étage, dès la salle N°10. Après l'euphorie du XVII è siècle, l'école sévillane de peinture perd un peu de son panache à partir du XVIII è siècle. On ne retrouve que quelques artistes comme Lucas Valdès (fils de Valdès Leal), Domingo Martinez (dont on peut admirer la peinture « Carro del Pregon de la Mascara, en photo ci-dessous), ou Juan de Espinal. Je me retrouve ainsi en face des peintures de Francisco de Zurbaran (salle N°10), puis d'oeuvres sévillanes du XVIII è siècle avec Goya (Salle N°11), de peintures sévillanes du XIX è siècle (salle N°12) puis du XX è siècle (Salle N°13) avec des peintres comme José Garcia Ramos qui exécuta « Un couple de danseurs sévillans » (deuxième photo ci-dessous). Peintre et illustrateur espagnol, né à Séville en 1852, José Garcia Ramos fut un élève de l'école provinciale des Beaux-Arts de Séville et privilégia les peintures des scènes de la vie quotidienne sévillane à la fin du XIX è siècle. La peinture locale, elle, retrouvera un nouveau souffle au XIX è siècle , à cause de la bourgeoisie qui s'affirmera comme une clientèle nouvelle. Pendant ce temps, le romantisme se diffuse avec succès à Séville, permettant à l école sévillane d'émerger à nouveau avec ses peintures de paysages et de portraits.


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée des Beaux-Arts de Séville, Plaza de Museo, 9, à Séville. Tel : (+34) 955 54 29 42. Ouvert tous les jours de 10h00 à 20h30 (du 16 septembre au 15 juin), de 10h00 à 17h00 (du 16 juin au 15 septembre). Accès pour les citoyens européens (sur présentation d'une pièce d'identité). Tarif : 1,5 €. Prise de photos autorisée, sans flash ( mais interdite dans l'exposition temporaire). Les salles 6 à 9 sont fermées au public par manque de surveillants. Boutique à l'entrée. Les sacs doivent être déposés à la consigne (prévoir 1€ pour l'utilisation du casier, argent restitué). Site internet : http://www.museosdeandalucia.es/culturaydeporte/museos/

     

 

 










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