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Parc Maria Luisa et Plaza de Espana
( Séville, Andalousie, Espagne)
Heure locale


Dimanche 2 novembre 2014

 

C'est bien connu. Malgré qu'il soit dimanche, il n'y a point de répit pour les fous de voyages. Je me mets donc en route en direction du parc Maria Luisa, vaste espace qui doit son nom à la princesse Marie-Louise d'Orléans, qui fit don d'une partie du jardin du Palais de San Telmo (en photo ci-dessous) à la ville, en 1893. Ce majestueux palais, conçu en 1682, pour accueillir l'école navale, tient son nom du patron des navigateurs. Les ducs de Montpensier s'y établirent en 1849, et jusqu'à 1893. En 1901, ce palais devint un séminaire. Aujourd'hui, il abrite la présidence de la Junta de Andalucia (gouvernement régional). Son portail churrigueresque (deuxième photo) impressionne le visiteur : ce style est celui que prendra le baroque espagnol au XVIII è siècle et qui se caractérisera par une abondance ornementale. Il développe, comme on peut le remarquer ici, les valeurs décoratives d'éléments singuliers tels que le retable, le portail ou la façade. Il tient son nom de la famille des Churriguerra, sculpteurs à Salamanque, dont les retables sont célèbres pour représenter de spectaculaires sculptures réalisées de manière artisanale mêlant à la fois des motifs décoratifs islamiques, gothiques et plateresques refondus dans des recompositions baroques extravagantes. Le portail du palais de San Telmo est l'oeuvre d'Antonio Matias et fut achevé en 1734. Il ouvre sur l'Avenida de Roma. Autour des colonnes ioniques apparaissent des figures allégoriques illustrant les arts et les sciences. On y voit San Telmo qui tient un bateau et des cartes, flanqué de Saint Ferdinand portant une épée, et de Saint Hermenegildo tenant une croix.


 

Je poursuis ma balade pour trouver, aux portes du parc Maria Luisa, le superbe édifice Casino Séville, lequel, coiffé d'un superbe plafond (ci-dessous) abrite désormais des expositions. C'est à l'architecte Jean-Claude Forestier, le créateur du bois de Boulogne de Paris, qu'on doit le parc Maria Luisa, ce cadre verdoyant destiné à accueillir les pavillons de l'Exposition ibéro-américaine de 1929. Les témoignages les plus marquants de cette création extravagante sont la Plaza de Espana et le Plaza de America, qui furent conçus par Anibal Gonzalez et offrent une atmosphère théâtrale à l'ensemble. Au départ, cet espace ne fut que très peu modifié jusqu'en 1911. Seule fut créée l'Avenida de las Acacias qui suivait les chemins déjà existants. Le parc, lui, ouvrit au public en 1914. Lors de l'aménagement de celui-ci en 1929, il fut demandé à l'architecte de préserver le plus possible les espèces végétales. Aujourd'hui, on peut toujours apprendre des choses sur ces espèces en lisant les différents panneaux d'information qui sont dispersés dans le parc. L'endroit abrite de nombreuses fontaines comme celle des Lions (deuxième photo) ou des grenouilles, mais aussi plusieurs étangs. La fontaine aux lions, de forme octogonale, est cernée de baies de myrtes, et fut inspirée de la fontaine du patio de los Leones de l'Alhambra. L'idée de cette fontaine vint de Jean Claude Forestier. Et fut mise en œuvre par le sculpteur Manuel Delgado Brackenbury. Quatre lions de pierre la composent (chacun d'entre eux portant un bouclier) et crachent de l'eau. La fontaine est décorée d'azulejos provenant de l'atelier de Manuel Ramos Rejano. Les lions eux, furent installés en 1928, puis remplacés en 1957 par des copies du sculpteur sévillan Juan Abascal. La fontaine fut, elle, restaurée en 1992.

 

Un monument est aussi consacré à la mémoire de Gustavo Adolfo Bécquer (ci-dessous) et fut réalisé en 1912 par Lorenzo Coullaut Valera, l'architecte Juan Talavera Heredia et le sculpteur catalan Federico Bechini. Ce monument consiste en une base octogonale entourant un arbre dans laquelle est intégré le buste de celui qui fut à la fois poète, écrivain et dramaturge espagnol. A sa droite se trouve Cupidon enfant, lançant des flèches à trois jeunes femmes. A sa gauche, Cupidon adulte, poignardé et mourant. Les deux anges sont en bronze, le reste de l'oeuvre étant en marbre blanc.

Miguel de Cervantes a, lui aussi, son monument : celui-ci se trouve sur la Plaza de America, à côté du Pavillon Royal. Il fut réalisé en 1913 par Anibal Gonzalez. Il s'agit d 'un espace polygonal décoré d'azulejos retraçant des scènes des œuvres de Cervantes. Deux statuettes qui représentaient Don Quichotte sur son cheval et Sancho Panza sur son âne, couronnaient l'ensemble mais ont depuis disparu.

Le parc Maria Luiza est aussi un jardin botanique, contenant, nous l'avons vu plus haut, de nombreuses espèces végétales, locales ou exotiques comme des palmiers-nains, des cycas du Japon, des dattiers des Canaries et du Sénégal, des choux palmistes, des palmiers Pindo, de Chine et de Californie. Beaucoup d'oiseaux y ont élu également domicile : les platanes du parc permettent d'apercevoir des perroquets verts mais l'on peut voir plus facilement canards et cygnes sur les plans d'eau.

Je passe devant le Pavillon royal mais ne lui trouve pas beaucoup d'intérêt à cause des fenêtres modernes qui ont été installées sur la façade, gâchant l'ensemble. Ce pavillon est maintenant occupé par des bureaux municipaux. L'Exposition Ibéro-américaine de 1929, qui se tint à Séville, fut l'un des évènements les plus importants pour la capitale andalouse. Mais ne sera que l'un des deux sites de l'Exposition générale espagnole de 1929 (Barcelone proposera de son côté une exposition internationale). Une trentaine de pavillons sera ainsi érigée pour cet événement sévillan. Le Pavillon des Beaux-Arts est depuis devenu Musée archéologique, et le Pavillon Mudéjar (deuxième photo ci-dessous) a été reconverti en Musée des Arts et des Traditions populaires de Séville, musée qui fera l'objet d'un prochain article. Le plus célèbre « pavillon » ou plutôt lieu de cette exposition reste sans doute la Plaza de Espana (troisième photo ci-dessous)


 

Il faut dire que c'est l'une des places les plus spectaculaires de Séville(ci-dessous). Je l'avais visitée une première fois il y a ...quarante ans mais n'en avais gardé qu'un vague souvenir. Je n'avais à l'époque que quatorze ans. C'est le roi Alphonse XIII d'Espagne qui inaugurera cette place, qui aura nécessité le travail de mille hommes. Les travaux commencèrent en 1914 pour se terminer en 1928, sous les ordres de Vicente Traver, nommé architecte responsable à la suite de la démission d'Anibal Gonzalez en 1926. Ce fut la construction la plus coûteuse de l'Exposition. Couvrant 50 000 m2 pour le Palais et 31 000 m2 pour la Place elle-même et les canaux, l'impression de gigantisme nous gagne en arrivant sur place.

La place seule forme un hémicycle de 200 mètres de diamètre, symbolisant l'Espagne accueillant ses anciennes colonies. Très symboliquement, elle regarde en direction du Guadalquivir, représentant le chemin vers l'Océan Atlantique et l'Amérique. La fontaine (deuxième photo ci-dessous) est l'oeuvre de Vicente Traver. Entre le centre de la place et le palais, coulent des canaux, également en demi-cercle. Quatre ponts (troisième photo) les enjambent et représentent les quatre anciens règnes d'Espagne. Ils sont tous recouverts de magnifiques céramiques.


Le palais constitue un seul et unique bâtiment de taille impressionnante et est formé d'un bâtiment central et de deux ailes. A chacune des extrémités de l'ensemble s'élève une tour de 80 mètres (ci-dessous en photo, la tour nord). Chacune des deux ailes contiennent un bâtiment secondaire. Les cinq édifices sont reliés entre eux par d'imposantes galeries couvertes. La construction est faite de brique et de marbre, et est décorée de céramique peinte. Son architecture est à la fois de style néorenaissance, gothique et mudéjar. Le long de ses murs se trouve une série de bancs (deuxième photo) et d'ornements en céramique peinte qui représentent par ordre alphabétique, 48 des 50 provinces d'Espagne (il ne manque que les villes autonomes de Ceuta et de Melilla). Je vous encourage à vous rendre sur un excellent site espagnol (lien dans les infos pratiques) pour découvrir ces magnifiques azulejos. Chaque province a sa carte, le blason de la capitale (rendez-vous sur un site français traitant des blasons, dans les infos pratiques), et des mosaïques racontant certains points de leur histoire (troisième photo). Les nombreux bas-reliefs du palais sont l'oeuvre du sculpteur Pedro Navia. On y trouve entre autre six fenêtres de style renaissance, les armes de la ville de Séville, 24 aigles avec les armoiries de sa majesté Charles V, 48 médaillons (quatrième photo) contenant le buste d'illustres Espagnols (soit un au-dessus de chaque province) et quatre statues de trois mètres flanquant les deux petites flèches de l'édifice central (cinquième photo)

 

Cette Plaza de Espana a même séduit le cinéma puisqu'on la retrouve dans une scène du film Star Wars (attaque des clones). Elle sert aussi de quartier général de l'armée anglaise en Egypte dans le film Lawrence d'Arabie (1962). Enfin, la place représente également le palais du dictateur incarné par Sacha Baron Cohen dans le film The Dictator (tourné en 2012). Quel programme !

 

 

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