Revoir le globe
Top


Montefrio
(Andalousie, Espagne)
Heure locale

Lundi 17 novembre 2014

 

Pour ma dernière journée dans la région de Grenade, je pars à Montefrio, une petite ville située dans la moyenne montagne, au milieu des champs d'oliviers. La brume a recouvert la campagne lorsque je prends la route et je circule au pas sur la cinquantaine de kilomètres qui me sépare de ma destination. Montefrio a l'originalité d'être nichée au pied d'un piton rocheux sur lequel est perchée une église (ci-dessous). L'endroit sera d'ailleurs déclaré comme ensemble historique et artistique national en 1982 et comme l'une des sept merveilles de la Province de Grenade. C'est lundi et certains lieux (comme l'office de tourisme) sont fermés mais les habitants, ainsi qu'une policière feront tout pour m'apporter les informations recherchées. Il y en aurait des choses à raconter sur cette petite ville : Montefrio possède des origines extrêmement lointaines. Des recherches archéologiques en témoignent. Il s'agit de se rendre sur le site archéologique de Las Penas de los Gitanos pour s'en rendre compte. A cet endroit situé seulement à quelques kilomètres de la commune, on a relevé l'existence de plusieurs grottes ainsi que des nécropoles mégalithiques. Francesca, qui s'occupe toute seule de ce site depuis plus d'une dizaine d'années a mis en valeur plusieurs tombes ainsi qu'une cathédrale mégalithique. Elle organise des visites guidées mais également des initiations pour les élèves des écoles de la région. Entourée de ses sept chevaux, elle vit en pleine nature et partage volontiers son enthousiasme communicatif pour cette vie saine et naturelle. Le parcours proposé rassemble cinq millénaires d'histoire archéologique avec dolmens, nécropole wisigothe, et restes de sépultures romaines wisigothiques et musulmanes. Tout cela au milieu d'un écrin de verdure méditerranéenne.

 

J'arrive à ma garer facilement au pied de l'église de l'Incarnation (en photo ci-dessous). Les rues sont étroites et il faut y aller prudemment. Une charmante dame m'accompagnera au bar Molla (situé à côté de cette église) pour gouter au chocolat espagnol local et aux churros. Rien de tel qu'une visite dans ce lieu pour profiter de la vie locale. C'est sous le règne de Charles III que l'église de l'Incarnation à la forme particulière fut érigée, de 1786 à 1802. On doit ses plans à Domingo Lois de Monteagudo : sa forme est circulaire et offre à l'intérieur un gigantesque espace (ci-dessous). Cette forme en rotonde est suffisamment rare pour être remarquée et fut inspirée de celle du Panthéon d'Agripa-Adriano de Rome. Le diamètre du dôme atteint les trente mètres. Ce bâtiment principal est aussi entouré de deux constructions annexes en forme de rectangle. La tour, elle, est située derrière la chapelle. C'est l'une des plus grandes églises néo-classiques espagnoles et sa forme originale offre une superbe acoustique. A découvrir.


 

En 1483, débute la Reconquête et les rois catholiques ordonnent de raser la forteresse musulmane qui domine la ville depuis le piton rocheux. Tout le monde croyait à l'époque à l'invulnérabilité de la forteresse, et pourtant. Cette reconquête de Montefrio se fera sans violence au passage du roi Ferdinand. Les habitants lui remettront les clefs tandis que les Chrétiens captifs seront libérés de la forteresse. Plus tard, en 1507, une église de style gothico-renaissance (l'église de la Villa) verra le jour au sommet du piton rocheux (ci-dessous) sur les reste de l'ancienne forteresse arabe. C'est Diego de Siloé qui la construisit. A Montefrio, il existe aussi l'église San Antonio, construite de 1737 à 1763, hors les murs de la ville, sur le col du Calvaire, et qui devint le refuge des Franciscains. On remarquera sa façade plateresque. Son couvent est désormais utilisé comme centre gastronomique. Il est vrai que Montefrio offre de nombreuses spécialités : entre le gazpacho d'asperges ou le remojon (salade d'oranges assaisonnée d'huile d'olive) en guise d'entrée, une liste de soupes, des plats de résistance (poulet à la sauce amande, la ropa vieja) ou des desserts (entremet aux amandes, accompagné de gâteaux, croquettes en chocolat), il est difficile de quitter Montefrio le ventre vide.


 

Près de l'église de l'Incarnation, je remarque une superbe façade (le lieu sert désormais d'office de tourisme). Il s'agit de l'ancienne mairie, qui fut bâtie au XVI ème siècle (ci-dessous). Au départ, l'édifice servit de bâtiment administratif. On me conseille de me rendre sur un mirador dominant la ville. J'emprunte donc la rue Animas et rencontre sur mon passage un habitant qui se rend à une source coulant à flanc de montagne pour y remplir ses bidons. L'eau y est délicieuse et provient du sous-sol montagneux, qui fut autrefois creusé par les hommes. Ici comme à Guadix, certains Chrétiens trouvèrent jadis refuge dans des grottes, en en faisant leur habitat (deuxième photo). Plusieurs grottes ont été trouvées à Montefrio : grottes de las Tontas, las Cabras, la Raja de la Mora, de la Alondra...témoignant d'une présence humaine très très ancienne (4500 avant J.C). On sait qu'à l'époque du Néolithique tardif, c'est à dire autour de 3000 ans avant J.C, l'homme vivait d'une économie essentiellement pastorale, élevant chèvres, moutons et bovins. Entre 2800 et 2600 ans avant J.C, on relève une sensible augmentation du nombre d'animaux sauvages, obligeant les agriculteurs d'alors à chasser une grande partie de ces animaux destructeurs de récoltes. Plus tard, à l'âge du cuivre, l'homme découvrit l'utilisation du métal, avec poursuite du développement agricole. D'où l'avènement de l'artisanat (vases en cuivre, tissages de vêtements).


 

Montefrio fête son saint patron, Saint Sébastien, le 20 janvier de chaque année. Mais festoie également le 25 juillet, lors des festivités de Santiago. C'est, pour ses habitants et les touristes de passage ce jour-là l'occasion d'observer les gens sauter, danser et « faire la manche » auprès des passants pour aider aux financement de la manifestation. Tout cela dans un univers très coloré, avec sombreros et clochettes. La région est superbe, et il est fort agréable d'observer actuellement les couleurs automnales qu'offre la campagne (ci-dessous).

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Las Penas de los Gitanos, à quatre kilomètres de Montefrio (sur la N 432 pour Grenade). Des panneaux indiquent clairement l'endroit le long de la route. Tél:(+34) 628 305 337. Francisca A.Sanchez vous propose des visites guidées du site archéologique (sur réservations uniquement!) avec guide (cinq personnes minimum, 10€ par personne) ou sans guide (5€ par personne avec photoguide (comprenant la carte du circuit et des informations en espagnol sur chaque curiosité rencontrée). Durée de la promenade : de 45 minutes à 1h30. Réservations par téléphone ou par courriel : pgitanos@gmail.com

    . Possibilité de pique-niquer sur place et d'assister au travail des chevaux sur un manège. Paysage magnifique. Site internet : http://www.laspeñasdelosgitanos.es

  • Bar « Molla », au pied de l'église de l'Incarnation. Chocolat espagnol et assiette de churros : 1,80€

  • Eglise de l'Incarnation, Calle de las Veredas del Covento, à Montefrio. Tél:(+34) 958 33 60 39. Un article est disponible sur le site : http://montefriorural.com/iglesia-de-la-encarnacion.html

  • Histoire de la ville : http://www.montefrio.org/paginas/home.htm

  • Office du tourisme, Plaza de Espana, 1, à Montefrio. Tél:(+34) 958 336 004. Ouvert du mardi au vendredi de 10h00 à 14h00 et le samedi de 10h30 à 13h30.








 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile